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Bible de Jérusalem – Matthieu 9

Guérison d’un paralytique.

9 S’étant embarqué, il traversa et vint dans sa ville.u

u Capharnaüm, cf. 4.13.

2 Et voici qu’on lui apportait un paralytique étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : « Aie confiance, mon enfant, tes péchés sont remis. »v

v Jésus envisage la guérison de l’âme avant celle du corps et n’opère celle-ci qu’en vue de celle-là. Mais déjà cette parole enfermait une promesse de guérison, les infirmités étant considérées comme la conséquence d’un péché commis par le patient ou par ses parents, cf. 8.29 ; Jn 5.14 ; 9.2.

3 Et voici que quelques scribes se dirent par-devers eux : « Celui-là blasphème. » 4 Et Jésus, connaissant leurs sentiments, dit : « Pourquoi ces mauvais sentiments dans vos cœurs ? 5 Quel est donc le plus facile, de dire : Tes péchés sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ?w

w Remettre les péchés de l’âme est en soi plus difficile que de guérir le corps ; mais c’est plus facile à dire, parce que cela ne peut se vérifier extérieurement.

6 Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, lève-toi, dit-il alors au paralytique, prends ton lit et va-t’en chez toi. » 7 Et se levant, il s’en alla chez lui. 8 À cette vue, les foules furent saisies de crainte et glorifièrent Dieu d’avoir donné un tel pouvoir aux hommes.x

x Noter le pluriel songe sans doute aux ministres de l’Église, qui ont reçu ce pouvoir du Christ, 18.18.

Appel de Matthieu.

9 Étant sorti, Jésus vit, en passant, un homme assis au bureau de la douane, appelé Matthieu,y et il lui dit : « Suis-moi ! » Et, se levant, il le suivit.

y Le même qui est appelé Lévi par Mc et Lc.

Repas avec des pécheurs.

10 Comme il était à table dans la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheursz vinrent se mettre à table avec Jésus et ses disciples.

z Gens que leurs mœurs personnelles ou leur profession malfamée, cf. 5.46, rendaient « impurs » et à ne pas fréquenter. Ils étaient particulièrement suspects de ne pas observer les nombreuses lois concernant l’alimentation, d’où des problèmes de commensalité, Mc 7.3-4, 14-23 ; Ac 10.15 ; 15.20 ; Ga 2.12 ; cf. 1 Co 8-9 ; Rm 14.

11 Ce qu’ayant vu, les Pharisiens disaient à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » 12 Mais lui, qui avait entendu, dit : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. 13 Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice.a En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. »

a À la pratique rigoriste et extérieure de la Loi, Dieu préfère les sentiments intérieurs d’un cœur sincère et compatissant. C’est là un thème fréquent des prophètes, Am 5.21.

Discussion sur le jeûne.

14 Alors les disciples de Jeanb s’approchent de lui en disant : « Pourquoi nous et les Pharisiens jeûnons-nous, et tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »

b Jean-Baptiste. Ses disciples, comme les Pharisiens, pratiquaient des jeûnes surérogatoires pour hâter par leur piété la venue du Royaume. Cf. Lc 18.12.

15 Et Jésus leur dit : « Les compagnons de l’époux peuvent-ils mener le deuil tant que l’épouxc est avec eux ? Mais viendront des jours où l’époux leur sera enlevé ;d et alors ils jeûneront.

c L’époux est Jésus, dont les compagnons, c’est-à-dire les « garçons d’honneur », ne peuvent jeûner parce qu’avec lui les temps messianiques sont déjà commencés.

d Claire annonce de la mort de Jésus.

16 Personne ne rajoute une pièce de drap non foulé à un vieux vêtement ; car le morceau rapporté tire sur le vêtement et la déchirure s’aggrave.

17 On ne met pas non plus du vin nouveau dans des outres vieilles ; autrement, les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met du vin nouveau dans des outres neuves, et l’un et l’autre se conservent. »e

e Matthieu retouche légèrement Mc 2.21-22, afin de souligner la continuité entre l’ancienne économie du salut et la nouvelle, entre ce qui, pour lui, est bon mais incomplet et ce qui est complet. Le « morceau » (v. 16), en grec plérôma qui signifie aussi « plénitude » cf. 5.17s, est un jeu de mot volontaire.

Guérison d’une hémorroïsse et résurrection de la fille d’un chef.

18 Tandis qu’il leur parlait, voici qu’un cheff s’approche, et il se prosternait devant lui en disant : « Ma fille est morte à l’instant ; mais viens lui imposer ta main et elle vivra. »

f Chef de synagogue, et qui s’appelait Jaïre d’après Mc et Lc.

19 Et, se levant, Jésus le suivait ainsi que ses disciples.

20 Or voici qu’une femme, hémorroïsse depuis douze années, s’approcha par derrière et toucha la frange de son manteau. 21 Car elle se disait en elle-même : « Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée. » 22 Jésus se retournant la vit et lui dit : « Aie confiance, ma fille, ta foi t’a sauvée. » Et de ce moment la femme fut sauvée.

23 Arrivé à la maison du chef et voyant les joueurs de flûte et la foule en tumulte,g Jésus dit :

g Manifestations bruyantes du deuil oriental.

24 « Retirez-vous ; car elle n’est pas morte, la fillette, mais elle dort. » Et ils se moquaient de lui. 25 Mais, quand on eut mis la foule dehors, il entra, prit la main de la fillette et celle-ci se dressa. 26 Le bruit s’en répandit dans toute cette contrée.

Guérison de deux aveugles.

27 Comme Jésus s’en allait de là, deux aveugles le suivirent, qui criaient et disaient : « Aie pitié de nous, Fils de David ! »h

h Titre messianique, 2 S 7.1 ; cf. Lc 1.32 ; Ac 2.30 ; Rm 1.3, communément reçu dans le judaïsme, Mc 12.35 ; Jn 7.42, et dont a particulièrement souligné l’application à Jésus, 1.1 ; 12.23 ; 15.22 ; 20.30 ; 21.9, 15. Jésus ne l’a pourtant accepté qu’avec réserve, parce qu’engageant une conception trop purement humaine du Messie, 22.41-46 ; cf. Mc 1.34, et lui a préféré le titre mystérieux de Fils de l’homme, 8.20. Pourquoi s’adresser au « fils de David » pour demander une guérison ? David n’était pas guérisseur. Mais Salomon, fils et successeur de David, était vu comme guérisseur par des juifs au temps de l’évangile (voir le Testament de Salomon).

28 Étant arrivé à la maison, les aveugles s’approchèrent de lui et Jésus leur dit : « Croyez-vous que je puis faire cela » — « Oui, Seigneur », lui disent-ils. 29 Alors il leur toucha les yeux en disant : « Qu’il vous advienne selon votre foi. » 30 Et leurs yeux s’ouvrirent. Jésus alors les rudoya : « Prenez garde ! dit-il. Que personne ne le sache ! » 31 Mais eux, étant sortis, répandirent sa renommée dans toute cette contrée.

Guérison d’un démoniaque muet.

32 Comme ils sortaient, voilà qu’on lui présenta un démoniaque muet. 33 Le démon fut expulsé et le muet parla. Les foules émerveillées disaient : « Jamais pareille chose n’a paru en Israël ! » 34 Mais les Pharisiens disaient : « C’est par le Prince des démons qu’il expulse les démons. »i

i V. omis par des témoins du texte « occidental ».

Misère des foules.

35 Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur.

36 À la vue des foules il en eut pitié, car ces gens étaient las et prostrés comme des brebis qui n’ont pas de berger.j

j Image biblique Nb 27.17 ; 1 R 22.17 ; Jdt 11.19 ; Ez 34.5 ; 2 Ch 18.16.

37 Alors il dit à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; 38 priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. »

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