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Bible de Jérusalem

Sagesse 14.1-10

Providence et Sagesse.

14 Tel autre qui prend la mer pour traverser les flots farouches
invoque à grands cris un bois plus fragile que le bateau qui le porte.v

v Figure de proue ou de poupe, à l’effigie d’une divinité protectrice de la navigation, cf. Ac 28.11.

2 Car ce bateau, c’est la soif du gain qui l’a conçu,
c’est la sagesse artisanew qui l’a construit ;

w L’habileté technique de l’artisan, fruit de la Sagesse, 8.6 ; cf. Ex 31.3 ; 35.31.

3 mais c’est ta Providence,x ô Père, qui le pilote,
car tu as mis un chemin jusque dans la mer,
et dans les flots un sentier assuré,y

x Le terme, qui paraît ici pour la première fois dans les LXX, est emprunté à la philosophie et à la littérature grecques. Cependant l’idée est biblique, Jb 10.12 ; Ps 145.8s, 15s ; 147.9, etc.

y En reprenant deux textes qui font allusion au passage de la mer Rouge, Ps 77.20 ; Isa 43.16, l’auteur veut illustrer la maîtrise de Dieu sur la mer et son pouvoir de protéger efficacement les navigateurs.

4 montrant que tu peux sauver de tout,
en sorte que, même sans expérience, on puisse embarquer.
5 Tu ne veux pas que les œuvres de ta Sagesse soient stériles ;
c’est pourquoi les hommes confient leur vie même à un bois minuscule,
traversent les vagues sur un radeau et demeurent sains et saufs.
6 Et de fait, aux origines, tandis que périssaient les géants orgueilleux,z
l’espoir du monde se réfugia sur un radeaua
et, piloté par ta main, laissa aux siècles futurs le germe d’une génération nouvelle.

z Ces géants tiennent une grande place dans les traditions ou légendes juives, cf. Gn 6.4 ; Si 16.7 ; Ba 3.26, et l’apocryphe qu’on appelle troisième livre des Maccabées (3 M 2.4), de même que dans certaines légendes grecques.

a L’arche de Noé, cf. déjà 10.4.

7 Car il est béni, le bois par lequel advient la justice,b

b En servant à l’accomplissement des desseins de Dieu. Plusieurs Pères ont appliqué ce texte au bois de la Croix.

8 mais maudite l’idole fabriquée,c elle et celui qui l’a faite,
lui, pour y avoir travaillé, et elle parce que,
corruptible, elle a été appelée dieu.

c Littéralement « la chose faite à la main », c.-à-d. de main d’homme, mais ce mot composé désigne souvent les idoles dans les LXX.

9 Car Dieu déteste également l’impie et son impiété.
10 Oui, l’œuvre sera châtiée avec l’ouvrier.

Sagesse 15.1-6

Israël n’est pas idolâtre.

15 Mais toi, notre Dieu, tu es bon et vrai,
lent à la colère et gouvernant l’univers avec miséricorde.
2 Pécherions-nous, nous sommes à toi, nous qui reconnaissons ta souveraineté,m
mais nous ne pécherons pas, sachant que nous sommes comptés pour tiens.

m Les Israélites continuent à reconnaître en lui le seul Seigneur, qui s’est engagé solennellement vis-à-vis de leurs Pères et qui reste fidèle, 12.19, 21-22 ; 15.1 ; ou encore, même pécheurs, comme lors du veau d’or, Ex 32, ils ne cessent d’appartenir à Dieu, car ils savent qu’il exerce son pouvoir sur tous avec bonté et miséricorde, offrant la possibilité du repentir, 11.23-12.2 ; 12.16-18.

3 Te connaître, en effet, est la justice intégrale,
et reconnaître ta souveraineté est la racine de l’immortalité.n

n Il s’agit d’une connaissance vitale, cf. Jr 9.23 qui est au principe de la vraie justice. La notion d’immortalité, avec l’image de la racine, cf. 3.15, prolonge celle de justice, cf. 1.1, 15 ; 3.1-9. Pour l’idée d’ensemble, cf. Jn 17.3.

4 Non, les inventions humaines d’un art pervers ne nous ont pas égarés,
ni le travail stérile des peintres,
ces figures barbouillées de couleurs disparates,
5 dont la vue éveille la passion chez les insensés
et leur fait désirer la forme inanimée d’une image morte.
6 Amants du mal et dignes de tels espoirs,
et ceux qui les font, et ceux qui les désirent, et ceux qui les adorent !