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Bible de Jérusalem

1 Samuel 14.32-

32 Alors le peuple se rua sur le butin, il prit du petit bétail, des bœufs, des veaux, les immola à même la terre et le peuple mangea au-dessus du sang.f

f La pratique de manger au-dessus du sang est un interdit ancien, cf. Lv 19.26 ; elle était liée à la divination et à la communication avec le monde infernal.

33 On informa Saül : « Le peuple est en train de pécher contre Yahvé en mangeant au-dessus du sang ! » Alors il dit : « Vous avez trahi ! Roulez-moi sur le champ une grande pierre ! »g

g Cette pierre va servir d’autel, cf. 6.14 ; Jg 6.20 ; 13.19 pour faire de l’abattage une immolation rituelle, cf. Lv 17.1.

34 Puis Saül dit : « Répandez-vous dans le peuple et dites : « Que chacun m’amène son bœuf ou son mouton ; vous les immolerez ici et vous mangerez, sans pécher contre Yahvé en mangeant auprès du sang. » » Cette nuit-là, dans tout le peuple, chacun amena le bœuf qu’il possédait et on immola à cet endroit. 35 Saül construisit un autel à Yahvé ; ce fut le premier autel qu’il lui construisit.

Jonathan reconnu coupable est sauvé par le peuple.

36 Saül dit : « Descendons de nuit à la poursuite des Philistins et pillons-les jusqu’au lever du jour ; nous ne leur laisserons pas un homme. » On lui répondit : « Fais tout ce qui te semble bon. » Mais le prêtre dit : « Approchons-nous ici de Dieu. »h

h Le prêtre invite à consulter Dieu selon la technique suggérée en 14.18. La réponse semble bien avoir été négative.

37 Saül consulta Dieu : « Descendrai-je à la poursuite des Philistins ? Les livreras-tu entre les mains d’Israël ? » Mais il ne lui répondit pas ce jour-là.

38 Alors, Saül dit : « Approchez ici, vous tous, chefs du peuple ! Comprenez et voyez en quoi a consisté le péché d’aujourd’hui. 39 Par la vie de Yahvé, le sauveur d’Israël, même si ce péché était celui de Jonathan, mon fils, il mourra sûrement ! » Dans tout le peuple personne ne lui répondit. 40 Il dit à tout Israël : « Mettez-vous d’un côté et moi avec mon fils Jonathan nous nous mettrons de l’autre », et le peuple répondit à Saül : « Fais ce qui te semble bon. »

41 Saül dit à Yahvé : « Yahvé, Dieu d’Israël, pourquoi n’as-tu pas répondu à ton serviteur aujourd’hui ? Si la faute est sur moi ou sur Jonathan, mon fils, Yahvé, Dieu d’Israël, donne urim ; si la faute est sur ton peuple Israël, donne tummim. »i Saül et Jonathan furent désignés et le peuple mis hors de cause.

i La parole de Saül à Dieu est presque totalement reconstituée à partir du grec, car l’hébr. a fait un saut du premier « Israël » au 3e. Le texte montre comment on consultait Dieu à partir de deux dés contenus dans une boîte ou éphod ; on les appelait urim et tummim (la valeur des mots est incertaine) et on leur donnait une signification conventionnelle. C’était donc une réponse par oui ou par non, cf. 23.10-12, et la consultation était parfois longue. Le maniement des sorts était réservé aux prêtres lévites, Nb 27.21 ; Dt 33.8. L’usage tomba en désuétude après le règne de David et ne fut pas rétabli, cf. Esd 2.63 = Ne 7.65. Mais le nom resta attaché à un détail du costume du grand prêtre, cf. Ex 28.30 ; Lv 8.8 et Ex 28.6.

42 Saül dit : « Jetez le sort entre moi et mon fils Jonathan », et Jonathan fut désigné.

43 Alors Saül dit à Jonathan : « Raconte-moi ce que tu as fait. » Jonathan le lui raconta. Il lui dit : « Vraiment j’ai goûté avec le bout du bâton que j’avais en main un peu de miel. Je suis prêt à mourir. » 44 Saül dit : « Que Dieu me fasse ceci et encore cela, mais tu mourras, Jonathan ! » 45 Mais le peuple dit à Saül : « Est-ce que Jonathan va mourir, lui qui a opéré cette grande victoire en Israël ? Malheur à nous, par la vie de Yahvé, si tombe à terre un cheveu de sa tête, car il a agi avec Dieu aujourd’hui ! » Le peuple libéra Jonathan et il ne mourut pas.

46 Saül remonta, délaissant les Philistins et les Philistins gagnèrent leur pays.

Résumé du règne de Saül.j

47 Saül avait pris la royauté sur Israël et fit la guerre de tous côtés contre tous ses ennemis, contre Moab, les Ammonites, Édom, le roi de Çoba et les Philistins ; où qu’il se tournât, il agissait en sauveur.k

j Sommaire analogue à 7.13-15 (Samuel) et 2 S 8 (David). Cf. aussi 2 S 3.2-5 ; 5.13-16 ; 20.23-26.

k « agissait en sauveur », en supposant l’hébr. yoshîa`. Le TM (yarshîa` « faisait le mal ») et, dans une moindre mesure, les versions (était « victorieux ») veulent atténuer le fait que Saül était désigné comme « sauveur », ce qui était démenti par le chap. 15.

48 Il montra sa vaillance, en battant Amaleq et délivra Israël de la main de celui qui le pillait.

49 Saül eut pour fils Jonathan, Ishyol et Malki-Shua. Les noms de ses deux filles étaient Mérab pour l’aînée et Mikal pour la cadette.

l C’est-à-dire « l’homme de Yahvé ». C’est le même personnage qui est appelé Ishbaal, « l’homme du Maître » en 1 Ch 8.33, et Ishboshet, « l’homme de honte » dans l’hébr. de 2 S 2.8, etc., où « honte » remplace « Baal », nom du Dieu cananéen. Comparer la liste des fils de Saül en 31.2.

50 La femme de Saül se nommait Ahinoam, fille d’Ahimaaç. Le chef de son armée se nommait Abner, fils de Ner, l’oncle de Saül : 51 Qish, le père de Saül, et Ner, le père d’Abner, étaient les fils d’Abiel.

52 Il y eut une guerre acharnée contre les Philistins tant que vécut Saül. Saül voyait-il quelque homme brave ou vaillant, il se l’attachait.m

m Début d’une armée de métier différente du ban ou levée en masse du peuple.