Que ton cœur ne se hâte point de prononcer aucune parole devant Dieu ; car Dieu est aux cieux, et toi tu es sur la terre. Ecclésiaste 5.2 Quand on ne serait pendant sa vie que l’apôtre d’un seul homme, ce ne serait pas être en vain sur la terre, ni lui être un fardeau inutile. La Bruyère |
Le volume que nous livrons au public n’a pas été préparé pour l’impression par M. Vinet. Il se compose essentiellement des notes qui servaient de base à un cours destiné aux étudiants de l’Académie de Lausanne. Ces notes, rédigées le plus souvent avec beaucoup de soin, ont aussi quelquefois le caractère d’une simple ébauche, que le professeur se proposait de compléter dans ses leçons. De là des imperfections de forme qui auraient certainement disparu si l’auteur avait mis lui-même la dernière main à son ouvrage. Nous avons cru cependant devoir le publier tel que nous l’avons trouvé, sans nous permettre de le remanier dans aucune de ses parties. Seulement, comme nous avions sur certaines portions du cours, plus d’un manuscrit original, il nous est souvent arrivé de pouvoir compléter les uns par les autres. En outre lorsque cela nous a paru indispensable pour éclaircir ou pour compléter la pensée de l’auteur, nous avons inséré quelques développements tirés des cahiers des auditeurs de M. Vinet. Ces emprunts auraient pu être multipliés ; nous nous sommes bornés au strict nécessaire, et toutes les intercalations de ce genre ont été placées entre crochets [ ], pour qu’elles ne puissent pas échapper à l’attention des lecteurs.
M. Vinet a traduit lui-même plusieurs des passages tirés d’auteurs anciens, ou étrangers, qui se trouvent dans le cours de l’ouvrage. Ceux qui étaient cités dans la langue originale ont été traduits en français par nous. L’Appendice placé à la fin du volume renferme principalement des passages d’auteurs auxquels M. Vinet se borne à renvoyer, mais qui paraissent avoir été lus dans ses leçons et qui servent à éclaircir sa pensée ; plusieurs ont été transcrits tout entiers par lui dans ses cahiers. Ils ont paru à la fois trop étendus pour être insérés dans le cours, et trop nécessaires pour que l’on pût se contenter d’un simple renvoi. Les Pensées de Bengel, qui précèdent l’Appendice, ont été traduites de l’allemand par M. Vinet et publiées à part en une petite brochure in 16.
On rencontrera ça et là quelques allusions aux institutions de l’Eglise nationale du canton de Vaud. Il suffit de rappeler que le plus grand nombre des auditeurs de M. Vinet se destinaient à exercer le ministère évangélique dans cette Eglise, à laquelle il n’a pas cessé de se rattacher lui-même, pour ce qui concerne le culte, jusqu’au moment où une Eglise libre a été établie dans le canton de Vaud, à la suite de la démission d’un grand nombre de pasteurs.
Nous espérons que le cours de Théologie pastorale sera bien accueilli, non seulement par les ministres de l’Evangile et les étudiants en théologie, auxquels il est plus spécialement destiné, mais par le public religieux en général. L’idée fondamentale de M. Vinet recommande son livre à l’attention sérieuse de tous les amis de l’Evangile. Le pasteur n’est pas, à ses yeux, un être isolé, relégué loin du commun des chrétiens dans le désert d’une dignité solitaire à laquelle il n’est pas permis aux simples fidèles d’aspirer. Il le conçoit moins au-dessus d’eux qu’à leur tête et en avant dans l’œuvre de charité. Ses fonctions aussi ne sont pas exclusives ; tous doivent, au contraire, s’y associer activement et s’y associeront en effet dans la mesure de leur fidélité. Le pasteur n’est pas autre chose que le chrétien ; il est le chrétien-type, le modèle du troupeau. (1 Timothée 4.12) Tous les chrétiens trouveront donc dans ce livre de précieuses instructions à recueillir.
Cette seconde édition est conforme à la première, publiée en 1850, sauf quelques notes nouvelles et quelques corrections.