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Bible de Jérusalem – Daniel 8

Vision de Daniel : le bélier et le bouc

La vision.

8 En l’an III du règne du roi Balthazar, une vision m’apparut, à moi Daniel, après celle qui m’était apparue en premier.k

k La vision du chap. 7, que celle-ci reprend d’une manière plus explicite.

2 Je contemplais la vision, et tandis que je contemplais, je me trouvais à Suse,l la place forte qui est dans la province d’Élam ; et, contemplant la vision, je me trouvais à la porte de l’Ulaï.m

l Une des résidences royales sous les Achéménides. On ne sait s’il faut entendre que Daniel était réellement à Suse, ou si cela fait partie de la vision.

m L’Ulaï est la rivière qui traverse Suse. — « porte » est la traduction conjecturale, appuyée par les versions, d’un mot qui n’apparaît qu’ici et vv. 3 et 6. D’autres comprennent « rivage » ou « torrent ».

3 Je levai les yeux pour voir. Voici : un béliern se tenait devant la porte. Il avait deux cornes ; les deux cornes étaient hautes, mais l’une plus que l’autre, et la plus haute qui se dressa fut la seconde.o

n Sur le symbolisme des béliers et des boucs, cf. Ez 34.17s et Za 10.3.

o La plus haute des deux cornes est la puissance perse, qui l’emporte sur la puissance mède (v. 20) à laquelle elle succède tout en la ralliant.

4 Je vis le bélier donner de la corne vers l’ouest, vers le nord et vers le sud. Nulle bête ne pouvait lui résister, rien ne pouvait lui échapper. Il faisait ce qui lui plaisait et devint puissant.

5 Voici ce que je discernai : un boucp vint de l’occident, ayant parcouru la terre entière mais sans toucher le sol, et le bouc avait une corne « magnifique »q entre les yeux.

p Alexandre. Cf. v. 21 et 2.40 ; 7.7 ; 11.3.

q Traduction conjecturale ; peut-être simplement « protubérance ».

6 Il s’approcha du bélier aux deux cornes que j’avais vu se tenir devant la porte, et courut vers lui dans l’ardeur de sa force. 7 Je le vis atteindre et affronter le bélier : il était en rage contre lui et frappa le bélier, lui brisant les deux cornes, sans que le bélier eût la force de lui résister ; il le jeta à terre et le foula aux pieds ; personne n’était là pour délivrer le bélier. 8 Le bouc devint très puissant, mais, en pleine force, la grande corne se brisa et à sa place se dressèrent quatre « magnifiques » à l’encontre des quatre vents du ciel.r

r Mort d’Alexandre et partage de son empire : en 7.7 l’auteur passe tout de suite à la lignée des Séleucides, mais en spécifiant les prédécesseurs d’Antiochus Épiphane dont il va être question ici immédiatement au v. 9.

9 De l’une d’elles, de la petite, sortit une corne, mais qui grandit beaucoup dans la direction du sud et de l’orient et du Pays de Splendeur.s

s La Palestine.

10 Elle grandit jusqu’aux armées du ciel, précipita à terre des armées et des étoilest et les foula aux pieds.

t Les étoiles sont le peuple de Dieu, d’après 12.3 (et Mt 13.43).

11 Elle s’exalta même contre le Princeu de l’armée, abolit le sacrifice perpétuel et renversa le fondement de son sanctuaire

u Dieu lui-même.

12 et l’armée ; sur le sacrifice elle posa l’iniquitév et renversa à terre la vérité ; elle agit et réussit.

v Traduction approximative : on peut comprendre que l’iniquité (c’est-à-dire « l’abomination de la désolation ») a été substituée dans le sanctuaire au sacrifice ; ou encore que le persécuteur a voulu que le sacrifice soit considéré comme une iniquité.

13 J’entendis un saintw qui parlait, et un autre saint dit à celui qui parlait :x « Jusques à quand la vision : le sacrifice perpétuel,y désolation de l’iniquité, sanctuaire et légion foulés aux pieds ? »

w Probablement un ange, cf. 4.10.

x Littéralement « à un tel qui parlait ». Cette présentation d’une révélation dans un dialogue mystérieux dont les questions sont celles-là mêmes que se pose le voyant, se retrouve en Za 1.8-17.

y LXX ajoute : « aboli ».

14 Il luiz dit : « Encore deux mille trois cents soirs et matins,a alors le sanctuaire sera revendiqué. »b

z « lui » versions ; « me » hébr.

a Donc soit 2300 jours, soit 1150 jours, si l’expression vise les deux sacrifices quotidiens suspendus pendant le temps de la persécution. L’un et l’autre chiffres s’éloignent notablement des trois ans et demi (1260 jours) de 7.25, et le sens reste obscur.

b « Revendiqué », c’est-à-dire réintégré dans son droit : le terme implique un sens messianique par delà le sens historique.

L’ange Gabriel explique la vision.

15 Moi, Daniel, contemplant cette vision, j’en cherchai l’intelligence. Voici, se tenant devant moi, quelqu’un qui avait l’aspect d’un homme.

16 J’entendis une voix d’homme, surc l’Ulaï, criant : « Gabriel, donne-lui l’intelligence de cette vision ! »

c Hébr. : « entre », ce qui s’entend peut-être des battants de la porte, cf. v. 2.

17 Il s’avança vers le lieu où je me tenais, et, comme il approchait, je fus saisi de terreur et tombai face contre terre. Il me dit : « Fils d’homme, comprends : c’est le temps de la Fin que révèle la vision. »

18 Il parlait encore que je m’évanouis, la face contre terre. Il me toucha et me releva. 19 Il dit : « Voici, je vais te faire connaître ce qui viendra à la fin de la Colère,d pour la Fin assignée.

d Vu sous l’angle de la prescience et de la volonté divines, le temps du malheur est celui de la Colère de Dieu, cf. 11.36 ; Isa 10.25 ; 26.20 ; 1 M 1.64.

20 Le bélier que tu as vu, ses deux cornes, ce sont les rois des Mèdes et des Perses. 21 Le bouc velu est le roi de Yavân, la grande corne qui est entre ses yeux, c’est le premier
roi. 22 La corne brisée et les quatre cornes qui ont poussé à sa place, sont quatre royaumes issus de sa nation mais qui n’auront pas sa force.

23 « Et au terme de leur règne, au temps de la plénitude de leurs péché,e
se lèvera un roi au visage fier, sachant pénétrer les énigmes.

e Littéralement « comme à l’accomplissement de leurs péchés », c’est-à-dire : lorsque la mesure sera comble.

24 Sa puissance croîtra en force,
— mais non par sa propre puissancef
il détruira des choses étonnantes,
il prospérera dans ses entreprises,
il détruira des puissants
et le peuple des saints.

f Le Persécuteur est l’instrument de la Colère de Dieu.

25 Et, par son intelligence,
la trahison réussira entre ses mains.
Il s’exaltera dans son cœur
et détruira un grand nombre par surprise.
Il s’opposera au Prince des Princes,
mais — sans acte de maing — il sera brisé.

g Il y a peut-être ici à la fois une allusion à la fin non violente d’Antiochus, qui mourut de langueur, 1 M 6.8-16 ; 2 M 9, et l’idée que la mort des Persécuteurs, comme leurs succès, v. 24, est entre les mains de Dieu seul ; cf. 2.34.

26 Elle est vraie, la vision des soirs et des matins qui a été dite,
mais, toi, garde silence sur la vision, car il doit s’écouler bien des jours. »h

h À la différence des deux prophéties de Ez 12.21-28 accomplies presque immédiatement, les visions de Daniel s’accompliront après un délai révélé de manière obscure, cf. 12.4, 9-13.

27 Alors, moi Daniel, je défaillis et je fus malade plusieurs jours. Puis je me levai, pour accomplir mon office auprès du roi, gardant silence sur la vision, et demeurant sans la comprendre.

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