« La ville d’Éléphantis offre son encens à une statue assise, à la forme humaine, au teint azuré, surmontée d’une tête de bélier, avec un diadème d’où sortent deux cornes de bouc couronnées par un disque de forme circulaire. Le dieu est assis auprès d’un vase d’argile où il est supposé former les hommes. Sa tête de bélier, avec les cornes de bouc, représentent le passage simultané du soleil et de la lune au signe du bélier : la couleur azurée est le symbole de la température pluvieuse, occasionnée par cette concurrente de la lune et du soleil. La seconde apparition de la lune est l’objet du culte des habitants de la ville d’Apollonie. Ils la représentent sous l’emblème d’un homme à la tête d’épervier, enfonçant un javelot dans les entrailles de Typhon, figuré par un hippopotame. Le teint de la statue est blanc, couleur qui exprime la pâleur de la lumière de la lune. La tête d’épervier marque qu’elle emprunte au soleil la lumière et le souffle qui l’animent : car l’épervier est consacré au soleil, et ils le prennent pour symbole de la lumière et du souffle, à cause de la rapidité de son vol, et parce qu’il s’élève jusqu’aux régions d’où vient la lumière. L’hippopotame est le symbole du pôle occidental parce qu’il engloutit tous ceux qui s’approchent de lui. La même ville rend aussi des honneurs divins à Horus. La ville de Lucine célèbre la troisième apparition de la lune sous l’emblème de la femelle du vautour : elle est représentée volant avec des ailes formées de pierres précieuses. Cet emblème du vautour représente dans la lune la propriété productrice des vents, parce que les Égyptiens n’admettent dans les vautours que le sexe féminin, et ils les croient fécondés par les vents. Dans les sacrifices d’Éleusis, c’est l’hiérophante lui-même qui représente le principe créateur : celui qui porte un flambeau est l’emblème du soleil ; celui qui se tient près de l’autre est l’emblème de la lune ; enfin le héraut sacré représente Mercure. Quelquefois l’homme lui-même est l’objet du culte des Égyptiens. A Anamis, village d’Égypte, on honore un homme ; on lui immole et on brûle sur son autel des victimes : puis bientôt après il mange ce qui lui est présenté comme à un mortel. Que les Égyptiens ne prennent pas les animaux pour des dieux, mais qu’ils en fassent seulement les simulacres et les emblèmes de la divinité, nous en avons la preuve en ce que souvent ils consacrent des bœufs dans leurs solennités religieuses, et les immolent en l’honneur des dieux.