Réponses remarquables à des prières. — Les quatre grands réveils. — Mon mari est sauvé ! — Conversion d’un homme à la mode. — Un ivrogne sauvé.
Un vénérable pasteur de l’église réformée hollandaise disait un jour : « Nous sommes dans le quatrième grand réveil de l’ère chrétienne. Le premier a commencé à la Pentecôte et a duré plusieurs siècles ; — le second a commencé par Martin Luther, et s’est aussi prolongé longtemps dans l’Eglise ; — le troisième a été celui d’Edwards, de Wesley et de Whitefield ; — le quatrième est celui qui couvre déjà notre pays et qui se répand même au dehors, chez les nations étrangères.
La grande vérité mise en lumière par le premier de ces réveils a été la divinité et la souveraineté de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. C’est par là qu’a commencé la dispensation du Saint-Esprit, et c’était bien là, en effet, la vérité capitale de l’Evangile et le grand fait que l’Eglise était chargée de proclamer dans le monde. Tous les cœurs en étaient remplis de joie. De cette vérité dépendait la destinée de l’humanité pécheresse, et, seule, elle était destinée à devenir la base première et inébranlable de toute foi et de toute espérance.
La grande vérité que Luther et les Réformateurs ont mise en évidence a été : le salut et la justification par la foi en Christ. C’était là leur mission, leur levier, leur arme, pour combattre et renverser des erreurs accumulées par les siècles. Il fallait que le monde comprit nettement cette seconde doctrine capitale, et il l’a comprise. C’est elle qui a prêté à la véritable Eglise une force tellement extraordinaire, que les peuples et les dynasties s’affaissaient devant elle à mesure qu’elle s’avançait en conquérante.
La grande vérité mise en lumière par le réveil d’Edwards, Wesley, Whitefield et autres, c’est la possibilité et la réalité des conversions soudaines, en même temps que la possibilité et la réalité d’une régénération intérieure, non moins soudaine et décisive, par le Saint-Esprit. Il fallait que cette troisième vérité fût aussi démontrée au monde par des faits, et profondément gravée dans la conviction de tous comme un axiome incontestable, acquis à l’expérience et universellement admis.
Et maintenant la quatrième grande vérité que le réveil actuel nous démontre aujourd’hui, c’est l’union et l’unité de tous les chrétiens. L’Eglise est une, réellement une. Le corps de Christ, quoique composé de plusieurs membres, est un, et n’a qu’une tête, savoir : Christ. »
Telle est la grande doctrine qui se trouve à la base de ce réveil et qu’il a mission de démontrer au monde. C’est cette unité profonde qui communique à l’Eglise sa vraie puissance, qui lui donne sa vraie force motrice, qui lui fournit ses armes irrésistibles et lui imprime son élan victorieux. Telle est la conviction nouvelle et telle est la nouvelle vie qui doit animer l’Eglise jusqu’à ce que Christ ait soumis toutes choses à sa souveraine royauté.
— Après la lecture de diverses demandes et après les prières spéciales, un vénérable pasteur presbytérien se leva et dit :
« N’oublions pas, toutefois, un point encore plus important, à savoir : que tous ces réveils ont été accordés en réponse à des prières. Je me demande si mes frères réfléchissent à cette puissance de la prière ? à cette puissance par laquelle ils peuvent l’emporter sur le Seigneur ? Si vous me demandez comment cela se peut faire, je ne puis pas vous le dire ; mais voyez ce que la Bible enseigne à ce sujet. On dirait que Dieu a expressément voulu révéler qu’Il ne peut résister aux prières de son peuple. Lisez plutôt les déclarations qu’on trouve dans les Saintes Ecritures. Voyez l’exemple de Moïse sur la montagne. Dieu se plaint à Moïse et semble lui dire : « Ce peuple, que j’ai fait sortir d’Egypte à main forte et à bras étendu, s’est fait un veau d’or et se prosterne devant lui pour l’adorer. Ils m’abandonnent et m’oublient, moi qui ai entr’ouvert la mer pour qu’ils pussent la passer, et qui ai fait de si grands miracles pour les délivrer de la maison de servitude ! Maintenant, ma juste colère s’est allumée contre eux. Moïse, ne m’importune pas ; laisse-moi les détruire. Je te rendrai une grande nation ; mais, quant à eux, je veux les détruire entièrement. Ne me demande pas de les épargner ; je ferai de toi un grand peuple. »
Que fit Moïse ? Il tomba à genoux. « O mon Père ! dit-il, que deviendra ton grand Nom ? que diront les païens et les gens de l’Egypte ? Ils diront que tu les a amenés jusqu’ici pour les détruire, et que tu n’as pas voulu ou pas pu les délivrer. Loin de Toi donc, Seigneur, pareille pensée ! » Et Dieu, que fit-il ? Il ne put résister à la prière de son serviteur, et, malgré sa révolte, Israël fut sauvé.
Prenez d’autres exemples : A la prière d’un seul homme, la pluie s’arrêta, et pas une goutte d’eau ni de rosée n’humecta la terre pendant trois ans et six mois. Puis, à la prière d’un seul homme, la pluie revint.
Encore un exemple : Les Amalécites, les Moabites et les peuplades de la montagne de Séir s’étaient coalisés et avaient rassemblé une puissante armée pour détruire les enfants d’Israël. Mais, vers l’aube du jour, 180 000 des leurs étaient étendus morts sur la terre. Qu’était-il donc arrivé ? Un homme armé de prière était sorti seul contre eux !
De même aussi, lorsque Dieu a répandu son Esprit et produit ces réveils remarquables, c’était en réponse aux prières. Oh ! quand viendra le temps où l’Eglise saura enfin que Dieu entend et exauce la prière, et que la prière l’emporte sur Lui ! »
— « Comme je sortais, un jour, de cette assemblée de prière, dit un autre, et que j’avais à peine fait quelques pas, une dame se précipita vers moi, en s’écriant : O mon frère ! mon frère ! est-ce que mon mari ne doit pas être sauvé ? J’ai envoyé par trois fois une demande de prières ; par trois fois, la demande a été lue avec d’autres ; et jamais personne n’a fait mention de lui. Qu’est-ce que cela veut dire ?
— Eh bien ! lui dis-je, continuez à prier pour lui. Moi, je prierai de mon côté. Je demanderai à quelques personnes de prier aussi, et je présenterai cette même demande à d’autres réunions.
Le cœur de cette dame parut fort consolé par cette espérance. Quand je la rencontrai de nouveau, je lui demandai : Et votre mari, est-il converti ?
— Oh, non ! il n’est pas encore converti ; mais je crois que cela viendra. Il faut absolument qu’il devienne chrétien, et je suis assurée qu’il le deviendra.
Quelques jours après, je la rencontrai encore, et je lui demandai : Hé bien ! ce mari, est-il devenu chrétien ?
— Ah ! je crains que non ! J’ai prié, j’ai espéré, j’ai cru ; je suis dans une si grande angoisse pour lui, que j’en ai négligé tous mes devoirs domestiques. Et cependant, je ne puis pas les négliger !… Mon espérance est en Dieu ; je ne veux plus me confier qu’en Lui, car le secours des hommes n’est que vanité.
Quelques jours plus tard, je rencontrai de nouveau cette même dame.
— Votre mari est-il enfin converti ? Une joie sereine, céleste et sainte illumina son visage.
— Oh, oui ! j’espère que mon mari est converti. En revenant de son comptoir, il m’a sauté au cou et s’est écrié, dans le ravissement et en versant des larmes : « J’ai trouvé mon Sauveur ! je me suis donné à Lui, et dimanche prochain je dois faire ma profession publique. Je suis avec toi, maintenant, pour le temps et pour l’éternité. » — « Je lui ai demandé, continua la dame, où il était quand ce changement s’est opéré en lui, et il m’a répondu : « A la réunion de prière de Fulton Street. » Et ce n’est qu’ainsi que j’ai appris qu’il y venait. Pendant que je priais pour son salut, il venait lui-même à la maison de prière, où le Seigneur s’est fait trouver de lui.
Si je vous le nommais, continua l’orateur, vous le connaîtriez tous, car c’est un des hommes les plus éminents de cette ville. »
Toute l’assemblée versait des larmes.
« Remarquez maintenant une chose, ajouta la même voix : comment Dieu, par son Saint-Esprit, a soutenu la faible foi de cette humble croyante, et comment, en même temps, Il l’a détachée de tous les appuis humains, afin que la grandeur de cette puissance soit attribuée à Dieu seul, et non à l’homme. »
L’assemblée, pénétrée d’un sentiment de sainte et profonde adoration, entonna d’une voix émue ces belles paroles :
Il en est Un au-dessus de tous,
Qui mérite seul le titre d’Ami !
Son amour dépasse celui d’un frère ;
Amour précieux, gratuit, et qui n’a point de fin !
— Une femme noire, dévouée à son Sauveur, résolut, dans son humble simplicité, de choisir vingt personnes de sa connaissance, et de prier ardemment pour leur salut. Elle était membre de l’église de Broome Street et très aimée de cette Miss Meynard que beaucoup d’entre nous ont connue, et qui est maintenant dans son repos. Fidèle à sa résolution, elle avait choisi les vingt personnes et priait sans cesse pour leur conversion. Après un certain temps, elle avait acquis la preuve réjouissante qu’elles avaient toutes fini par trouver leur Sauveur.
— Un pasteur de Montréal, dont le fils est dans un collège éloigné, a demandé avec ferveur que Dieu voulût le sauver par sa grâce, et il a reçu tout dernièrement des preuves que ses prières ont été exaucées et que son fils est converti.
— Un autre pasteur, résidant à près de 250 lieues de New-York, assista, l’année passée, à l’une de nos réunions, d’où il remporta une vive impression. Il considérait les assemblées de Fulton Street comme le berceau de tout ce grand mouvement religieux, et sa visite ici avait fait naître en lui l’ambition de gagner des âmes à Christ. Il a été depuis extraordinairement béni dans son ministère, qu’il poursuit avec zèle, ferveur et succès. Cette heure précieuse qu’il avait passée dans cette salle a été mise à profit pour la grande moisson des âmes.
— L’un des assistants se leva et dit qu’il était heureux d’apprendre à l’assemblée qu’un ami chrétien était entré le matin dans son comptoir, en s’écriant, le visage radieux de joie : « Mon fils, pour lequel j’ai prié si longtemps, est enfin sous une vive conviction de péché. Sa sœur a prié avec ferveur pour qu’il fût amené à Christ. Voici trois mois qu’il est rendu malheureux par le sentiment de son indignité devant Dieu, et qu’il ne veut l’avouer ni à ses amis les plus chers, ni à ses plus proches parents. Hier, il rencontra une connaissance qui l’engagea à l’accompagner au théâtre. Il promit d’y aller. Comme les deux amis venaient, de se séparer, mon fils réfléchit qu’il avait déjà pris la résolution d’assister, le même soir, à la réunion de prière. — Qu’ai-je affaire de théâtre ? pensa-t-il. Et si c’était la dernière fois que j’ai l’occasion d’assister à cette réunion ?… Je ne dois ni ne veux la manquer. — Il abandonna donc l’idée d’aller au théâtre, et se rendit à la maison de prière. Là, sa conviction de péché devint si énergique, qu’il ne put s’empêcher de se lever et de raconter les luttes par lesquelles il avait passé, et cela, d’une manière si émouvante, que tous les visages étaient inondés de larmes. — Ce fils, ajouta l’orateur, est en ce moment dans cette salle. »
— Dans une séance récente, comme plusieurs requêtes venaient d’être lues, et comme le président faisait un appel pressant pour qu’on priât sur les points signalés à l’assemblée, l’un des assistants prit la parole pour dire :
« Monsieur le président, supportez mon interruption pendant quelques instants. Je désire ajouter une demande de prières en faveur de mon beau-frère et raconter certains faits. Il était hier, pour la première fois, dans cette salle, à la réunion de prière du soir, et il assiste aujourd’hui à notre réunion de midi. Hier, l’Esprit de Dieu s’empara de son cœur ; cependant, il n’était venu que sur mes instances et dans une disposition d’esprit insouciante et incrédule. Ce matin, il m’a envoyé chercher pour que j’allasse de bonne heure prier avec lui. Il revient de Newport, où il a passé l’été dans le plus complet oubli de la religion, comme le font, du reste, la plupart de ceux qui s’y rendent. Je l’ai trouvé plongé dans un profond désespoir : il était à genoux, versant des torrents de larmes. Je lui ai parlé, j’ai prié avec lui et il a prié avec moi ; et maintenant je désire que vous demandiez à Dieu de le convertir en ce moment même, avant que nous quittions ce lieu. »
Aussitôt, on pria avec une ferveur inaccoutumée. Quel moment solennel que celui-là pour tous les assistants ! Qu’il était puissant en cet instant le sentiment de la présence de Dieu !
Le lendemain, mention fut faite encore du même individu. Il était présent, versant des larmes pendant toute la séance.
Le surlendemain, il déposa lui-même la requête suivante :
« Le beau-frère pour lequel on a prié ici désire rendre témoignage à l’efficacité de la prière. Il a l’humble persuasion qu’il a été converti par les mérites du Sauveur crucifié, et il demande ardemment les prières de l’assemblée, afin qu’il plaise au Seigneur d’affermir sa foi. »
L’un des chapitres suivants donne les détails de cette conversion.
— Un homme se leva plus tard, en proie à une grande agitation concernant le sort de son âme. « Il y a de quoi m’en inquiéter, disait-il, car, après la vie que j’ai menée, j’ai à me repentir de bien des choses. J’ai été un grand pécheur, profane, paresseux, dissolu, intempérant, incrédule, haïssant la religion. J’ai vécu dans l’endurcissement et dans la souillure jusqu’au moment où je me suis trouvé, par mégarde, dans l’une de ces réunions. »
Il était, en effet, entré dans la salle supérieure, et il voulait, disait-il, trouver un lieu où il pût signer son engagement avec une société de tempérance. Il eût préféré se rendre vers la Société-Unie américaine et s’engager avec elle. Il voulait, disait-il encore, commencer par le commencement, qui était de se soustraire tout d’abord au vice de l’ivrognerie. « C’est ici le commencement, répétait-il, que le méchant abandonne sa voie. » Moyennant cela, il espérait vaincre tout le reste. Il disait d’un air très inquiet : « Je suis pressé de devenir chrétien. » Ces sentiments, qui étaient en si parfait accord avec les Ecritures, lui avaient été suggérés uniquement par le Saint-Esprit.
Nous l’avons revu, il y a quelques jours. Il avait assisté régulièrement à toutes les réunions et gardé fidèlement son serment de tempérance. Sa grande peur était que quelque « vieux camarade ne l’entraînât à boire une seule goutte ; car, dans ce cas, disait-il, mon corps, mon âme, tout serait perdu et jeté en enfer. » Il s’écriait sans cesse : « O Seigneur ! soutiens-moi, et je serai sauf. — Je supplie Dieu continuellement, disait-il ; car s’il ne me soutient, je sens que je tomberai. Personne ne peut concevoir la puissance de pareilles habitudes, à moins de l’avoir éprouvée. Il faut que je sois chrétien, autrement je suis damné ! »