§ I. Dieu manifeste dans la personne et dans la vie d’Abraham sa volonté de justifier les hommes. Ce patriarche est un moment révélateur dans le plan de Dieu envers l’humanité.
Dieu fait connaître à Abraham une disposition de sa volonté ; il lui promet de justifier et de bénir un jour les nations par un membre de sa postérité, par Christ, au moyen de la foi (3.8, 15-17), et il réalise cette promesse dans sa personne en le justifiant par la foi (3.6). Cet héritage de justification ne sera donc attingible que par la promesse ou par la foi (3.18-19), et ceux qui auront la foi seront la race d’Abraham et ses héritiers en vertu de la promesse (3.29).
§ II. 430 ans plus tard Dieu au moyen d’anges et par l’organe d’un Médiateur donne la loi et l’ajoute à la promesse pour un peuple particulier, les Hébreux (3.17).
§ III. Les noms de cette loi sont : alliance du Sinaï, Agar (4.24) ; chair (3.3) ; éléments du monde (3.4, 9) ; joug de servitude (2.4 ; 5.1) ; pédagogue, gardien (3.23-24) ; son signe extérieur est la circoncision (5.3).
§ IV. Les promesses de la loi sont : de justifier, de faire vivre, à la condition de l’accomplir tout entière (3.12 ; 5.3) ; — elle a pour effet : de rendre impossible la justification (2.16 ; 3.11 ; 5.4) — preuve biblique (Habakuk 2.4 ; Galates 3.11) ; — exemple d’Abraham (3.6-7) ; — preuve par allégorie (4.21) ; — preuve par la promesse faite à Abraham (3.8, 18) ; — Christ serait mort en vain et la grâce serait inutile (2.21) ; — preuve d’expérience (2.3-5, 16) ; — preuve tirée de la conduite de Dieu (3.5) ; — d’enfanter à l’esclavage (4.24-25) ; de maudire (3.10, 12 ; 4.15) ; de tuer à elle-même (2.19) ; c’est pourquoi ceux qui vivent sous son régime, les Juifs, les circoncis, sont sous la malédiction (3.10, 22) ; mineurs (4.13) ; asservis (4.3) ; esclaves (4.1, 7, 31, 9, 24), et leur corps social est une Jérusalem présente, une Agar, une mère esclave qui enfante des esclaves et qui sert avec eux ? (4.21-31).
§ V. Elle a pour but : de réprimer les transgressions (3.19) ; de donner la conscience du péché (3.22), et au lieu de vivifier (3.21) de faire mourir à elle-même (2.19) ; de préparer à la foi et à la justification par la foi ou de conduire à Christ (3.19, 23-24) pour faire vivre en Dieu (2.19). C’est là le sens et le pourquoi de sa valeur temporaire ; c’est là son harmonie avec la promesse.
§ VI. Aussi son autorité cesse-t-elle avec la présence de la foi (2.19 ; 3.19-20, 24-25 ; 4.10, 30 ; 5.2 ; 6.15), car Christ est venu affranchir de la loi et de ses effets ! (5.6 ; 6.15 ; 3.13 ; 4.5) ; c’est pour cela que la loi n’est pas de la foi (3.12 ; 4.2, 4), qu’elle n’est pour rien dans ses fruits (5.22-23), et que celui qui retourne de la foi à la loi se reconstitue pécheur (2.17-18).
§ VII. Quant aux Gentils, ils étaient pécheurs (2.15) ; mineurs et esclaves (4.1, 2-3) ; ils ne connaissaient pas Dieu et étaient idolâtres (4.8-9), asservis à d’impuissants et faibles éléments. Mais la volonté de Dieu était de les faire évangéliser (1.15-16 ; 2.7-8), de les justifier, de les bénir par la foi en Christ (3.7-8, 14), afin que l’Église chrétienne fût la mère des Juifs et des Gentils, le bercail de tous les peuples (4.26).
§ VIII. Lorsque l’époque fixée par Dieu est arrivée et que les temps sont accomplis (4.2-4), Dieu, immuable (3.20), envoie son Fils (4.4), qui nous aime et qui se donne lui-même pour nos péchés et pour nous (1.4 ; 2.20) ; il le fait naître de femme, le soumet à la loi (4.4), et le ressuscite (1.1).
§ IX. La volonté immuable de Dieu (1.4) et le but de cette mission sont : d’accomplir la promesse ; de nous racheter des malédictions de la loi (3.13 ; 4.4-5) ; de nous arracher aux maux du siècle (1.4) ; d’abroger la discipline mosaïque (3.13 ; 4.5), d’effacer nos péchés (1.4) ; de nous faire adopter (4.6), et de nous sauver en nous justifiant.
§ X. En effet, par la foi en J. C., le Juif et le païen, l’esclave et le libre, l’homme en un mot qui a répondu à l’appel de Dieu (1.6, 15) est crucifié avec Christ (2.19), et crucifie à son tour la chair, ses passions et ses convoitises (6.14 ; le monde est crucifié pour lui et il est crucifié pour le monde (6.14) ; par cette immersion spirituelle dans la mort de J. C., par ce travail de la foi il a revêtu son Sauveur (3.17) et est devenu créature nouvelle (6.15) ; il vit en Christ, de foi en Christ ou plutôt Christ vit en lui (2.19, 20) ; il est justifié (2.16 ; 3.8). Voyez les preuves du § iv) ; il n’est plus sous la loi (5.18) ; il est affranchi et libre (5.1, 13 ; 4.26, 31) ; semblable à Abraham (3.10), fils, héritier de ce patriarche (3.29), enfant de promesse (4.28), enfant (3.26) et héritier de Dieu par Christ (4.7), il reçoit l’esprit (3.2, 5), l’esprit de filialité (4.6 ; 3.26) et c’est ainsi que s’accomplit la promesse de bénédiction (3.14, 8, 22) ; il marche selon l’esprit, sème dans l’esprit (5.16 ; 6.8) et en porte les fruits (5.22-23) ; il ne se glorifie qu’en la croix de Christ ; il vit en communion avec les fidèles et est un avec eux en J. C. ; il appartient au royaume de Dieu (5.21) et réalise toujours plus dans sa conscience la vie éternelle qui est la félicité des fidèles (6.8). Voilà la vérité de l’Évangile (2.5, 14) ; voilà la Jérusalem d’en haut (4.26-27), la mère libre de fils libres (4.31), l’Église chrétienne.
§ XI. Pensées détachées. — Dieu est auteur de tout, et J. C. est son moyen. — Éternité de l’idée de la rédemption dans la pensée divine. — Préparation au grand salut par la loi ; profonde valeur éducatrice de l’économie mosaïque dans l’histoire de l’humanité. — Universalité de la foi chrétienne ; convergence du paganisme et du judaïsme ou de toute l’antiquité vers la croix ; liaison profonde des temps et des siècles par Abraham et par la loi en Christ. — Idée d’une association régénérée de tous les hommes ou Église chrétienne ; actualité, portée terrestre de la foi évangélique ou réalisme chrétien. — Solidarité chrétienne universelle ; loi du travail dans l’amour. — Unité de la vie de ce monde et de l’autre. — La foi, si vivifiante sous le point de vue personnel et social, est l’amour virtuel de l’homme, qui sollicité par l’amour éternel incarné en J. C., l’embrasse et vit de cet amour et dans cet amour. — Christianisme, affaire personnelle de la conscience et du cœur.