« Le Christ de Dieu » était destiné à être la « consolation d’Israël » (Luc 2.25). Il devait être pour ce peuple au cœur brisé une source abondante de consolation ; il était lui-même en substance la consolation comme il en était le dispensateur. « C’est moi, c’est moi qui vous console » (Ésaïe 41.12). En lui se trouve tout ce qui peut ranimer, fortifier, soulager et réjouir. Dans le livre des Lamentations le Prophète parle avec l’accent de la douleur, c’est un cœur qui se déchire ; mais même ici le ton plaintif ne doit-il pas s’effacer devant ces mémorables paroles du Seigneur Jésus : « Que votre cœur ne se trouble point ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. »
Ce qu’il devait être pour Israël, il l’est aussi véritablement pour l’Eglise. Aussi l’Apôtre écrivant aux Philippiens, s’exprime de la manière suivante : « S’il y a quelque consolation en Christ, » ce qui revient à dire : « Puisqu’il y a une consolation si abondante en lui, etc. » Ce n’est pas seulement qu’il appelle Dieu « le Dieu de consolation » (Romains 15.5), mais ayant surtout égard à Christ, il dit : « Notre consolation abonde aussi par Christ » (2 Corinthiens 1.5). Il nous parle encore d’une « ferme consolation » qui découle de l’Evangile de Christ et se répand sur tous les héritiers de la promesse (Hébreux 6.8). Toute cette abondante consolation est pour ses bien-aimés. C’est là leur « partage à jamais. »
Mais la consolation subsiste jusque dans les siècles à venir. Elle est aussi durable qu’elle est ferme et abondante. « Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, et Dieu notre Père, qui nous a aimés et qui nous a donné par sa grâce une consolation éternelle et une bonne espérance, veuille consoler vos cœurs, et vous affermir en toute sorte de bonne doctrine et de bonnes œuvres ! » (2 Thessaloniciens 2.16-17) C’est donc « une consolation éternelle » qui est notre heureux partage, — une consolation venant du Père et du Fils. Le rapport qui existe entre les deux versets que nous venons de citer est frappant. La consolation éternelle mentionnée dans le premier verset devient la base de la consolation présente mentionnée dans le second. La certitude d’une consolation future (qui s’obtient par la foi en la bonne Nouvelle) nous est donnée comme une garantie ou comme la raison pour laquelle nous pouvons attendre de recevoir toutes les consolations dont nous avons besoin ici-bas. C’est comme si l’Apôtre eût dit : Celui qui vous a tant aimés, au point de vous donner une consolation éternelle, ne vous refusera pas, assurément, la consolation qui est pour le temps présent ; il soulagera vos cœurs angoissés ; il vous donnera abondamment tout ce qui vous est nécessaire selon le bon plaisir de sa volonté.
L’homme ne raisonne pas ainsi. Il forme son jugement de l’avenir sur le présent, au lieu de juger du présent par l’avenir. Cela vient principalement de ce qu’il est sûr du présent, tandis qu’il n’est pas sûr de l’avenir. Mais Dieu nous enseigne à juger du présent dont nous sommes incertains par l’éternité dont notre foi nous donne l’assurance. L’Evangile auquel nous avons cru, ne nous permet pas de douter de la consolation des siècles à venir, d’où l’Apôtre semble tirer cette conséquence que nous devons être consolés ici-bas. L’homme, partant d’un faux principe, voudra conclure du présent au futur, et il vous dira : « Il faut que vous possédiez à un degré quelconque la consolation présente, pour que vous puissiez espérer de jouir de celle qui est à venir, » comme si la première était plus sûre que la seconde. Dieu, qui prend le futur pour base du présent, nous dira au contraire : « Selon le but qui vous est proposé dans mon Evangile, vous êtes certains de posséder la consolation qui est de l’autre monde ; vous devez conséquemment vous confier en moi pour la consolation qui vous est promise dans celui-ci. » C’est ainsi que le Seigneur instruisait ses disciples, en dirigeant leurs pensées vers l’avenir : « Ne crains point, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume. » Cette façon de parler devait leur rappeler que l’héritage du royaume était pour eux une garantie de toutes les autres bénédictions qu’ils pouvaient avoir actuellement ; en sorte que c’eût été méconnaître leur titre et leur espérance que de laisser la crainte s’emparer de leur esprit.
La promesse d’une « consolation éternelle » ne suppose pas plus l’existence de la douleur dans l’autre vie que l’expression d’une « rédemption éternelle » ne signifie qu’il y aura du péché. Mais c’est une consolation de toutes les afflictions du temps présent, laquelle doit commencer au moment où Dieu essuiera toutes larmes de nos yeux, pour ne finir jamais. Dans cette éternité qui s’approche, chaque journée fera compensation pour toutes les années de souffrance passées sur cette terre ; la coupe d’une joie éternelle nous sera donnée en échange de l’amertume dont nous aurons été abreuvés ici-bas. Cette joie multipliée qui nous attend dans l’autre monde, peut bien s’appeler véritablement une « consolation. » C’est comme si Dieu, se souvenant de nos anciens jours de deuil et d’angoisse, voulait répandre sur nous des joies toujours nouvelles et incessantes avec dessein de nous dédommager, d’effacer de notre mémoire toutes les scènes d’humiliation. Maintenant ce n’est pas volontiers qu’il nous afflige ; il nous épargne, pour parler à la façon des hommes, autant de souffrance qu’il peut. Il nous frappe selon que le cas le demande et dans les justes limites du nécessaire, et ceci sera démontré par la nature aussi bien que par l’abondance de la consolation à venir. Ici l’on peut comparer Dieu à ce père qui, après avoir été obligé de corriger son enfant, est tout ému envers lui quand le moment de l’épreuve est passé, et lui rend au double de caresses comme pour le dédommager de la peine qu’il a été contraint de lui infliger. Voilà comment Dieu nous administre sa consolation éternelle. Il ne se repent pas, certes, d’avoir châtié ; néanmoins il saisit avec empressement l’occasion qui lui est fournie pour donner en échange une bénédiction infiniment précieuse. C’est ainsi que Dieu prend occasion du châtiment pour multiplier les trésors de son amour et répandre avec tant d’abondance ses dons sur ceux qu’il avait si involontairement affligés.
Le châtiment nous est vraiment bien, avantageux, puisqu’il nous vaut une « consolation éternelle. » Et comme pour marquer la joie avec laquelle il nous administre ses consolations, Dieu se donne des titres tels que : « Le Père des miséricordes, » « le Dieu de toute consolation » (2 Corinthiens 1.3).
Que nous faut-il de plus pour relever nos mains languissantes et fortifier les genoux qui sont affaiblis ?
Ce fleuve de consolation qui doit nous réjouir désormais dans la cité de notre Dieu, découle d’une triple source. Chacune des trois personnes de la Divinité est un principe fécond de consolation. Dieu le Père est notre consolateur, car il se nomme « le Dieu de consolation. » Le Fils est notre consolateur, car il est appelé : « La Consolation d’Israël. » Le Saint-Esprit remplit l’office de consolateur d’une manière spéciale suivant le nom qu’il porte : « Le Consolateur. » Ces consolations du Saint-Esprit ne cesseront pas dans le royaume lorsque toute tribulation aura pris fin. C’est « l’Esprit éternel » (Hébreux 9.14) ; il sera donc notre consolateur à jamais. Il est vrai que sur cette terre il accomplit une œuvre qu’il n’aura plus à faire dans le ciel ; mais nous ressentirons sa puissance consolatrice pendant les siècles à venir. Maintenant, en l’absence de Christ, il nous console ; il nous dispose à la joie et à la reconnaissance.
Que ne fera-t-il pas en la présence de Christ après nous avoir fidèlement gardés et consolés pendant son absence ! Si maintenant il prend les choses de Christ pour nous les communiquer, tellement que nos cœurs brûlent au dedans de nous, que ne fera-t-il pas lorsque dans ses communications éternelles il nous montrera le Seigneur sur son trône, et nous révélera toutes les merveilles de sa gloire !
Assurément, le Saint-Esprit n’épuisera pas toutes ses ressources, quelque précieux et merveilleux que soit le ministère ou le service qu’il accomplit ici-bas. Il nous enseignera dans l’autre vie beaucoup plus de choses que ce que nous pouvons en apprendre dans celle-ci ; car, hélas ! nous n’en pouvons pas supporter beaucoup. Entrons-nous suffisamment dans cette pensée ? Eprouvons-nous à l’égard du Saint-Esprit ce que nous éprouverions à l’égard d’une personne dont l’enseignement, la lumière et la communion seraient notre partage pendant les siècles à venir ? Le ministère du Saint-Esprit peut nous paraître plus nécessaire et plus urgent dans le temps actuel ; mais en est-il réellement ainsi ? Bien qu’il doive opérer d’une autre manière dans le royaume céleste, en aurons-nous moins besoin qu’à présent ? Son œuvre ne sera pas achevée quand il nous aura introduits dans le repos qui nous est promis. Il aura fait beaucoup, sans doute, mais il voudra faire davantage. Mais quand nous serons entièrement purs, et que tout autour de nous sera également pur, pourquoi aurons-nous besoin du Saint-Esprit ? Christ était entièrement pur, et cependant il avait le Saint-Esprit sans mesure. Il en sera de même au jour de son apparition et de son règne, et c’est-ici une de ces choses qui appellent particulièrement notre attention, car c’est de cette époque glorieuse que voulait parler le Psalmiste, quand il dit : « C’est pourquoi, ô Dieu ! ton Dieu t’a oint d’une huile ; de joie par-dessus tes semblables. » (Psaumes 45.7 ; voyez aussi Hébreux 1.9, où le passage est cité), Si donc le saint Fils de Dieu doit être ainsi éternellement rempli de l’Esprit, est-il besoin de demander pourquoi cet Esprit sera avec nous dans l’autre vie ? Etre associés avec Christ comme des vases qui seront continuellement remplis du Saint-Esprit, c’est là un honneur spécial, et une des joies du royaume. Heureuse pensée ! Nous ne nous séparons point du Consolateur, quand nous entrons en possession de l’héritage. Nous n’en serons pas plus privés que Christ lui-même pendant les siècles à venir. Nous devons le reconnaître comme notre Consolateur éternel, car « il demeure avec nous éternellement » pour nous faire boire à la coupe de ses consolations !
Une consolation éternelle ! une consolation qui ne peut se perdre, une consolation toujours croissante comme les jours de notre félicité ! Que cette pensée est douce, au milieu de nos tristesses et de notre pénible solitude ici-bas !
Une consolation éternelle ! C’est là que viennent s’engouffrer les tristesses de quelques heures, et ces heures même ne nous apparaissent plus que comme un moment dont il ne vaut plus la peine de parler. Qu’y a-t-il ici-bas qui puisse nous faire reculer ou baisser la tête, puisque à la consommation des siècles nous aurons le repos et la joie ? Pourquoi murmurer ou s’alarmer ? Pourquoi se traîner dans la poussière et refuser toute consolation comme si nous devions nous couvrir d’un voile pour jamais ?