Le dernier verset de ce Psaume renferme le sujet qui doit nous occuper ce soir. « Ô Dieu ! lève-toi, juge la terre, car tu auras en héritage toutes les nations. » C’est Dieu qui doit juger la terre, et, à la suite de ce jugement, avoir en partage toutes les nations.
Nous avons parlé de Christ, héritier de toutes choses avec l’Église sa cohéritière, puis de l’avènement de Christ, ou du moment où il prend son héritage, et de la résurrection de l’Église, ou du moment où l’Église ressuscitée participe avec lui à cet héritage. Les âmes heureuses avec lui attendent elles-mêmes la résurrection de leurs corps pour jouir de la plénitude de la bénédiction et de la gloire ; c’est pourquoi un chrétien peut désirer la mort, parce qu’il est par là délivré de toute affliction et de toute peine ; mais il attend la résurrection pour la consommation de sa gloire. Nous avons parlé du progrès du mal, et prouvé que, loin que le monde soit converti par la prédication de l’Évangile, l’ivraie doit croître et mûrir jusqu’à la moisson. Et dans notre dernière soirée nous avons vu le mal à son plus haut période dans la personne de l’Antéchrist, huitième tête de la bête qui va à la destruction, dans l’apostasie de la puissance civile de la quatrième monarchie, et dans le faux prophète qui est le conseiller de l’Antéchrist, et qui est détruit avec lui.
Nous avons vu qu’il y a deux bêtes, et que la seconde se transforme dans le faux prophète. Comparez Apoc. XIII avec la fin de XIX.
Maintenant la scène s’étend un peu, et nous verrons non-seulement la quatrième bête détruite, mais toutes les nations jugées. Toutes les races d’hommes qui existent sur la terre, qui se sont formées à la suite de la division des enfants de Noé, se trouveront à la fin rassemblées et jugées de la part de Dieu ; tout ce qui est hautain, orgueilleux, sera abattu par la puissance et la gloire de Dieu, afin que Dieu dans une pleine bénédiction, jouisse du royaume, et qu’il ait l’héritage de toutes les nations.
J’ai traité dans notre dernière réunion la partie la plus difficile, le point où les deux économies se rencontrent, et où le mal causé par l’apostasie de l’économie actuelle, exige l’intervention de Dieu et par conséquent le jugement qui termine cette économie. J’ai parlé de cette apostasie de l’Antéchrist spécialement, parce que c’est en effet la consommation même de l’apostasie. Mais du moment que l’événement a lieu, il y a aussi le jugement de toutes les nations ; Dieu ne juge pas seulement la révolte dernière de l’Antéchrist ou de la bête ; mais ayant fait éclater sa puissance, le moment de sa colère étant venu, il juge toutes les nations.
C’est ce qui se lit Apoc. XI, 15-18 : « Alors le septième ange sonna de la trompette, et il y eut de grandes voix dans le ciel, qui disaient : Les royaumes du monde sont devenus les royaumes de notre Seigneur et de son Christ, et il régnera aux siècles des siècles. Et les vingt-quatre anciens qui sont assis devant Dieu sur leurs trônes, tombèrent sur leurs faces et adorèrent Dieu, disant : Nous te rendons grâces, Seigneur Dieu tout-puissant, qui est, et qui était, et qui vient, de ce que tu as pris en main ta grande puissance, et de ce que tu es entré dans ton règne ! Et les nations se sont émues de colère ; et ta colère est venue ; et le temps de juger les morts (première résurrection), et de donner le salaire à tes serviteurs les prophètes, et aux saints, et à ceux qui craignent ton nom, aux petits et aux grands, et de détruire ceux qui détruisent la terre. »
Poursuivons les passages qui traitent du même sujet.
Nous avons vu que le Seigneur Jésus, le Messie, le vrai Roi de toute la terre, s’est présenté à la quatrième bête et aux Juifs, c’est-à-dire aux Gentils et aux Juifs ; aux Gentils, dans la personne de Ponce-Pilate, et aux Juifs, dans la personne des sacrificateurs. Il s’est présenté au monde et aux siens, et il a été rejeté. Mais nous verrons qu’il est un sens beaucoup plus étendu, dans lequel il est dit que les nations sont irritées, et que la colère de Dieu éclate contre elles par le jugement de son Fils.
Ps. II. Nous voyons là deux choses : premièrement, que le Fils est sacré roi sur Sion, la montagne de sa sainteté, et qu’il a l’héritage des nations : Sion, voilà son trône ; mais son héritage, ce sont les nations ; secondement, sa manière de traiter ces nations, manière tout à fait opposée à l’Évangile : « Tu les briseras avec un sceptre de fer. » Le sceptre de Christ est un sceptre de bonté et d’amour, c’est tout ce qu’il y a de plus doux, de plus puissant dans son amour ; ce n’est point un sceptre de fer. Il s’agit là des rois de la terre. « Maintenant donc, ô rois, adorez le Fils. » Le décret de Dieu est que son Fils soit sacré ; c’est-à-dire que Dieu a voulu établir Jésus roi de toute la terre, et il invite les rois de la terre à se soumettre à lui ; il leur dit : « Je vais parler dans ma colère, je donne l’héritage des nations à Christ, il vous brisera avec un sceptre de fer, il vous mettra en pièces ; maintenant donc soumettez-vous à lui, à mon Fils, roi en Sion. » Ces rois suivent leurs propres démarches, leur parti est pris selon la sagesse de l’homme, et ce n’est pas à Christ, Roi en Sion, qu’ils pensent. Allez parler aux rois de la terre de Christ, Roi en Sion, vous passeriez aussitôt pour être hors de sens. Cependant Dieu l’a arrêté certainement, irrévocablement, et c’est ce qu’il sera malgré les rois de la terre ; il établira Christ roi en Sion, et lui donnera pour héritage les nations, et pour sa possession les bouts de la terre. « Maintenant, » dit-il par la bouche de Michée, » il sera grand jusqu’aux bouts de la terre. »
À la naissance de Christ nous voyons la haine éclater à la moindre apparence de sa royauté. Dès qu’on entend dire : Il y a un roi, on cherche à s’en défaire. Mais enfin est-ce que les nations écouteront l’invitation qui leur est faite de se soumettre à lui ? Nous trouvons la réponse dans le Ps. LXXXII. Il faut que ces juges de la terre, ces élohim rendent compte de leur conduite ; « ils ne connaissent ni n’entendent rien. » « J’ai dit : Vous êtes des dieux, » parce que Dieu lui-même les avait placés comme ayant une autorité sur la terre, et parce que les puissances qui existent sont établies de Dieu ; mais Dieu peut les juger. Ce ne sont pas les chrétiens qui tiennent le langage ci-dessus, c’est Celui qui a le droit de juger ceux qu’il a nommés juges, de destituer ces puissances subalternes, afin de faire éclater sa grande puissance et d’agir en roi.
Nous voyons encore (Ps. IX, 1-7) que le lieu où ce jugement s’exercera est la terre d’Israël, et que le Seigneur se révélera par cet acte de sa puissance. Verset 6 : « Tu as réprimé fortement les nations, tu as fait périr le méchant (l’Antéchrist), tu as effacé leur nom pour toujours et à perpétuité. » La fin du Ps., vers. 15-20, n’est pas le langage de l’Évangile, c’est la demande prophétique, la juste demande du jugement ; c’est là ce qui explique les Psaumes dans lesquels les chrétiens trouvent quelquefois de fort grandes difficultés, faute d’avoir compris la différence des économies. Convertir le méchant, lui faire grâce, voilà l’Évangile ; c’est toute autre chose ici, parce que ce n’est pas l’Évangile. Mais une fois que l’Évangile a eu son cours, c’est Christ qui réclame le jugement contre le monde. Ce n’est pas Christ à la droite du Père pour envoyer le Saint-Esprit et assembler ses cohéritiers, mais c’est Christ demandant justice, la demandant ordinairement par son Esprit dans les humbles et les débonnaires de la nation juive, contre l’homme orgueilleux et violent. Si Dieu n’exécutait pas le jugement, le mal ne ferait qu’empirer sans qu’il y eût aucun soulagement pour les fidèles. Dieu ne l’exécute que lorsque le mal est arrivé à son comble. L’Antéchrist et les nations s’élèveront contre Dieu et contre son Christ, et il faudra que la terre soit débarrassée de ces ennemis pour faire place au règne de Dieu lui-même. Ce n’est pas David demandant à dominer sur ses ennemis, mais c’est Christ qui demande le jugement, parce que le moment est venu.
Dans le Ps. X vous verrez encore cette même vérité. L’Éternel est roi, et les nations ont été exterminées (vers. 15, 16).
J’ai voulu, chers amis, vous faire remarquer comme principe général dans ces Psaumes le jugement terrible de Dieu sur la méchanceté des nations, Dieu agissant en juge au milieu des juges.
Un passage És. II, 12-22, nous présente encore le grand jour de Dieu sur la terre : « Il y a un jour assigné par l’Éternel des armées contre tout orgueilleux et hautain … pour châtier la terre. » Ce n’est pas pour le jugement des morts, c’est pour le jugement de la terre.
Pour vous faire voir encore que ce jugement s’appliquera à toutes les nations, et que c’est par ce moyen que Dieu veut remplir la terre de la connaissance de son nom, je vous cite Soph. III, 8 : « C’est pourquoi attendez-moi, dit l’Éternel, au jour que je me lèverai pour le dégât ; car mon décret est d’assembler les peuples et d’amasser les royaumes, pour répandre sur eux toute l’ardeur de ma colère ; car par le feu de mon courroux sera consumée toute la terre. » Voilà l’ordonnance de Dieu, c’est d’assembler les nations, afin de répandre sur elles son indignation. C’est là un jugement terrible. Pour ce qui concerne notre attente à tous, que la connaissance de l’Éternel remplisse la terre, c’est ce que nous voyons au verset 9. La chose arrivera après qu’il aura exécuté le jugement et chassé les méchants. Ce passage est une révélation très-explicite.
Pour le dire en passant, la même vérité que la connaissance de Dieu se répandra par l’effet de ses jugements, nous est présentée És. XXVI, 9, 10, 11 : « Est-il fait grâce, l’homme n’apprend pas la justice, mais il agira méchamment en la terre de droiture. Mais lorsque les jugements de Dieu sont en la terre, les habitants du monde apprennent la justice. »
Certainement l’ordonnance de l’Éternel est d’assembler les royaumes afin de répandre sur eux son indignation et toute l’ardeur de sa colère. Ce sera un jour terrible, et un jour auquel le monde doit s’attendre.
Un autre passage à l’appui de la même vérité se lit Ps. CX : « L’Éternel a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tous tes ennemis pour le marchepied de tes pieds. » Jésus est assis à la droite du Père, jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour son marche pied. Jusque-là il agit par son Esprit pour assembler les chrétiens, il envoie le Saint-Esprit consolateur ici-bas pour convaincre de péché, de justice et de jugement ; mais Dieu mettra un jour les ennemis de Christ pour marchepied de ses pieds ; et c’est pourquoi Jésus dit que « le Fils même ne connaît pas le jour où ces choses doivent arriver. » Il a été écrit qu’il doit hériter de toutes choses. Voilà ce qui a été prophétisé de moi ; l’Éternel m’a dit : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie réduit tes ennemis à être ton marchepied. Ce n’est pas telle année, tel jour ; mais je vais être assis à la droite de Dieu jusqu’à ce que, c’est-à-dire jusqu’au moment que le Père accomplira ce conseil ; car le Seigneur Jésus, toujours Dieu éternellement béni, reçoit comme Homme-médiateur le royaume. Or voici l’accomplissement du décret : « L’Éternel transmettra de Sion le sceptre de ta force… » Nous voyons le terme de cette économie très-clairement marqué, c’est-à-dire Christ assis à la droite de l’Éternel, jusqu’à ce que l’Éternel mette ses ennemis sous ses pieds. Après cela, il dit : « Domine au milieu de tes ennemis. » Voilà ce que l’Éternel accomplira encore lorsque le Seigneur, au moment où sa puissance devra s’exercer, « froissera les rois au jour de sa colère, exécutera son jugement sur les nations, remplira tout de corps morts, et brisera le Chef qui dominait sur un grand pays. »
Jér. XXV, 28. C’est un sujet continuellement présenté à nos âmes par la Parole de Dieu, et c’est la fin de tout ce que nous voyons autour de nous. « Or il arrivera qu’ils refuseront de ta main la coupe de jugement, mais tu leur diras : Ainsi a dit l’Éternel des armées : Vous en boirez certainement. » Et voyez vers. 31.
Il est encore deux points que je dois vous faire remarquer. Premièrement, c’est à Jérusalem surtout que tout ce désastre aura lieu ; secondement, Dieu a nommé toutes ces nations dans sa Parole, et nous verrons reparaître sur la scène, au moment du jugement de Dieu, tous les descendants de Noé, dont nous trouvons le catalogue dans la Genèse, chap. X. Nous les retrouverons à peu près toutes sous l’Antéchrist ou sous Gog.
Quant aux passages qui concernent Jérusalem, nous pouvons citer Joël, III, 1 et 9-17 ; Mich. IV, 11, jusqu’à la fin du chapitre ; Zach. XII, 3-9. « Et il arrivera dans ce temps-là que je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples ; tous ceux qui la soulèveront seront meurtris, et toutes les nations se rassembleront contre elle. En ce jour, dit Jéhovah, je frapperai de stupeur tous les coursiers, et de démence ceux qui les montent ; mais j’ouvrirai les yeux sur Juda, et tous les coursiers des peuples seront frappés d’aveuglement. Et les chefs de Juda diront en leurs cœurs : Ils font ma force, les habitants de Jérusalem, de par Jéhovah des armées, leur Dieu. En ce jour je ferai des chefs de Juda un foyer ardent au milieu des bois, une torche enflammée parmi les gerbes ; ils consumeront à droite et à gauche les peuples d’alentour, et Jérusalem sera encore habitée dans son emplacement. Jéhovah garantira les tentes de Juda avant tout, afin que la gloire de la maison de David et la gloire des habitants de Jérusalem ne s’élève point par-dessus Juda. En ce temps-là le Seigneur protégera les habitants de Jérusalem, et le plus faible de ses guerriers sera aussi fort que David, et la maison de David sera comme Dieu, comme l’ange de Jéhovah devant eux. Et il arrivera qu’en ce temps-là je chercherai à détruire toutes les nations qui marcheront contre Jérusalem. Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem l’esprit de grâce et de prière, et ils me regarderont moi qu’ils ont percé, et ils pleureront sur moi comme on pleure sur un fils unique, et seront dans l’amertume sur lui comme on est dans l’amertume sur un premier-né. En ce jour-là il y aura un grand gémissement dans Jérusalem, comme le gémissement à Hadadrimmon dans la vallée de Megiddo. » XIV, 3, 4 : « Alors l’Éternel sortira et combattra contre ces nations, comme le jour où il combattit au jour du combat ; et ses pieds seront debout ce même jour-là sur la montagne des Oliviers, vis-à-vis de Jérusalem, à l’orient ; et la montagne des Oliviers sera fendue par le milieu, de l’orient à l’occident, par une grande vallée, et sera séparée, la moitié vers l’aquilon, et la moitié vers le midi. »
Il est dit (Act. I) que « Jésus reviendra de la même manière qu’on l’a vu monter, » c’est-à-dire sur la montagne des Oliviers, Ézéch. XI, 23. « Dans ce jour-là ses pieds se tiendront debout sur le mont des Oliviers, » dit l’Esprit par Zacharie (XIV, 4). « Ses pieds, » les pieds de l’Éternel. Bien qu’il ait été homme de douleurs, Jésus est l’Éternel comme il l’a été depuis l’éternité.
Quant au second point à remarquer, c’est que les nations, les descendants de Noé, se trouveront soit sous l’Antéchrist, soit sous Gog, les deux principales puissances. Si vous consultez le Xe chapitre de la Genèse, vous y verrez, vers. 51, les îles des Gentils divisées par leurs terres. Dans le dénombrement des enfants de Japhet, vous avez Gomer, Magog, Madaï, Javan, Tubal, Mesec et Tiras. De ces peuples vous trouvez Gomer, Magog, Tubal, Mesec sous les mêmes noms (Éz. XXXVIII) à la suite de Gog ; vous y trouverez aussi Pérès (ou les Perses) qui était uni à Madaï, et des mains duquel il reçut la royauté, comme nous le voyons dans Dan. ch. III et ailleurs, de sorte que de ces nations il ne reste en dehors que Javan et Tiras. Ce sont toutes les nations qui comprennent la Russie, l’Asie Mineure, la Tartarie et la Perse, toutes les peuplades dont se compose la Russie, ou qui sont sous son influence, sous la domination de Gog, prince de Ross (Russes), Mesec (Moscou) et Tubal (Tobolsk).
Les enfants de Cham nous sont indiqués Gen. X, vers. 6. De ceux-ci, il est vrai, Canaan a été détruit, et son pays est devenu celui d’Israël. Cus et Phut se trouvent sous Gog, Éz. XXXVIII, 5 ; ceux de Cus, seulement en partie, et voici pourquoi : une partie de la famille de Cus s’établit sur l’Euphrate, une autre sur le Nil, c’est-à-dire au nord et au midi d’Israël ; ceux du nord sont donc par leur position en rapport direct avec les partisans de Gog. Mitsraïm ou l’Égypte (car Mitsraïm n’est que le nom hébreu qui désigne l’Égypte,) le reste de Cus et Phut, vous les voyez à la suite de l’Antéchrist, Dan. XI, 43.
Maintenant parmi les enfants de Sem, Hélam est la même chose que le pays des Perses dont nous avons déjà parlé. Assur se trouve nommé dans le jugement qui aura lieu dans les derniers temps. Mich. V. És. XIV, 25 ; XXX, 30, 33 ; dans la conspiration du Ps. LXXXIII, et dans d’autres endroits aussi. Arpacsad est un des ancêtres des Israélites. La famille de Joctan manque ici ; c’est un peuple de l’Orient. Aram ou Syrie a été déplacé par Assur et se trouve indiqué sous le titre de roi du nord. Il en est de même de Lud, à ce qu’il paraît. Javan se trouve dans le dernier combat, Zach. IX, 13. De toutes ces nations Tiras est la seule outre Joctan qui ne se trouve pas nommée pour ce dernier jugement. Je ne parle que de la Parole de Dieu ; les auteurs profanes réunissent Tiras à Javan, mais je n’ai pas à m’en occuper.
Aujourd’hui nous voyons la Russie étendre sa puissance précisément sur les nations qui se trouvent sous Gog.
Dans le XI de Daniel il y a deux autres puissances auxquelles il faut faire attention, le roi du midi et le roi du nord. Ce chapitre renferme d’abord une longue histoire d’événements déjà accomplis, mais viennent après cela les navires de Kittim, verset 30, puis il y a une interruption dans leur histoire. Ces rois ont été les successeurs du grand roi de Javan, l’un est celui qui possédait l’Assyrie, l’autre l’Égypte. Le sujet de leurs combats était la Syrie et la Terre-Sainte. Versets 31, 35, nous avons les Juifs, qui sont laissés de côté pendant longtemps ; il est dit : « Parmi les intelligents beaucoup tomberont, pour être épurés et purifiés jusqu’au temps de la fin ; car la chose est différée jusqu’à un temps déterminé. » Et puis, verset 36 : « Le roi fera selon sa volonté. » C’est l’Antéchrist. Verset 40, nous le voyons dans le pays d’Israël, dans ce territoire, cause du différend qui existe entre le roi du Midi et le roi du Nord ; « Et au temps déterminé, à la fin, le roi du Midi choquera avec lui de ses cornes, » c’est-à-dire qu’après un long intervalle, voilà de nouveau le roi du Midi sur la scène. Eh bien ! ce n’est que depuis quatre ans que cela a lieu, après un intervalle d’à peu près deux mille ans. La plupart des nations qui sont aux pieds de Gog, nous les voyons maintenant aux pieds de la Russie. « Mais le roi du Nord se lèvera comme une tempête contre lui. » L’Antéchrist sera l’objet de l’attaque à la fois du roi du Midi ou d’Égypte, et du roi du Nord, possesseur de la Turquie asiatique ou Assyrie. Je ne dis pas quel sera le roi du Nord à la fin, mais nous voyons que les circonstances et les personnages décrits dans ces prophéties qui regardent ce temps déterminé, commencent à paraître. Il y a déjà deux mille ans que le roi du Midi a cessé d’exister ; et, depuis quelques années il est de nouveau sur la terre. De même nous voyons un peuple qui était ignoré il y a un siècle, et qui, aujourd’hui, domine exactement sur les mêmes pays que le Gog d’Ézéchiel. Je ne désire pas arrêter votre attention sur des événements qui arrivent de nos jours, mais c’est après avoir expliqué la prophétie que nous mentionnons ces circonstances qui se passent devant nous ; nous voyons également toutes ces nations commencer à s’occuper de Jérusalem (Zach. XII, 3), et ne savoir que faire ; le roi d’Égypte demande tous ces pays pour lui, le roi du Nord ne veut pas les céder. C’est le Turc qui possède maintenant le Nord, ou le pays d’Assyrie. Nous avons maintenant le roi du Nord et le roi du Midi, combattant pour le même pays, qu’ils se sont disputé il y a deux mille ans passés. C’est justement ce qui est dit ici devoir arriver « au temps déterminé. » Je ne dis pas que tout soit encore manifesté, par exemple, les dix rois ne sont pas encore pleinement en évidence, l’Antéchrist n’a pas encore paru, mais les principes qui sont dans la Parole de Dieu agissent visiblement au milieu des royaumes où les dix cornes doivent paraître, c’est-à-dire que nous voyons toute l’Europe occidentale s’occuper de Jérusalem, se disposer pour ce combat ; et la Russie se préparer de son côté, exercer sa puissance sur les pays cités dans la Parole, et toutes les pensées des hommes politiques du monde se concentrer sur la scène où doit avoir lieu leur rencontre finale devant le jugement de Dieu, où « l’Éternel les assemblera comme les gerbes dans l’aire. » (Mich. IV, 12). C’est une coïncidence très-remarquable. En retraçant ce qui se passe autour de nous, nous reconnaissons ce qui se trouve dans la prophétie ; du moins nous voyons que ceux qui doivent agir ou sur lesquels Dieu doit agir, se montrent parfaitement avec les caractères que signale la prophétie.
Eh bien, chers amis, si vous prenez la peine de suivre ces chapitres que je viens de vous citer (il y en a d’autres que vous pouvez trouver sans doute) vous comprendrez alors le XXVe de saint Matthieu, qui nous parle du Seigneur assis sur son trône et assemblant toutes les nations (c’est la citation de Joël, III), les jugeant et les séparant comme on sépare les brebis d’avec les boucs.
Maintenant souvenons-nous d’une chose, nous chrétiens, c’est que nous sommes pleinement à couvert du jugement. Ce soir je n’ai pas parlé de l’Église, mais souvenons-nous de sa situation, c’est-à-dire que pendant ces événements, même dès à présent, la place de l’Église est d’être avec Christ, de l’accompagner ; l’Église a ce privilège, cette gloire, ce caractère spécial d’être unie avec Jésus-Christ, et si l’on cherche l’Église dans l’Ancien Testament, c’est Jésus-Christ que l’on trouve. Un exemple frappant de cette vérité, c’est que ce que saint Paul dit de l’Église (Rom. VIII) se trouve dans le chap. L d’Ésaïe, où le Christ dit : « Qui est-ce qui me condamnera ? » l’Église étant unie à Lui.
L’union de l’Église en un seul corps, soit Juifs soit Gentils, n’était pas encore dans l’Ancien-Testament ; si on l’y cherche, c’est Christ lui-même que l’on trouve. Quoiqu’il y ait bien des choses dans les relations de l’Éternel avec Sion, qui se retrouvent dans les relations de Dieu le Père avec l’Église, cependant ce n’est pas en Sion qu’on doit chercher l’Église ; dans l’Ancien-Testament, les privilèges de l’Église sont en Christ lui-même, dans la personne de Christ, parce que l’Église a la même part que Christ ; c’est elle (voir Éph. I, 22, 23), qui est l’accomplissement de Celui qui accomplit tout en tous ; par conséquent nous ne pouvons pas chercher l’Église dans ces prophéties, parce qu’elle est le corps de Christ lui-même ; c’est Christ qui jugera. Nous avons vu que Christ doit frapper, briser les nations ; eh bien, cela est dit aussi de l’Église. L’Église n’a rien à faire avec tout ce dont nous venons de parler, dans ce sens qu’elle y soit assujettie (Apoc. II, 26, 27). Sa place n’est pas d’être au milieu des nations qui seront brisées, mais d’être réunie à Christ, ayant les mêmes privilèges que Christ, et brisant les nations avec Christ. Il n’y a rien de vrai à l’égard de Christ qui ne le soit aussi de l’Église. Il est toujours précieux pour nous de comprendre notre place, celle de cohéritiers de Christ, et plus nous y penserons, plus nos forces seront multipliées, plus nous serons dans nos esprits, comme des héritiers de Dieu, détachés de ce monde, de ce monde qui est jugé, comme l’Église est justifiée. L’Église est justifiée, nous n’en voyons pas encore l’effet, parce que la gloire n’est pas encore venue ; le monde est jugé, nous n’en voyons pas encore l’effet, parce que le jugement n’est pas encore venu. L’Église n’a les fruits de la justification que dans la gloire ; le monde n’a que les fruits de la méchanceté dans le jugement. Néanmoins il est vrai que l’Eglise est unie à Christ. Le monde est jugé parce qu’il a rejeté Christ : « Père juste, dit le Sauveur, le monde ne t’a pas connu. » Et voilà ce que la grâce a fait pour nous. De même que l’incrédulité sépare entièrement et pour l’éternité de Christ, la grâce par la foi nous a unis entièrement et pour toujours à Lui, et nous devons en bénir Dieu.