Bien plus, qui ressuscita.
Romains 8.31.
La foi qui justifie regarde à Christ tout entier et non pas seulement à Christ crucifié ; et elle ne saurait sans cela procurer une paix parfaite, ni mettre dans notre bouche un chant de triomphe et de délivrance. Si Christ n’est point ressuscité, votre foi est vaine et vous êtes encore dans vos péchés, disait Paul aux Corinthiens (1 Corinthiens 15.17) : aussi une des premières choses qu’il leur avait prêchées, était que non seulement Christ était mort, mais qu’il était ressuscité le troisième jour selon les Écritures. C’est dans cette résurrection, en effet, que le croyant, assailli par des accusations, trouve de quoi donner réponse péremptoire à celui qui lui fait des reproches : et l’une des causes pour lesquelles les croyants sont si souvent criblés par Satan, c’est qu’ils ne connaissent pas l’importance de la résurrection de Jésus et la place éminente que cette doctrine occupe dans les écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament. Cependant ce n’est pas faute de témoignages : Jésus en parle à diverses reprises et ses apôtres ne tarissent pas, Paul entr’autres, sur cet article fondamental de la foi chrétienne. Et le bien plus, dont il est précédé dans notre texte, lui imprime une spécialité qui, en établissant sa valeur dans la doctrine de la justification, devrait le recommander à la sérieuse attention des enfants de Dieu. Paul semble nous dire par là qu’il y a, dans la résurrection de Christ, quelque chose qui ne se trouve pas dans sa mort, qui sert à établir la foi sur une base que cette dernière ne peut offrir à elle seule. C’est là aussi ce qu’il enseigne indirectement en Romains 5.10, ainsi que Pierre dans 1 Pierre 1.21.
L’espèce d’emphase que met l’Apôtre à annoncer que Christ ressuscita, ou qu’il reprit une nouvelle vie après sa mort et sa sépulture, sera pleinement justifiée par les deux principes suivants : Cette résurrection, 1°, est la preuve de la parfaite satisfaction que Dieu a trouvée dans la mort de Jésus ; 2°, elle nous assure directement à nous-mêmes (je parle des croyants) que devant Dieu nous sommes parfaitement justes.
En d’autres termes, si nous demandons à Paul raison de sa pleine confiance d’être justifié dans la mort de Jésus, il nous répondra que, puisque le Christ de Dieu a brisé les liens de la mort, il faudrait se refuser à toute évidence pour mettre en doute la bonne odeur de son sacrifice devant Dieu, et par conséquent l’efficace de ce sacrifice pour ôter le péché, faire propitiation pour l’iniquité, et amener la justice des siècles. Et cette évidence ressortira des considérations suivantes :
I. — En ramenant à la vie le grand pasteur des brebis, Dieu a donné un témoignage positif de la réparation entière et parfaite accordée à sa justice qui demande la mort du pécheur : c’est le premier degré d’importance que la résurrection doit avoir pour nous, et la première base qu’elle présente à la pleine assurance de la foi. Quoique cette dernière discerne dans la mort de Jésus assez de valeur pour acquitter l’énorme dette de l’humanité, elle a encore besoin d’un signe qui lui atteste, non pas que Jésus a fait assez pour que la Justice pose son sceptre irrité en présence de la croix, mais que l’œuvre du Rédempteur a reçu dans les cieux une acceptation solennelle ; ou bien, en d’autres termes, qu’il y a eu parfait accord entre le créancier et celui qui s’est porté comme caution, relativement au mode de paiement. Car ce n’est pas assez que Jésus s’offre lui-même à notre place pour accomplir toute justice : il est nécessaire que, dans un cas comme celui-ci, cette substitution soit reconnue comme légitime et comme suffisante dans le conseil de Dieu ; et que nous sachions comme une chose certaine qu’il en est ainsi. Un créancier peut vouloir être payé non par une caution (quoique nous en ayons une valable), mais par le débiteur lui-même ; et l’acceptation de la caution est en soi un acte de grâce qui dépend du bon plaisir de notre créancier. C’est ce que l’Apôtre insinue (Romains 3.23), quand il présente la grâce comme fondement du salut, aussi bien que la rédemption qui est en Jésus-Christ. Or, quelle est la preuve que Dieu a consenti à recevoir cette rédemption ? ce n’est pas autre chose que la vie que Christ a reprise. Sa résurrection est la décharge authentique de l’obligation qui était contre nous ; et la foi saisit cette résurrection pour s’assurer que Jésus a véritablement ôté le péché du monde. Elle la présente avec confiance à l’accusateur, comme un débiteur présenterait une créance acquittée à quiconque viendrait l’importuner de la part de son créancier. De là le triomphe de Paul dans notre texte : Qui condamnera ? Christ est celui qui mourut ; bien plus, qui ressuscita ! Le Fils de Dieu a porté la malédiction du péché, et le Père l’a ramené d’entre les morts pour attester que maintenant son âme est satisfaite, et qu’il n’a plus rien à exiger des croyants.
Mais il y a mieux encore ici ; et le bien plus de l’Apôtre indique un degré ultérieur de paix et de confiance sur lequel la foi peut s’élever par la contemplation du Sauveur ressuscité. Quand Dieu justifie, il ne déclare pas seulement la non-culpabilité du pécheur, mais il rétablit ce dernier dans les privilèges que son état de prévention lui avait fait perdre, et le réintègre dans ses droits de bourgeoisie (Romains 5.1-2). Le croyant ne sort pas seulement de la misère, mais il est déclaré juste ; il n’est pas simplement absous authentiquement, mais réhabilité et constitué membre de la famille de Dieu ; non seulement il ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie, et il a la promesse d’être ressuscité au dernier jour (Jean 3.16 ; 5.24-25 ; 6.40). Or c’est sur la résurrection de Christ que sont fondés ces privilèges ; car, selon que le dit l’Apôtre (Romains 4.25) : Il mourut à cause de nos offenses, et il ressuscita à cause de notre justification, c’est-à-dire que, comme sa mort donne satisfaction plénière aux droits de la justice éternelle, et en conséquence nous absout de toute peine méritée par nos offenses, sa vie nous constitue justes, ou participants des privilèges que lui a acquis son obéissance. Car si sa mort nous procure une bénédiction puisqu’il l’a soufferte à notre place, sa résurrection doit aussi nous en procurer une correspondante (Romains 6.5).
II. — Tout ceci deviendra plus clair par l’examen des relations que le Christ a soutenues avec les croyants, dans les différents actes de l’obéissance qu’il a rendue au Père pour les amener à la justice ; relations sur lesquelles nous nous arrêterons un peu, parce qu’elles servent à montrer l’influence, non seulement de la résurrection de Christ, mais aussi de son ascension, de sa séance à la droite du Père et de son intercession, sur la justification des croyants, et sur la fermeté de leur foi.
Or Jésus, dans tout ce qu’il a fait pour glorifier Dieu par le salut des pécheurs, a agi devant le Père sous le double caractère de garant ou caution, et de substitut ou de représentant des pauvres humains. L’Écriture nous le présente sous le premier de ces caractères en Hébreux 7.22, et sous le dernier, quand elle l’appelle le second homme ou le second Adam (1 Corinthiens 15.46). Reste à déterminer les actes que supposent ces deux relations, et quelles consolations la foi tire de l’accomplissement de ces actes.
Un garant ou une caution est une personne qui se lie à la place d’une autre, comme Juda à l’égard de Benjamin (Genèse 42.9), et s’engage à accomplir une tâche que s’est imposée cette dernière ou à payer une dette qu’elle a contractée. La caution est suffisante quand elle présente toutes les garanties nécessaires pour qu’on puisse être moralement sûr du succès de l’entreprise ou de la rentrée de la somme prêtée. Une fois les conditions du cautionnement accomplies, la caution et le cautionné, le garant et le garanti sont déchargés de leur obligation respective.
Un représentant ou substitut est celui qui agit au nom et en lieu d’une autre personne, qu’il représente légalement et juridiquement, soit en vertu d’un mandat qu’il a reçu de cette personne, soit parce qu’il a été établi pour cela par une autorité légitime. Tels sont, par exemple, les tuteurs par rapport à leurs pupilles, les avocats et les avoués par rapport à leurs parties, les fondés de pouvoir, les ambassadeurs, les gérants d’affaires, etc. Être substitut ou représentant d’une personne est donc quelque chose de plus que d’en être caution ; car, dans le dernier cas, on ne fait que s’engager à remplir la tâche d’un autre dans un cas particulier ; tandis que, dans le premier, on est tellement identifié avec son représenté ou son commettant, que tout ce que l’on fait, tout acte que l’on passe, tout l’honneur que l’on reçoit, comme aussi toute injustice que l’on souffre, sont imputés à celui-ci comme s’il eût agi lui-même, ou qu’on eût agi en sa faveur ou contre lui. Un mariage de prince, contracté par ambassade, est aussi valable que si le prince l’eût contracté en personne ; et c’est le client qui porte la peine des fautes de son avocat, comme les insultes faites à un envoyé rejaillissent sur le Roi qu’il représente. — Tel était le caractère du premier Adam, et c’est ce qui explique les suites funestes de sa chute. L’humanité était en quelque sorte dans ses reins comme Lévi en ceux d’Abraham ; et quand il fut dîmé par Satan, tous les hommes l’ont été en lui, leur représentant, comme Lévi fut dîmé en Abraham par Melchisédec.
Or, afin que les croyants fussent justifiés légalement ou selon les règles de cette équité et de cette droiture qui caractérisent toutes les œuvres du Seigneur (Psaumes 111.7), Jésus est entré dans son ministère de réconciliation sous le double titre de Garant de la nouvelle alliance et de second Adam ; de la même manière que, pour montrer la plénitude de son amour envers les croyants, il prend les titres d’époux, de frère, de berger, etc., chacun de ces titres suppléant à ce que la faiblesse de la foi pourrait trouver d’insuffisant dans les autres pour obtenir une pleine consolation. Dieu, en constituant Christ tout à la fois caution et substitut de son Église, a eu l’intention d’asseoir la foi sur deux fondements solides : Il a légalisé, pour ainsi dire, la justification de ses enfants, de manière à mettre hors de cause tous les accusateurs qui oseraient ouvrir la bouche ou remuer la langue contre le peuple de sa dilection ; et de manière à confirmer ce dernier dans l’assurance du don de la justice : chacune des deux relations de Christ avec son Église étant le complément de l’autre, et formant comme un double rempart autour de la ville de Dieu pour écarter tous les traits enflammés du Méchant. Mais entrons plus avant dans cette forteresse, et voyons si l’âme du croyant peut s’y tenir dans un plein repos.
I. — Jésus a été fait le garant d’une meilleure alliance ou disposition (Hébreux 7.22), c’est-à-dire de l’alliance qui est appelée la Nouvelle, et qui a succédé à cette alliance mosaïque de laquelle l’Apôtre cherche à détacher les Hébreux. La garantie de cette dernière reposait sur l’observation des institutions données par Moïse au peuple d’Israël, et les bénédictions dont elle avait les promesses devaient être le fruit de l’obéissance des créatures qui avaient consenti à y entrer, comme nous le voyons dans une foule de passages du Lévitique et du Deutéronome. Mais la Loi étant sans force devant la corruption de l’homme, une bénédiction réelle ne pouvait surgir pour lui d’une alliance légale, ou dans laquelle Dieu traite avec sa créature sans aucun égard à la déchéance de celle-ci (déchéance dont il n’est point la cause), et lui propose des conditions dont l’accomplissement est indispensable pour que Dieu remplisse celles qu’il s’est lui-même imposées. Aussi Dieu, ayant résolu de glorifier des pécheurs, n’est point entré primitivement en relation avec eux, mais il leur a établi un Chef, uni d’une manière ineffable à leur nature et à la sienne, dans une seule personne qui s’est volontairement engagée à remplir en leur lieu et place toutes les conditions exigées pour leur glorification ; c’est-à-dire, d’un côté, à obéir à toute la loi de Dieu, et de l’autre, à souffrir la peine de toute transgression de cette loi sainte. C’est ainsi que Jésus est devenu le garant ou la caution de cette assemblée de pécheurs, que le bon plaisir de Dieu a été, de tout temps, d’amener à une intime participation aux joies du Ciel. Jésus-Christ s’est porté caution solidaire, envers le Père qui les avait choisis, du plein et entier accomplissement des choses auxquelles devait être attaché leur droit d’entrée dans le royaume céleste ; et c’est là ce qui a été la cause de son incarnation, de sa mort et de son retour à une vie nouvelle.
Présenter à Dieu cette garantie était plus que s’offrir purement comme Médiateur ou Intercesseur ; car ces charges n’impliquent pas proprement la nécessité d’une obéissance ou d’une souffrance, tandis que Jésus a pris sur lui-même ces deux charges à notre place, et que les deux autres n’en sont que les suites ou la conséquence. Même Christ, comme caution ou garant, s’est engagé à plus qu’on ne le fait ordinairement au milieu des hommes lorsque l’on s’impose cette obligation. Car, par exemple, en cas d’emprunt, on saisit d’abord le débiteur et ensuite la caution ; tandis que Jésus, dans son grand amour, a pris la chose tout à sa charge ; tellement que la justice de Dieu n’a plus de recours contre nous. C’est ce fait plein de consolation que Paul rappelle (2 Corinthiens 5.19,21), et qui établit la fermeté de l’alliance de grâce, la sûreté de la justification du croyant, et en même temps la grandeur de l’amour de Dieu envers les pécheurs. Là nous voyons Dieu en Christ, réconciliant le monde avec soi ; comment cela ? en faisant être péché c’est-à-dire sacrifice pour le péché) celui qui n’avait point connu le péché, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui. Notre péché a été imputé, ou mis en compte à Christ ; Il en a été chargé, et ainsi nous en sommes déchargés. La justice de Dieu s’étant exercée sur lui comme s’il eût été le seul pécheur, reste impuissante à l’égard des croyants, sinon pour concourir, d’accord avec la grâce, à les sauver et à les bénir. — L’Apôtre nous prêche les mêmes doctrines, Romains 5.6-10 ; Colossiens 1.19-22. Ici, comme on le voit, Christ est une caution plénière ; et c’est avec lui seul que traite notre céleste créancier. Nous ne sommes ici pour rien, Christ s’étant chargé de tout. La teneur de l’alliance n’est pas que Christ ou bien nous, aurons à satisfaire aux exigences de la loi divine ; mais tout retombe sous la responsabilité de Celui qui a dit : Tu n’as point voulu de sacrifices ni d’offrandes (de la part de l’homme, bien entendu), alors j’ai dit : Me voici, ô mon Dieu, pour faire ta volonté (Hébreux 10.5-7).
Si maintenant nous considérons Jésus ressuscité sous ce caractère de caution ou de garant, nous y trouverons un premier et solide argument pour justifier la confiance triomphante que Paul exprime dans les paroles que nous méditons. C’est déjà un grand sujet de consolation pour un pécheur croyant, que d’apprendre l’arrestation et le jugement de Celui que le Père a agréé comme répondant de la dette de l’homme (Ésaïe 53.8). Au moins le pécheur a-t-il l’espoir que son garant ayant été saisi et mis en prison, lui pécheur sera libéré de toute poursuite ; car il sait quelle est l’excellence de ce garant, et quel est le sang qui a coulé pour son offense. Mais Jésus s’est-il acquitté de sa charge à la satisfaction de ce Dieu dont les droits, à l’égard des pécheurs, sont inaliénables ? La grâce et la paix, retenus dans le sein du Très-Haut par les saintes et sacrées exigences de sa justice, peuvent-elles couler comme un fleuve et inonder de leurs bienfaisantes eaux les consciences souillées par le péché ? Est-il bien prouvé que, dans la mort de Christ, Dieu a respiré une odeur d’apaisement et a dit comme au temps de Noé : Je ne maudirai plus ? (Genèse 8.21). C’est à quoi répond la résurrection du garant de la nouvelle alliance. Aussi, afin de consoler les fidèles, Paul leur assure-t-il que Christ, après avoir été offert une seule fois pour ôter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois sans péché pour le salut de ceux qui l’attendent (Hébreux 9.28). Ce qui doit réjouir les fidèles, c’est que leur garant est vivant puisqu’il apparaîtra, et qu’il a ôté le péché, puisqu’il sera vu sans péché. Mais il y a ici une instruction importante à recevoir, c’est que l’assurance du salut final dépend de ce que Jésus soit sans péché, et que nous sachions comme une chose certaine qu’il est réellement et entièrement déchargé de la peine que nous avons encourue. Or le voir encore mort et enseveli ne nous suffit pas pour cela, puisque la mort est le gage du péché, comme la prison est la demeure de la caution qui n’a pas satisfait au paiement d’une dette. Il faut donc quelque chose de plus que la croix et le tombeau de Christ pour pacifier pleinement la conscience, et nous assurer qu’il n’y a plus maintenant aucune condamnation pour nous.
Or, ce qu’il nous faut de plus, nous le trouvons dans la résurrection ; en même temps que l’une des raisons du bien plus de l’Apôtre. Jésus étant sorti du tombeau où l’avait renfermé le jugement de Dieu, et ayant repris cette vie qu’il avait donnée pour ses brebis, est une preuve sans réplique qu’il a subi toutes les conséquences et porté la peine du péché ; comme l’acte de relâcher une caution est une preuve évidente qu’il n’y a plus lieu pour elle à être poursuivie pour dette. — Dieu ayant saisi, condamné et fait descendre le corps de son Bien-Aimé dans la tombe et son âme dans le lieu invisible, Jésus ne devait sortir de cette demeure qu’après avoir tout payé jusqu’au dernier quadrain. Les chaînes de la mort l’eussent lié, le joug de nos iniquités l’eût tenu serré (Actes 2.24 ; Lamentations 1.14) et la main de fer de cette première malédiction : Au jour que tu en mangeras tu mourras de mort (Genèse 2.17), l’eût renfermé de nouveau dans les profondeurs du sépulcre, s’il eût tenté d’en sortir avant d’avoir épuisé la coupe qui lui était assignée. Christ ne pouvait s’échapper de prison, lié qu’il était non seulement par l’amour, mais encore par la colère de Dieu. Mais s’il est vraiment ressuscité, quelle conséquence en tirer, sinon que tout est accompli, que la loi est satisfaite, l’obligation qui était contre nous, déchirée, la malédiction ôtée et la mort détruite ? Comment en douter après une pareille victoire et ne pas se joindre au chant de triomphe de l’Apôtre des Gentils, qui, après avoir parlé de l’aiguillon de la mort qui est le péché, aiguillon brisé par la victoire du Fils de l’homme sur le sépulcre, s’écrie : Grâces à Dieu qui nous donne la victoire par Jésus-Christ (1 Corinthiens 15.55-57). Oui, le croyant est maintenant libre en son Chef et son garant. Il en a fini avec l’exacteur et le créancier qui le saisissait impitoyablement à la gorge en lui disant : Paie-moi ce que tu me dois (Matthieu 18.28). Non seulement Christ a porté en son corps sur le bois les péchés de son peuple (1 Pierre 2.24) ; non seulement Il s’est soumis au juste jugement de Dieu pour détourner ce jugement de dessus l’âme des pécheurs qu’il voulait sauver, subissant ainsi à leur place la sentence portée contre les mauvaises œuvres, et payant l’amende encourue par les transgresseurs : mais après avoir souffert, il s’est montré vivant à ses disciples ; après avoir été renfermé dans le plus horrible des bagnes, vêtu du costume des condamnés, il en est sorti avec de nouveaux vêtements, laissant dans son sépulcre les linceuls qui enveloppaient son cadavre. Ainsi il est évidemment acquitté ; la loi est muette devant lui ; l’accusateur est réduit au silence ; son bâton s’est brisé sur les épaules de l’homme puissant ; et les croyants, recueillant les fruits de cette œuvre, peuvent répéter avec Paul : Qui condamnera ? Christ est celui qui mourut et bien plus, qui ressuscita !
II. — Ainsi Jésus ressuscité comme garant de la nouvelle alliance, est un fait qui atteste l’efficace de sa mort pour éteindre toutes les foudres de la loi. Mais comment cette résurrection est-elle pour nous un témoignage de notre justification, ou de notre droit à la vie éternelle et à toutes les bénédictions de la nouvelle alliance ? C’est la seconde question à laquelle nous avons à répondre, et cette réponse se trouve en Jésus ressuscité comme notre substitut, ou comme second Adam. Pour l’entière satisfaction de nos lecteurs, nous étendrons un peu nos réflexions sur ce sujet, et afin de procéder avec ordre, nous montrerons : 1° que Christ a été établi par le Père comme notre représentant dans tous ce qu’il a fait, et particulièrement dans sa résurrection ; 2° quelle influence cette résurrection de Christ, en tant que second Adam, exerce sur notre justification.
1° — Tout Chrétien sait et confesse que le premier Adam était considéré de Dieu comme le Chef et le représentant de toute sa postérité. Ses actes n’étaient pas individuels ou personnels ; mais de telle nature que leurs conséquences devaient s’étendre jusqu’aux dernières feuilles de l’arbre dont il était le tronc. Ainsi ses descendants auraient tous été bénis en lui, s’il eût persévéré dans l’obéissance ; de la même manière qu’ils sont tous devenus en lui sujets au péché, à la misère et à la mort. En cela, c’est-à-dire, dans l’influence de son obéissance ou de sa désobéissance sur ceux qui devaient sortir de lui, l’Apôtre nous apprend qu’il était le type de celui qui devait venir (Romains 5.14) ; et c’est là ce qui explique pourquoi Paul (1 Corinthiens 15.47), voit en quelque sorte l’humanité tout entière renfermée dans l’existence de ces deux hommes : le premier, qui est de la terre ; et le second, Christ, le Seigneur qui est du Ciel. En parlant de la justification et de la résurrection (Romains ch. 5 et 1 Corinthiens ch. 15) il raisonne comme si jamais la terre n’eût porté ou ne dût porter d’autres individus que les deux Adams. Et pourquoi cela ? sans doute parce que les destinées de l’humanité se résolvent dans les destinées de l’un et de l’autre, quoique d’une manière bien différente quant à l’issue de toutes choses (Romains 5.12-19). Adam est la souche de tous ceux qui sont nés de la chair, et Christ de tous ceux qui naissent de l’Esprit : aussi du premier est-il dit qu’il est de la terre, et du second qu’il est du Ciel (1 Corinthiens 15.47-48). Tous les deux sont des personnes publiques, des actes desquelles la responsabilité s’étend à un grand nombre d’individus.
Nous ne ferons pas ici le parallèle du premier et du second Adam, parce qu’il est assez connu de nos lecteurs. Mais ce que nous tenons à bien faire remarquer, c’est que, d’après les passages que nous avons cités plus haut, si Adam est type de Christ, dans son caractère général, ou comme représentant d’une famille, les actes d’Adam, son péché, sa condamnation, sa misère ayant été imputés à sa postérité, il s’ensuit, par une conséquence rigoureuse, que les actes de Christ, son humiliation, son obéissance, sa mort, sa résurrection et sa gloire, sont ou seront imputés à tous ceux desquels Christ sera le représentant. C’est ce que Paul établit avec beaucoup de détails et de force d’expression dans Romains ch. 5 et 1 Corinthiens ch. 15, auxquels nous avons déjà renvoyé nos lecteurs. Ainsi non seulement le Seigneur Jésus a été établi du Père, caution et répondant de son peuple, mais encore il existe entre lui et ce dernier une telle union d’intérêts, que tout ce que Christ fait, souffert ou reçu, est regardé de Dieu comme l’œuvre, la souffrance ou la propriété de ce peuple béni. Et c’est en vue de cela que l’Église est dite être de la chair et des os de Christ (Éphésiens 5.30). Il n’existe pas de relation plus intime entre deux êtres que celle qui unit le Sauveur à son peuple. Comme Christ est appelé le Chef ou la Tête de l’Église, celle-ci est appelée l’accomplissement de Christ (Éphésiens 1.23).
Lors donc que Christ mourut, Dieu a considéré les croyants comme morts avec lui (Romains 6.10, 14). Le sens du commencement de ce chapitre est fort clair si l’on se souvient de ce fait consolant. En eux-mêmes les croyants ne sont pas morts à cause du péché, ni au péché, mais ils moururent jadis en leur Chef, avec lequel leur vieil homme a été mis à mort en la croix ; et en Jésus ils ont donné leur vie ou leur sang, afin de faire l’expiation de leurs iniquités. La puissance du péché étant la loi (parce qu’elle l’excite lorsque nous sommes encore sous son joug (Romains 7.5,11), et la loi ayant été satisfaite, Christ est en règle vis-à-vis d’elle : Il est quitte du péché, et nous devons nous en estimer quittes ou justifiés en lui. L’Apôtre va encore plus loin dans son raisonnement sur cette matière. Non seulement, dit-il, Christ mourut à cause du péché, mais il est maintenant vivant pour Dieu, et étant ressuscité des morts, il ne meurt plus, la mort n’ayant plus d’empire sur lui : ainsi ne vous estimez pas seulement morts en lui, mais vivants comme lui et en lui. Car de même que vous avez reçu sa mort comme la vôtre, vous avez aussi communion dans sa résurrection. Telle est la doctrine de Paul dans le ch. 6 de Romains ; et toute âme chrétienne comprendra combien elle est sanctifiante, puisqu’elle revient à ceci : c’est que les croyants ont reçu une vie nouvelle par la foi au Sauveur ressuscité (comme il le montre aussi dans le ch. 2 de Colossiens), et qu’en conséquence leur vie doit être celle de gens qui sont sortis du tombeau et qui vivent comme Christ et en Christ. Mais ce qui fait l’essence ou la base des raisonnements de l’Apôtre, c’est que Christ est le représentant de son peuple, comme Adam du sien, chose démontrée dans le chapitre précédent ; et que tous les croyants sont considérés comme tellement identifiés avec lui, que sa mort est leur mort, et sa résurrection leur résurrection.
Nous trouvons encore ailleurs, et spécialement dans 1Corinth. ch. 15, des preuves de ce caractère représentatif, de cette charge de personne publique dont le Christ a été revêtu. C’est de la résurrection de Christ les prémices, que l’Apôtre conclut que tous ceux qui sont de Christ seront vivifiés à son arrivée (v. 21) ; comme il avait dit auparavant que Christ est ressuscité d’entre les morts et qu’il est devenu les prémices de ceux qui dorment (v. 20). Il fait ici allusion à Lévitique 23.10, etc., ou à la fête des premiers fruits. Afin que tout le rapport d’un champ fût consacré au Seigneur, on en présentait, quelque temps avant la récolte, une gerbe qui était tournoyée devant l’Éternel, et qu’on appelait les prémices du champ : et la présentation de cette gerbe sanctifiait toute la masse (Romains 11.16). Cette cérémonie était un type de la résurrection et de l’ascension de Christ, dans sa qualité de second Adam. Quand nous étions morts dans nos fautes, et morts dans le Christ, Celui-ci est ressuscité comme prémices de son Église tout entière, qui peut ainsi se voir vivante avec lui et en lui. Les saints qui sont entrés en paix dans leurs sépulcres, et qui se reposent de leurs travaux, ont en lui un garant de leur retour à la vie quand il reviendra chercher son Église : car il est les prémices de ceux qui dorment, de la même manière qu’Adam a été les prémices de la mort pour le monde (1 Corinthiens 15.20-21).
2° — On voit donc que Jésus, comme premier-né d’entre les morts (Colossiens 1.18), a été considéré du Père sous le caractère de représentant de son Église, à l’égard de laquelle il est, comme seul juste, ce qu’est ou ce qu’a été à l’égard de tous et comme transgresseur, le premier homme créé. Or, pour juger de la consolation et du triomphe de la foi dans ce fait si bien établi par les Écritures, il s’agira maintenant d’en prouver deux autres. Le premier, que Christ a dû être justifié et qu’il l’a été dans sa résurrection ; le second, que c’est en tant que personne publique qu’il a été justifié, et qu’ainsi nous l’avons tous été en lui.
a) En général, et pour l’ordre comme pour la justice, quand il s’agit d’une dette importante ou d’une accusation qui entraînerait après soi quelque conséquence fâcheuse, lors même qu’elle se trouverait ensuite être fausse, un acte positif et légal, soit de décharge, soit d’acquittement, est ordinairement jugé nécessaire et convenable. Un verdict de justification, lorsqu’un homme est reconnu non coupable de ce dont il avait été prévenu, se rend aussi publiquement que le verdict d’accusation ; et personne n’a été poursuivi pour une dette, sans demander, après paiement, quelque certificat juridique qui constatât ce dernier, et qui le mit lui-même à l’abri de toute poursuite ultérieure. Paul, emprisonné par ordre des magistrats de Philippes, ne voulut pas, pour l’honneur de l’Évangile, être mis secrètement en liberté (Actes 16.37) mais exigea qu’un acte public effaçât, pour ainsi dire, la tache qu’un acte préalable de ce genre avait imprimée sur les messagers du Seigneur. — Il est donc naturel de supposer que Dieu, ayant fait venir sur Christ les iniquités de nous tous, et l’ayant jugé et condamné à notre place (Ésaïe 53.6,8) n’a pas rendu contre son Bien-Aimé une sentence publique à la vue des hommes et des Anges, sans lui rendre ensuite publiquement justice, et le déclarer net de tout ce qui avait été mis à sa charge.
Et dans le fait, comme nous l’avons déjà remarqué plus haut, Christ, après avoir porté les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois sans péché (Hébreux 9.28) ; passage qui indique un dessein arrêté en Dieu, de montrer sans péché au monde Celui qui une fois a été vu du monde, portant sur son âme le triste fardeau du péché. Ainsi, lors même que nous ne saurions pas que Dieu a déjà glorifié son Fils Jésus d’une manière solennelle, ces paroles seules suffiraient pour le prouver. Mais si Dieu a renvoyé l’heure de la manifestation de la vie et de la gloire du Christ à tout le monde, jusqu’au moment du jugement des vivants, il n’a pas voulu que son Église demeurât privée de la joie qu’elle devait recueillir de la justification de son Chef ; ni moins encore laisser l’âme du Rédempteur dans ce sépulcre d’où son Esprit avait annoncé à diverses fois qu’elle ne tarderait pas à sortir. Aussi Jésus a-t-il brisé au troisième jour les liens de la mort, et a-t-il été manifesté, non à tout le monde, mais aux disciples qui devaient être témoins de sa résurrection (Actes 10.39,42) et l’annoncer à toute créature. Et l’Église sait maintenant que son Représentant a laissé les derniers vestiges du péché qu’il avait pris sur lui, dans la tombe où le péché l’avait fait descendre. Dieu l’ayant ramené à la vie, a protesté par là qu’il n’y avait plus aucun de nos péchés en lui, puisque le salaire du péché c’est la mort, et que la mort eût gardé sa proie si elle avait trouvé en Jésus un seul de ces péchés dont Dieu ne l’eût pas justifié.
C’est pour cela qu’il est écrit que Christ, Dieu manifesté en chair, a été justifié par l’Esprit (1 Timothée 3.16). Venu en forme de chair de péché et pour le péché, Dieu a condamné le péché en la chair, afin que la justice de la loi fût accomplie en nous (Romains 8.3-4) ; c’est-à-dire que Jésus a souffert la condamnation et la mort, salaire de tout péché en la chair, et Dieu a jugé lui-même le péché en la propre personne de son Fils, afin que nous eussions une parfaite justice aux yeux de la loi. Mais un acte de justification a suivi cet acte de condamnation : et celui-là s’est opéré par la puissance du Saint-Esprit, qui est dans le Père et dans le Fils, et qui a vivifié Christ (1 Pierre 3.18 ; voyez aussi Romains 1.4 ; 8.11). Ainsi Jésus a été justifié par l’Esprit, après avoir été condamné comme coupable ; et c’est l’espoir de voir bientôt sa justice manifestée par la résurrection, qui lui a dicté le langage qu’il tient dans la prophétie d’Ésaïe ch. 50 (prophétie que nous avons déjà examinée), et dans les Psaumes 16, 22 et 69, à la fin. — Ce qui vient encore à l’appui de ces vérités, c’est le point de vue sous lequel le Saint-Esprit envisage la résurrection de Christ par rapport à Christ lui-même (voyez Actes 13.35 ; Romains 1.4). Ici cette résurrection est présentée comme preuve de la filiation de Jésus qui, quoique déclaré Fils de Dieu dans son baptême et sa transfiguration, ne l’avait été que par anticipation, puisque, dans les jours de sa chair, il paraissait être tout autre chose ; et qu’en effet il avait pris la forme vile de serviteur. Sa résurrection a donc été pour lui comme une justification de ce titre qui l’avait fait insulter par les Juifs et condamner par le Sanhédrin quand il avait voulu le prendre en leur présence. Et en cela il est un avec les siens, dont la justification suit immédiatement leur régénération qui est une sorte de résurrection spirituelle.
Nous ajouterons à ceci, qu’une fois ressuscité, Jésus passa dans une nouvelle vie. Son corps devint spirituel, puisqu’il entrait dans les chambres fermées et se transportait subitement d’un lieu à l’autre. S’il conserva des relations avec les hommes, ce ne fut plus qu’avec ses saints, avec ceux qui étaient déjà nets à cause de la parole qu’il leur avait annoncée. Les jours de souffrance furent passés pour lui, et Satan vaincu n’eut plus la permission de le tenter ; preuve que le sépulcre avait gardé toute l’iniquité qui lui avait été imputée, et que nos péchés qu’il avait faits siens étaient enfouis dans les parties les plus basses de la terre où il était descendu et d’où il était remonté par la gloire du Père.
b) La résurrection de Christ a donc été la preuve authentique qu’il n’existait plus de péché mis sur lui, et que le second Adam, venu dans l’humiliation, afin de souffrir et de mourir pour la transgression du premier, avait fait à cet égard la volonté du Père et amené la justice des siècles. Et cette preuve subsiste pour nous ; car Christ étant ressuscité des morts, ne meurt plus et la mort n’a plus d’empire sur lui (Romains 6.9). Mais si Jésus a été justifié quand il a brisé les liens de la mort ; si maintenant on ne peut lui imputer aucun péché, ni le condamner ; s’il est aussi certain que, comme fils d’Adam, il a été déclaré Fils de Dieu en puissance, qu’il est certain que le Père l’a rappelé à la vie ; il en résulte nécessairement que tous les croyants sont dans la même position que lui et justifiés comme lui. — Nier cette conséquence, serait rompre les liens qui unissent Christ à son peuple, et séparer ce que Dieu a joint de la manière la plus intime. Si les élus sont ressuscités avec Christ, ils sont aussi nécessairement justifiés que Christ l’a été lui-même ; et si l’on ne peut pas douter que, Christ étant les prémices, ceux qui sont de lui ne soient vivifiés à son arrivée, on ne peut pas plus révoquer en doute la participation des fidèles à sa justification, qu’à sa résurrection. — Au reste, c’est la règle des actes de Dieu envers son Église. Elle ne reçoit que ce que Christ a reçu le premier ; elle n’est considérée comme agissant qu’en Christ, comme élue, accomplie, sanctifiée et participante des promesses de Dieu qu’en lui et par lui ; car il est le seul sur lequel Dieu puisse compter pour l’accomplissement de ses volontés, pour la conservation de ses grâces, et pour l’exécution de ses desseins. Mais aussi, tout ce qui est de Christ est à elle, et tel qu’il est, telle elle est aussi en ce monde (1 Jean 4.17). Ainsi comme lorsque Christ mourut, elle mourut en lui, et qu’en lui aussi elle ressuscita, elle a donc été justifiée dans sa résurrection. Vous êtes rendus parfaits en lui qui est le chef de toute principauté et puissance, dit le Saint-Esprit par la bouche de Paul (Colossiens 2.10) ; et ailleurs : Dieu nous a bénis de toute bénédiction spirituelle en Jésus-Christ (Éphésiens 1.3).
Tout ceci deviendra plus évident encore, si l’on considère qu’Adam étant type de Christ, la justification a dû venir sur l’homme de la même manière que la condamnation, sans quoi le type ne serait pas exact. Or la sentence de condamnation a été prononcée sur tous en Adam (Romains 5.12-19) ; et si Dieu a pu renfermer une foule innombrable d’individus dans la sentence qu’il a portée contre un seul, n’est-il pas naturel qu’il justifie aussi d’une manière analogue tous ceux que Christ représente, sa postérité, ses élus ? Si, dans son péché et sa condamnation, Adam a été considéré comme homme public, certes, à plus forte raison, Christ a dû l’être dans sa justice. Car personnellement Christ était sans péché, et n’ayant pas besoin d’être condamné, il n’en avait pas non plus d’être justifié ; et s’il l’a été, c’est à la place d’autrui et comme homme public ; tandis qu’Adam méritait avec justice la malédiction dont il a été frappé, et dont nous avons été frappés en lui, puisque dans sa personne il était coupable. Au reste, c’est là la clef du parallèle que Paul fait entre les deux Adams au ch. 5 des Romains, et particulièrement au verset 18. Toutes les pensées de Paul se réduisent à ces deux : 1°, condamnation en Adam et justification en Jésus ; 2°, mais la justification en Jésus est plus abondante que la condamnation en Adam, parce que Jésus est un don de la grâce de Dieu. Dans la mort de Christ, le juste souffrit pour les injustes, comme le dit l’apôtre Pierre ; mais si ce juste a été justifié dans sa résurrection, ce sera donc pour les injustes qu’il représentait devant Dieu.
Notre justification en Christ est donc une chose certaine et digne d’être reçue avec une entière confiance. Celui que Dieu avait établi comme notre garant, a été acquitté publiquement et honorablement de la dette dont il s’était déclaré responsable. Celui qui avait mandat divin d’accomplir toute justice à notre place, a fait tout ce qu’il fallait faire envers Dieu pour la propitiation des péchés de son peuple (Hébreux 2.17). Après avoir souffert une sentence juridique de mort par le conseil déterminé de Dieu et en lieu et place de ce peuple, il a été justifié par un acte solennel, passé en présence du ciel et de la terre, de tout le péché qui avait été mis à sa charge. Sa justice a été mise en évidence, et l’heureuse race qui a été unie à lui ne peut pas plus être condamnée qu’il ne peut l’être lui-même, quoique les accusateurs soient nombreux, les accusations formidables et surtout trop fondées en raison. Il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Christ, (Romains 8.1) ; et pour les condamner il faudrait commencer par Celui qui est leur Chef ; mais qui l’oserait, qui le pourrait, puisque le Père l’a justifié en le vivifiant par l’Esprit ?
Lecteur, avez-vous reçu Jésus comme déclaré Fils de Dieu en puissance par sa résurrection d’entre les morts ? Avez-vous rendu à Dieu cette obéissance de la foi, à laquelle il appelle tout pécheur ? Votre âme lui a-t-elle donné gloire en croyant au témoignage qu’il a rendu de son fils ? Alors ne craignez pas de triompher avec Paul, et de laver votre conscience dans la mort de Celui qui est maintenant vivant aux siècles des siècles ; car c’est un privilège et un devoir pour vous à qui Dieu a révélé son Bien-Aimé. Si de cœur vous avez cru à la justice, cette foi vient de l’efficace de Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts (Colossiens 2.12) ; elle est un résultat de votre propre justification dans cette résurrection. Le Seigneur Jésus a ainsi découvert ce qui était caché pour vous en Lui, depuis qu’il est rentré dans la gloire ; et il vous a appelé, par son Évangile, au temps marqué dans les décrets éternels, afin que vous connussiez quel amour le Père a eu pour vous et ce qui vous a été préparé dans le Bien-Aimé. Comme votre premier péché a été une manifestation de votre condamnation en Adam, votre premier regard sur Jésus est une manifestation de la bonne volonté de Dieu de vous justifier en lui. Si donc il vous a été donné de croire en Jésus, réjouissez-vous en Jésus mort pour vos offenses et ressuscité pour votre justification ; glorifiez la justice parfaite du Sauveur en vous en revêtant, et en rendant grâces comme Israël le fera un jour (Ésaïe 61.10) ; exaltez cette justice en la saisissant comme un bouclier pour repousser les dards enflammés de l’accusateur des frères, pour éteindre les foudres de la loi, et pour briser l’aiguillon de la mort. C’est ainsi que vous garderez la paix de l’âme, et que vous ferez l’expérience de ce que c’est que posséder une bonne conscience devant Dieu par la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ (1 Pierre 3.21).