Les dons spirituels

4. La foi ; les dons de guérison ; le don d'opérer des miracles

Venons-en maintenant à l'étude du groupe des dons de PUISSANCE. En cela, ils se distinguent des deux précédents, aussi bien que des suivants (le don de discernement excepté), qui se manifestent tous par des paroles.

Ce n'est pas sans raison que la foi est placée en tête de ce groupe, car elle est le fondement des autres dons de puissance, quoique moins frappante pour les regards. Les dons qui frappent le plus sont mentionnés les derniers dans chaque groupe. Les ministères les plus grands sont ceux que l'on voit le moins, bien qu'ils soient à la racine de tous les autres.

Etudions successivement chacun de ces dons de l'Esprit :

a) LE DON DE FOI.

Il faut distinguer le don spirituel de foi, de la foi ordinaire, sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (Héb. 11.6). Le Nouveau Testament enseigne avec la plus grande clarté qu'un certain élément de foi est indispensable pour le salut même de l'âme. « Le Juste vivra par la foi », telle est la note fondamentale de toute vie chrétienne. Il est vrai que même la foi par laquelle on est sauvé, est un don de Dieu (Ephés. 2.8), mais il ne s'agit pas du don spirituel de foi mentionné dans I Cor. 12.9 ; « à un autre, la foi par le même Esprit » : ces mots indiquent clairement qu'il s'agit d'une manifestation particulière du Saint-Esprit, accordée à quelques individus seulement, non pas donnée à tous également. Weymouth traduit : « A un troisième, par le moyen du même Esprit, une foi spéciale ».

Le don spirituel de foi est une qualité spéciale de la foi, que les anciens théologiens appellent quelquefois la foi des miracles. Il est donné à certains serviteurs de Dieu à des périodes critiques, avec une telle puissance qu'ils sont soulevés au-dessus du niveau naturel et ordinaire de la foi en Dieu, et qu'ils reçoivent dans leur âme une certitude qui triomphe de tout. C'est un don magnifique, et il est probablement exercé souvent, avec des résultats considérables, par des enfants de Dieu qui restent entièrement dans l'ombre.

Un des exemples les plus frappants de ce revêtement de puissance nous est fourni par Elie au Carmel. En face de désavantages écrasants, il triomphe avec calme au point de railler ses adversaires ; il se fait une gloire de rendre l'exaucement qu'il attend de Dieu plus que jamais impossible naturellement ; il répand de l'eau sur le sacrifice (I Rois 18.33-35) ; pour couronner le tout. la certitude tranquille de sa prière, à la fin de cette journée, est l'un des passages les plus puissants de la Bible.

Quel contraste dans le Chapitre 19, quand cette onction spéciale semble lui avoir été retirée. On dira peut-être qu'Elfe n'eut pas un don particulier de foi, puisqu'il est dit en Jacques 5.17, qu'Elie était un homme de même nature que nous : mais remarquez qu'il s'agit ici de sa prière pour obtenir la pluie. Il nous a toujours semblé qu'il y avait une inspiration toute spéciale dans la prière d'Elie au Carmel pour obtenir le feu. En tous cas, tous les dons spirituels opèrent dans des hommes de même nature que nous, car la vérité, pleine de grâce, est que Dieu nous les destine, à nous-mêmes.

Peut-être le Seigneur pense-t-il à cette qualité spéciale de la foi quand il dit (Marc 11.22) : « Ayez la foi de Dieu ». C'est d'une telle foi qu'il pouvait dire qu'un seul grain peut transporter une montagne (Matth. 17.20). Un grain de cette foi divine qui est un attribut du Tout-puissant, tombant dans l'âme de l'homme, quels miracles ne peut-il pas produire ?

Ce grain de foi semble être tombé dans le cœur de Pierre le jour où il monta au Temple avec Jean pour prier (Actes 3.4) ; et quand le miracle fut accompli, il l'attribua expressément à la foi au nom de Jésus (v. 16).

Plusieurs d'entre nous ont eu conscience à certaines époques déterminées d'une foi spéciale pénétrant l'âme sur certains sujets précis. S'il ne s'agissait pas alors du don de foi, c'était au moins quelque chose d'analogue, et du même ordre.

b) LES DONS DE GUÉRISON.

Combien souvent nous avons eu affaire à des personnes qui désiraient le don de guérison ! Par pitié, par sympathie, on soupire, et cela est tout naturel, après le pouvoir de soulager miraculeusement la souffrance humaine. Cependant c'est une erreur de croire que si l'on possède le don des guérisons, on pourra guérir infailliblement toute maladie qui se présentera, et, par exemple, entrer dans un hôpital et dire à tous les malades de rentrer en paix chez eux.

Il suffit de réfléchir un moment au témoignage du Nouveau Testament pour corriger un rêve aussi tentant. Plusieurs membres des églises primitives possédaient sans conteste le pouvoir de guérir surnaturellement, mais aucun passage ne nous les présente s'en allant guérir tous les malades sans exception, ni même guérissant tous les chrétiens malades. Alors, comme aujourd'hui, il y avait simplement des cas de guérison.

Au point culminant du ministère du Seigneur auprès des malades, il nous est dit certes qu'il les guérit tous, mais cette affirmation ne s'applique qu'à un temps et à un lieu déterminés. (Comparez avec Jean 5.3 et 6). Il est clair que même après avoir exercé ce merveilleux ministère, le Seigneur laissa beaucoup de malades. II est hors de notre propos de rechercher les raisons de ce fait. Mais reconnaître les faits, ce n'est pas affaiblir la base scripturaire de la foi en la guérison divine.

Nous voulons seulement corriger l'idée selon laquelle la manifestation des dons de guérison comporterait un pouvoir illimité et absolu pour délivrer de toutes les maladies. Une des conséquences regrettables de cette erreur est que des ministères très beaux et très précieux sont mal jugés, à cause de ce qu'on appelle leurs échecs. Nous avons tous besoin d'étudier le Nouveau Testament pour corriger et pondérer nos idées.

La valeur du don dans l'oeuvre de l'évangéliste.

Le don de guérison s'est manifesté glorieusement dans l'Eglise primitive, et à certains moments on le voit revêtir une valeur considérable pour la propagation de l'Evangile. Voilà qui indique quelle est sa sphère d'action et son but. C'est un don spirituel qui, se rapporte spécialement au ministère de l'évangéliste, et il est accordé à ceux qui exercent ce ministère. Notez l'exemple de Philippe (Actes 8.6-7). souvent le don ouvre la porte pour l'oeuvre d'évangélisation, comme, par exemple, lorsque Paul guérit le père de Publias (Actes 28.8-10). Sa manifestation attirait l'attention des gens sur l'Evangile de Christ d'une manière frappante, et qui gagnait à l'avance leur sympathie. Il est au premier rang des dons qui servent de signes, et sa puissance en ce domaine n'a pas diminué aujourd'hui.

Notons que si ces dons spéciaux de guérison (car le texte en parle au pluriel, et semble indiquer plusieurs formes de ce don), ne sont conférés qu'à certains individus, tous ceux qui croient au Seigneur Jésus peuvent imposer les mains aux malades pour leur guérison (Marc 16.18), et les anciens de l'Eglise doivent oindre d'huile pour la même fin (Jacques 5.14). Ces ministères ne dépendent pas de la possession d'un don particulier de guérison.

Ce n'est pas un don « psychique ».

Les dons de guérison provenaient du Saint-Esprit, ils étaient manifestés « par le même Esprit ». C'est la puissance de Dieu agissant dans et par le croyant qui produisait la guérison. Les apôtres nient avec la plus grande force que ces dons puissent émaner de leurs puissances naturelles (Actes 3.12 ; 14.15 ; etc.). Ils ne parlent pas de puissances magnétiques, psychiques, mentales, ou autres ; ils donnent gloire à Dieu directement. Les guérisons étaient des guérisons divines. C'est donc tout autre chose que l'enseignement et les prétentions de la Science chrétienne et autres cultes apparentés, qui se ramènent en dernière analyse à la puissance exercée par l'esprit sur la matière, et qui font en somme de l'homme son propre guérisseur et son propre sauveur.

Ajoutons pour finir qu'il est absolument impossible d'établir un rapport légitime entre les dons de guérison et la science médicale ; ou de prétendre que l'œuvre médicale des Missions est la manifestation moderne de ces dons spirituels de I'Eglise apostolique Nous ne voudrions pour rien au monde rabaisser l'œuvre magnifique accomplie de nos jours par la médecine naturelle, ou l'aide très réelle que les oeuvres médicales ont apportée aux Missions chrétiennes. Mais des considérations de cet ordre ne nous autorisent pas à obscurcir le sens des Ecritures.

Il est regrettable que des docteurs exercés, ou des infirmières, soient ouvertement incroyants, et vivent sans Dieu : niais cela est un fait. D'autre part, il est clair pour tout esprit non prévenu que les dons de guérison dont parle le Nouveau Testament, n'ont aucun rapport avec la science médicale, mais sont nettement surnaturels, et attribués directement comme tels à l'Esprit de Dieu. La manifestation de ces dons est indépendante de la connaissance ou de l'emploi des moyens naturels.

Dans leur essence même. ces dons sont la rie du Chef de l'Eglise, répandue dans ses membres par le Saint-Esprit.

c) LE DON D'OPÉRER DES MIRACLES.

Le don d'opérer des miracles occupe le milieu de la liste (I Cor. 12.8-11), et prend place au milieu d'autres manifestations de l'Esprit que nous regardons comme plus ordinaires, en quoi du reste nous avons tort d'abord parce que nous ne nous attendons pas assez à des miracles, ensuite parce que nous ne savons pas assez voir le miracle dans ce qui paraît ordinaire.

Le texte grec porte littéralement : « les opérations des œuvres de puissance » (dynamis). La pensée centrale est celle de puissance, la puissance de Dieu agissant par l'Esprit de Dieu, dans et par le moyen de l'Eglise de Dieu.

Jésus a promis expressément à ses disciples qu'ils accompliraient les mêmes miracles que lui, et même de plus grands (Jean 14.12). La promesse du Saint-Esprit s'accompagne d'une promesse de puissance (Actes 1.8). Le Nouveau Testament montre qu'effectivement les miracles annoncés par Jésus eurent lieu. Pierre ressuscite Dorcas. (Actes 9.40). Il y a le récit émouvant où Paul rappelle Eutychus à la vie (20.10) ; et le texte frappant (Actes 19.11-12) qui nous dit qu'à Ephèse, Dieu fit des miracles extraordinaires (et non pas les miracles ordinaires !) par les mains de Paul. A certains moments l'ombre de Pierre fut chargée de la puissance divine. (Actes 5.15).

Peut-être toutes les manifestations du don d'opérer des miracles n'étaient-elles pas aussi remarquables, mais il semble que sous une forme ou une autre, ce don était communément répandu parmi les Eglises. Les gens étaient pourtant des gens tout ordinaires, sujets à l'erreur et à la faiblesse. Dans l'Ancien Testament, l'exemple de Samson illustre ce qui est clairement dit dans I Cor. 13.1-2, au sujet des dons spirituels : à savoir que les plus brillants extérieurement, comme les langues ou les miracles, peuvent s'accompagner d'un singulier manque de sanctification. Ce problème nous retiendra plus tard ; ce que nous voulons souligner pour le moment, c'est que des gens très ordinaires ont reçu des dons très extraordinaires de l'Esprit de Dieu.

Si nous avançons que le don d'opérer des miracles peut se manifester aujourd'hui, on nous accusera de présomption et de fanatisme. Notre position est cependant parfaitement logique. Nous n'avons aucune raison de discerner entre les dons, Les attaques portées à la foi par le spiritisme et d'autres formes de puissances surnaturelles qui ne sont pas de Dieu, nous disposent à croire que le Dieu qui a répondu autrefois à Jannès et Jambrès par une manifestation plus grande de sa puissance divine, répondra de nos jours à ces attaques de la même façon.

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