50 Ainsi parle Yahvé :
Où est la lettre de divorce de votre mère
par laquelle je l’ai répudiée ?
Ou encore : Auquel de mes créanciers vous ai-je vendus ?c
Oui, c’est pour vos fautes que vous avez été vendus,
c’est pour vos crimes que j’ai répudié votre mère.
b Poème difficile et peut-être incomplet. Il n’est pas sûr qu’il fasse suite au poème précédent mais il semble reprendre le thème de 49.24-26 c’est une réponse aux Israélites qui ne veulent pas croire à la délivrance prochaine.
c Les deux questions appellent une réponse négative on ne peut pas faire la preuve juridique que Dieu a répudié Israël, cf. Dt 24.1-4 et les images d’Os 2.4-9, et qu’il a vendu ses enfants, Ex 21.7. Dieu reste fidèle. Les responsables sont les Israélites eux-mêmes, cf. la fin du v. C’est un usage particulier du thème de l’épouse infidèle, Os 2.4-9 ; Jr 3.1 ; Ez 16.
2 Pourquoi suis-je venu sans qu’il y ait personne ?
Pourquoi ai-je appelé sans que nul ne réponde ?
Serait-ce que ma main est trop courte pour racheter,
que je n’ai pas la force de délivrer ?
Voici : par ma menace je dessèche la mer,
je change les fleuves en désert.
Les poissons s’y corrompent faute d’eau,
ils meurent de soif.
3 Je revêts les cieux de noirceur,
je leur mets un sac comme vêtement.d
d La nature désolée, cf. 42.15 ; 44.27, et le ciel d’orage, cf. Ex 13.22 ; 19.16, annoncent la venue de Dieu pour le jugement.
4 Le Seigneur Yahvé m’a donné une langue de disciple
pour que je sache apporter à l’épuisé une parole de réconfort.
Il éveille chaque matin, il éveille mon oreille
pour que j’écoute comme un disciple.
e Dans ce troisième chant, le Serviteur apparaît moins comme un prophète que comme un sage, disciple fidèle de Yahvé, vv. 4-5, chargé d’enseigner à son tour les « craignant Dieu », c’est-à-dire tous les Juifs pieux, v. 10, mais aussi les égarés ou les infidèles « qui marchent dans les ténèbres ». Grâce à son courage et au secours divin, vv. 7-9, il supportera les persécutions, vv. 5-6, jusqu’à ce que Dieu lui accorde un triomphe définitif, vv. 9-11. — Jusqu’au v. 9 inclus, c’est le Serviteur qui parle.
5 Le Seigneur Yahvé m’a ouvert l’oreille,
et moi je n’ai pas résisté,
je ne me suis pas dérobé.
6 J’ai tendu le dos à ceux qui me frappaient,
et les joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ;
je n’ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats.f
f Cette description des souffrances du Serviteur sera reprise et développée dans le quatrième chant, 52.13—53.12. Elle évoque déjà Mt 26.67 ; 27.30p.
7 Le Seigneur Yahvé va me venir en aide,
c’est pourquoi je ne me suis pas laissé abattre,
c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme la pierre,
et je sais que je ne serai pas confondu.
8 Il est proche, celui qui me justifie.
Qui va plaider contre moi ? Comparaissons ensemble !
Qui est mon adversaire ? Qu’il s’approche de moi !
9 Voici que le Seigneur Yahvé va me venir en aide,
quel est celui qui me condamnerait ?
Les voici tous qui s’effritent comme un vêtement,
rongés par la teigne.
10 Quiconque parmi vous craint Yahvé et écoute la voix de son serviteur,
quiconque a marché dans les ténèbres sans voir aucune lueur,
qu’il se confie dans le nom de Yahvé,
qu’il s’appuie sur son Dieu.g
g Le prophète reprend ici la parole en invitant les Israélites et peut-être aussi les nations païennes (ceux qui « marchent dans les ténèbres »), cf. 49.6, à mettre leur espoir en Dieu ; puis il condamne ceux qui « allument un feu », v. 11, peut-être les semeurs de discorde.
11 Mais vous tous qui allumez un feu,
qui vous armezh de flèches incendiaires,
allez aux flammes de votre feu,
aux flèches que vous enflammez.
C’est ma main qui vous a fait cela :
Vous vous coucherez dans les tourments.
h Littéralement « qui ceignez » on fixait des brins d’étoupe à la tête des flèches incendiaires. L’interprétation est incertaine.