Pour la Réformation, la « Conformité Avec L’écriture » (qui implique la pureté de la doctrine et du culte, la fidèle prédication de la Parole et l’exacte administration des sacrements) est « la marque unique » de la vraie Église. — Le Protestantisme posant avant tout la Bible, la vérité de la doctrine constitue pour lui la pureté de l’Église. — Au point de vue protestant, la question de la « vraie Église » doit donc se résoudre par la comparaison des diverses Églises entre elles et avec l’Ecriture ; c’est-à-dire par la « Symbolique ».
Après notre examen des prétentions de l’Église romaine, la question reste tout entière : A quelles marques reconnaître l’Église véritable ou une véritable Église ?
Les Réformateurs donnèrent pour marque unique la pureté de la doctrine et du culte ou la fidèle prédication de la Parole et l’exacte administration des sacrements ; en d’autres termes, la « conformité avec l’Ecriture »d.
d – Calvin : I.C. 4.1.10-12.
On a critiqué cette vue comme méconnaissant l’élément constitutif de l’Église et s’arrêtant trop à sa forme. C’est oublier que les Réformateurs ne se proposaient pas là de définir l’essence de l’Église, mais d’en déterminer le caractère externe. Ce sont des marques, « notæ ».
On lui a reproché encore d’être trop dogmatique. Ce qui fait membre de l’Église, a-t-on dit, ce n’est pas l’admission de tel ou tel symbole, la participation à tel ou tel rite, mais l’union intérieure avec Jésus-Christ, mais la vie de la foi et de la charité. — Sans doute, et les Réformateurs le disent et le répètent continuellement ; ce n’est donc pas la question. Il s’agit ici de l’Église visible et non de l’Église invisible ; il s’agit de l’institution au moyen de laquelle doivent se former l’union avec Christ et la vie de la foi. Or, l’union avec Christ, la vie de la foi supposent une doctrine. Ainsi, le point de vue de la Réformation reste ou revient toujours.
Ce point de vue fait dominer la Bible sur l’Église comme sur chaque fidèle ; et c’est là le caractère fondamental, le principe constitutif du Protestantisme ; c’est par là surtout qu’il se sépare du Catholicisme ; toutes les autres différences viennent de celle-là. D’un coté, la Bible (toute la Bible, rien que la Bible) et rejet de toute doctrine ou pratique qui ne se légitime point par la Bible ; de l’autre côté, l’Église, source première de la vérité et de la grâce, donnant la Bible elle-même, l’interprétant par son enseignement, la complétant par sa tradition. Le Catholicisme pose d’abord l’Église, et arrive à la Bible par l’Église ; le protestantisme pose avant tout la Bible, et arrive à l’Église par la Bible, parce que, pour lui, la Bible seule est le dépôt de la Parole divine et la règle souveraine de la foi.
Il est évident que la vérité de la doctrine, ou la conformité avec l’Évangile, constitue en effet la pureté de l’Église, puisqu’au fond la doctrine et l’Église ne font qu’un. Une société religieuse, avec ses institutions de discipline et de culte, n’est, en dernière analyse, que l’expression extérieure d’une doctrine religieuse. Une société qui aurait abandonné ou complètement perverti la doctrine chrétienne ne serait plus, en fait, une église chrétienne, lors même qu’elle en retiendrait le nom. Aussi, avons-nous vu que toutes les autres marques auxquelles en appellent les catholiques supposent ou ramènent celle-là ; parce qu’on ne peut, quoi qu’on fasse, se soustraire à la nature des choses. Il en est de même des directions actuelles qui, réduisant tout à la vie, attaquent également la maxime de la Réformation relative à la vraie Église ; car la vie évangélique est la vie de la foi, et la foi, redisons-le, implique la connaissance de son objet, par conséquent une doctrine. Pour s’appliquer cette parole de saint Paul : Christ est ma vie, il faut avoir le Christ de saint Paul. — La question qui nous occupe doit donc se résoudre par la Symbolique, où l’on compare les diverses communions chrétiennes les unes avec les autres et avec l’Ecriture.