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Bible de Jérusalem

Sagesse 18.6-19

6 Cette nuit-là fut à l’avance connue de nos pères,z
pour que, sachant d’une manière sûre à quels serments ils avaient cru, ils se réjouissent.

z Soit les Israélites du temps de l’Exode, Ex 11.4-7, soit plutôt les patriarches, à qui Dieu avait promis de délivrer leurs descendants de la servitude d’Égypte, Gn 15.13-14 ; 46.3-4. Cf. 18.23-24.

7 Ton peuple l’attendit,
salut des justes et perte des ennemis ;
8 car, par la vengeance même que tu tiras de nos adversaires,
tu nous glorifias en nous appelant à toi.a

a L’extermination des premiers-nés d’Égypte, la célébration de la Pâque et l’Exode désignaient définitivement Israël comme le peuple de Dieu, cf. Dt 7.6.

9 Aussi les saints enfants des bonsb sacrifiaient-ils en secret,
et ils établirent d’un commun accord cette loi divine,
que les saints partageraient également biens et périls ;
et ils entonnaient déjà les cantiques des Pères.c

b C’est-à-dire les descendants de bonne souche, d’une lignée sainte ; on peut aussi traduire « les saints enfants des biens », c’est-à-dire les héritiers des biens promis aux Pères. — La Pâque est appelée sacrifice, Ex 12.27 ; Dt 16.2, 5. Ce sacrifice est dit « secret » parce que célébré à l’intérieur des maisons, Ex 12.46.

c L’auteur interprète le repas pascal comme on le faisait de son temps. Pâque et alliance sont liées, cf. Jr 31.32 ; 2 Ch 30.1-27 ; 34.31—35.1 ; Lc 22.20. La solidarité entre les participants, les « saints », se fonde probablement sur la circoncision exigée par Ex 12.43-49 ; cf. Jn 13.34. Le repas pascal s’achève par le chant du Hallel, Ps 113-118 ; cf. Mt 26.30.

10 La clameur discordante de leurs ennemis faisait écho,
et les accents plaintifs de ceux qui se lamentaient sur leurs enfants se répandaient au loin.
11 Un même châtiment frappait esclave et maître,
l’homme du peuple endurait les mêmes souffrances que le roi.
12 Tous donc pareillement, frappés d’un même trépas,
eurent des morts innombrables.
Les vivants ne suffisaient plus aux funérailles,
car, en un instant, leur plus précieuse descendance avait été détruite.
13 Ainsi, ceux que des sortilèges avaient rendus absolument incrédules
confessèrent, devant la perte de leurs premiers-nés, que ce peuple était fils de Dieu.d

d Dans leur foi aux sortilèges, les Égyptiens avaient espéré jusque-là que leurs magiciens finiraient par l’emporter sur Moïse, cf. Ex 7.11-13 ; 8.3, 14 ; 9.11, qui semblait mettre en œuvre une magie rivale. Cette fois, Dieu frappe directement.

14 Alors qu’un silence paisible enveloppait toutes choses
et que la nuit parvenait au milieu de sa course,
15 du haut des cieux, ta Parole toute-puissante s’élança du trône royal,
guerrier inexorable, au milieu d’une terre vouée à l’extermination.e
Portant pour glaive aigu ton irrévocable décret,

e La mort des premiers-nés, attribuée directement à Dieu par Ex 11.4s ; 12.12, 23, 27, 29, accompagné de l’Exterminateur, Ex 12.23, devient l’œuvre de la Parole divine. Celle-ci était représentée déjà comme exécutant les jugements par Isa 11.4 ; 55.11 ; Jr 23.29 ; Os 6.5. Dans cette évocation dramatique, l’auteur s’inspire, au v. 16 de 1 Ch 21.15-27, et peut-être aussi d’Homère (Iliade IV, 443). L’ensemble prend une signification apocalyptique et la Parole de jugement préfigure, non l’Incarnation du Verbe (contrairement à l’usage que la liturgie a fait de ce texte), mais l’aspect redoutable de son second avènement. On rapproche 1 Th 5.2-4 ; Ap 19.11-21.

16 elle s’arrêta et remplit de mort l’univers ;
elle touchait au ciel et se tenait sur la terre.
17 Alorsf brusquement des apparitions en des songes terribles les épouvantèrent,
des peurs inattendues les assaillirent.

f Ce qui suit n’a aucune attache avec le récit de l’Exode.

18 Jetés à demi morts, l’un d’un côté, l’autre de l’autre,
ils faisaient savoir pour quelle raison ils mouraient,
19 car les songes qui les avaient troublés les en avaient avertis d’avance,
afin qu’ils ne périssent pas sans savoir pourquoi ils subissaient le mal.