Je conseillerai aussi aux gens mariés de ne jamais embrasser leurs femmes devant leurs domestiques ; car si Aristote défend aux maîtres de sourire à leurs serviteurs, à plus forte raison leur défend-il d’embrasser leurs femmes devant eux. Il faut que la sainteté du mariage répande d’abord sa pure lumière dans la demeure conjugale. Le mariage est comme un chaste lien qui attache l’homme à la tempérance par le doux attrait d’un plaisir permis. « Ô femmes, dit admirablement le poète tragique, quelle n’est pas votre influence sur notre bonheur ! Ni le pouvoir, ni l’or, ni les plus vastes richesses, ne donnent autant de forces, ne procurent autant de plaisir que cette bonne intelligence d’une femme chaste et d’un homme de bien dont l’union est cimentée par un tendre et sincère amour. » Pourquoi ne ferions-nous pas notre profit de ces préceptes de sagesse et de justice que nous trouvons dans les écrivains profanes ? Mais écoutez ce que dit l’apôtre saint Pierre : « Puisque vous invoquez comme votre père celui qui, sans faire acception des personnes, juge chacun selon ses œuvres, vivez dans la crainte pendant que vous êtes loin de votre patrie, sachant que ce n’est point par des choses corruptibles, comme l’or et l’argent, que vous avez été rachetés et retirés de la vanité où vous viviez à l’exemple de vos pères, mais par le précieux sang de Jésus-Christ, comme l’agneau pur et sans défaut ; car c’est bien assez, ajoute-t-il plus loin, que, dans le temps de votre première vie, vous vous soyez abandonnés aux mêmes passions que les païens, vivant dans les impudicités, dans les désirs déréglés, dans l’ivrognerie, dans les festins, et dans le culte sacrilège des idoles. » La croix du Christ, à laquelle nous sommes attachés avec lui, et qui nous détourne avec force de nos anciens péchés, a marqué pour nous le terme de cette misérable vie. Régénérés par elle, attachons-nous à la vérité, revenons au bien et à la sanctification. « Les yeux du Seigneur sont ouverts sur les justes ; ses oreilles sont attentives à leurs cris ; mais le regard de sa colère est sur ceux qui font le mal. » Et qui jamais nous fera du mal, si toujours nous faisons le bien ?
La plus sainte des doctrines est celle qui nous apprend à être modérés en toutes choses. La modération est comme une beauté sans tache, comme un pouvoir ferme et inébranlable qui, plaçant nos pensées et nos actions dans un même et naturel équilibre, rend insurmontable notre vertu. « Dans mon ardent désir de vous conduire au salut, nous dit notre maître, je vous ai parlé avec sévérité. La sévérité de mes paroles est la plus grande preuve de la bonté de mon cœur. Si vous m’écoutez, vous serez sauvés ; si vous ne m’écoutez point, ce n’est point moi qui en souffrirai, et cependant je n’épargne rien pour que vous m’écoutiez, car j’aime mieux le repentir du pécheur que sa mort. Si vous m’écoutez, vous mangerez les biens de la terre ; c’est-à-dire que vous posséderez la beauté, les richesses, la force et la santé. Outre ces biens qui passent, je vous en donnerai qui ne passeront point, que l’oreille n’a point entendus, que l’œil n’a pu voir, que les pensées de l’homme ne sauraient comprendre. Ces biens véritables et éternels qui sont dans les mains de l’éternel roi, ils sont à vous, ils vous attendent, si vous m’écoutez ; car c’est moi qui les garde et les distribue. J’appelle biens les biens de la terre, pour me conformer à la faiblesse de votre nature et vous conduire, par les sens matériels, au sens plus élevé de l’esprit. » Ainsi les vertus que nous devons aimer et suivre, les vices que nous devons détester et fuir, le divin Pédagogue nous apprend tout. Il pénètre, pour nous corriger, jusque dans l’intérieur de nos maisons ; nous traitant d’abord comme de faibles enfants, il nous instruit par les conseils et les exemples de ses divines Écritures, les conformant à notre faiblesse pendant notre voyage sur la terre, et s’en réservant l’interprétation dans le ciel. Il ne veut plus, en effet, que nous le craignions, mais que nous l’aimions, le suivant désormais volontairement et sans contrainte. « Écoute, dit-il, ô enfant qui me suis, écoute, et apprends les lois du salut ; car j’offrirai mes préceptes à tes yeux, et je répandrai mes commandements en ta présence : par eux tu parviendras au ciel ; la voie que je te montre est la seule qui y conduise. Éloigne-toi des voies de l’erreur, car Dieu connaît les sentiers du juste, et la voie de l’impie conduit à la mort. Suis-moi donc avec confiance, écoute-moi avec sincérité, et je te donnerai des trésors cachés et secrets dont la vue, interdite aux nations païennes, n’est permise qu’à ceux qui m’aiment et me connaissent. » Les trésors de la sagesse sont inépuisables, aussi l’apôtre s’écrie avec admiration : « ô profondeur des richesses et de la sagesse de Dieu ! » un seul Dieu nous verse de nombreux trésors : il nous révèle les uns par la loi, les autres par les prophètes ; ceux-ci par la bouche de son fils, ceux-là par les sept dons harmonieux de l’Esprit saint. L’unique Dieu de tous les hommes est aussi leur unique maître. Un seul de ses commandements renferme toutes les maximes de sa divine morale : « Faites aux hommes ce que vous voulez qu’ils vous fassent. » Les deux commandements suivants renferment aussi tous les autres, comme nous le dit le Seigneur lui-même : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même. » « Ces deux commandements, ajoute-t-il, renferment toute la loi et les prophètes. » À celui qui lui demandait : Que ferai-je pour posséder la vie éternelle, il répond : « Vous connaissez les préceptes ; » et sur sa réponse affirmative, il lui dit : « Suivez-les, et vous vivrez. » Mais il nous faut encore reconnaître et adorer la bonté de Dieu dans cette innombrable quantité de bons préceptes qu’il a répandus exprès dans les livres saints, afin que nous les y trouvions facilement toutes les fois que nous en avons besoin. Le Décalogue surtout, qu’il nous a transmis par Moïse, et dont la concision pour l’ordre et pour la défense est si simple et si salutaire : « tu ne seras point adultère, tu n’adoreras point les idoles, tu ne déroberas point, tu ne porteras point de faux témoignage ; honore ton père et ta mère, etc, etc. » Tels sont les commandements que nous devons garder, et tous les autres que nous trouvons dans la lecture des livres sacrés. Dieu nous dit encore par la bouche du prophète Isaïe : « Lavez-vous, purifiez-vous, faites disparaître de devant mes yeux la malice de vos pensées ; cessez de pratiquer l’injustice. Apprenez à faire le bien, aimez la justice, relevez l’opprimé, protégez l’orphelin, défendez la veuve, et venez et accusez-moi, dit le Seigneur, si vos péchés, aussi rouges que l’écarlate et le vermillon, ne deviennent comme la neige ou la toison la plus blanche. »
Tous les préceptes applicables à nos divers devoirs, nous les trouvons dans l’Écriture. Le Seigneur les y a écrits. Pour la prière, par exemple, il nous en indique la nature, le mode et les fruits. « La prière agréable à Dieu est une bonne œuvre. Lorsque vous voyez un homme nu, couvrez-le et ne méprisez point la chair dont vous êtes formés. Alors votre lumière brillera comme l’aurore ; et je vous rendrai la santé, et votre justice marchera devant vous, et vous serez environnés de la gloire du Seigneur. Alors vous invoquerez le Seigneur, et il vous exaucera ; à votre premier cri, le Seigneur répondra : me voici. » Il fait de même pour le jeûne : « Pourquoi jeûnez-vous ainsi, dit le Seigneur ? est-ce là un jeûne choisi par moi, que l’homme, tous les jours dans la douleur, courbe sa tête comme un jonc et qu’il dorme dans un cilice et sur la cendre ? Est-ce là un jeûne et un jeûne agréable au Seigneur ? N’y a-t-il pas un jeûne de mon choix ? Rompez les liens de l’iniquité, portez les fardeaux de ceux qui sont accablés, donnez des consolations aux affligés, brisez les liens des captifs, partagez votre pain avec celui qui a faim, et recevez sous votre toit ceux qui n’ont point d’asile. » De même pour les sacrifices : « quel fruit me revient-il de la multitude de vos victimes ? J’en suis rassasié. Qu’ai-je besoin de vos holocaustes, de la graisse de vos animaux, du sang des génisses, des agneaux et des boucs ? Quand vous avez paru devant moi, qui vous a demandé d’apporter ces offrandes, et de marcher sur le parvis de mon sanctuaire ? Vos sacrifices sont inutiles ; votre encens est souillé à mes yeux. Je ne puis supporter vos néoménies, vos sabbats et vos fêtes : Vos assemblées sont iniques. » Comment donc sacrifierons-nous au Seigneur ? « Le sacrifice que Dieu demande est une âme brisée de douleur. » Quelles couronnes, quels parfums, quelles victimes lui offrirons-nous ? « Un cœur qui glorifie celui qui l’a formé répand en sa présence une agréable odeur de suavité. » Ce sont là les couronnes, les sacrifices, les parfums, les fleurs qu’il demande et qu’il faut lui offrir.
Il nous instruit ailleurs à la patience : « que si votre frère a péché contre vous, allez et reprenez-le entre vous et lui seul ; s’il vous écoute, vous aurez gagné votre frère. Remettez-lui ses fautes, non pas sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois. » Il ordonne aux soldats de se contenter de leur paie ; aux publicains, de n’exiger rien de plus que ce qui leur est ordonné ; aux juges enfin : « Vous ne ferez point, leur dit-il, acception des personnes, et vous ne recevrez point de présents, parce que les présents aveuglent les yeux des sages et changent les paroles des justes. » Aux économes et aux intendants des maisons : « Les richesses acquises par l’injustice périssent entre ses mains. » Sur la charité « la charité efface la multitude des péchés. » Sur l’administration des affaires publiques : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Sur le serment et sur l’oubli des injures : « N’ai-je pas ordonné à vos pères, lorsqu’ils sortaient de la terre d’Égypte, de m’offrir des holocaustes et des sacrifices ? mais voici surtout ce que je vous ai ordonné : Tu ne chercheras point la vengeance et ne te souviendras point de l’injure de tes concitoyens. Tu t’abstiendras de jurer. »
Dieu fait encore, dans l’Écriture, des menaces aux menteurs et aux orgueilleux. Il dit aux menteurs : « Malheur à ceux qui appellent doux ce qui est amer, et amer ce qui est doux ! » Il dit aux orgueilleux : « Malheur à ceux qui sont sages et prudents à leurs propres yeux ; car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé ! » Il appelle heureux ceux qui font miséricorde, parce que miséricorde leur sera faite ; il appelle malheureux ceux qui se livrent à la colère, parce que leur colère les perdra. Il nous ordonne d’aimer nos ennemis, de bénir ceux qui nous maudissent, de prier pour ceux qui nous injurient et nous outragent. « Si quelqu’un vous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encore l’autre ; et à celui qui veut entrer en jugement avec vous et vous enlever votre tunique, abandonnez encore votre manteau. » Pour nous faire connaître la toute-puissance de la foi, il nous dit : « Tout ce que vous demanderez dans la prière, avec foi, vous le recevrez. » Rien n’est sûr pour les infidèles. Nous devons traiter nos domestiques comme nous-mêmes, nous rappelant qu’ils sont hommes comme nous, et que Dieu est leur maître comme le nôtre. Quand nos frères font des fautes, il faut les reprendre ; « celui qui épargne son bâton, hait son fils. » Il condamne le désir de la vaine gloire : « Malheur à vous, scribes et pharisiens, parce que vous aimez les premières places dans les repas, et les premiers sièges dans les synagogues, et les salutations dans les places publiques, et le nom de maître donné par les hommes ! » Il ouvre les bras au pécheur qui se repent et fait pénitence de ses péchés ; car il est le seul qui ne pèche point. Tous les hommes sont naturellement faibles et pécheurs, mais tous ne se relèvent point de leur chute par le repentir, il n’y a que ceux qui ont dans l’âme un véritable sentiment de la justice.
Il nous instruit aussi des récompenses qui nous attendent : « Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, les bénis de mon père ; possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez revêtu, j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus à moi. » Et les justes, lui demandant : Quand est-ce que nous avons fait pour vous une de ces choses ? il leur répondra, prenant pour lui-même la bienveillance qu’ils ont montrée à leurs frères : « Je vous dis en vérité, qu’autant de fois que vous l’avez fait pour l’un des moindres de mes frères que vous voyez, vous l’avez fait pour moi. » Telles sont les lois et les douces paroles du Verbe qu’il a gravées, non plus sur des tables de pierre, mais dans le cœur des hommes, afin qu’elles y germent et produisent des fruits éternels comme elles. Les tables de ceux qui avaient le cœur dur ont été brisées, et la foi nouvelle imprimée sur l’esprit tendre et flexible d’un peuple nouveau. Le Verbe s’est aussi servi des deux lois pour l’instruction du genre humain ; la première a été donnée par Moïse ; les apôtres ont prêché et répandu la seconde. Cette loi nouvelle, qu’ils nous ont transmise d’après l’ordre et les leçons du divin maître, il me paraît nécessaire d’en rappeler en finissant les principaux traits : « C’est pourquoi, renonçant au mensonge, que chacun de vous parle à son prochain selon la vérité, parce que nous sommes membres les uns des autres. Si vous vous mettez en colère, gardez-vous de pécher. Que le soleil ne se couche point sur votre colère. Ne donnez pas entrée au démon. Que celui qui dérobait ne dérobe plus ; mais qu’il travaille plutôt de ses mains à quelque ouvrage bon et utile, pour avoir de quoi donner à ceux qui sont dans l’indigence ; que toute aigreur, tout emportement, toute colère, toute querelle, toute médisance et toute malice, soient bannis d’entre vous. Soyez, au contraire, bons et miséricordieux les uns pour les autres, vous pardonnant mutuellement comme Dieu vous a pardonné en Jésus-Christ. Soyez donc les imitateurs de Dieu comme ses enfants bien-aimés, et aimez-vous les uns les autres comme Jésus-Christ nous a aimés ; que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur ; que les maris aiment leurs femmes comme Jésus-Christ a aimé l’Église ; que les maris donc aiment leurs femmes, et les femmes leurs maris, chacun comme leur propre corps. Enfants, obéissez à vos parents ; et vous, pères, ne provoquez pas vos enfants à la colère, mais élevez-les en les corrigeant et les instruisant selon leur Seigneur. Serviteurs, obéissez avec crainte et respect, dans la simplicité de votre cœur, à ceux qui sont vos maîtres selon la chair, comme à Jésus-Christ même, et servez-les avec affection. Et vous, maîtres, ayez de même de l’affection pour vos serviteurs, ne les traitant point avec rigueur et avec menaces, sachant que vous avez les uns et les autres un maître commun dans le ciel, qui n’aura point d’égard à la condition des personnes. Si nous vivons par l’esprit, conduisons-nous aussi par l’esprit. Ne soyons point amateurs de la vaine gloire, nous provoquant les uns les autres, et nous portant envie les uns aux autres. Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Jésus-Christ. Ne vous y trompez pas, on ne se moque point de Dieu. Ne nous lassons donc pas de faire le bien, puisque nous en recueillerons le fruit en son temps. Nous vous prions encore, mes frères, reprenez ceux qui sont inquiets, consolez les pusillanimes, supportez les faibles, soyez patients envers tous. Prenez garde que personne ne rende à un autre le mal pour le mal ; n’éteignez point l’esprit ; ne méprisez point les prophéties. Au reste, éprouvez tout : attachez-vous à ce qui est bon ; abstenez-vous de tout ce qui a l’apparence du mal ; persévérez et veillez dans la prière, l’accompagnant d’actions de grâces. Conduisez-vous avec sagesse envers les étrangers, et rachetez le temps. Que toutes vos paroles soient accompagnées de grâce et assaisonnées du sel de la sagesse, en sorte que vous sachiez répondre à chacun comme il convient. Exercez-vous à la piété ; car les exercices corporels servent à peu de chose : mais la piété est utile à tout ; et c’est elle qui a la promesse de la vie présente et de la vie future. Que ceux qui ont des fidèles pour maîtres ne les méprisent point, parce qu’ils sont leurs frères ; au contraire, qu’ils les servent mieux, parce qu’ils sont fidèles et plus dignes d’être aimés, ayant part à la même grâce. Que celui qui fait l’aumône la fasse dans la simplicité ; que celui qui commande soit plein de vigilance ; que celui qui fait les œuvres de miséricorde soit dans la joie ; que votre charité soit sincère et sans déguisement. Ayez horreur du mal, et attachez-vous constamment au bien. Aimez-vous les uns les autres avec une charité fraternelle ; prévenez-vous par des témoignages d’honneur. Ne soyez point lâches et paresseux dans ce qui est de votre devoir. Soyez fervents en esprit ; souvenez-vous que c’est le Seigneur que vous servez. Que l’espérance vous remplisse de joie. Soyez patients dans les maux, persévérants dans la prière. Charitables pour soulager la nécessité des saints, toujours prêts à donner l’hospitalité. »
Le Pédagogue, parcourant les saintes Écritures y choisit ces préceptes entre une multitude d’autres et les présente aux enfants qu’il instruit, arrachant ainsi les vices jusqu’à la racine, et enfermant l’iniquité dans un cercle d’où elle ne peut sortir pour pénétrer jusqu’à eux. Les saints livres sont en outre remplis de préceptes qui s’adressent expressément les uns aux évêques, les autres aux prêtres, ceux-ci aux diacres, ceux-là aux veuves dont nous aurons occasion de parler ailleurs. Chaque rang, chaque âge, chaque état y trouve les instructions qui lui sont nécessaires. L’Écriture se sert souvent d’énigmes et de paraboles dont le sens caché est souverainement utile à ceux qui s’efforcent de le comprendre. « Mais ce n’est point à moi, dit le Pédagogue, de vous expliquer ces préceptes ; c’est au maître dont vous avez besoin, et c’est vers lui qu’il vous faut aller. » Il est donc temps de mettre un terme à mes instructions et de vous envoyer au maître qui vous les expliquera. Élevés dans la bonne doctrine, il vous en apprendra le langage. Ce maître auquel je vous engage d’aller, ce maître est l’Église, l’épouse du Christ, à qui lui-même a remis sa puissance, sa volonté, sa sagesse, sa doctrine et le pouvoir de nous sanctifier. « Et lui-même est la victime de propitiation pour nos péchés, dit saint Jean, et non-seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde. Or, nous sommes assurés que nous le connaissons si nous observons ses commandements. Celui qui dit qu’il le connaît, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui. Mais si quelqu’un garde sa parole, l’amour de Dieu est vraiment parfait en lui. C’est par là que nous connaissons que nous sommes en lui. Celui qui dit qu’il demeure en Jésus-Christ doit marcher lui-même comme Jésus-Christ a marché. » Ô élèves d’une heureuse sagesse, attachons-nous de plus en plus au corps sacré de cette Église dont nous sommes les membres ! hâtons-nous de courir vers elle comme des enfants vers leur mère ; et si nous sommes les disciples de sa parole, adorons en elle cet ordre admirable et l’accomplissement de ce grand dessein par lequel Dieu, se faisant homme, nous instruit, nous sanctifie, nous élève au rang de ses fils, nous ouvre les cieux, et, nous apprenant sur la terre qu’il est notre père, le devient véritablement dans le ciel. C’est le Verbe qui adoucit le naturel sauvage de l’homme et lui soumet toute la nature. C’est lui qui nous apprend à dompter les animaux utiles, à vaincre les bêtes féroces, à saisir les poissons dans l’onde, à atteindre les oiseaux dans les airs. Il fertilise les champs, il préside aux gouvernements de la terre. Ayant tout fait et tout créé, il règle, il administre tout. La terre, le ciel, la mer et ces astres étincelants qui sont la couronne du monde, sont les ouvrages de ses mains.
Ô œuvres divines, ô divins préceptes unis les uns aux autres, et se succédant sans relâche et sans interruption comme le flux et le reflux des mers ! que ce feu contienne la colère ! que cet air nouveau purifie l’air et féconde la terre. Qu’un nouvel homme sorte de ces nouveaux éléments, et que ce feu divin l’anime ! Tel est le Verbe, telle est sa grandeur ! Créateur de l’homme et du monde, il est le maître et le Pédagogue ; l’esprit et la matière lui sont également soumis, et c’est lui qui les jugera. Ce n’est point une parole fugitive qu’il nous apporte, mais une éternelle sagesse. « Afin que vous soyez sans reproche et sans déguisement, dit saint Paul, comme des enfants de Dieu, irrépréhensibles au milieu d’une nation perverse et corrompue, où vous brillez comme des astres dans le monde. »
Maintenant donc que nous avons célébré la gloire du Verbe, que nous reste-t-il à faire, si ce n’est de lui adresser en finissant nos humbles prières et nos tendres vœux : Sois propice à tes enfants, ô maître divin, père, conducteur d’Israël, fils et père, unique Dieu, Seigneur. Accorde-nous, à nous qui suivons tes lois, de t’aimer et de te ressembler, de mériter tes bontés et de ne point attirer les rigueurs de ta justice. Accorde-nous, en attendant, de vivre paisibles sous les ailes du Saint-Esprit, nous nourrissant de ton ineffable sagesse, célébrant tes louanges jusqu’à la perfection du dernier jour, te rendant de continuelles actions de grâces, adorant le Père, le Fils et le Saint-Esprit, Dieu unique, qui seul est tout, en qui tout et par qui tout est, dont nous sommes membres nous-mêmes, maître éternel de la gloire et des siècles, souverainement bon, souverainement sage, souverainement juste, à qui grâces soient rendues maintenant et dans les siècles des siècles. Amen.