Principes à suivre en ce qui concerne le contenu des évangiles. — Particularités et divergences des rapports évangéliques. — Les miracles de l’histoire évangélique. — Les systèmes divers de l’incrédulité. — Le bon fondement de la foi aux miracles évangéliques — Le témoignage de l’apôtre Paul.
Nous nous sommes efforcés de comprendre le caractère propre de chaque évangile, et l’accord des quatre évangiles entre eux. Je vous ai montré le contraste entre ces écrits, et les produits non authentiques, qui portent le nom d’évangiles apocryphes, caricatures des choses saintes, qui nous font d’autant mieux apprécier l’excellence des sources véritables. Après nous être entretenus des sources, il est nécessaire de nous orienter quant aux principes qui doivent nous guider dans notre tentative de construire par le moyen des quatre évangiles l’histoire de la vie du Seigneur Jésus. Il importe surtout que nous expliquions par de bonnes et puissantes raisons pourquoi nous croyons à l’Evangile, et que nous ne nous en laissions point détourner par les objections nombreuses de l’incrédulité.
En exposant ces objections, je me propose de me borner au plus nécessaire. Je ne saurais complètement les passer sous silence. Mais en énonçant ces attaques grossières ou subtiles contre la foi, ne m’exposé-je pas au danger de froisser les sentiments pieux de ceux qui connaissent par expérience la valeur de la foi, à laquelle ils sont redevables de leur sanctification journalière ? Ou bien, en admettant que pour ces âmes la certitude de cette expérience constitue un bouclier, qui les garantit contre les traits de l’incrédulité, n’est-il pas à craindre que par l’exposé de ces doutes divers, des âmes peu affermies risquent d’être ébranlées, et que ce ne soit pas seulement sans utilité pour elles, mais même à leur détriment qu’elles se familiariseraient avec ces objections ? Voilà le danger que j’ai devant les yeux ; s’il m’impose l’obligation d’y réfléchir mûrement, il ne va pas jusqu’à me décider à éluder cette tâche. J’estime, au contraire, rendre service aux uns et aux autres, si toutefois il m’est donné de traiter ces matières comme elles veulent être traitées.
C’est déjà un service rendu, que d’apprendre à mieux connaître le monde réel, dans lequel nous sommes appelés à vivre et à combattre le combat de la foi, et je ne crois pas voir les choses trop en noir en affirmant que, parmi nous aussi, il y a bien plus d’incrédulité que nous ne le pensons. Dans notre ville de Bâle nous pouvons facilement nous faire illusion à cet égard, par le fait, digne de toute notre reconnaissance que le Seigneur continue à maintenir parmi nous le règne et la bénédiction de son évangile. Il résulte de là que même dans des cercles plus étendus, il règne encore parmi nous une certaine crainte de Dieu. Bien plus petit est le nombre de ceux qui, connaissant toute la valeur de la foi chrétienne véritable est complète, se sont attachés à leur Sauveur crucifié avec une entière conviction et un abandon sans réserve. Et combien n’entendons-nous pas, même au milieu de nous, de voix hostiles à l’Evangile ! Si elles ne s’élèvent pas aussi hardiment et avec la même impunité qu’ailleurs, elles n’en sont pas moins nombreuses et décidées. Il n’est pas nécessaire que nous regardions par-delà notre cité le flot de la littérature, ni que nous demandions quel est l’esprit dominant dans la plupart des journaux, et de quelle empreinte, sont marqués ces produits de la presse, dont dont des centaines et des milliers d’hommes font leur lecture quotidienne, lecture qui leur donne si peu de vérité et dont les effets sont si pernicieux ! La vie qui nous entoure nous montre à quel point beaucoup de personnes sont éloignées de la vie de Dieu et hostiles à la confession de Jésus-Christ. Et, si nous pénétrons plus avant, qui donc est admis à s’excepter, comme s’il n’avait rien à voir dans cette question, que Christ adresse à ses disciples : Quand le Fils de l’homme viendra, pensez vous qu’il trouvera de la foi sur la terre ? Trouvera-t-il chez nous cette foi, qui renonce à la vie plutôt que de renier le Seigneur ? Sommes-nous puissamment défendus contre les tentations, qui menacent la foi de tous côtés ? Voilà une question qui n’a ni uniquement, ni d’une manière prépondérante un caractère scientifique. Vouloir faire la volonté de Dieu : voilà une fois pour toutes le chemin tracé à quiconque veut s’assurer si la doctrine de Christ vient de Dieu. Par conséquent cette question, le Seigneur trouvera-t-il de la foi chez nous, nous ramène à examiner ce qu’il en est de notre volonté à faire la sainte volonté de Dieu. Voilà qui regarde tout le monde.
Sans doute, il en est beaucoup, à qui ni leur caractère, ni la direction de leur vie ne fournissent l’occasion de combattre les raisons spéciales et les prétextes savants du doute. Malgré cela, ils nous permettront volontiers de consacrer une heure à l’examen de l’incrédulité scientifique ; afin de venir par là en aide à ceux qui sont plus fréquemment dans le cas de se défendre des suggestions de cette nature.
Il est vrai que toutes les difficultés qui se présentent dans l’histoire de notre Seigneur Jésus d’après les sources évangéliques, ne se concentrent pas exclusivement dans l’opposition entre la foi et l’incrédulité. Même le croyant rencontre des difficultés purement historiques. Soit qu’il s’agisse des récits isolés, au sujet desquels les évangélistes diffèrent parfois l’un de l’autre, soit qu’on veuille agencer un plus grand nombre de faits, il est souvent difficile de trouver une harmonie, comprenant ces narrations diverses. On a commis beaucoup de méprises en s’imaginant servir la foi. Tel événement au lieu d’être considéré comme un seul et même fait, a été parfois doublé ou même triplé, uniquement parce que Matthieu le raconte en peu de mots, tandis que Marc et Luc le décrivent avec plus de détails, ou parce que, chez les différents évangélistes, il semble qu’il y ait divergence dans l’ordre chronologique ou dans la succession des faits. Sans doute, des faits analogues peuvent se répéter, et l’on se tromperait dans ce cas en les confondant en un seul, quand évidemment il s’agit d’époques différentes, et alors surtout que les personnages d’un récit manifestent des dispositions intérieures sensiblement différentes de celles des personnages d’un récit analogue. Mais les défenseurs de la foi ont commis une erreur encore plus grande dans le sens opposé, en prétendant établir une harmonie des quatre évangiles, telle que pas un mot n’y fût omis ni rien d’étranger n’y fût ajouté. Cette manière de procéder émanait d’un assujettissement formaliste à la lettre, et aboutissait à un pédantisme dénué de spiritualité. Bien contraire à la vérité est l’opinion de ceux qui s’imaginent que la vérité du récit gît surtout dans l’observation minutieusement exacte de la succession chronologique. Un fait est-il donc moins vrai, parce qu’un évangéliste le rapporte à l’occasion d’un fait plus récent, parce qu’il groupe les événements biens moins dans l’ordre dans lequel ils se sont passés que selon un ordre de relation intérieure, parce qu’en général l’année et la date n’ont pour lui aucune importance dans la plupart des cas, attendu que le plus souvent il lui importe, non pas quand, mais seulement que le Seigneur ait fait une chose ? C’est à bon escient que je vous ai fait remarquer avec quelle simplicité Matthieu se sert du mot « alors » et Marc des mots « et » ou bien « aussitôt » pour rattacher un récit à un autre. Chez Luc aussi, bien qu’il promette à Théophile de tout lui écrire par ordre, l’évidence nous montre qu’il est impossible d’en extraire un ordre strictement chronologique. S’il racontait les faits dans l’ordre de leur succession, nous ne trouverions pas chez lui ces expressions indéterminées : Il arriva, lorsqu’il se trouva dans une ville ; il arriva, un jour qu’il enseignait ; il arriva, que le peuple se pressa autour de lui ; voilà à quel point, dans la plupart des cas, Luc se préoccupe peu du temps et de la date.
Je suis loin de déprécier les tentatives par lesquelles on essaye d’agencer en un ensemble, les œuvres et les discours du Seigneur ; mais ce n’est pas le cas de vous en fatiguer ici. Je me borne à dire que, vu la teneur des évangiles, c’est dans cette période, qui embrasse l’activité du Seigneur en Galilée jusqu’à la première multiplication des pains, que nous pouvons arriver au moindre degré de certitude sous ce rapport. Je terminerai l’examen de cette question par deux observations : Premièrement nous écarterons les déductions défavorables, qu’on a souvent tirées du fait que tantôt un évangéliste se tait sur un événement, tantôt un autre évangéliste ne mentionne pas tel autre fait, et nous n’admettons pas que ce silence doive infirmer la réalité de ce fait ou mettre en suspicion la véracité du narrateur. Nous soutenons au contraire qu’on n’est pas admis à exiger de chaque évangéliste une connaissance complète de tous les détails de l’histoire évangélique, ni qu’il doive dire tout ce qu’il connaît. Cela est évident, en nous plaçant à un point de vue tout humain. Pour mieux vous faire comprendre ma pensée, prenons l’histoire de la résurrection, au sujet de laquelle on peut s’étonner de ce que le récit de chacun des évangélistes soit si incomplet et si différent de ce qui nous est rapporté par les trois autres. Matthieu ne dit mot de ces admirables apparitions à Jérusalem, alors qu’au soir du jour de Pâques le Seigneur se présenta au milieu des siens en leur disant : « La paix soit avec vous ! » Voilà donc l’un des douze, lui-même présent, qui se tait sur cet événement glorieux. Comment cela est-il possible si le fait est vrai, et si l’auteur du premier évangile est en effet l’apôtre Matthieu ? Voilà la question qu’on peut poser, et la grave objection qu’on peut tirer du silence de Matthieu, — et tout cela uniquement parce que, égaré par le préjugé on pose des conditions injustes, au lieu d’apprendre quelle est la seule vraie mesure qui doit être appliquée. Me fondant sur notre précédente appréciation du premier évangile, je dis que Matthieu, après une rapide mention de la résurrection, a hâte d’arriver à l’apparition en Galilée, parée qu’il y voit, plus qu’aucun autre, la confirmation de sa pensée fondamentale. Il se borne donc à nous raconter cette majestueuse apparition de Jésus sur la montagne, parce que c’est ainsi qu’il peut le mieux montrer l’accomplissement de cette vérité, que le roi messianique de la postérité d’Abraham, le fils de David, a commencé son règne en donnant à ses serviteurs des instructions et des promesses.
Quand Matthieu nous fait, contempler les choses de cette hauteur, en redescendons-nous pour aborder la mesquine objection de ceux qui prétendent que cet évangéliste, s’il était trouvé en effet à Jérusalem le soir du jour de Pâques aurait dû raconter avant, tout les événements de ces heures ? C’est là en effet ce qu’il aurait, dû faire, s’il avait voulu écrire des mémoires sans lacunes, une biographie complète. Mais tel n’est pas son rôle, et ce n’est pas pour rien que nous nous sommes efforcés de comprendre Le but et le plan de chaque évangéliste, afin d’écarter d’avance ces exigences mal fondées et ces opinions erronées.
Ma seconde observation concerne la divergence entre Jean et les trois premiers évangélistes. Non seulement Jean nous conduit souvent sur une autre scène, mais il nous apprend aussi à connaître une plus longue période de l’activité de Jésus-Christ ; car entre cette Pâque, à laquelle le Seigneur, après les noces de Cana, visita pour la première fois le temple, et la dernière fête où lui-même fut immolé comme l’agneau pascal, il s’écoule au moins deux années, peut-être trois, selon que nous comprenons la fête à laquelle le Seigneur guérit le malade de Béthesdab. Quant, aux trois premiers évangélistes à eux seuls, ils ne nous indiquent, aucune durée ; en réalité ils ne nous disent rien de précis quant à la chronologie, et par conséquent rien qui soit opposé à la chronologie de Jean. Quand, au début de son ministère à Nazareth, le Seigneur lit cette parole, d’Esaïe (Luc 4.18-19), : « L’esprit du Seigneur est sur moi : et il m’a oint pour publier l’année favorable du Seigneur, » et qu’ensuite il ajoute : « Cette parole de l’Ecriture est accomplie aujourd’hui, et vous l’entendez », ce fut une erreur d’interprétation commise par quelques Pères de l’Eglise et plus encore par quelques sectaires, de déduire de cette expression prophétique une donnée chronologique suivant laquelle le ministère de Jésus-Christ n’aurait embrassé qu’une seule année. Nous-sommes, bien plus fondés à trouver dans une autre parole, également conservée par Luc, une allusion à la durée de ce ministère, depuis celui de Jean-Baptiste ; c’est celle-ci : « Voici, il y a déjà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’y en trouve point » (Luc 13.7). Si nous considérons avec cela que Luc entremêle à l’histoire de l’activité du Seigneur en Galilée sa visite aux sœur de Béthanie, située près de Jérusalem ; et que Matthieu et Luc nous rapportent la lamentation du Seigneur sur Jérusalem, dont il avait voulu si souvent rassembler les enfants autour de lui (Matthieu 23.37 ; Luc 13.24) ; nous pouvons bien reconnaître que s’ils n’ont parlé ni du ministère prolongé du Seigneur, ni de ses voyages aux fêtes de Jérusalem antérieurs à son dernier voyage, ils ne disent absolument rien qui y soit contraire. Quand, d’un autre côté, Jean relate la manière dont on parle de Jésus à Jérusalem, lors de la fête des Tabernacles (Jean 7.25) : « N’est-ce pas là celui qu’ils cherchaient à tuer ? » il indique assez par cette question que Jésus était alors peu connu des habitants de la capitale, parce qu’il n’avait séjourné que peu de temps au milieu, d’eux. Bien qu’il y ait des points, pour lesquels il ne soit pas possible de déterminer avec certitude la manière dont les évangélistes concordent entre eux nous ne trouverons aucune contradiction irréductible entre les évangiles, pourvu que nous ne perdions pas de vue le but et le plan de chacun d’eux, Je me borne à faire allusion ici à une autre difficulté, qui nous occupera plus tard : c’est la chronologie de la semaine de la passion, où il semble que Jean s’écarte des trois autres évangiles…
b – Comparez Jean 5.1 ; 6.4.
En parlant des divergences des évangiles entre eux, dans les récits isolés, nous avons déjà mentionné la fille de Jaïrus et le centenier de Capernaüm. J’ajoute à cela que, tandis que Matthieu parle de deux Gergéséniens délivrés, Marc et Luc n’en mentionnent qu’un ; tandis que Matthieu raconte la guérison de deux aveugles, après que Jésus est sorti de Jéricho, Marc ne parle que d’un seul, et Luc aussi, et c’est avant l’entrée à Jéricho qu’il place cette guérison. Voilà en effet des différences ; mais qu’elles sont minimes ! Elles n’ont trait qu’aux choses les plus extérieures, qui n’ont aucune importance quand il s’agit de l’âme même de l’histoire. Et s’il est aussi possible d’émettre pour tous ces cas des suppositions suivant lesquelles on peut accorder ces déviations, qu’il est impossible de conquérir pour aucune de ces hypothèses une adhésion unanime, nous n’en pouvons pas moins dire avec une ferme confiance : Qu’importent ces points secondaires, qui ne touchent que le nombre, la date ou des circonstances tout à fait extérieures ? Ils n’ont nulle importance pour la vie du Seigneur Jésus. Bien plus, en considérant la chose du véritable point de vue, ce sont précisément ces différences qui sont autant de preuves de l’indépendance réciproque des évangiles, et un témoignage rendu à la déposition personnelle et vivante de différents témoins oculaires, dont aucun, tout en rapportant ce qui est vrai, ne s’accorde pour saisir identiquement les mêmes traits d’un événement. C’est justement l’indépendance réciproque de ces différents rapports qui nous garantit la réalité des faits racontés, laquelle au contraire serait rendue suspecte par une concordance, qui ferait supposer un accord préalable. C’est une fable apocryphe insipide que celle selon laquelle deux fils de Siméon auraient raconté, sans accord préalable, dans des termes littéralement identiques la descente de Christ aux enfers. Au surplus, je suis assuré que les historiens seraient heureux si les sources de l’histoire en général n’accusaient pas de déviations plus fortes que ne le font les évangiles.
C’est surtout lorsqu’il s’agit des discours du Seigneur, qu’il nous faut, apprendre à allier la liberté à la fidélité, pour les interpréter et pour apprécier en ce qui les concerne, les différences entre les évangiles. Il faut de la liberté, — car souvent il est impossible d’agencer les discours du Seigneur selon Matthieu avec ceux que Luc rapporte, comme on dispose les pièces d’un jeu de patience. Vous pouvez voir cela par le sermon sur la montagne. Et cependant chacun des deux évangélistes nous le rapporte selon la vérité. Ce sont les pensées du Seigneur qu’il nous rend, et ce n’est pas l’évangéliste qui a inventé l’expression de ces pensées ; ce sont les paroles du Seigneur, et c’est avec une entière fidélité que nous devons faire attention même aux nuances les plus délicates de cette expression. Si nous devons nous reposer avec une confiance enfantine sur les paroles du Seigneur, ce serait une tâche aussi pénible qu’inutile que d’agencer ensemble les mots, que les témoins ont différemment retenus et différemment rendus. C’est à l’Esprit du Seigneur qu’il appartient de nous affranchir de cette tâche.
Au surplus, ce n’est certainement pas dans le caractère originel des récits différents que gît la cause principale de la guerre que l’incrédulité fait à l’Evangile de Jésus-Christ. L’incrédulité méconnaît l’Esprit du Seigneur, et à cause de cela elle le rejette ; sa grande pierre d’achoppement, désignée par un seul mot, c’est le miracle.
Au commencement de l’Eglise chrétienne, c’étaient les Juifs qui blasphémaient le Crucifié, et c’étaient des philosophes païens, tels que Celsus au second siècle, Porphyrius et l’empereur Julien au quatrième, qui se moquaient des réalités évangéliques, en les déclarant mensongères ou produites par la tromperie et la sorcellerie. Voilà de quelles armes se servirent les ennemis de Christ et de son Eglise. Mais depuis un siècle et demi, cette guerre contre l’Evangile s’est reproduite dans le sein même de la chrétienté. En Angleterre, en France, en Allemagne, ont surgi successivement de nombreux adversaires de la foi évangélique, différant les uns des autres par le caractère et les opinions, mais tous d’accord pour rejeter ce qui s’appelle miracle, parce qu’ils le tiennent pour inadmissible et pour impossible. Plusieurs d’entre eux ne craignent pas d’attaquer par des paroles impies même le saint caractère du Seigneur ; à d’autres peut s’appliquer cette parole d’une admirable mansuétude, que le blasphème contre le Fils de l’homme pourra leur être pardonné, parce qu’ils n’ont pas blasphémé contre le Saint-Esprit.
C’était une conception grossièrement hostile que celle qui attribuait à Jésus l’intention de se faire roi terrestre, tentative qui échoua parce qu’il n’obtint pas l’adhésion sur laquelle il avait compté. Quant aux disciples, ils auraient caché le cadavre après cette malheureuse issue, et ce n’est qu’au bout de cinquante jours, alors qu’un contrôle était devenu impossible, qu’ils auraient mis en avant une résurrection, afin de se maintenir dans la considération et dans les avantages de leur position de docteurs. Plus bienveillante en apparence est la conception qui, expliquant d’une manière naturelle les miracles du Seigneur, s’efforçait de le représenter comme le grand prophète de Nazareth, le sage docteur, le miséricordieux bienfaiteur du peuple. Seulement on ne devait voir nul miracle dans son histoire. A cet effet, on vous invitait à bien distinguer les faits eux-mêmes de l’appréciation du narrateur, en se disant bien que dans ces temps de l’enfance de l’Eglise, on avait tenu pour miraculeuses bien des choses dont les causes étaient inconnues. En outre, disait-on, tout est exprimé en images orientales, qu’il importe tout d’abord de traduire en un langage plus sobre : c’est ainsi, par exemple, qu’un ange qui salue n’est autre chose que l’inspiration d’une bonne et réjouissante pensée. D’autres faits sont expliqués par les images d’un rêve ou par les phénomènes d’un orage. Quant à ces hommes vêtus de blanc, dont parlent les évangiles, ce n’étaient pas des anges réels, mais des membres d’une communauté secrète, à laquelle Jésus était affilié, et qui se présentèrent sur la montagne de la transfiguration, au sépulcre et sur la montagne des Oliviers. Quant aux guérisons opérées par le Seigneur, on les explique par l’emploi de moyens médicaux, et surtout par cette clairvoyance qui faisait connaître à Jésus que la maladie n’existait pas ou qu’elle était déjà à son déclin. Ceux qu’il ressuscita n’étaient pas morts, mais plongés dans un sommeil léthargique, ce qui fut aussi le cas pour lui-même, parce qu’il n’avait été pendu à la croix qu’un petit nombre d’heures.
N’admirez-vous pas ces contes enfantés par la poésie apocryphe moderne ? Je puis me dispenser d’en dire davantage, parce que toutes ces belles découvertes sont déjà tombées dans le domaine de l’oubli. L’inimitié de la première espèce est confondue par la simple impression de la sainteté du Seigneur Jésus, et la bienveillance apparente de ceux qui expliquent naturellement les miracles a échoué par l’absurdité des artifices au moyen desquels ils prétendaient faire dire aux apôtres tout autre chose que ce qu’ils avaient dit réellement, et par le manque de spiritualité dans ce qui, après la disparition du surnaturel, restait debout de l’histoire évangélique. L’incrédulité elle-même a rejeté ces méthodes, en même temps qu’elle leur a substitué la conception mythique, pour laquelle elle revendique un caractère plus élevé. D’après cette théorie, la puissante impression produite par la personne du Seigneur, par ses discours saisissants, et par des œuvres telles que l’apaisement de personnes malades dans leur esprit, guérisons qu’on regardait comme miraculeuses ; tout cela aurait poussé le peuple à voir dans cet homme extraordinaire un être d’une origine plus haute. Cette appréciation ne procéderait ni d’un mensonge intentionnel, ni d’une poésie allégorique, mais serait l’effet nullement prémédité de l’imagination populaire puissamment frappée. C’est ainsi qu’on lui aurait attribué toutes sortes de miracles, au moyen desquels on se représentait sa manière d’être extraordinaire ; et ces miracles, on les croyait d’autant plus volontiers qu’après tout on s’attendait à ce que le Messie rivalisât avec Moïse et les prophètes, auxquels d’antiques traditions attribuaient tant de prodiges, et que même il les dépassât.
Si nous pouvions consacrer beaucoup de temps à l’examen de ces questions, il serait assez facile de montrer à quel point cette hypothèse à son tour manque de fond. Cela est si vrai que même ses défenseurs l’ont déjà en grande partie abandonnée. Les Actes des apôtres, si étroitement reliés avec l’évangile de Luc, ne sont traités par personne comme un livre mythique, mais bien, — chose triste à dire,—comme une altération de la vérité à l’effet d’assurer la victoire d’une tendance. Quant à l’évangile de Jean, on y voit un roman. Mais même les partisans les plus déclarés de la conception mythique rencontrent dans la résurrection de notre Sauveur un fait dont leur système ne sait que faire. Je me bornerai à faire remarquer ceci : déjà les seuls discours de Jésus-Christ, plus étonnants que ses miracles, marqués du sceau de la plus parfaite vérité intérieure, pénétrant comme une épée à deux tranchants dans les cœurs et dans les consciences, ces discours à la fois si complètement humains et si évidemment surhumains, détruisent la conception mythique. Quel lecteur sérieux et sincère de ces discours pourrait de bonne foi les tenir pour inventés ? Et que trouvons-nous dans toutes ces paroles ? Le Seigneur commence à parler avec une entière simplicité, de manière à atteindre et à reprendre, à blesser et à consoler les cœurs. Mais partout les vérités les plus simples, auxquelles chaque conscience adhère, sont entremêlées de paroles puissantes, qu’il prononce comme étant le juge du monde, dans lesquelles il se pose vis-à-vis de la race des pécheurs, où, par opposition à tous ceux qui, quoique méchants, donnent de bonnes choses à leurs enfants, il se donne comme l’unique qui n’est pas méchant, que l’on ne saurait convaincre d’aucun péché et qui, à son heure, jugera le monde, et dira aux hypocrites : Je ne vous ai jamais connus. Il déclare être en droit d’exiger que, pour l’amour de lui, on renonce à son père, à sa mère, à sa femme, à ses enfants, à son corps et à sa vie, et il annonce qu’il enverra ses anges pour le jugement, et qu’il viendra lui-même comme l’époux de son Eglise, et comme le juge de ses adversaires ; et ce témoignage étonnant, il le confirme par serment, alors qu’il se présente lié devant le souverain sacrificateur. Qui donc a le droit de parler comme Jésus parle constamment ? Quelqu’un oserait-il tenter l’essai stérile d’affaiblir ces paroles puissantes en se fondant sur le langage excessif des Orientaux, ou de les élaguer comme n’étant pas authentiques ? Vaine tentative. Ces paroles sont simples et sobres, et elles traversent tout l’Evangile, si bien qu’on ne saurait les faire disparaître sans détruire l’ensemble. Ou bien ces paroles sont la vérité, devant laquelle nous fléchissons le genou, ou bien elles seraient de la démence et du blasphème ! Miraculeuses elles-mêmes, partout elles sont inséparablement liées aux miracles. Je me borne à vous rappeler ce blasphème des pharisiens, qui prétendaient que Jésus chassait les démons par le prince des démons, ce qui leur valut cette magnifique réponse de Jésus, qui ne serait pas moins incompréhensible que le blasphème des adversaires, s’il n’avait chassé des démons avec une évidence que même ses adversaires ne pouvaient contester. Ses ennemis même lui rendent témoignage ici comme plus tard, sous la croix, alors qu’ils crient pour l’insulter : Il a sauvé les autres !
Il faudrait beaucoup m’étendre si je voulais examiner en détail la foule des hypothèses, des assertions, des motifs et des objections de l’incrédulité. Je reviens donc à la seule chose à laquelle elle s’attaque : c’est du miracle qu’on ne veut pas ; il ne doit pas y avoir de miracles. Si les uns en parlent et si d’autres y croient, cela provient d’une erreur bien intentionnée, d’une imagination qui a enfanté des mythes. Mais le miracle ne saurait exister ; il est à la fois déraisonnable et impossible ; il briserait l’harmonie des lois éternelles et, à ce point de vue, c’est une illusion de croire qu’il sert à glorifier la Divinité. En effet, n’est-il pas plus digne de Dieu de conserver inviolablement l’ordre admirable des lois naturelles que de déranger arbitrairement cet ordre ?
Que répondrons-nous à tout cela ?
Convenons avant tout que c’est une belle chose que de sonder les lois et les ordonnances que Dieu a établies dans la création ; d’admirer comment en vertu des mêmes lois simples et puissantes le duvet se joue dans les airs et les étoiles les plus lointaines parcourent leur orbite. Les déviations des astres ne sont qu’une nouvelle application de la même règle, en sorte que même ces écarts servent à maintenir l’harmonieuse symétrie de l’ensemble. Et n’est-il pas merveilleux que Dieu ait conformé les animaux les plus puissants comme les plus petits insectes, et même le plus petit membre du plus imperceptible animal de la manière la mieux adaptée au but de leur existence, et qu’en même temps il ait placé toutes les créatures dans les milieux où leur vie peut s’alimenter ? Qui racontera tout cela ! Les œuvres de l’Eternel sont grandes. Par leur moyen la sagesse éternelle nous dit : « L’Eternel m’a possédée dès le commencement de ses voies ; avant qu’il ne fît aucune de ses œuvres, j’étais avec lui. J’ai été établie dès le siècle, dès le commencement, dès l’origine de la terre. J’ai été engendrée lorsqu’il n’y avait point encore d’abîmes..… Quand il agençait les cieux, j’y étais… (Proverbes 8.22-27). »
Mais en nous plaçant dans ces lois puissantes de la création, ne nous trouvons-nous point par cela même au milieu des miracles de Dieu ? Quel investigateur de la nature comprend l’essence de ces forces, qui régissent la création ? Qui donc connaît à fond l’origine et la croissance de tout ce qui vit ? de quelle manière, par l’ébranlement du nerf, les impressions de nos sens sont-elles conduites dans l’intérieur et traduites en pensées, et par contre de quelle manière nos résolutions, procédant de nos pensées exercent-elles, par le moyen des nerfs, une force qui met en mouvement nos membres ? Nous le faisons sans cesse, et chaque naturaliste avoue que le fond de tout cela lui est caché ; nous nous mouvons tout à la fois parmi les phénomènes les plus ordinaires et au milieu du miracle.
A cela il faut ajouter que, dans le vaste domaine de la création, chaque ordre supérieur intervient comme un miracle dans le domaine de l’ordre inférieur, en le brisant sans pour cela le détruire. En effet, là où les lois inflexibles du règne minéral ont seules régné, la première plante qui germe, contrairement à l’ordre qui a régné jusqu’alors, est un véritable miracle dans ce domaine. Une plaine couverte des plantes les plus magnifiques, mais où jamais un animal ne se serait ébattu dans la liberté de ses mouvements, s’étonnerait, si elle en était capable, du miracle que constituerait dans ce milieu la première apparition de l’animal vivant. Je ne mentionne qu’en passant la manière violente dont cet animal brise la loi naturelle du développement végétal, chaque fois qu’il mange de l’herbe. Et puis, chaque fois que nous levons un membre, n’est-ce pas contrairement à la loi naturelle de la pesanteur, qui entraîne ce membre vers la terre ? Il est vrai que cette victoire sur la domination de la mécanique est obtenue par des moyens mécaniques, en ce que les muscles agissent comme des leviers savamment organisés ; mais la puissance qui lève ces organes mécaniques contrairement à la loi mécanique de la pesanteur, n’est pas une puissance mécanique, mais c’est la force de la volonté, qui intervient comme un miracle dans le domaine de la pesanteur. C’est ainsi que l’ordre supérieur fait constamment irruption dans l’ordre inférieur, comme un miracle absolument inexplicable par les lois de cet ordre inférieur.
Serait-il impossible que ce même rapport se répétât aussi à l’égard de l’homme ? De même que l’animal se meut comme un miracle au milieu du monde végétal, et que l’esprit de l’homme est un miracle à l’égard du monde animal, ne serait-il pas possible qu’il y eût des êtres spirituels d’un ordre supérieur, qui parfois ont exercé une action au sein de l’humanité d’une manière conforme à la volonté de Dieu en sorte que l’action de puissances créatrices s’est manifestée parmi nous, tout comme la volonté humaine met les lois mécaniques au service d’un ordre plus élevé ? En parlant d’esprits d’un ordre supérieur, et de l’action d’une vie plus élevée, je sais bien que nous n’en voyons que des fragments et que nous ne pouvons qu’en pressentir la loi. Mais au moins nous est-il permis de demander : De quel droit prétend-on nier qu’il puisse y avoir de tels êtres d’un ordre plus élevé et une pareille intervention des forces d’une vie supérieure ? On ne peut le nier qu’en soutenant que l’homme, dans son état actuel, est le dernier et le plus élevé des êtres, le résumé de la plus haute perfection qui puisse être atteinte, perfection au delà de laquelle nul ordre supérieur, nul degré plus élevé n’est possible. Par là on nie la continuation de la vie après la mort du corps, l’existence de tous les esprits supérieurs et même l’existence du Dieu vivant. On est ainsi réduit à n’avoir d’autre Dieu que les puissances de la grande et vaste nature, qui atteignent en l’homme leur point culminant. O homme, créature dotée de si grands dons et en même temps de forces limitées, créature maintenant plongée dans la corruption du péché, tu prétends que tu es l’être le plus élevé, tel que tu es maintenant, au milieu de la peine et du travail, suites de ton péché, au sein de cette mort, qui te fait gémir et qui t’asservit, quelque fort que tu feignes d’être ! Tu affirmes qu’au-dessus de toi, tel que tu es dans le développement actuel de ton existence, il ne doit ni ne peut y avoir un être plus élevé, une puissance supérieure ? Certes il faut que celui qui entreprend de nier le miracle ose affirmer cela ; il faut qu’il l’affirme, car il ne saurait le prouver, et je déclare ouvertement que je n’ai pas encore trouvé la preuve de cette assertion. Au contraire, tous conviennent que les origines de notre vie dépassent notre conception ; tous se taisent sur notre fin dernière, qui en effet demeure cachée à quiconque refuse d’écouter la prophétie. Quant à nous, nous croyons à une série non interrompue d’actes divins dans le sein de l’humanité, entre le commencement caché et la fin voilée, qui tous ont leur centre dans la personne de notre Seigneur Jésus-Christ, et leur but glorieux dans le rétablissement et dans la glorification finale de l’humanité et de toute la création ; nous estimons que, si le péché est un fait, hélas ! trop réel, ou bien il n’y a nulle rédemption qui nous en délivre, ou bien cette rédemption est un fait, et non pas seulement une pensée sous une forme mythique. Cette rédemption est un fait non moins réel que le péché ; elle est une réconciliation avec Dieu, véritable et réelle, par la médiation de Jésus-Christ, dont la personne et l’œuvre sont miraculeuses mais réelles.
Je connais bien cette incrédulité qui rejette le miracle, mais, comme je l’ai dit, je ne vois nulle preuve qui établisse l’impossibilité du miracle. Beaucoup d’hommes se refusent à admettre le surnaturel dans la crainte de perdre par là toute norme d’une appréciation raisonnable, et de se voir obligés de croire en aveugles tout ce qui est contre nature. Cette appréhension serait-elle fondée ? Les chrétiens les plus vivants ont-ils été des têtes crédules et faibles ? La faculté d’examiner et de discuter les esprits n’est-elle pas un don spécial du Saint-Esprit ? Le véritable usage des saintes Ecritures ne nous fournit-il pas une norme à l’aide de laquelle nous pouvons distinguer les véritables miracles de toutes les fraudes et de tous les pièges des ténèbres ? C’est bien à tort qu’on reprocherait à la Bible, d’ouvrir par la vraie foi à ses vrais miracles, la porte à la coupable folie de la superstition. C’est bien plutôt la sainte Ecriture qui nous met en garde contre cette folie par les plus sérieux avertissements. Rien n’est plus éloigné de sa pensée que d’appuyer la vérité d’une manière tout extérieure sur le miracle, tel qu’il frappe les sens. Déjà Moïse dit (Deutéronome 13) : « S’il s’élève au milieu de toi quelque prophète ou quelque songeur, qui fasse devant toi quelque signe ou quelque miracle, et que ce signe ou ce miracle, dont il t’aura parlé, arrive, et qu’il te dise : Allons après d’autres dieux, que tu n’as point connus, et servons-les ; tu n’écouteras point les paroles de ce prophète, ni de ce songeur ; car l’Eternel votre Dieu vous éprouve pour savoir si vous aimez l’Eternel votre Dieu de tout votre cœur et de toute votre âme. » Des miracles ayant un tel but sont donc possibles ; les miracles en eux-mêmes, tels qu’ils frappent les sens et excitent l’étonnement, ne constituent pas un témoignage infaillible de la vérité. Celle-ci a un cachet spirituel plus excellent, et l’homme qui n’y fait pas attention est exposé à être la dupe des esprits de mensonge et même de la plus misérable supercherie. Le Seigneur Jésus, en caractérisant les derniers temps, dit expressément (Matthieu 24.24) : « Il y aura de faux Christs et de faux prophètes, qui feront de grands miracles et de grands prodiges, tellement que même les élus, s’il était possible, seront entraînés dans l’erreur. » Et Paul écrit : « C’est pourquoi Dieu leur enverra un esprit qui donnera efficace à l’erreur, en sorte qu’ils croiront au mensonge ; afin que tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui se sont plu dans l’injustice, soient condamnés » (2 Thessaloniciens 2.11-12). En ce jour il deviendra manifeste à leur honte, que ce n’était pas l’impossibilité de croire une chose mystérieusement miraculeuse, qui les tenait éloignés de la foi à l’Evangile, mais qu’au contraire leur répugnance contre cet Evangile avait sa racine dans leur penchant pour l’injustice. N’avons-nous pas eu récemment un avant-goût, avant-goût bien misérable, de ce que prédit l’apôtre, dans cette affaire des tables tournantes qui, à la honte de notre siècle, se propagea si rapidement, mais non de préférence parmi ceux qui savaient en qui ils avaient cru, et qui par la Parole de la vérité avaient l’esprit exercé pour discerner le vrai du faux.
C’est donc l’Ecriture elle-même qui défend de fonder la preuve de la vérité sur les miracles parce que comme tels ils excitent l’étonnement, et ce n’est que par l’Ecriture que nous arrivons à former notre jugement, pour pouvoir discerner les véritables œuvres de Dieu des folies de l’imagination, ou des effets des puissances des ténèbres, dont la connaissance ne doit pas être convoitée par nous. Les miracles ne sauraient prouver infailliblement qu’un homme est un homme de Dieu et que son œuvre est une œuvre de Dieu. Bien plus, ce sont eux-mêmes qui ont besoin d’une preuve ; il faut qu’ils portent le cachet des saints miracles de la miséricorde et du jugement. N’avez-vous pas touché du doigt la distance qui sépare les merveilles racontées par les évangiles apocryphes du caractère du miracle biblique ?
C’est pourquoi tous ceux qui ne demandent le miracle que comme une chose étonnante sont partout repris sévèrement par le Seigneur : « Si vous ne voyez pas de signes et de miracles, vous ne croyez point » (Jean 4.48) ; « cette race méchante et adultère demande un miracle, mais il ne lui en sera donné aucun » (Matthieu 16.4). Ils étaient insatiables de miracles, et, en même temps, après avoir été témoins des prodiges les plus merveilleux, ils ne pensaient qu’à les rapetisser, à les critiquer et à demander des œuvres plus grandes. Quel signe fais-tu ? Quel miracle du ciel ? — afin que nous croyions ! C’est pour ce motif que Christ ressuscité n’apparut pas à ce peuple, qui ne voulait que des miracles, mais qui ne le cherchait pas, lui, de tout son cœur, et refusait de se convertir à lui. C’est une erreur grossière de se figurer qu’il aurait dû de nouveau se montrer dans le temple aux sacrificateurs et au peuple, pour les contraindre à croire, ainsi que le raconte l’évangile de Nicodème. Cette foi, inculquée par la contrainte, serait-elle donc la véritable foi ? Cette parole décisive : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes (avec les apôtres), ils ne croiront point non plus, quand même un mort ressusciterait, » cette parole ne s’adresse pas seulement aux cinq frères de l’homme riche, que mentionne la similitude, mais aussi aux milliers de frères qu’il compte encore de nos jours.
Bien différente est l’origine de la foi véritable et vivante : s’ouvrir à la voix de Jean-Baptiste, quand il exhorte à la repentance ; écouter cette invitation du Seigneur : « Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés ; » se tourner avec ferveur vers ce royaume de Dieu, promis aux pauvres en esprit, ce qui ne signifie pas ceux qui ont de faibles dons, mais ceux qui, haut placés ou pauvres, se sentent dans leur esprit dénués des trésors seuls valables devant Dieu et seuls suffisants pour l’éternité ; rechercher ce trésor auprès du Seigneur ; soupirer après les puissances de la vie éternelle ; désirer avec ardeur, comme le meilleur des biens, la délivrance de la puissance du mal, et chercher ce bien auprès de Dieu, parce qu’on ne le trouve pas en soi-même, telles sont les dispositions à la faveur desquelles germe la vraie foi ; ceux qui en sont animés voient dans les vrais miracles des manifestations de cet envoyé de Dieu, plein de gloire, aussi bien dans son caractère de sainteté intérieure que dans le déploiement de sa puissance extérieure ; ceux-là seuls comprennent que les paroles de Jésus, aussi miraculeuses que ses miracles, concordent avec ses œuvres ; de sorte qu’il peut dire à tout le peuple : Croyez à mes œuvres, si vous ne voulez pas croire à mes paroles. A mes œuvres, dit-il, et non pas à mes miracles, car jamais il ne sépare le signe extérieur du grand miracle intérieur de sa sainte personne. Il nous enseigne, au contraire, que ses miracles ne sont de véritables œuvres de Dieu que parce que chacun d’eux est une émanation de la grande œuvre, qu’il est venu accomplir. Or cette œuvre, c’est celle d’un saint et miséricordieux amour ; l’œuvre de la rédemption de l’humanité, que le Seigneur affranchit du péché et de la mort, l’œuvre du renouvellement d’abord intérieur et puis extérieur de la créature. C’est pourquoi ces œuvres ne s’accomplissent pas, comme les miracles magiques des apocryphes, par une action purement extérieure, mais par la sainte puissance de l’Esprit. Il faut que la parole qui les opère soit reçue par une foi vivante, et que la puissance du Saint-Esprit porte les cœurs à se tourner vers le Sauveur. C’est pourquoi nous voyons que, dans les miracles véritables du Seigneur, la guérison corporelle est intimement liée au réveil de la vie spirituelle et au commencement de la conversion. Par le même motif, ce n’est pas un spectacle fantastique et sans but que nous devons admirer dans les miracles du Seigneur ; un esprit attentif discernera, dans chacun d’eux, une manifestation des puissances du siècle à venir et un commencement du rétablissement de toutes les créatures. De même que la liberté de la créature agit dans le domaine des forces mécaniques sans le détruire, ainsi, dans les saints miracles du Seigneur, nous voyons les puissances de la vie céleste exercer une action sur ce monde terrestre. C’est l’influence d’un monde glorifié sur un monde non encore glorifié, la salutaire irruption de la puissance qui guérit au milieu de la vie déchue. Tout le merveilleux de l’histoire sainte, depuis les temps primitifs, tous les symboles du culte durant le temps de la préparation, toutes les paroles et toutes les œuvres des prophètes ont trait à cet accomplissement du dessein de Dieu, et ne deviennent intelligibles qu’en étant envisagés de ce point de vue. Ces miracles, ces symboles et ces œuvres seraient pour nous des énigmes étranges et incomprises, s’ils ne préparaient la venue de l’Homme-Dieu et l’accomplissement de son œuvre.
Cet être unique, homme parmi les hommes et cependant plus qu’un homme, né de la femme sans être engendré dans l’humanité, Seigneur du ciel et cependant devenu semblable à ses frères, tenté comme nous, mais sans péché, crucifié, ressuscité et vivant aux siècles des siècles : cette personnalité n’est-elle qu’un rêve enfanté par l’imagination humaine ? Dans ce dernier cas, la réconciliation avec Dieu ne serait à son tour qu’une vaine hallucination, car une réconciliation qui ne serait pas l’enlèvement effectif et réel du péché réel et de la perdition effective, ne serait ni une réconciliation, ni l’établissement d’une communion véritable et permanente avec Dieu. Il s’agit ici d’une solennelle alternative. Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse ; mais pour nous, dit l’Apôtre, nous prêchons Christ crucifié, qui est un scandale aux Juifs et une folie aux Grecs. Car puisque le monde, par sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver par la folie que nous prêchons, ceux qui croiraient, et pour ceux-là Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu ; car ce n’est qu’en lui qu’ils ont la sagesse, la justice, la sanctification et la rédemption. Pour atteindre ce but il faut que même les plus avancés dans la connaissance pénètrent par la porte étroite : il faut se résigner à passer pour fou aux yeux du monde, et à accepter le message d’un salut, bien qu’il semble heurter tout ce qui est réputé être de la sagesse. En effet, les hommes, que le monde écoute, repoussent ce salut ou le méprisent ; nous-mêmes nous ne comprenons pas tout d’abord comment il pourra se justifier aux yeux de la sagesse. Mais nous cherchons avant tout, non pas la sagesse, mais la vie ; nous cherchons un salut, qu’aucune sagesse humaine ne saurait nous procurer ; nous cherchons une paix avec Dieu, réelle, bien fondée, bien garantie, à l’abri du doute et assurée pour toute l’éternité. Nous la cherchons parce qu’on peut la trouver, et parce qu’elle nous est offerte ; nous risquons la chose en nous confiant à la promesse de notre Dieu, et nous ne sommes point confus. Nous croyons donc que cette personne à la fois divine et humaine est une réalité, et non un rêve de l’humanité. Nous avons confiance dans les saints évangiles, qui nous font connaître la vie de ce Dieu homme. Admettons que l’incrédulité puisse élever des doutes mieux fondés contre les évangiles, que ceux qu’elle leur oppose en ce moment, et qu’elle parvienne à prouver leur origine plus récente et leur caractère moins digne de foi, que ferait cette incrédulité des épîtres des apôtres, pour lesquelles ce prétexte est en tout cas impossible ? Comment se débarrasserait-t-elle du fait que dans des lettres, dont l’authenticité ne saurait être attaquée, et dont la rédaction, pour une partie d’entre elles est incontestablement antérieure à l’an 60 de notre ère, les apôtres rendent le même témoignage que les évangiles aux grands faits miraculeux de l’histoire du Seigneur, dans tous leurs traits essentiels ? Bornons-nous à ouvrir le quinzième chapitre de la première épître aux Corinthiens : Qu’y lisons-nous ?
« Je veux aussi, mes frères, vous faire souvenir de l’évangile que je vous ai annoncé, et que vous avez reçu, dans lequel vous persévérez, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement vous auriez cru en vain. Or, je vous ai enseigné avant toutes choses, ce que j’avais reçu, savoir que Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures ; et qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures ; et qu’il a été vu de Céphas, ensuite des douze apôtres, qu’après cela il a été vu de plus de cinq cents frères en une seule fois, dont la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont morts. Depuis il se fit voir à Jacques, et ensuite à tous les apôtres ; et après tous, il m’est aussi apparu comme à un avorton. Car je suis le moindre des apôtres, et je ne suis même pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu. Mais c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ; et la grâce qu’il m’a faite n’a point été vaine ; mais j’ai travaillé beaucoup plus qu’eux tous ; non pas moi pourtant, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. Soit donc moi, soit eux, c’est là ce que nous prêchons et ce que vous avez cru. »
Quel témoignage l’Apôtre rend-il ici ? Il affirme que le Seigneur Jésus-Christ est ressuscité le troisième jour et qu’il est apparu tantôt à un seul de ses disciples, tantôt aux douze réunis, une fois même à plus de cinq cents frères, dont beaucoup vivaient encore à l’époque où l’Apôtre écrivait cette épître. Il nous montre comment tous les apôtres et même toute la première Eglise rendaient un témoignage unanime et puissant de cette apparition qui se répéta plusieurs fois. Et quel est ce narrateur ? Est-ce un homme dont la véracité puisse en quelque manière être suspectée ? un fanatique borné, dont l’aptitude à discerner entre la réalité et les rêves de son imagination soit sujette à caution ? Rien de tout cela ! C’est un homme qui abandonna une position brillante, la gloire d’une justice irréprochable selon la loi, la considération accordée à la plus haute culture scientifique, et qui, subjugué par l’expérience qui ébranla à fond toutes ses pensées et tout son être, se convertit à la foi méprisée, qu’il avait persécutée de la manière la plus décidée et la plus énergique. Et il ne s’est pas converti sous l’empire de l’impression du moment, comme un homme qui tombe d’un extrême dans l’autre, ni comme un apostat s’efforçant de s’étourdir par l’excès même de sa passion ; au contraire, il a montré une sincérité énergique autant que pure, et tout en étant obligé de combattre ses anciens amis pour défendre la vérité de Dieu, son cœur débordait d’un tel amour pour ces hommes animés contre lui d’une haine mortelle, qu’il désirait, si cela eût été possible et profitable à ses frères, d’être anathème à cause de Christ pour eux (Romains 9.3). Il a prouvé l’invariable assurance de sa conviction par le sacrifice de tout son passé et par une vie remplie de souffrances indicibles. Ni la puissance de son esprit, ni la justesse de son jugement ne peuvent être mises en doute par ceux qui connaissent l’admirable profondeur de ses épîtres. C’est ce témoin imposant entre tous et qui n’eut jamais son pareil, qui proclame hautement le fait de la résurrection de Jésus-Christ et le témoignage des douze qui furent apôtres avant lui. Il confirme aussi les rapports évangéliques, et même il peut en appeler à cinq cents témoins, dont la plupart pouvaient encore déclarer, à l’époque à laquelle Paul écrivait, ce qu’ils avaient vu et expérimenté.
Peut-il y avoir dans l’histoire un fait mieux établi et plus solidement garanti que celui-là ? Et, malgré cela, l’incrédulité saura à propos de ce fait émettre un doute. Sur quoi donc se fondera-t-il ? Sur la circonstance que Paul met sur la même ligne sa propre vision du Ressuscité avec celle des apôtres précédents. Et c’est sur un pareil fondement qu’on appuie cette objection : cette vision de Paul ne saurait être une vue véritable des yeux du corps, et par conséquent, les apparitions que les onze apôtres ont cru avoir, ne sont pas telles que les disciples aient pu voir Jésus de leurs yeux et le toucher de leurs mains, comme nous les décrivent les évangiles. — Mais d’où connaissons-nous la manière dont Paul a vu ou n’a pas vu le Ressuscité ? Elle est arbitraire et dénuée de preuves, cette hypothèse qui nie que Paul ait réellement vu le Ressuscité, et c’est au brin de paille de cette hypothèse, que l’incrédulité suspend tout son système ! Ce brin de paille se rompra.
D’après les anciennes élucubrations de l’incrédulité, les disciples, ainsi que les Juifs les en accusaient, avaient caché le cadavre de Jésus et inventé l’histoire de la résurrection, ou bien, le Crucifié n’ayant été suspendu à la croix que quelques heures, s’était réveillé d’une léthargie semblable à la mort, avait encore vécu quelque temps avec ses disciples, qui tous gardèrent soigneusement ce secret, et avait enfin disparu mystérieusement dans les vapeurs matinales de la montagne des Oliviers, pour mourir quelque part à l’insu de tout le monde ! Il a fallu renoncer à ces inventions absurdes, et on leur a substitué celle qui se rattache à cette déclaration de Paul, de la manière que je viens d’indiquer. Paul se serait imaginé voir le Seigneur, qu’en réalité il n’aurait pas vu, et les autres apôtres aussi se seraient figuré, dans un état d’extase, être témoins d’apparitions du Ressuscité. On appelle hallucinations les excitations morbides du système nerveux, et l’on affirme qu’elles sont fréquentes dans des temps d’exaltation religieuse. Et, en effet, nous connaissons ces phénomènes, où l’on croit voir ce qui n’existe pas, entendre des voix qui ne résonnent qu’à l’intérieur, et même palper ce qui n’a aucune réalité ; mais ce sont là les symptômes d’une fièvre ardente, et même de l’aliénation mentale. Et voilà ce qu’on ose attribuer aux apôtres ! Et c’est le troisième jour après la crucifixion, ainsi que Paul l’affirme expressément, alors que, sans la résurrection, ils devaient se trouver, non dans un état d’exaltation, mais au contraire dans un abattement profond et sans espérance, c’est à partir de ce jour qu’ils se seraient communiqué la contagion de leurs extases, et c’est bientôt après que plus de cinq cents hommes hallucinés ensemble, se seraient figuré voir le Seigneur qu’en réalité ils n’auraient pas vu ! Par quel miracle prétend-on remplacer le véritable miracle ? Et ce miracle de l’incrédulité devient encore plus extraordinaire, quand nous réfléchissons que ces hallucinations douteuses ont relevé, purifié la foi complètement ébranlée des disciples, au point de les rendre capables dès ce moment de la sceller de leur mort. Il y a plus, la foi de ces visionnaires, en faisant surgir une nouvelle et sainte vie constitue le phénomène le plus pur et le plus magnifique de l’histoire de l’humanité, et, à cette heure encore, elle se montre puissante pour renouveler des milliers de cœurs. Cela serait-il possible sans un miracle plus grand et plus étrange que tous les miracles bibliques ? Au surplus, voyons comment saint Paul apprécie ces hypothèses. « Si Christ, dit-il, n’est point ressuscité, notre prédication est vaine (inutile et vide), et votre foi est vaine aussi. Et même il se trouverait que nous sommes de faux témoins à l’égard de Dieu ; car nous avons rendu ce témoignage de Dieu qu’il a ressuscité Christ ; lequel il n’a point ressuscité, si les morts ne ressuscitaient point » (1 Corinthiens 15.14-15). C’est avec cette solennelle insistance que saint Paul affirme que son témoignage, au cas où il ne serait pas vrai, non seulement n’aurait droit à aucune indulgence, comme ce serait le cas pour une illusion inoffensive, mais qu’il serait un témoignage coupable et mensonger opposé à Dieu lui-même. Oserons-nous les contredire en affirmant qu’à la vérité Paul et les autres apôtres se sont fait illusion, mais qu’ils ne sont pas pour cela de faux témoins ; qu’en effet, ils ont déclaré que la résurrection de Jésus-Christ est le fondement de toute prédication et de toute vraie foi, la source de leur force et de leur joie ; mais, qu’en réalité, elle n’est ni l’un ni l’autre, et qu’on peut être chrétien sans croire à la résurrection du Christ ? Mais pourquoi donc ces gens contredisent-ils l’Apôtre ? Parce que les miracles sont une chose impossible ! Voilà ce qu’ils affirment sans le prouver ; ils l’affirment, parce qu’ils ne connaissent ni Dieu, ni sa vertu toute-puissante qu’il a déployée en Christ, lorsqu’il l’a ressuscité des morts (Éphésiens 1.19-20). Mais pour nous, nous regardons à cette parole, par laquelle l’Apôtre presse les Corinthiens de se décider. Si le Christ n’est point ressuscité, votre foi est donc vaine, et vous êtes encore dans vos péchés. Car, après tout, voici la question décisive : Pouvons-nous subsister sans cette vie qui nous sauve ? Et si nous ne le pouvons pas, nous est-il permis de séparer de la personne du Rédempteur, ce que l’Apôtre déclare en être inséparable, savoir la résurrection de Celui qui est le premier-né d’entre les morts ?
Je n’ai fait que suivre les traces de l’Apôtre, en opposant à la question de savoir si les miracles sont possibles, cette autre question : Christ est-il ressuscité des morts ? S’il est vraiment ressuscité, nous n’avons nul motif, nul droit et nulle envie de voir des mythes dans son histoire antérieure, ou de contester les miracles racontés par les évangiles authentiques, uniquement parce que ce sont des miracles. Je n’ai pas la prétention de couper court à toute investigation par un mot tranchant, je ne méconnais pas qu’il y ait beaucoup de choses dans le développement intellectuel de notre époque, qui préparent des doutes et des luttes pénibles aux plus nobles esprits, et surtout je ne condamne pas en bloc une élaboration qui n’est pas encore arrivée à son terme, et dans laquelle, comme dans l’âme de Thomas, il y a une fermentation de germes de foi et d’éléments d’incrédulité.
Mais ceux d’entre les douteurs qui ne ressemblent pas encore à une terre épuisée, qui ne sont pas encore devenus des arbres stériles et deux fois desséchés, qui peut-être n’ont jamais bien examiné les bases de notre foi, ni réfléchi à fond et par eux-mêmes sur le préjugé vulgaire, qui déclare les miracles impossibles, ceux-là ne devraient-ils pas combler ces lacunes avant qu’il ne soit trop tard ?
Quant à nous qui, par la grâce de Dieu, sommes arrivés à la foi, nous ne pouvons prêter trop d’attention à l’avertissement qui nous presse de vivre de notre foi.