Pour moi et ma maison, nous servirons l’Éternel. Josué, XXIV, 15.
Nous avons défini l’Église visible : la réunion des appelés ; mais comme les élus sont au nombre des appelés, il s’ensuit que l’Église visible renferme aussi toute l’Église invisible. Elle est visible, parce qu’en effet, on peut voir ceux qui la composent, les compter, les nommer, et, jusqu’à un certain point, les classer et juger de leur foi par leurs œuvres.
Elle a son influence politique et ses forces statistiques, sa position géographique et son caractère national ; elle a ses jours de prospérité et ses revers ; elle est tour à tour oppressive ou opprimée ; tantôt elle se laisse dominer, acheter, affaiblir, dénaturer par la puissance de César ; tantôt elle saisit les rênes, dirige les peuples et fait trembler les dominations.
L’Église visible est une école où Dieu instruit ses enfants, et où il fait entendre ses appels à ses élus. Par l’Église, il y a un appel comme nous l’avons déjà dit, dans la naissance, dans les sacrements, dans les instructions religieuses, dans la prédication de l’Évangile, dans la possession de la Bible, dans le commerce des chrétiens.
Il y a donc dans l’Église visible des éléments très divers : on y trouve des enfants et des hommes faits, des forts et des faibles, des ignorants et des sages, des croyants, des indifférents, des formalistes et même des impies. Le filet est jeté sur la vaste mer, et il amène au rivage toutes sortes de choses bonnes ou mauvaises ; mais le moment de les tirer n’est pas encore venu.
La Parole de Dieu, qui détermine d’une manière parfaitement satisfaisante les caractères de l’Église invisible, admet une si grande liberté dans sa direction humaine, que l’on doit s’attendre à rencontrer dans les différentes communautés qui la composent la plus grande variété, surtout en ce qui concerne leur administration temporelle et leur gouvernement humain ; de là l’existence des sectes.
Nous touchons ici à un sujet aussi délicat qu’important, auquel il convient de consacrer un chapitre tout entier.