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Bible de Jérusalem – Josué 6

Prise de Jéricho.u

6 Or Jéricho s’était enfermée et barricadée (contre les Israélites) : personne n’en sortait et personne n’y entrait.

u À l’origine de ce récit, il y a une tradition du sanctuaire de Gilgal qui témoignait d’une liturgie autour de Jéricho avec son de trompes, clameur, circumambulation pendant sept jours. Cette liturgie célébrait la providence de Dieu qui avait fait s’écrouler le rempart, signe de l’invincibilité des villes. Le récit ancien a été transformé soit pour accentuer son aspect liturgique (arche, prêtres), soit pour en faire un récit de guerre sacrale (anathème) ; ce n’est pas un récit guerrier. Le texte hébreu est notablement plus long que celui des LXX qui omet de nombreuses expressions (entre parenthèses dans le texte). Même sous sa forme primitive, le récit n’est pas historique comme récit de conquête, mais il témoigne à sa manière de l’entrée des tribus en Canaan. La première ville rencontrée était déjà détruite. L’archéologie n’apporte aucun indice d’une destruction de Jéricho vers la fin du XIIIe s. av. J.-C.

2 Yahvé dit alors à Josué : « Vois ! Je livre entre tes mains Jéricho et son roi, gens d’élite. 3 Vous tous les combattants, vous contournerez la ville (pour en faire une fois le tour, et pendant six jours tu feras de même. 4 Sept prêtres porteront en avant de l’arche sept trompes en corne de bélier. Le septième jour, vous ferez sept fois le tour de la ville et les prêtres sonneront de la trompe). 5 Lorsque la corne de bélier retentira (quand vous entendrez le son de la trompe), tout le peuple poussera un grand cri de guerrev et le rempart de la ville s’écroulera sur place ; alors le peuple montera, chacun droit devant soi. »

v Clameur guerrière mais aussi acclamation religieuse, liée au rituel de l’arche, cf. Nb 10.5.

6 Josué, fils de Nûn, appela les prêtres et leur dit : « Prenez l’arche d’alliance, et que sept prêtres portent sept trompes en corne de bélier en avant de l’arche de Yahvé. » 7 Puis il dit au peuple : « Passez et faites le tour de la ville, et que l’avant-garde passe devant l’arche de Yahvé. » 8 (Il fut fait comme Josué l’avait dit au peuple.) Sept prêtres portant les sept trompes en corne de bélier devant Yahvé passèrent et sonnèrent de la trompe ; l’arche de l’alliance de Yahvé venait après eux, 9 l’avant-garde précédait les prêtres qui sonnaient de la trompe et l’arrière-garde venait après l’arche : on allait et l’on sonnait de la trompe.

10 Au peuple, Josué avait donné l’ordre suivant : « Ne criez pas et ne faites pas entendre votre voix (qu’il ne sorte pas un mot de votre bouche), jusqu’au jour où je vous dirai : « Poussez le cri de guerre ! » Alors vous pousserez le cri de guerre. »

11 Il fit faire à l’arche de Yahvé le tour de la ville (en la contournant une fois), puis on rentra au camp où l’on passa la nuit. 12 Josué se leva de bon matin et les prêtres prirent l’arche de Yahvé. 13 Munis des sept trompes en corne de bélier, les sept prêtres marchant devant l’arche de Yahvé sonnaient de leur trompe pendant la marche, tandis que l’avant-garde allait devant eux, l’arrière-garde à la suite de l’arche de Yahvé, et que l’on défilait au son de la trompe.

14 On fit le tour de la ville (le second jour) une fois, et l’on rentra au camp ; c’est ainsi que l’on fit pendant six jours. 15 Le septième jour, s’étant levés dès l’aurore, ils firent le tour de la ville (selon le même rite) sept fois. (C’est seulement ce jour-là qu’on fit sept fois le tour de la ville.) 16 La septième fois, les prêtres sonnèrent de la trompe et Josué dit au peuple : « Poussez le cri de guerre, car Yahvé vous a livré la ville ! »

Jéricho vouée à l’anathème.w

17 « La ville sera vouée par anathème à Yahvé, avec tout ce qui s’y trouve. Seule Rahab, la prostituée, aura la vie sauve ainsi que tous ceux qui sont avec elle dans sa maison, parce qu’elle a caché les émissaires que nous avions envoyés.

w L’anathème, en hébreu herem, comporte le renoncement à tout le butin et son attribution à Dieu les hommes et les animaux sont mis à mort, les objets précieux sont donnés au sanctuaire. C’est un acte religieux, une règle de la « guerre sainte » qui suit un ordre divin, Dt 7.1-2 ; 20.13s ; 1 S 15.3, ou un vœu pour s’assurer la victoire, Nb 21.2. Tout manquement devient un sacrilège qui est sévérement puni, 7, cf. 1 S 15.16-23. La règle absolue souffre cependant des adoucissements, Nb 31.15-23 ; Dt 2.34-35 ; 3.6-7 ; 20.13-14 ; 8.26-27. Cette notion primitive de la maîtrise absolue de Dieu sera corrigée par celle de sa paternité miséricordieuse, cf. Sg 1.13 et surtout le NT, Mt 5.44-45.

18 Mais vous, prenez bien garde à l’anathème, de peur que, poussés par la convoitise, vous ne preniez quelque chose de ce qui est anathème, car ce serait rendre anathème le camp d’Israël et lui porter malheur.x

x « poussés par la convoitise » grec, cf. 7.21 et Dt 7.25 ; « vous ne soyez anathèmes » hébr.

19 L’argent, l’or et les objets de bronze et de fer, tout cela sera consacré à Yahvé ; cela entrera dans le trésor de Yahvé. »

20 Le peuple poussa le cri de guerre et l’on sonna de la trompe. Quand il entendit le son de la trompe, le peuple poussa un grand cri de guerre, et le rempart s’écroula sur place. Aussitôt le peuple monta vers la ville, chacun devant soi, et ils s’emparèrent de la ville. 21 Ils vouèrent à l’anathème tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes et femmes, jeunes et vieux, jusqu’aux taureaux, aux moutons et aux ânes, les passant au fil de l’épée.

La maison de Rahab préservée.y

22 Josué dit aux deux hommes qui avaient espionné le pays : « Entrez dans la maison de la prostituée et faites-en sortir cette femme avec tous ceux qui lui appartiennent, ainsi que vous le lui avez juré. »

y Fin de l’histoire de Rahab et des espions, chap. 2, dont la survivance d’un clan de Rahab, v. 25, conservait le souvenir.

23 Ces jeunes gens, les espions, s’y rendirent et en firent sortir Rahab, son père, sa mère, ses frères et tous ceux qui lui appartenaient. Ils en firent sortir aussi tout son clan et les mirent en lieu sûr, en dehors du camp d’Israël.

24 On brûla la ville et tout ce qu’elle contenait, sauf l’argent, l’or et les objets de bronze et de fer qu’on livra au trésor de la maison de Yahvé. 25 Mais Rahab, la prostituée, ainsi que la maison de son père et tous ceux qui lui appartenaient, Josué leur laissa la vie sauve. Elle est demeurée au milieu d’Israël jusqu’à aujourd’hui, pour avoir caché les émissaires que Josué avait envoyés espionner Jéricho.

Malédiction à qui relèvera Jéricho.

26 En ce temps-là, Josué fit prononcer ce serment :

« Maudit soit, devant Yahvé, l’homme qui se lèvera pour rebâtir cette ville — Jéricho !
Il la fondera sur son aîné,
et en posera les portes sur son cadet ! »

27 Et Yahvé fut avec Josué, dont la renommée se répandit dans tout le pays.

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