Le don de parler diverses langues

DEUXIÈME PARTIE

LES TROIS TEXTES DE LUC

CHAPITRE 2

LE PREMIER TEXTE DE LUC

LE TEXTE CLÉ : Actes 2.1-11

Dieu commence par apporter la lumière

Le texte le plus clair — et de loin — sur le « parler en langues » est Actes 2. Ce texte est d’ailleurs le seul à nous donner une description du phénomène.

C'est donc à la lumière du chapitre 2 des Actes que nous devons interpréter les autres textes, y compris 1 Corinthiens 14. Ce dernier passage, long, contient de nombreuses mentions de « langues ». Pris isolément, il est susceptible de plusieurs interprétations ; les commentateurs et les prédicateurs sont très loin de s'accorder sur le sens du phénomène des « langues » dans l'écrit de Paul. C'est pourquoi, il est plus que nécessaire, en l'étudiant, de se référer au chapitre 2 des Actes qui, lui, ne présente aucune ambiguïté.

En suivant cette règle d'interprétation, il est possible de discerner la véritable pensée de Paul et d'évaluer correctement son argumentation. Par contre, si nous refusons de suivre cette règle, nous sommes chacun à la merci de nos opinions personnelles ou de celles d'autrui. C'est de là que jaillit l'immense confusion doctrinale contemporaine sur ce sujet ; c'est de là que proviennent les tragiques divisions qui déchirent le corps de Christ.

Pour voir clair, il faut d'abord la lumière. Dieu nous l'a donnée : il a mis dans la Bible un passage parfaitement clair sur le « parler en langues ». Utilisons-le donc avec reconnaissance, avec courage et fidélité. Ne rejetons pas la lumière que Dieu nous offre. « Dieu est lumière et il n’y a point en lui de ténèbres ». 1 Jean 1.5

Texte d’Actes 2.1-11 d'après le grec original.

« Le jour de la Pentecôte [littéralement : « le cinquantième jour »], ils (les disciples) étaient tous ensemble dans un même lieu (verset 1).

« Tout à coup il vint du ciel un grondement [grec : êchos = un bruit  ; surtout : un bruit tumultueux] comme celui d'un vent impétueux [littéralement  : comme (celui) d'une bourrasque violente qui emporte (tout)] et il remplit toute la maison où ils étaient assis (verset 2). [Il est à remarquer que les disciples n'étaient pas dans une attitude d'excitation : ni debout, ni même à genoux, mais assis !]

« Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, distribuées entre eux (ou bien : séparées les unes des autres), et se posèrent (littéralement : s'assirent) sur chacun d'eux (verset 3). [Remarquer que les langues n'étaient pas « de feu » mais seulement « semblables » au feu.]

« Les disciples furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d’autres langues [grec : hétéraïs glôssaïs — expression dont la signification normale est : en langues étrangères], selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer (verset 4).

« Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux [expression qui signifiait pour les Juifs : ceux qui croyaient à la loi de Moïse et aux prophètes de l'Ancien Testament et qui en pratiquaient les ordonnances], de toutes les nations qui sont sous le ciel (verset 5). [Cette expression doit certainement être interprétée : de tous les pays alors connus.]

« Au bruit [grec : phônê = bruit audible, surtout un son articulé, un langage, une voix, un cri — jamais dans le sens de « rumeur  »] (Le texte n’explique pas si le bruit (phônê) fait allusion au son (grec : êchos, verset 2) du vent impétueux ou à l'agitation générale provoquée par les langues miraculeuses des disciples. Le « bruit » n'est certainement pas celui des langues elles-mêmes, sinon le mot phônê (= voix) serait au pluriel (phônaï) comme dans Luc 23.23.) qui eut lieu, la multitude accourut et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue (grec : tê idiaï dialektôï) (verset 6).

« Ils étaient dans l'étonnement et la surprise et ils se disaient les uns aux autres : voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? (verset 7) Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun (grec : têï idiaï dialektôï), dans notre langue maternelle (littéralement : « dans laquelle nous sommes nés ») ? (verset 8) :

« Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l'Égypte, le territoire de la Lybie voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes (versets 9-10), « Comment les entendons-nous parler dans nos langues (grec : taïs hêmétérais glôssaïs) des merveilles de Dieu ? » (verset 11).

Analyse sommaire du chapitre 2 des Actes

Une lecture sérieuse de ce texte nous révèle au moins dix faits indéniables et parfaitement clairs :

  1. Les langues miraculeuses étaient de véritables langues humaines.
  2. Les langues étaient celles des gens qui se trouvaient dans la rue. Dieu les a utilisées dans un contexte d'évangélisation.
  3. Elles servaient dans un but précis, logique, rationnel : celui de convaincre les inconvertis de la vérité de Christ. Elles étaient donc, comme Paul le dit, « un signe pour les non-croyants ».
  4. Les langues furent comprises par ceux à qui elles étaient adressées : car la foule entendait les disciples parler distinctement des merveilles de Dieu.
  5. Il y eut de nombreuses conversions authentiques.
  6. Il y eut de nombreux témoins pour attester l'authenticité des langues parlées.
  7. Le texte indique que les langues miraculeuses furent la conséquence de la plénitude de l'Esprit et non de son baptême. (verset 4).
  8. À cette occasion, les langues furent accompagnées par d'autres phénomènes très particuliers.
  9. L'Esprit de Dieu s'est ainsi servi des langues miraculeuses pour atteindre d’un seul coup avec l'Évangile le plus grand nombre possible de nationalités.
  10. Le récit du chapitre 2 des Actes est parfaitement clair. Pour cette raison, il doit nous servir de norme.

Analyse détaillée du chapitre 2 des Actes

1

Les langues parlées par les disciples ce jour-là étaient de véritables langues humaines, bien connues à l'époque. Le texte le dit clairement trois fois : …« chacun les entendait parler dans sa propre langue » (grec : dialektos) (verset 6) ….« comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue (grec : dialektos) maternelle ? » (verset 8) « comment les entendons-nous parler dans nos langues (grec : glôssa) des merveilles de Dieu ? » (verset 11).

En outre, le texte cite par leur nom les langues de quinze pays diflérents dans lesquelles les disciples se sont exprimés (versets 9-10). D'ailleurs, la locution « de toutes les nations sous le ciel » (verset 5) désigne une foule vraiment polyglotte. Il faut tenir compte aussi du fait que les régions indiquées étaient, pour la plupart, assez vastes et que l'on parlait dans chacune d'elles plusieurs langues ou dialectes bien distincts. Nous ne savons combien de langues furent parlées par les disciples à cette occasion, mais il est probable qu'il y en eut beaucoup plus de quinze.

On m'a fait la remarque que quinze langues parlées toutes à la fois devaient faire un bruit formidable et que le fait que les gens dans la foule aient pu comprendre quelque chose constitue en lui-même un véritable miracle ! Pourtant, le texte ne précise pas que les disciples aient parlé tous à la fois mais, au contraire : « selon que l'Esprit de Dieu les a poussés à s'exprimer les uns après les autres, de façon ordonnée, car « Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix » 1 Corinthiens 14.33.

On m'a proposé également l'hypothèse qu'il ne s'agissait pas d'un miracle linguistique mais plutôt auditif. Autrement dit : les disciples n'ont peut-être émis que des sons incohérents tandis que l'Esprit de Dieu, agissant directement sur la conscience des auditeurs, leur a communiqué l'essentiel du message spirituel.

En fait, il s'agirait dans ce cas d'un miracle encore plus difficile à comprendre que celui des langues elles-mêmes. C'est une explication ingénieuse. Et pourtant  ! Le texte sacré précise que les disciples « se mire à parler en d'autres langues » c'est-à-dire : en des langues étrangères. La Parole de Dieu est si claire sur ce point que nous n'avons pas besoin de chercher des complications. Les disciples ont parlé effectivement d'autres langues que la leur.

Dans ce récit, le mot grec qui est traduit par « langue » est deux fois glôssa (versets 4 et 11) et deux fois dialektos (versets 7 et 8). Il est évident que Luc, dans ce contexte, se sert de façon interchangeable des deux termes, qui signifient toujours en grec une langue parlée, un véritable langage humain. (Darby les distingue ici en traduisant glossa par « langue » et dialektos par « langage » ; mais dans le texte la foule emploie l'un et l'autre dans le même sens.)

Dans ce passage des Actes, il est de toute manière impossible de donner aux langues miraculeuses exprimées par les disciples un sens autre que celui de langues humaines authentiques, des langues utilisées dans le monde de l'époque. Le texte l'affirme explicitement. Ces langues n'étaient ni inintelligibles, ni angéliques, ni célestes.

2

Les langues miraculeuses étaient celles des gens présents dans la rue, celles de la foule à laquelle la jeune église se trouvait confrontée. Que les langues ont été adressées en premier lieu à Dieu où aux hommes, elles ont néanmoins été entendues par la foule et leur effet a été foudroyant. Même si elles ont débuté dans l'intimité de la chambre haute, elles n'ont pas tardé à atteindre les inconvertis dans la rue. Ainsi, les disciples ne parlaient pas pour eux-mêmes ; ils parlaient pour ceux qui étaient encore en dehors du royaume de Dieu. L'Esprit de Dieu a parlé « en langues » dans un contexte d'évangélisation.

Nous lisons (verset 4) que les disciples « se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer ». Or, le verbe grec apophthengomaï que Segond traduit « s'exprimer » signifie : « énoncer clairement à haute voix, proclamer » ; il contient la notion d'une déclaration publique. Il est donc évident que les disciples parlaient en langues de façon à se faire comprendre par le public.

3

Les langues miraculeuses des Actes chapitre 2 furent accordées dans un but précis, logique et rationnel : celui de convaincre les inconvertis de la vérité de Christ. Ceux-ci ont été amenés par ce moyen à écouter la prédication de Pierre en grec, la seule langue qui était plus ou moins comprise par toutes ces nationalités.

Nous voyons ici le sens véritable du don des langues. Comme le dit Paul dans son discours aux Corinthiens : « les langues sont un signe, non pour les croyants » (car ils n'ont pas besoin d'être convaincus, ils le sont déjà !) « mais pour les non-croyants » 1 Corinthiens 14.22 afin qu'ils se convertissent, comme ce fut le cas dans ce récit des Actes 2 où des non-croyants comprirent et furent convaincus. C'est un signe absolument clair, digne de la sagesse de Dieu.

Le texte ne précise pas si le phénomène a en fait commencé dans la chambre haute ou après, dans la rue. L'effusion de l'Esprit eut certainement lieu dans la maison avec l'apparition des « langues » semblables à des «  langues de feu ». Le texte dit ensuite : « Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d'autres langues. » mais il ne dit pas si cela eut lieu dans ou devant la maison.

Nous pouvons être sûrs d'une chose, c’est que la foule les entendit et en fut saisie de stupéfaction, car un très grand nombre de ceux qui accoururent, sinon tous, comprirent fort bien ce qui était dit. Les incrédules s'en moquaient, certes, mais un nombre immense de personnes crut et fut ajouté à l'église naissante ce jour-là. Sans aucune contestation, les langues d'Actes 2 furent un signe pour les non-croyants.

4

Les langues miraculeuses furent comprises par ceux à qui elles furent adressées, car ils entendaient parler chacun dans sa langue maternelle « des merveilles de Dieu » (grec : « les grandes choses de Dieu »). Le discours de chaque disciple, aussi bref fût-il, a communiqué au public, en langage humain, une expression intelligible de la pensée de Dieu. Il ne faut pas supposer que toute la foule comprenait nécessairement tout ce qui était dit. Chaque groupe linguistique comprenait ce qui était dit dans sa propre langue et peut-être rien d'autre ; mais cela lui suffisait. Nous savons seulement que la foule, dans son ensemble, a saisi la portée du phénomène, étant convaincue qu'il venait de Dieu.

La foule, oui, mais non tous ceux qui composaient la foule ; car, à côté des trois mille personnes qui comprirent et qui se convertirent par la suite, il y en avait d'autres qui se moquaient. Le fait que ceux-ci attribuaient les paroles des disciples à l'ivresse montre clairement qu'ils n'en comprenaient pas le sens. Évidemment, ceux de Mésopotamie ne pouvaient pas comprendre le latin parlé par les Juifs venus de Rome, ni les langues de l'Asie Mineure ; ils pouvaient très bien supposer que les disciples ne proféraient qu'un torrent de charabia. En effet, ceux qui rejettent la Parole de Dieu la rejettent quelle que soit la forme sous laquelle elle est présentée, que ce soit une langue connue ou inconnue. Pourtant, le récit nous dit de façon absolument claire que les disciples parlaient de véritables langues qui furent comprises par les milliers de personnes venues de « toutes les nations qui sont sous le ciel ».

Comme j'aimerais voir ce phénomène se produire aujourd'hui dans le port de Marseille, avec la conversion d'une foule de Chinois, de Russes, d'Arabes et de peuples des îles de la mer !

5

Les langues miraculeuses du chapitre 2 des Actes ne furent pas inutiles : elles aboutirent à la nouvelle naissance de trois mille personnes. Le véritable don des langues, étant un signe pour les non-croyants, a inévitablement comme objectif le salut des âmes. Si c'est vraiment l'Esprit qui parle en langues, il y aura des résultats concrets. Dans Actes 2, il s'agit de conversions authentiques, car ceux qui acceptèrent la Parole persévérèrent dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières » Actes 2.42.

6

L'authenticité des langues miraculeuses fut attestée par de très nombreux témoins. Or, Moïse déclare dans la loi qu'un fait ne pourra s'établir que sur la déposition de deux ou de trois témoins alors que le témoignage d'un seul ne suffit pas. Le Seigneur Jésus affirme le même principe, ainsi que l'apôtre Paul. Deutéronome 19.15 Matthieu 18.16 2 Corinthiens 13.1 Afin qu'un soi-disant don des langues, comme n'importe quel autre fait, soit reconnu pour vrai, il faut un minimum de deux ou trois témoins — indépendants, bien sûr — et il faut que leur témoignage s'accorde. Sans cela, aucune preuve n'est possible.

Or, l'action du Saint-Esprit dans Actes 2 a été appuyée par un témoignage incontestable.

Une attestation semblable, que personne ne saurait mettre en doute, contraste sévèrement avec la conception de bien de nos contemporains d'un « parler en langues » dont on ne peut ni contester ni prouver l'authenticité, puisque personne ne comprend ce qui est dit, pas même celui qui « parle », et encore moins celui qui « interprète ».

7

Les langues miraculeuses dans Actes 2 furent la conséquence de la plénitude du Saint-Esprit et non de son baptême, car nous lisons : « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer » (verset 4).

Nulle part le Nouveau Testament n'associe le « parler en langues » au baptême de l'Esprit. Actes 2 ne contient pas une seule allusion au baptême de l'Esprit.

8

La manifestation de l'Esprit dans Actes 2 fut accompagnée par d'autres signes très particuliers — on peut dire : exceptionnels.

  1. Les langues furent précédées d'un bruit très fort, comme un vent, venant du ciel. C'est peut-être cela qui fit sortir la foule dans la rue en premier lieu, car le mot grec phôné, que les versions traduisent par « bruit » (verset 6), ne signifie pas « rumeur », mais, au contraire, un bruit audible.
  2. Ce bruit remplit la maison où étaient les apôtres.
  3. Une apparence de flammes se posa sur chaque apôtre et peut-être aussi sur tous les disciples (chapitres 1.26 - 2.4). Ces « flammes » ne pouvaient que rappeler à leur souvenir le buisson ardent où Moïse rencontra Dieu et les « chars de feu » qu'Élisée et son serviteur virent autour de la ville assiégée par les Syriens.
  4. L'événement eut lieu dans un contexte purement juif. Seul le peuple « terrestre » de Dieu fut impliqué ; aucune autre nation n'y participa, malgré la diversité des langues maternelles, à part les prosélytes qui, eux, étaient assimilés au judaïsme.

9

Les langues surnaturelles dans Actes 2 constituent un élément essentiel du plan stratégique du Saint-Esprit pour l'évangélisation du monde. C'est dans ce sens que nous devons les comprendre.

L'objectif suprême de l'Esprit consiste à faire connaître le Christ à toute créature. Dieu suscita Abraham et sa postérité afin que « toutes les familles de la terre soient bénies en lui ». Genèse 12.3, 22.18 Ésaïe 49.6 Après la faillite spirituelle d'Israël, Dieu suscita l'Église comme postérité spirituelle d'Abraham, toujours avec le même objectif. Dieu nous sauve et nous donne son Esprit, non seulement à cause de nous-mêmes, mais encore plus à cause des multitudes d'autres hommes qui n'ont encore jamais entendu la bonne nouvelle de Christ. Dieu veut se servir de nous pour répandre cette connaissance dans le monde. Le dernier commandement dont Jésus chargea ses disciples fut celui de prêcher l'évangile « jusqu'aux extrémités de la terre » C'est le but suprême du Nouveau Testament. Matthieu 28.19 Marc 16.15 Luc 24.46-47 Actes 1.8

Le contexte historique du chapitre 2 des Actes

Le jour de la Pentecôte, dans Actes 2, était une occasion exceptionnelle que l'Esprit de Dieu put saisir pour atteindre avec l'Évangile, d'un seul coup, une multitude de nations. Les Juifs étaient pour la plupart un peuple dispersé dans tous les pays : cependant tout Juif mâle s'efforçait, selon ses possibilités, de venir à Jérusalem pour l'une des trois grandes fêtes de l'année, afin d'offrir un sacrifice pour lui-même et pour sa famille selon la loi de Moïse. À chaque fête, il y avait à Jérusalem des dizaines et parfois des centaines de milliers de pèlerins, Juifs pieux, venus de très loin ; pour beaucoup, qui habitaient trop loin, c'était l'unique occasion de leur vie.

C'est dans un tel contexte que la petite Église de Jésus-Christ « naquit » dans ce monde. Pour le Saint-Esprit, c'était une occasion extraordinaire. Inévitablement, son tout premier objectif fut d'atteindre avec l'Évangile, par la foule de pèlerins et le plus rapidement possible, les extrémités même de la terre. C'est ce qu'il a fait.

La raison du phénomène miraculeux

Mais comment quelques jeunes Galiléens peu instruits, sans influence ni moyens financiers, mal vus par les autorités et par la foule, pouvaient-ils atteindre, en un seul jour critique ou deux, pendant la courte durée de la fête, cette masse cosmopolite de pèlerins et, par leur moyen, les nations qu'ils représentaient ? Si les disciples avaient voulu se mettre à crier dans la rue, ils n'auraient attiré l'attention que de quelques individus — et certainement, celle des autorités qui les auraient probablement mis en prison ! En outre, il y avait l'énorme problème de la barrière linguistique. La seule langue commune à tous était le grec, que la plupart des pèlerins ne parlaient probablement que très peu. Chacun, élevé dans son pays particulier, avait sa propre langue maternelle ; ils étaient à Jérusalem en tant qu'étrangers et en visite seulement. La fête, d'ailleurs, ne durait qu'un seul jour. Comment l'Esprit de Dieu pouvait-il leur annoncer la nouvelle de Jésus-Christ par la bouche de ce pauvre petit groupe clandestin de disciples ?

La barrière la plus terrible entre les hommes, la plus infranchissable, la plus absolue, c'est la barrière linguistique. La raison pour laquelle les Français, les Allemands et les Anglais se sont tant battus au cours des siècles est surtout parce qu'ils ne se comprenaient pas ; mais cette incompréhension était due beaucoup moins aux barrières physiques du Rhin et de la Manche, qu'à la barrière linguistique.

Le Saint-Esprit est prêt à tout pour faire connaître Christ au monde

Parce que cette petite poignée de croyants était, ce jour-là, remplie de foi, d'amour, d'Esprit, ce même Esprit de Dieu accomplit l'impossible. Il « sauta », comme nous l'avons vu, la barrière des langues. Par la bouche des disciples il s'exprima, miraculeusement, dans les véritables langues des pèlerins présents dans la ville, de manière à retenir leur attention et à se faire comprendre. « Comment, disait la foule, les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu... dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle ? Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopoamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, la Phrygie, la Pamphylle, l'Égypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome... Crétois et Arabes : comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu ? » (versets 6-11) Ces quinze langues, comme nous l'avons remarqué, ne constituent pas une liste exhaustive mais plutôt représentative des langues parlées, car il y avait à Jérusalem ce jour-là des Juifs venus « de toutes les nations qui sont sous le ciel » (verset 5).

Le phénomène n'a pas duré longtemps, juste assez pour capter l'attention de la foule et la disposer à écouter la prédication du jeune Pierre, faite en un grec qui n'était peut-être pas des meilleurs (Luc ne nous en donne, sans doute, qu'un résumé), mais que la foule a suffisamment bien compris pour être convaincue et pour qu'un grand nombre croie en Christ.

Pourquoi ont-ils parlé « en langues » ?

Il est facile de voir pourquoi le Saint-Esprit, ce jour-là, choisit de s'exprimer « en langues ». Il voulait à tout prix (comme il le veut encore aujourd'hui) faire parvenir, le plus vite et le plus efficacement possible, la vérité de Christ à toutes les nations. Le fait que des milliers d'individus de cette foule polyglotte se sont tournés vers Christ en ce jour mémorable, malgré le problème linguistique, nous montre la véritable raison de cette action du Saint-Esprit. Nous ne savons quelle proportion des trois mille convertis était composée de pèlerins, mais il est certain qu'ils furent très nombreux à retourner cette semaine-là en disciples de Jésus dans leurs pays respectifs, en répandant partout le message évangélique. Quelle stratégie divine ! L'Esprit fit pénétrer ainsi l'Évangile, d'un seul coup et comme Jésus le voulait, dans une multiplicité de groupes linguistiques, jusque dans les nations les plus lointaines. Luc 24.46-47 Actes 1.8 Psaumes 22.28 C'est ce qui a amené, sans doute, l'eunuque éthiopien à Jérusalem, quelques temps plus tard, à la recherche de Dieu — un voyage d'environ deux mille kilomètres ! Actes 8.27

Le Saint-Esprit n'a donc pas fait ce geste extraordinaire simplement pour « épater » les gens ou pour « remonter le moral » des disciples, mais surtout pour faire connaître Christ à ceux qui ne le connaissaient pas, afin que le salut de Dieu atteigne sans délai les extrémités de la terre. Si les Juifs avaient accepté leur Messie et si l'Église avait su rester fidèle à sa mission, je pense que l'Esprit de Dieu aurait été prêt à faire n'importe quoi pour appuyer leur témoignage de façon à faire parvenir la bonne nouvelle « à toute la création » Marc 16.15 en une génération. Nous n'avons qu'à étudier la façon presqu'incroyable dont il s'est servi de Paul et de ses jeunes équipes qui, en une quinzaine d'années seulement, ont pu « saturer » l'Asie Mineure et les Balkans de leur message. Romains 15.18-19 Les récits des grands missionnaires de tous les siècles nous fournissent également des exemples extraordinaires de l'action de l'Esprit dans l'évangélisation de certains pays. Je pense à Hudson Taylor, qui ouvrit tout l'intérieur de la Chine à l'Évangile, et les mille missionnaires qui le suivirent. Je pense à David Brainerd, avec une santé plus que fragile, qui amena une foule de Peaux-Rouges à la foi en Christ, malgré l'ivresse de son interprète inconverti ! Je pense aux souffrances indescriptibles de Judson en Birmanie et à la manière miraculeuse dont Dieu sauvegarda sa précieuse traduction de la Bible en langue birmane.

L'Esprit de Dieu agit intelligemment

La raison de ces langues miraculeuses — langues véritables, comprises alors par les auditeurs bouleversés — devient évidente lorsque nous considérons le véritable caractère de l'Esprit de Dieu et l'objectif qu'il s'est donné. Il a parlé en langues étrangères afin de gagner la grande foule polyglotte, ignorante de Jésus-Christ, et dans le but d'en sauver le plus grand nombre possible, et de les envoyer à leur tour comme témoins là où Christ n'était pas connu. Le but du Saint-Esprit n'a pas changé ; toute son action est orientée dans ce sens. Il veut parler au monde avec toute l'intelligence de Dieu ; il veut lui révéler Christ, le logos, la sagesse même de Dieu. Il ne cherche pas à mystifier les hommes.

Voilà pourquoi l’apôtre Paul lui-même affirme que « les langues sont un signe... pour les non-croyants », 1 Corinthiens 14.22 puisque le Saint-Esprit désire par ce moyen les amener à la foi.

10

Voici la dernière remarque sur notre texte :

Ce récit de Luc dans Actes 2 ne présente aucune ambiguïté. Il nous fournit une description du phénomène des langues miraculeuses parfaitement lucide et cohérente. C'est d'ailleurs la seule description que contienne la Bible. Les précisions qu'elle nous offre ne nous laissent aucun doute quant à la nature et à la raison de ces langues. Ce texte est d'une clarté indéniable, sans équivoque. Il est le plus clair de tous les textes bibliques sur les langues et il est de ce fait celui qui doit régir notre interprétation des autres textes sur cette question, y compris celui de l’apôtre Paul. Actes 2 est donc le texte normatif, le texte clé.

Et les autres cas ?

Il n'y a que deux autres cas de langues miraculeuses mentionnés dans les Actes. Le texte de ceux-ci ne nous donne pourtant aucun détail, aucune description, aucune explication. Luc, l’auteur, considère sans doute que la description déjà donnée dans le chapitre 2 suffit à ses lecteurs. Si le phénomène dans les deux autres cas n'avait pas été du même genre que le premier, assurément il nous l'aurait dit ; cela aurait été un point important. Du fait qu'il ne dit rien du tout, nous ne pouvons tirer une autre conclusion que celle que nous impose Actes 2. Dans ce cas, il va de soi que les « langues » d'Actes 10 et 19 furent exercées dans le même but que celles d'Actes 2, c'est-à-dire, pour convaincre les incrédules. Nous allons regarder maintenant de plus près ces deux cas précis.

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