Quelque soit notre entrain habituel, nous avons parfois de mauvais moments; les hommes les plus forts se trouvent à certains jours sans vigueur, les plus sages peu disposés, les plus courageux sans hardiesse, les plus joyeux tristes et découragés.
J’ai moi-même connu ces heures d’abattement et de tristesse. Tel nous apparaît Elie se couchant sous un genêt et s’écriant: "O Dieu prends ma vie".
RAISONS POUR LESQUELLES DIEU LAISSE PARFOIS LES ENFANTS DE LUMIERE CHEMINER DANS UNE VALLEE PLEINE D’OBSCURITE:
1) Pour nous rappeler que nous sommes des hommes sujets à l’infirmité et accessibles à la souffrance
2) Il nous est bon d’avoir de temps en temps un lourd fardeau à porter sur nos épaules afin de sentir d’autant mieux le besoin d’implorer le secours divin promis à notre faiblesse.
3) Tous ceux qui vivent dans la piété, doivent s’attendre à rencontrer des tribulations. Les pasteurs doivent avoir une plus large part que les autres, parce qu’ils doivent apprendre par là à compatir aux tristesses des enfants de Pieu et à bander les plaies de leur troupeau.
Dieu n’a pas envoyé des anges inaccessibles à la morsure du serpent ancien pour faire entendre l’Evangile, mais il a choisi des hommes sujets à infirmité.
4) La plupart des pasteurs sont d’une constitution faible et maladive, souffrant de misères physiques ou intellectuelles, qui ont pour effet de faire naître en eux des pensées de découragement.
5) Le sérieux du travail que nous poursuivons:
a-le poids des âmes qui se perdent, leur conversion qui se fait attendre, d’autres bien disposés à tourner le dos à l’Evangile ou s’enorgueillir de leur conduite.
b-des hommes pieux se refroidir, des croyants abuser de leurs privilèges religieux.
c-le Royaume du Seigneur qui ne vient pas aussi vite que nous le voudrions, son Nom n’est pas honoré comme il le devrait, notre message n’est pas cru? Comment donc ne pas s’attrister et ne pas avoir des larmes dans nos yeux.
6) Tout travail intellectuel produit à la longue des effets déprimants,mais celui dont nous avons à nous occuper est plus qu’un labeur de l’esprit, il s’accomplit dans les profondeurs de notre coeur et dans les sources cachées de notre âme.
Que de fois le dimanche nous nous sentons sans force et découragé après avoir prêché.
7) La position que le ministre de l’Evangile occupe dans L’Eglise, qui le voue à un isolement fort pénible; les membres les plus fidèles de son troupeau sont incapables de s’associer à ses pensées. Pareils à ces hauts sommets qui sont sans point de contact avec les chaînes de montagnes environnantes, les serviteurs de Dieu s’élèvent au-dessus du niveau religieux du monde qui les entoure, pour entrer en communion plus étroite avec les réalités célestes, souffrant à certaines heures d’être si peu avec les réalités célestes, souffrant à certaines heures d’être si peu et si mal compris de ceux au milieu desquels ils vivent habituellement.
Comme leur Maître en Gethsémané, ils ont leurs moments d’agonie, où ils font vainement appel aux disciples endormis., ce n’est qu’auprès de Dieu qu’ils peuvent trouver quelque réconfort.
Cet isolement, que bien des âmes pieuses ne soupçonnent même pas, est une cruelle épreuve qui peut nous conduire au découragement, aussi est-il bon de lui opposer le contre poids salutaire des rencontres fraternelles entre pasteurs.
8) Les habitudes trop sédentaires affaiblissent notre courage et paralysent notre entrain. Le seul fait de rester longtemps de suite dans la mime position, courbé sur un livre, ou penché une plume à la main sur une feuille de papier, est déjà une chose contre nature, à combien plus forte raison lorsqu’on se trouve dans une chambre mal ventilée et mal éclairée.
Une bonne journée passée à humer l’air vivifiant de la campagne, quelques heures de rafraîchissement à l’ombre des grands bois, suffisent à balayer les toiles d’araignées qui s’étendent sur l’esprit de bon nombre de pasteurs.; une petite provision d’oxygène voilà le remède le plus propre à les mettre sur pied.
9) Le découragement qui est le plus à craindre, est celui qui fait suite au grand succès; à la vision des choses ineffables dont parle St Paul, succède l’écharde et l’ange de Satan qui nous soufflette.
Dieu, en exerçant à notre égard une discipline paternelle, juge bon devant le risque de notre orgueil grandissant, de déchaîner contre notre navire chargé de propre justice, un de ces vents violents qui nous jette nus et voués à l’impuissance sur ce rocher divin où nous trouvons toujours un refuge.
10) Au moment de nous lancer dans une grande entreprise, la pensée des difficultés qui se dressent devant nous à cette heure là, produit souvent un effondrement dans nos âmes.
11) Un travail poursuivi sans interruption, peut aussi briser le ressort de notre âme; le repos est aussi indispensable à notre esprit que le sommeil à notre corps. Nos dimanches sont nos jours de labeur et si nous ne nous reposons pas un autre jour de la semaine, notre ardeur finira par fléchir. Le Seigneur sait avoir pitié de la faiblesse de ses disciples en leur disant: "allons dans quelque lieu désert pour y prendre un peu de repos".
Le temps consacré au repos n’est pas du temps perdu, c’est le moyen de’ recouvrer des forces nouvelles pour le travail.
Accusera-t-on de fainéantise le faucheur qui, lorsque l’herbe s’amoncelle devant lui, fait une pose pour aiguiser sa faux, ou le pêcheur qui s’assied sur le rivage pour raccommoder ses filets.
Le repos est pour nous un impérieux devoir, dont nous ne devons pas nous laisser détourner par de faux scrupules de notre conscience.
12) Les épreuves qui surgissent au sein des Assemblées. Un membre en qui nous avions confiance, se révèle par exemple comme un perfide; tel autre membre qui se trouve pris dans une faute grave, les schismes, les divisions, les médisances, sont autant de dards enfoncés dans le coeur du pasteur.
13) Lorsque les épreuves se multiplient et qu’aux précédentes s’ajoutent les épreuves personnelles du pasteur, comme dans l’histoire de Job: une femme malade, perte d’un enfant, difficultés matérielles, médisances pour son compte, etc. et si les épreuves ne le laissent reprendre haleine entre chaque coup, alors il perd pied.
Les gouttes d’eau tombant sans interruption finissent par user les pierres les plus dures.
14) Le découragement nous envahit aussi parfois sans que nous sachions pourquoi, et c’est quand il revêt cette forme qu’il est le plus difficile à combattre. Il n’est rien de pire que cette tristesse sans cause, vague, mal définie, qui se répand sur notre esprit comme un brouillard épais. On s’en veut d’éprouver un sentiment aussi peu raisonnable et d’être ainsi malheureux sans motif réel.
C’est en vain que, par un effort énergique de la volonté, nous cherchons à sortir de cet état de dépression spirituelle; pour en sortir et triompher, il faut le réconfort que nous donne les consolations d’En-Haut. N’attendez pas trop des hommes et même de vos meilleurs amis. Faites toujours entrer en ligne de compte l’inconstance humaine, poursuivez votre tâche, alors même que le résultat de vos efforts reste caché.
Tenez bon jusqu’au bout, en mettant votre main dans celle de votre Guide Céleste et en cherchant votre force en Lui.