1.[1] Cassius avait à peine quitté la Syrie qu'une nouvelle sédition éclata à Jérusalem. Un certain Hélix se mit à la tête d'une armée et se souleva contre Phasaël, voulant, à cause du châtiment infligé à Malichos, se venger d'Hérode sur la personne de son frère. Hérode se trouvait alors à Damas, près du général romain Fabius ; désireux de porter secours à Phasaël. Il fut retenu par la maladie. Cependant Phasaël quoique laissé à ses seules forces, triompha d'Hélix et accusa Hyrcan d'ingratitude, pour avoir favorisé les desseins d'Hélix et laissé le frère de Malichos s'emparer d'un grand nombre de places et particulièrement de la plus forte de toutes, Masada.
[1] Sections 1-3 Ant., XIV, 11, 7 à 12, 1.
2. Mais rien ne pouvait garantir Hélix de l'impétuosité d'Hérode. Celui-ci, rendu à la santé, lui reprit les places-fortes et le fit sortir lui-même de Masada, en suppliant. Il chassa pareillement de Galilée Marion, tyran de Tyr, qui avait déjà pris possession de trois places ; quant aux Tyriens, qu'il avait faits prisonniers, il les épargna tous ; il y en eut même qu'il relâcha avec des présents, s'assurant ainsi à lui-même la faveur des Tyriens et au tyran leur haine. Marion tenait son pouvoir de Cassius, qui divisa la Syrie entière en tyrannies de ce genre ; plein de haine contre Hérode, il ramena dans le pays Antigone, fils d'Aristobule. Il se servit à cet effet surtout de Fabius, qu'Antigone s'était concilié par des largesses et qui favorisa son retour ; Ptolémée, beau-frère d'Antigone, fournissait à toutes les dépenses.
3. Hérode, s'opposant à leur marche, livra bataille à l'entrée du territoire de la Judée et fut vainqueur. Antigone chassé, Hérode revint à Jérusalem, où sa victoire lui valut la faveur générale ; ceux même qui auparavant lui étaient hostiles s'attachèrent à lui, quand un mariage le fit entrer dans la famille d'Hyrcan. Il avait d'abord épousé une femme du pays, d'assez noble naissance, nommée Doris, dont il eut un fils, Antipater ; maintenant il s'unit à la fille d'Alexandre, fils d'Aristobule, et petite-fille d'Hyrcan, nommée Mariamme : il devenait ainsi parent du prince.
4.[2] Lorsque, après avoir tué Cassius à Philippes[3], César et Antoine retournèrent, l'un en Italie, l'autre en Asie, parmi les nombreuses députations des cités, qui allèrent saluer Antoine en Bithynie, se trouvèrent aussi des notables juifs qui vinrent accuser Phasaël et Hérode de s'être emparés du pouvoir par la violence et de n'avoir laissé à Hyrcan qu'un vain titre. Hérode, présent à ces attaques, sut se concilier par de fortes sommes d'argent la faveur d'Antoine ; à son instigation, Antoine refusa même d'accorder à audience à ses ennemis, qui se virent congédiés.
[2] Section 4 Ant., XIV, 12, 2.
[3] Automne 42 av. J.-C.
5.[4] Bientôt après les notables juifs, au nombre de cent, se rendirent de nouveau à Daphné d'Antioche auprès d'Antoine, déjà asservi à l'amour de Cléopâtre ; ils mirent à leur tête les plus estimés pour l'autorité et l'éloquence et dressèrent une accusation en règle contre les deux frères. En réponse, Messalla présenta leur défense ; et Hyrcan se plaça à côté de lui, en raison de son alliance matrimoniale avec les accusés. Après avoir entendu les deux parties, Antoine demanda à Hyrcan quels étaient les plus dignes du commandement : comme Hyrcan déclarait que c'était Hérode et son frère, Antoine s'en réjouit, en souvenir des anciens liens d'hospitalité qui l'unissaient à cette famille, car leur père, Antipater, l'avait reçu avec bienveillance quand il fit campagne en Judée avec Gabinius. En conséquence, il nomma les deux frères tétrarques et leur confia l'administration de toute la Judée.
[4] Sections 5-7 Ant., XIV, 13,1-2.
6. Les députés du parti adverse ayant manifesté leur irritation, Antoine fit arrêter et mettre en prison quinze d'entre eux et voulut même les faire mourir : il chassa le reste avec ignominie. Ces événements provoquèrent une agitation encore plus vive à Jérusalem. Les habitants envoyèrent cette fois mille députés à Tyr, où séjournait Antoine, en route vers Jérusalem. Comme les députés menaient grand bruit, il leur envoya le gouverneur de Tyr, avec ordre de châtier ceux qu'il prendrait et de consolider l'autorité des tétrarques institués par lui.
7. Déjà auparavant, Hérode accompagné d'Hyrcan s'était rendu sur le rivage ; là il exhorta longuement les députés à ne pas déchaîner la ruine sur eux-mêmes et la guerre sur leur patrie par une querelle inconsidérée. Mais cette démarche ne fit que redoubler leur fureur ; alors Antoine envoya contre eux son infanterie, qui en tua ou blessa un grand nombre ; Hyrcan accorda la sépulture aux morts et des soins aux blessés. Malgré tout, ceux qui s'échappèrent ne se tinrent pas en repos[5] ; par les troubles qu'ils entretenaient dans la cité, ils irritèrent Antoine, au point qu'il se décida a faire exécuter les prisonniers.
[5] Ant., § 329, dit le contraire (ἠσύχαζον).