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Bible de Jérusalem

Genèse 2.10-

10 Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras.x

x Les vv. 10-14 sont une parenthèse dans le récit de base, probablement insérée déjà par son auteur. Il utilisait de vieilles traditions à caractère géographique. Son propos n’est pas de localiser le jardin d’Éden, mais de montrer que les grands fleuves qui sont les « artères vitales » des quatre régions du monde ont leur source au paradis. Il n’est pas étonnant que cette géographie soit incertaine. Le Tigre et l’Euphrate sont bien connus et ont leur source dans les monts d’Arménie, mais le Pishôn et le Gihôn sont inconnus et indiqueraient des caractéristiques de toute source qui jaillit de terre (le « Jaillissant » et le « Sourdant »). Havila est, d’après 10.29, une région d’Arabie, et Kush désigne ailleurs l’Éthiopie, mais il n’est pas sûr que ces deux noms soient à prendre ici dans leur sens habituel.

11 Le premier s’appelle le Pishôn : il contourne tout le pays de Havila, où il y a l’or ; 12 l’or de ce pays est pur et là se trouvent le bdelliumy et la pierre de cornaline.

y Gomme aromatique.

13 Le deuxième fleuve s’appelle le Gihôn : il contourne tout le pays de Kush.

14 Le troisième fleuve s’appelle le Tigre : il coule à l’orient d’Assur. Le quatrième fleuve est l’Euphrate. 15 Yahvé Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder. 16 Et Yahvé Dieu fit à l’homme ce commandement : « Tu peux manger de tous les arbres du jardin. 17 Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du malz tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu mourras. »a

z Cette connaissance est un privilège que Dieu se réserve et que l’homme usurpera par le péché, 3.5, 22. Ce n’est donc ni l’omniscience, que l’homme déchu ne possède pas, ni le discernement moral, qu’avait déjà l’homme innocent et que Dieu ne peut pas refuser à sa créature raisonnable. C’est la faculté de décider soi-même ce qui est bien et mal et d’agir en conséquence, une revendication d’autonomie morale par laquelle l’homme renie son état de créature, cf. Isa 5.20. Le premier péché a été un attentat à la souveraineté de Dieu, une faute d’orgueil. Cette révolte s’est exprimée concrètement par la transgression d’un précepte posé par Dieu et représenté sous l’image du fruit défendu.

a Ou « tu devras mourir ».

18 Yahvé Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie. »b

b Le récit de la création de la femme, vv. 18-24 (25 n’est qu’une transition à 3), n’est pas la suite logique de 15-17, car là « homme » (v. 16 ; cf. 3.22) est pris collectivement et inclut l’homme et la femme. Il a pourtant sa fonction dans un récit de création de l’homme. Du point de vue de la tradition, 18-24 sont la suite logique du v. 7 (et 8), même si le passage est maintenant un peu loin à cause de l’arrangement de l’auteur, qui a choisi de raconter la formation de la femme seulement avant le moment où elle aura un rôle actif dans la transgression.

19 Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel, et il les amena à l’homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné. 20 L’homme donna des noms à tous les bestiaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages, mais, pour un homme, il ne trouva pas l’aide qui lui fût assortie. 21 Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l’homme, qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place.c

c La chair (basar), c’est d’abord, chez l’animal ou l’homme, la « viande », les muscles, 41.2-4 ; Ex 4.7 ; Jb 2.5. C’est aussi le corps entier, Nb 8.7 ; 1 R 21.27 ; 2 R 6.30, et donc le lien familial, 2.23 ; 29.14 ; 37.27, voire l’humanité ou l’ensemble des êtres vivants (« toute chair », 6.17, 19 ; Ps 136.25 ; Isa 40.5-6). L’âme, 2.7 ; Ps 6.5, ou l’esprit, 6.17, animent la chair sans s’additionner à elle, en la rendant vivante. Souvent néanmoins la « chair » souligne ce qu’il y a de fragile et de périssable en l’homme, 6.3 ; Ps 56.5 ; Isa 40.6 ; Jr 17.5 ; et peu à peu l’on percevra une certaine opposition entre les deux aspects de l’homme vivant, Ps 78.39 ; Qo 12.7 ; Isa 31.3 ; cf. aussi Sg 8.19 ; 9.15. L’hébreu n’a pas de mot pour dire « corps » le NT suppléera à cette lacune en développant sôma à côté de sarx, cf. Rm 7.5 ; 7.24.

22 Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé Dieu façonna une femmed et l’amena à l’homme.

d Expression imagée du rapport qui relie l’homme et la femme, v. 23, et qui les unit dans le mariage, v. 24.

23 Alors celui-ci s’écria : « Pour le coup, c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! Celle-ci sera appelée « femme »,e car elle fut tirée de l’homme, celle-ci ! »

e L’hébreu joue sur les mots ’îshsha « femme » et ’îsh « homme ».

24 C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair.

25 Or tous deux étaient nus, l’homme et sa femme, et ils n’avaient pas honte l’un devant l’autre.