chapitre précédent retour chapitre suivant

Bible de Jérusalem – Marc 8

Seconde multiplication des pains.g

8 En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une foule nombreuse et qu’ils n’avaient pas de quoi manger, il appela à lui ses disciples et leur dit :

g Tandis que la première multiplication des pains, 6.31-44, se fait au bénéfice des Juifs, la seconde concerne les païens, Mt 14.13. Elle a lieu en Décapole, 7.32. Les sept corbeilles évoquent les nations de Canaan, Ac 13.19, et les sept de Ac 6.5. Les gens, venus « de loin », v. 3, sont les païens, Ac 2.39 ; 22.21 ; Ep 2.13, 17 ; cf. Jos 9.9. Ils ne sont plus réduits à manger les miettes qui tombent de la table des fils du royaume, 7.27-28.

2 « J’ai pitié de la foule, car voilà déjà trois jours qu’ils restent auprès de moi et ils n’ont pas de quoi manger. 3 Si je les renvoie à jeun chez eux, ils vont défaillir en route, et il y en a parmi eux qui sont venus de loin. » 4 Ses disciples lui répondirent : « Où prendre de quoi rassasier de pains ces gens, ici, dans un désert ? » 5 Et il leur demandait : « Combien avez-vous de pains ? » — « Sept », dirent-ils. 6 Et il ordonne à la foule de s’étendre à terre ; et, prenant les sept pains, il rendit grâces, les rompit et il les donnait à ses disciples pour les servir, et ils les servirent à la foule. 7 Ils avaient encore quelques petits poissons ; après les avoir bénis, il dit de les servir aussi. 8 Ils mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta les restes des morceaux : sept corbeilles ! 9 Or ils étaient environ quatre mille. Et il les renvoya ; 10 et aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il vint dans la région de Dalmanoutha.h

h Nom d’une localité inconnue, comme « Magadan » de Mt 15.39 ; ou peut-être transcription d’une expression araméenne mal identifiée.

Les pharisiens demandent un signe dans le ciel.

11 Les pharisiens sortirent et se mirent à discuter avec lui ; ils demandaient de lui un signe venant du ciel, pour le mettre à l’épreuve. 12 Gémissant en son esprit, il dit : « Qu’a cette génération à demander un signe ? En vérité, je vous le dis, il ne sera pas donné de signei à cette génération. »

i Le refus de tout signe, en Mc, est souvent considéré comme plus primitif que la promesse du « signe de Jonas », en Mt et Lc. Il se pourrait cependant que Mc ait omis une évocation biblique qui risquait d’échapper à ses lecteurs, et que Jésus ait réellement promis ce signe, pour annoncer le triomphe de sa délivrance finale, ainsi que Mt l’a bien explicité, cf. Mt 12.39.

13 Et les laissant là, il s’embarqua de nouveau et partit pour l’autre rive.

Le levain des pharisiens et d’Hérode.

14 Ils avaient oublié de prendre des pains et ils n’avaient qu’un pain avec eux dans la barque. 15 Or il leur faisait cette recommandation : « Ouvrez l’œil et gardez-vous du levain des pharisiens et du levain d’Hérode. » 16 Et eux de faire entre eux cette réflexion, qu’ils n’ont pas de pains. 17 Le sachant, il leur dit : « Pourquoi faire cette réflexion, que vous n’avez pas de pains ? Vous ne comprenez pas encore et vous ne saisissez pas ? Avez-vous donc l’esprit bouché, 18 des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre ? Et ne vous rappelez-vous pas, 19 quand j’ai rompu les cinq pains pour les cinq mille hommes, combien de couffins pleins de morceaux vous avez emportés ? » Ils lui disent : « Douze » — 20 « Et lors des sept pour les quatre mille hommes, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées ? » Et ils disent : « Sept. » 21 Alors il leur dit : « Ne comprenez-vous pas encore ? »j

j C’est une invitation aux disciples à dépasser leurs préoccupations matérielles pour réfléchir à la mission de Jésus éclairée par ses miracles.

Guérison d’un aveugle à Bethsaïde.k

22 Ils arrivent à Bethsaïde et on lui amène un aveugle, en le priant de le toucher.

k Cet épisode prépare celui de la profession de foi de Pierre, 8.27ss. La guérison est lente et se fait en deux temps, pour évoquer la difficulté qu’ont les gens à « voir » qui est réellement Jésus de Nazareth, Jn 9.39-41.

23 Prenant l’aveugle par la main, il le fit sortir hors du village. Après lui avoir mis de la salive sur les yeux et lui avoir imposé les mains, il lui demandait : « Aperçois-tu quelque chose ? » 24 Et l’autre, qui commençait à voir,l de répondre : « J’aperçois les gens, c’est comme si c’était des arbres que je vois marcher. »

l On traduit aussi « levant les yeux ».

25 Après cela, il mit de nouveau ses mains sur les yeux de l’aveugle, et celui-ci vit clair et fut rétabli, et il voyait tout nettement, de loin. 26 Et Jésus le renvoya chez lui, en lui disant : « N’entre même pas dans le village. »

Profession de foi de Pierre.m

27 Jésus s’en alla avec ses disciples vers les villages de Césarée de Philippe, et en chemin il posait à ses disciples cette question : « Qui suis-je, au dire des gens ? »

m Tout au long de la première partie de l’évangile, la question est posée qui est Jésus de Nazareth ? 1.27. En raison de son enseignement et des prodiges qu’il accomplit, on pressent sa personnalité mystérieuse, v. 28, mais Pierre seul donne la véritable réponse, v. 29 « Tu es le Christ », c’est-à-dire le Roi messianique. Étant donné l’incompréhension des disciples, 4.13, soulignée par Jésus lui-même, 8.17-21, Pierre n’a pu faire cette profession de foi qu’en vertu d’une révélation divine, Mt 16.17.

28 Ils lui dirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. » — 29 « Mais pour vous, leur demandait-il, qui suis-je ? » Pierre lui répond : « Tu es le Christ. » 30 Alors il leur enjoignit de ne parler de lui à personne.

Première annonce de la Passion.

31 Et il commença de leur enseigner : « Le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, après trois jours, ressusciter »; 32 et c’est ouvertement qu’il disait ces choses. Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner. 33 Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, admonesta Pierre et dit : « Passe derrière moi, Satan ! car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! »n

n L’incompréhension des disciples ne porte plus sur la véritable personnalité de Jésus, 4.13, mais sur le mystère de sa mort. L’idée d’un Christ-Roi devant mourir les scandalise parce qu’ils ignorent ce qu’est la résurrection, 9.10, 32.

Conditions pour suivre Jésus.

34 Appelant à lui la foule en même temps que ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. 35 Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. 36 Que sert donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine sa propre vie ? 37 Et que peut donner l’homme en échange de sa propre vie ? 38 Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. »

chapitre précédent retour chapitre suivant