Les épîtres de Paul

1.
Contenu de l’épître

L’adresse (1.1-11)

L’adresse avec l’action de grâces s’étend jusqu’au v. 11. Dans l’adresse (v. 1-2), Paul relève sa vocation divine à l’apostolat et s’adjoint Timothée comme co-auteur. Celui-ci était donc revenu de son voyage en Grèce, selon toute probabilité après avoir visité Corinthe. Était-ce lui qui servait de secrétaire à l’apôtre ? Nous l’ignorons ; la place d’honneur qui lui est ici accordée lui revenait en tout cas comme à l’un des co-fondateurs de l’église. On voit par les mots : « avec tous les saints qui sont dans l’Achaïe tout entière, » que, depuis le premier séjour de Paul à Corinthe, l’Evangile s’était répandu dans toutes les contrées avoisinantes de la Grèce méridionale.

L’action de grâces (v. 3-11) ne porte pas, comme dans d’autres lettres, sur l’œuvre que Dieu a opérée dans l’église, mais sur ce que Dieu a fait dans les derniers temps pour la consolation de l’apôtre au milieu de ses épreuves et sur le profit qui doit en résulter pour l’église elle-même. Car le lien spirituel entre elle et son apôtre est si étroit, que soit les souffrances de celui-ci, soit les délivrances qui lui sont accordées, doivent devenir pour celle-là autant de grâces propres à affermir sa foi (v. 3-7). Il est surtout une circonstance dont il a besoin de leur parler plus spécialement : c’est la grande tribulation par laquelle il a tout récemment passé en Asie et ce qu’il a éprouvé à cette occasion. Il s’est vu appelé à prononcer sur lui-même une sentence de mort, c’est-à-dire qu’il a dû rompre avec tout espoir de délivrance, afin que si, contre toute espérance, la vie lui était conservée, elle lui apparût comme rendue par une sorte de résurrection, qu’il restât ainsi à ses propres yeux semblable à un ressuscité. C’est ce qui a réellement eu lieu ; et l’apôtre espère qu’il en sera encore de même dans les dangers analogues par lesquels il pourra être appelé à passer. Il compte pour cela sur les prières des Corinthiens, comme aussi il est assuré des abondantes actions de grâces que de pareilles délivrances obtenues par eux ne manqueront pas de faire monter de leur cœur reconnaissant. C’est ainsi que Paul les intéresse à tout ce qui le concerne et, à l’occasion de ses récentes expériences, resserre le lien qui unit leur vie spirituelle à la sienne (v. 8-11).

Quel est l’événement auquel l’apôtre fait allusion dans ces paroles ? Est-ce une maladie mortelle, comme l’a cru Rückert ? Est-ce un naufrage sur les côtes d’Asie, comme l’a pensé Hofmann ? Dans les deux cas, l’on ne comprendrait pas bien l’expression : « et il m’en délivre encore. » On ne peut penser à l’exposition aux bêtes féroces dont parle 1 Corinthiens 15.32, puisque cette circonstance avait eu lieu longtemps auparavant. Il me paraît probable qu’il s’agit du soulèvement excité par l’orfèvre Démétrius, qui avait un instant menacé Paul d’une mort imminente.

Le corps de l’écrit (1.12 à 13.10)

La division générale du corps de l’épître saute aux yeux :

  1. le ministère chrétien comparé à celui des judaïsants, 1.12 à 7.16
  2. la collecte en faveur de l’église de Jérusalem, ch. 8 et 9
  3. la défense de l’autorité et de l’apostolat de Paul, 10.1 à 13.10.

On est frappé au premier coup d’œil de ce qu’il y a d’hétérogène entre le contenu de ces trois parties. Mais on est encore plus surpris quand on découvre que le lien que l’apôtre a établi entre elles est simplement chronologique : le passé, le présent, l’avenir. Il travaille d’abord à mettre en pleine lumière les circonstances peu claires pour les Corinthiens de son ministère depuis qu’il les a quittés ; ce sujet se rattache tout naturellement au contenu de l’action de grâces (v. 3-11) : voilà pour le passé. Le but de cette première partie est apologétique ; c’est une justification de sa conduite mal comprise et calomniée. Dans la seconde partie, il explique l’œuvre dont il s’occupe en ce moment même et cherche à en assurer le succès : voilà pour le présent. Enfin il annonce la tâche qu’il se propose de remplir à Corinthe dans son prochain séjour, et fait pressentir la conduite qu’il tiendra envers les membres de l’église encore insoumis et livrés à l’influence de ses adversaires ; ceci regarde l’avenir. Le but de cette troisième partie est essentiellement polémique. — Ainsi éclairer le passé, le présent et l’avenir de son ministère, voilà le but de cette lettre, le fil qui en traverse la trame et en unit étroitement les trois parties.

1re partie : Le ministère chrétien (1.12 à 7.16).

Il existait chez les Corinthiens de graves malentendus au sujet de la conduite récente de Paul ; la malveillance de ses adversaires les avait créés et travaillait à les entretenir. Paul s’efforce de les dissiper et de regagner ainsi la confiance de l’église en son caractère et en son ministère évangélique. Il le fait en opposant le ministère chrétien, tel qu’il le comprend et le remplit, au caractère double, mi-judaïque, mi-chrétien, de ceux qui cherchent à le supplanter à Corinthe. — Nous retrouvons en petit dans cette partie la même marche historique que nous avons signalée dans la disposition générale. A trois reprises, l’apôtre prend son point de départ, dans certains faits récents qui se sont succédé dans l’ordre chronologique où il les rappelle ; et à leur occasion, il se livre aux développements les plus élevés sur son ministère et le ministère évangélique en général. Ces trois faits sont :

  1. le changement qui s’est produit dans son plan de visite à Corinthe (1.12 et suiv.) ;
  2. son départ subit d’Éphèse pour Troas, puis de cette ville pour la Macédoine (2.12 et suiv.) ;
  3. son arrivée en Macédoine et sa rencontre avec Tite (7.4 et suiv.).

A chaque fois, semblable à l’oiseau « qui sent qu’il a des ailes, » la pensée de l’apôtre touche légèrement la branche, puis, prenant son essor, s’élève à de sublimes régions.

1.) 1.12 à 2.11 : Le renvoi de son retour promis.

1.12-14. Avant d’aborder ce premier fait au sujet duquel il tient à justifier sa conduite, l’apôtre affirme d’une manière générale sa sincérité dans ses lettres et l’espérance qu’il a de voir les Corinthiens la reconnaître toujours plus clairement. Car il tient à leur sentiment à son égard ; ne seront-ils pas le monument de son travail au jour de Christ ?

1.15-22. L’apôtre n’a pas tenu, il est vrai, ce qu’il leur avait promis, à savoir, qu’après avoir passé par Corinthe pour se rendre en Macédoine, il reviendrait de Macédoine à Corinthe et partirait de là pour la Judée ; de cette manière ils auraient joui deux fois de sa présence. Ce projet, il a été empêché de l’exécuter, et par quel obstacle ? C’est ce que Paul va expliquer. Mais auparavant, il s’arrête pour attester encore qu’il n’a promis ni légèrement ni déloyalement. Le sérieux, la fermeté de sa prédication évangélique confirmée d’une manière si éclatante par l’œuvre du Saint-Esprit au-dedans d’eux devrait le leur prouver.

1.23 à 2.4. Eh bien ! Voici l’explication de cet apparent manque de parole. C’est par ménagement pour eux qu’il n’est plus revenu chez eux. Il avait des choses si dures à leur dire qu’il prévoyait qu’un séjour dans ces circonstances serait pour eux et pour lui une source de douleur et d’amertume. Or, c’était assez pour lui d’avoir eu déjà un séjour de ce genre. Il ne pouvait supporter d’avoir pour sujet de douleur l’église qui devait être celui de sa joie. C’est pourquoi il a préféré leur écrire ce qu’il lui aurait été si pénible de leur dire. Cette lettre a été pour lui un fruit d’angoisse, arrosé de larmes. Mais ce n’était pas pour les peiner qu’il leur écrivait ainsi, mais pour leur témoigner son amour par cette sévérité même. Voilà la raison qui explique ce changement, de plan dont on a tiré parti contre lui.

Bien des choses sont propres à faire réfléchir dans ce peu de mots. Paul y parle d’un nouveau séjour douloureux à Corinthe qu’il a voulu éviterb. Il avait donc déjà une fois visité cette église dans des circonstances fort pénibles. Ce séjour pénible ne peut être celui de la fondation. Ce que Paul dit 1 Corinthiens 2.1 et suiv. de ses perplexités au commencement de sa mission dans cette ville est absolument différent de ses relations avec l’église déjà fondée, qu’il rappelle ici. Par conséquent, cette parole 2.1 suppose nécessairement un autre séjour plus récent à Corinthe dans lequel Paul avait eu beaucoup à souffrir. Cette conclusion est conforme à ce que nous avons dit. De plus, Paul parle d’une lettre qu’il a écrite dans l’angoisse de son cœur et qu’il a baignée de ses larmes. Cette description, quoi qu’en dise Weiss, ne saurait s’appliquer à notre 1re aux Corinthiens, que Paul a écrite sans doute parfois avec une certaine vivacité, mais en somme avec calme et en pleine possession de soi-même. Cette angoisse et ces larmes (2.3-4) témoignent de la nature extraordinairement sévère et émue de cette lettre qui avait suivi sa seconde visite et par laquelle il avait, provisoirement remplacé le troisième séjour promis à l’église.

b – Le sens n’est pas : « Je n’ai pas voulu que mon second séjour chez vous fût douloureux ; » mais : « Je n’ai pas voulu avoir encore une fois un séjour douloureux chez vous. »

Ces deux résultats ont, depuis Bleek, été reconnus avec un accord remarquable par Ewald, Weizsæcker, Pfleiderer et d’autres ; le second seul par Néander, Mangold, Hilgenfeld, Schmiedel, etc. La conséquence de ces deux faits est celle-ci : Paul, qui, d’après 1 Corinthiens 16.11, attendait à Ephèse avec les trois députés le retour de Timothée et qui comptait, après son arrivée, partir pour la Macédoine, tandis que les délégués retourneraient à Corinthe, s’était décidé, sans doute sur le rapport de Timothée, à se rendre d’abord à Corinthe, revenant ainsi à son plan plus ancien, supposé par 1 Corinthiens 16.5-7. Mais il avait passé là un temps plus pénible qu’il ne l’eût jamais attendu. Il avait même dû quitter l’église sans avoir obtenu une chose qu’il avait le droit et le devoir de réclamer. Comptant cependant revenir dès que cette condition aurait été remplie, il était parti ; pour où ? Pour Ephèse, répondent Weizsæcker et d’autres. Je crois que c’est là une erreur et qu’il se rendit en Macédoine où sa présence était depuis longtemps nécessaire d’après 1 Corinthiens 16.5. Cette supposition s’accorde également avec la parole 2 Corinthiens 1.16a, où il décrit ainsi son plan en partant d’Éphèse : d’Ephèse à Corinthe ; de Corinthe en Macédoine. Il ajoutait alors (v. 16b) : et de Macédoine de nouveau à Corinthe. C’est là précisément ce qu’il ne put exécuter. En effet, au lieu de recevoir de l’église la satisfaction qui lui aurait permis de revenir chez elle honorablement, il vit les semaines s’écouler, et plutôt que d’y retourner lui-même, il préféra écrire cette lettre qui lui causa de si grandes angoisses. Il l’envoya par Tite. Fut-ce encore de Macédoine où se serait trouvé Tite, ce qui expliquerait sa substitution à Timothée resté à Ephèse ? Ou ne fut-ce qu’un peu plus tard depuis Ephèse, où Paul revint depuis la Macédoine, et où il passa l’hiver suivant de 57 à 58, en attendant le résultat de la mission de Tite ? C’est en tout cas à ce second changement dans son mode de faire, par lequel il avait substitué une lettre et l’envoi de Tite à sa propre visite, que se rapporte l’explication de 2 Corinthiens 1.15 à 2.4c. Nous verrons à 2 Corinthiens 2.12 la confirmation du cours des choses ainsi compris.

c – On comprend ainsi pourquoi Paul emploie 2 Corinthiens 1.23 le terme οὔκετι, plus, et non οὔπω, pas encore. Le sens est, non qu’il n’était pas encore revenu depuis son premier séjour, mais qu’il n’était plus revenu depuis le nouveau séjour qu’il avait fait chez eux.

2.5-11. Quelle avait été la cause de ce froissement si pénible qui avait forcé Paul à quitter Corinthe de cette manière ? Il ne le dit pas expressément ; mais l’église le savait assez. C’est à ce fait sous-entendu que se rapportent les paroles suivantes écrites à l’occasion de l’éloignement où il s’était tenu de Corinthe. Il s’agit d’un homme qui l’a peiné et en lui la plus grande partie de l’église. Aujourd’hui cet homme a reçu de la part de celle-ci la punition méritéed ; mais l’apôtre craint que cette punition ne le plonge dans le désespoir, et il invite les Corinthiens fidèles à lui pardonner ; car s’il a réclamé par lettre sa punition, ce n’était pas par ressentiment, mais pour faire l’épreuve de leur obéissance. Et maintenant, si eux lui pardonnent, ils peuvent être assurés que dans leur pardon est renfermé le sien. Ainsi cet homme ne retombera pas par une autre voie dans les filets de Satan.

d – Je ne pense nullement que cette peine eût été l’excommunication ; car dans ce cas, la minorité non consentante eût dû être exclue avec le coupable. Mais la plupart des membres de l’église avait ouvertement rompu toute relation privée avec celui-ci, conformément à la direction générale donnée 2 Thessaloniciens ch. 3 et 1 Corinthiens ch. 5.

On rapporte d’ordinaire tout ce passage à l’incestueux (1 Corinthiens ch. 5). Rückert et Baur ont bâti là-dessus un singulier roman. La maladie mortelle que Paul avait prétendu infliger à cet homme, en le livrant à Satan, ne l’avait point frappé du tout, et l’excommunication demandée à l’église n’avait pas non plus été prononcée. Que faire dans ces circonstances ? Paul agit en homme prudent ; il se donne l’air d’approuver ce qui a eu lieu ; il présente la violation de ses ordres comme la réalisation de son propre désir. Cette manière d’agir a dû lui coûter, sans doute, et l’on comprend le malaise qu’il en a éprouvé ; voir Baur, Ap. Paulus, I, p. 334-336. — Heureusement les textes ne nous autorisent point à attribuer à Paul une conduite aussi jésuitique. Le passage que nous venons d’exposer parle non d’un péché, comme celui qu’avait commis l’incestueux, mais d’une offense adressée à Paul personnellement, offense dont l’église elle-même avait été atteinte en la personne de son apôtre et que celui-ci pardonne de plein cœur dès que l’église consent, de son côté, à lever le châtiment infligé par elle. Si les choses s’étaient passées comme le pense Baur, quel front n’aurait pas dû avoir l’apôtre pour écrire après cela à cette église, qui avait été témoin de l’impuissance de ses menaces et de la vanité du pouvoir apostolique qu’il s’attribuait, des paroles telles que celles-ci : « Me voici prêt à punir toute désobéissance » (2 Corinthiens 10.6) ; « je déclare, comme je l’ai fait déjà à ceux qui ont péché auparavant et aux autres, que, quand je reviendrai, je n’épargnerai personne » (13.2), etc. ! Si Paul avait quitté Corinthe sans avoir réclamé satisfaction, c’est qu’il s’agissait de sa personne. Mais s’il se fût agi de la cause de Christ, comme dans le cas de l’incestueux, il n’eût jamais abandonné le champ de bataille.

Weiss cherche à montrer que l’incestueux avait été réellement excommunié par la majorité de l’église (2.6) et que Paul réclame maintenant sa réadmission. Mais que serait devenue la sentence terrible par laquelle cet homme ou bien devait être livré à Satan ou bien (selon nous) l’avait été effectivement par l’apôtre lui-même ? Tout cela serait-il tombé dans l’eau ? Le fait est que, comme cela est aujourd’hui reconnu par Hilgenfeld, Mangold, Weizsæcker, Pfleiderer, Schmiedel, etc., ce n’est nullement au cas de l’incestueux que se rapporte le passage de 2 Corinthiens ch. 2 (comparez aussi 2 Corinthiens ch. 7). Paul n’aurait pu traiter un tel péché comme une offense personnelle. Il n’est pas impossible, sans doute, que l’offense personnelle dont nous parlons put avoir eu lieu à l’occasion de cette affaire ; comparez 7.2 : « Nous n’avons fait tort à personne ; nous n’avons fait périr personne. » Mais si cette relation est réelle, ce que nous ne saurions contrôler, elle est purement accidentelle et ne peut avoir aucune influence sur l’explication de notre passage. Voir encore à 7.11-12, où Paul revient sur ce fait à l’occasion du retour de Tite auprès de lui.

2.) 2.12 à 7.3 : D’Éphèse à Troas et de Troas en Macédoine.

Paul a maintenant expliqué pourquoi, au lieu de revenir de Macédoine à Corinthe, comme on s’y attendait, il est reparti pour l’Asie sans avoir reparu à Corinthe. Il a préféré, dans les circonstances données, écrire plutôt que revenir, ce dont il se réjouit maintenant, puisqu’il ne lui reste plus qu’à compléter par le pardon les mesures prises par la majorité de l’église. Il passe maintenant à une seconde phase de sa vie apostolique depuis son éloignement de Corinthe ; il en vient à son tout récent départ d’Éphèse et à son voyage à la rencontre de Tite. Il trace en quelques traits le tableau de son état de perplexité à ce moment-là ; puis soudain ce tableau s’agrandit dans sa pensée jusqu’à devenir celui de son ministère et même du ministère évangélique en général.

Après avoir envoyé par Tite cette lettre, qui était un véritable ultimatum, Paul a repris son travail à Éphèse où l’œuvre va grandissant, mais aussi l’opposition qu’elle suscite. Alors a éclaté le soulèvement dû à l’orfèvre Démétrius, et Paul a été obligé de quitter précipitamment cette ville. Il s’est dirigé vers le nord, du côté de la Macédoine, d’où il attendait impatiemment le retour de Tite. A Troas, il a trouvé une œuvre naissante qui ne demandait qu’un ouvrier capable de la poursuivre. Mais son inquiétude relativement à l’église de Corinthe ne lui permettait pas de se livrer à ce travail ; et pas plutôt arrivé là, il en est reparti pour aller à la rencontre de Tite. Ici l’apôtre s’arrête tout à coup. Saisi par la vue de la gravité du ministère qu’il lui est donné d’accomplir au milieu de pareilles complications, il en décrit successivement la puissance (2.14 à 4.6), puis les tribulations, mais aussi les glorieuses espérances (4.7 à 5.10), enfin le divin objet et la divine origine (5.11 à 21). En terminant, il reporte ses regards sur la manière dont il a rempli lui-même cette charge et sur les rapports dans lesquels il se trouve placé en ce moment même avec l’église de Corinthe par suite de sa fidélité (6.1 à 7.3).

a) 2.14 à 4.6. La puissance vivifiante du vrai ministère évangélique.

Son ministère apostolique apparaît à Paul comme une marche triomphale, qu’il accomplit, à travers le monde, sous la conduite de Christ, répandant partout par la prédication de l’Évangile la vie ou la mort, selon la manière dont cette prédication est reçue. Cette puissance de son ministère provient de ce que, dans sa prédication, l’Évangile est pur, exempt de tout alliage, non frelaté quant au fond et quant à la forme, comme il l’est chez ses adversaires qui mêlent à la prédication du Christ celle de la loi (v. 14-17). En parlant ainsi, il ne veut point s’administrer à lui-même une lettre de recommandation, semblable à celles que d’autres ont apportées à Corinthe. Sa lettre de recommandation à lui, c’est l’église de Corinthe elle-même, dont l’existence est un vivant témoignage rendu à la réalité de son apostolat à la face du monde entier (3.1-3). — La hardiesse avec laquelle il parle ainsi de son ministère, provient de ce que c’est Dieu qui l’a rendu capable de le remplir. Car à l’ancienne alliance, consistant dans une loi écrite qui condamne et tue, Dieu a substitué une alliance nouvelle apportant l’Esprit qui vivifie (v. 4-6). Sans doute, le ministère de Moïse était glorieux, comme le prouve l’éclat divin dont rayonnait à certains moments son visage. Mais s’il est glorieux, le message qui condamne, combien l’est davantage celui qui justifie ! S’il est glorieux, le message qui n’est que temporaire, combien l’est davantage celui qui demeure à toujours et qui n’a pas pour symbole, comme la loi, cet éclat passager du visage de Moïse dont il était obligé de cacher, au moyen d’un voile, l’affaiblissemente. C’est ainsi que les serviteurs de la loi cherchent aujourd’hui à déguiser la fin de l’institution légale et qu’Israël est aveuglé au point de ne pas discerner son abolition. Mais Christ, lui, ne tire pas son éclat du dehors ; il est lui-même Esprit ; l’éclat dont il rayonne provient du dedans. Il n’a donc pas besoin de se voiler pour en déguiser l’affaiblissement ; et nous-mêmes qui vivons en communion avec lui, à mesure que nous reflétons, en la contemplant à visage découvert, la gloire rayonnant de sa face, nous sommes métamorphosés en sa ressemblance, de sorte que nous n’avons, pas plus que lui, besoin de voile pour déguiser cette gloire toujours croissante. Nous délivrons donc, notre message avec liberté et franchise, sans avoir recours aux ruses et aux honteuses tactiques des serviteurs de la loi (3.7 à 4.3). — Que si, malgré cette franche prédication du salut en Christ, ce salut est néanmoins voilé pour plusieurs, c’est l’œuvre du Prince des ténèbres qui les aveugle pour les empêcher de contempler la lumière brillant au front de ce Christ fidèlement prêché par nous ; car l’ordre créateur qui a dissipé le chaos, a aussi retenti et opéré dans nos cœurs (v. 4-6).

e – Voir sur ce fait la Bible annotée, à Exode 34.33-34.

Mais quel contraste entre la puissance glorieuse de ce ministère et les infirmités de ceux qui en sont les dépositaires ! Paul passe ici au second morceau.

b) 4.7 à 5.10. Les tribulations, mais aussi les espérances du ministère chrétien.

Le premier morceau pouvait se résumer ainsi : Notre ministère est assez puissant par lui-même pour pouvoir se passer de l’emploi de tout mauvais moyen. La pensée du second est celle-ci : Sans doute, nous mourons à la peine en travaillant de la sorte ; mais nous savons que nous revivrons.

4.7-12. Les souffrances. — Paul n’en rougit pas ; car il les reçoit comme une participation journalière au crucifiement de Jésus, et elles sont le moyen par lequel Dieu amène l’Église à participer à la vie de Christ. A nous, apôtres, la mort ; à vous, Église, la vie ! Nous mourons pour que vous viviez.

4.13 à 5.10. L’espérance qui le soutient. — La vie a beau être pour nous une destruction journalière de l’homme extérieur ; nous ne nous décourageons point pour cela. Chaque souffrance pareille accroît le poids de gloire que nous avons en perspective. Si ce corps, semblable à une frêle tente, est une fois détruit, nous sommes certains de posséder un corps d’origine céleste semblable à un indestructible édifice. Sabatier (p.157-159), Pfleiderer, Schmiedel, etc., ont entendu ce verset et les suivants dans un sens qui conduirait aux conséquences les plus graves pour la valeur des enseignements de l’apôtre. A la suite de ses expériences récentes et en particulier du danger de mort qu’il avait couru en Asie (1.9), ses pensées auraient été attirées sur l’état de l’âme après la mort, sujet auquel il n’avait point pensé aussi longtemps qu’il comptait vivre jusqu’à la Parousie, et il aurait été amené par là à une conception toute nouvelle. Le v. 1 du ch. 5 exprimerait l’espoir que la prise de possession du corps céleste, que jusqu’alors il avait placée à la Parousie à la suite de la résurrection des corps, sera accordée au fidèle au moment même de la mort, ce qui supprimerait tout l’ancien drame eschatologique de 1 Corinthiens 15.23 et 51-52 et de 1 Thessaloniciens 4.14 et 16-17. — Mais Paul aurait-il dit tranquillement : οἴδαμεν, nous savons, s’il se fut agi d’une conception toute nouvelle pour lui-même et qui renversait tout ce que l’Église avait appris de lui jusqu’à cette heure ? Schmiedel reconnaît, du reste, que le ἔχομεν, nous avons, ne désigne point nécessairement une prise de possession de fait, actuelle, au moment de la mort, mais peut désigner une simple possession de droit. Ce qui rend l’idée d’un changement de vue chez l’apôtre depuis les premières épîtres tout à fait inadmissible, c’est que nous le voyons énoncer dans les épîtres postérieures les mêmes intuitions que dans celles aux Thessaloniciens et aux Corinthiens ; comparez pour la résurrection des corps Romains 8.11 et 22-24 ; et surtout Philippiens 3.20-21, où cet événement est étroitement rattaché, comme dans 1 Thessaloniciens et 1 Corinthiens, au retour de Jésus du ciel. Enfin l’apôtre aurait-il été si exclusivement préoccupé de sa propre personne qu’il n’eût songé à se poser la question de l’état du fidèle après la mort que lorsqu’elle le concernait lui-même et qu’il se voyait en danger de mort ? Ne voyait-il pas journellement mourir des fidèles, et son cœur ne l’aurait-il pas poussé à faire pour eux ce qu’on suppose qu’il a fait en ce moment pour lui-même ? D’ailleurs, ne vivait-il pas depuis longtemps en face de la possibilité de la mort ? N’écrivait-il pas 1 Corinthiens 15.31 : « Je meurs tous les jours ? »

Voici, me paraît-il, le sens de ce passage difficile 4.1-10 :

Nous ne nous relâchons pas ; car nous savons que, même en cas de mort, nous possédons là-haut un domicile permanent ; et déjà maintenant, nous soupirons après le moment où nous pourrons nous en revêtir par dessus, puisqu’il est certain que, même si nous avons déposé ce corps terrestre, nous ne serons pourtant pas trouvés nus, sans enveloppe aucune (v. 3) ; de sorte qu’on doit dire en tout cas : revêtus par dessus. Et en effet, nous qui sommes encore dans ce corps, bien loin de trembler à la vue de sa destruction croissante, notre soupir va non au dépouillement, mais à la possession de ce corps nouveau qui absorbera en nous tout ce qui reste de mortelf.

f – On voit qu’au v. 3 nous admettons les leçons gréco-latines εἴπερ (avec B) et ἐκδυσάμανοι, ayant dépouillé (le corps terrestre). La dernière est exigée par le καί, même : « même ayant dépouillé… nous ne seront point nus. » Ce καί n’a pas de sens dans la leçon ἐνδυσάμενοι, ayant revêtu ; et ce ἐνδυσάμενοι lui-même n’a aucun sens, soit qu’on le rapporte au fait de la naissance, ce qui est entièrement hors du contexte, soit qu’on le fasse arbitrairement synonyme d’un ἐπενδυσάμενοι, comme Schmiedel. On ne pourrait l’expliquer qu’en passant dans le domaine moral, ce qui est forcé.

Dans quelle relation Paul mettait-il cette enveloppe temporaire qui suit la mort et que suppose le v. 3, avec le corps terrestre, d’une part, et le corps ressuscité, de l’autre ? Nous l’ignorons. Il admettait après la mort pour le fidèle une vie avec Christ, donc pleinement consciente (v. 8 et Philippiens 1.23), ce qui est difficilement concevable sans un organe quelconque ; mais ce n’était nullement là la résurrection du corps, telle qu’il l’entendait, laquelle restait à ses yeux un fait à venir. Il en était exactement de même aux yeux de Jésus : « Celui qui croit en moi vivra quand même il serait mort, » disait-il Jean 11.25, et à côté de cela il prononçait cette promesse : « Je le ressusciterai au dernier jours » (quatre fois répétée 6.39-54).

L’Esprit que nous avons reçu, ajoute l’apôtre, est pour nous le gage de ce corps nouveau ; et peu nous importe que notre vie soit brisée avant la Parousie ou qu’elle se prolonge jusque-là. Nous sommes sûrs d’une chose, c’est de ne pas être séparés du Seigneur, et notre unique ambition est de lui être agréables en tout, car nous comparaîtrons devant son tribunal et recevrons l’équivalent de tout.

c) 4.11-21. L’objet et l’origine divine du ministère chrétien.

La crainte du jugement, cette idée par laquelle Paul avait terminé le morceau précédent sur l’espérance chrétienne, le pousse à agir sur les hommes et le garde en cela de toute recherche de lui-même. Si on l’a vu ravi en extase, c’était pour Dieu ; s’il travaille de sens rassis, c’est pour ses frères (v. 11-13). L’amour dont Christ l’a aimé ne lui laisse pas d’autre alternative : il l’a arraché à lui-même. Un seul, mort pour tous, cela signifie : Tous morts ; un seul vivant, le ressuscité, qui devient l’objet unique de l’activité de ceux qui vivent encore. Aussi nul n’existe-t-il pour Paul en raison de ses qualités et de ses relations naturelles ; tous n’existent plus pour lui qu’en raison de leur relation avec Christ. Le Christ lui-même, qu’il connaissait autrefois, avant sa conversion, comme Messie terrestre, s’est entièrement transformé à ses yeux. Tout est renouvelé pour celui qui est en lui (v. 14-17). — Ce qui produit ce changement radical, c’est l’œuvre de réconciliation entre Dieu et le monde, que Dieu a lui-même accomplie en Christ. On ne saurait mieux montrer que ne l’a fait Schmiedel que, d’après notre passage, la réconciliation n’est point un changement subjectif qui se passe dans l’homme à l’ouïe de la bonne nouvelle de la paternité divine, mais qu’elle est une œuvre accomplie en Dieu même, en vertu de la mort de Jésus, œuvre par laquelle Dieu a lui-même rempli la condition du pardon, et pour la publication de laquelle il a fondé le ministère évangélique, de sorte que chaque individu n’a plus qu’à accepter par la foi cette réconciliation accomplie, pour en faire sa propre réconciliation. C’est là le but pour lequel la coulpe du péché a passé de nous sur lui, afin que le don de la justice passât de lui sur nous (v. 18-21)g.

g – Schmiedel n’est pas suspect d’orthodoxie. Nous ne pouvons reproduire ici sa démonstration, devant laquelle s’évanouit la théorie de Ritschl et toute théorie analogue, du moins pour quiconque reconnaît l’autorité de l’enseignement de Paul sur un point de cette importance.

d) 6.1 à 7.3. L’irréprochabilité du ministère de Paul.

Ce ministère de la réconciliation, Paul le continue sous une autre forme encore auprès de ceux qui ont accepté la grâce pour leur faire produire les fruits du salut (6.1-2). Dans ce but, il s’efforce de maintenir en tout sa conduite à la hauteur de cette divine mission, acceptant toutes les souffrances, pratiquant toutes les vertus au travers des circonstances les plus accablantes, et, malgré les jugements favorables ou désavantageux des hommes, toujours affligé et toujours joyeux, à la fois pauvre et source de richesse pour plusieurs, n’ayant rien et possédant tout (v. 3-10). Mais tout à coup, au milieu de cet élan sublime, l’apôtre s’arrête comme étonné de lui-même et de tout ce que l’Esprit vient de lui dicter. Il sent que son cœur s’est comme élargi pour étreindre avec un ardent amour cette église qui le lui rend si peu. Et pourquoi cette ingratitude ? Parce qu’il a exigé d’eux, sans transiger, un sacrifice que réclamait impérieusement leur profession chrétienne. Eût-il pu les dispenser du renoncement à des jouissances qui compromettraient leur salut ? Peut-on faire marcher ensemble la justice et l’iniquité, Christ et Bélial ? Jouir des banquets de sacrifice dans les temples idolâtres et rester le temple du Dieu vivant ! Non ; l’on ne porte le titre de fils et filles de Dieu qu’à la condition de se séparer de tout ce qui est impur ; pour obtenir les promesses, il faut se nettoyer de toute souillure dans le domaine de la chair et dans celui de l’esprit et consommer dans la crainte de Dieu l’œuvre de sa sanctification (6.11 à 7.1). De là cette supplication touchante par laquelle il clôt ce grand morceau sur le ministère chrétien commencé 2.14 : « Faites-moi place dans vos cœurs ; car je n’ai pas démérité de vous » (7.2-3).

Un grand nombre de critiques envisagent aujourd’hui le passage 6.14 à 7.1 comme une interpolation, soit qu’on l’attribue à un autre auteur que Paul (Ewald, Renan), soit qu’on y voie un fragment tiré d’une autre de ses lettres (Hilgenfeld, Sabatier) ; par exemple, de celle dont parle 1 Corinthiens 5.9, ou de la lettre perdue entre nos deux épîtres canoniques.

Ces suppositions proviennent simplement de l’inintelligence du contexte dont nous croyons avoir montré la parfaite continuité. C’est ce que pensent également Reuss, Weiss, Weizsæcker. En étudiant la première épître, en voyant les précautions toutes particulières avec lesquelles l’apôtre a traité la question de la participation aux festins païens et l’interdiction énergique finalement sortie de sa plume, nous avons compris que rien ne tenait autant au cœur d’une grande partie des Corinthiens que leur liberté à cet égard. La fermeté intransigeante de Paul lui avait fermé le cœur de plusieurs, probablement des plus influents. Voilà pourquoi ce passage, qui a trait à ce sujet douloureux, se trouve placé entre ces deux mots dont le second renoue avec le premier : « Rendez-moi la pareille » (6.13), et : « Faites-moi place dans vos cœurs » (7.2). En écrivant ces mots : « Nous n’avons fait tort à personne, » Paul pense sans doute à ceux de qui il avait exigé ce renoncement si pénible ; et dans ceux-ci : « Nous n’avons fait périr personne, » à ceux qui lui reprochaient le châtiment infligé à l’incestueux. S’il ajoute enfin : « Nous n’avons pillé personne, » nous le comprendrons quand nous verrons qu’on ne l’accusait de rien moins que de faire sa bourse aux dépens des Corinthiens (au moyen des collectes).

3.) 7.4-16 : Arrivée en Macédoine ; rencontre avec Tite.

Arrivé en Macédoine sous le poids de perplexités de toutes sortes, Paul a été réconforté par la présence de Tite et plus encore par les nouvelles qu’il lui a rapportées de Corinthe. L’église s’est montrée à la hauteur de sa tâche et de l’attente de Paul. Il revient ici sur cette lettre si sévère, dont il avait parlé 2.4, mais à un nouveau point de vue. Là, il s’agissait de celui qui l’avait occasionnée et de ce qu’il y avait à faire à son égard. Ici, Paul ne s’occupe plus que de ses propres sentiments envers l’église quand il l’a écrite, de l’intention qui la lui a dictée et de l’effet qu’elle a produit. Après l’avoir expédiée, il avait été tourmenté par la crainte de faire plus de mal que de bien ; mais maintenant que Tite lui a retracé l’impression qu’en a reçue l’église, il est rempli de joie ; car ce qu’il voulait réellement, ce n’était au fond ni la punition du coupable, ni une satisfaction donnée à l’offensé, mais la manifestation de l’empressement de l’église à prendre en main la cause de son apôtreh (7.7-12).

h – D’après la vraie leçon (ὑμῶν τῆν ὑπὲρ ἡμῶν).

Il ressort clairement de ces derniers mots, quoique plusieurs interprètes le méconnaissent encore, que l’offensé, c’était Paul lui-même (comparez le ὑπὲρ ἐμοῦ v. 7), et que, par conséquent, l’offenseur ne peut nullement avoir été l’incestueux de 1 Corinthiens ch. 5, dont la faute n’était en aucun rapport direct avec la personne de Paul. On a supposé que cet offensé était le père de l’incestueux ; mais le terme d’ἀδικεῖν, faire tort, ne conviendrait en aucune façon à l’offense commise contre lui par son fils. Il y avait bien autre chose dans cette faute qu’un simple tort envers un père. Que l’on se représente ce père vivant ou mort, on ne rencontre que des invraisemblances quand on essaie de lui appliquer la parole de Paul. Heinrici a essayé de faire de ἀδικηθέντος un participe neutre : « le tort qui a été commis. » Ce serait le seul moyen de défendre l’application de ce terme au cas de l’incestueux. Mais ce sens est si peu naturel après le τοῦ ἀδικήσαντος, qu’il ne se discute pas même. Nous devons donc conclure de ce passage, comme nous avons déjà dû le faire du passage 2.5 et suiv., qu’un outrage personnel avait été fait à Paul, que l’église indisposée contre lui avait laissé passer la chose avec la même mollesse avec laquelle elle avait toléré le péché de l’incestueux, et que Paul avait dû la rappeler sévèrement à son devoir envers lui dans la lettre perdue.

Dans les v. 13-16, Paul revient à l’expression de sa joie et insiste surtout sur celle de Tite, qui a pu constater que tout le hien qu’il lui avait dit des Corinthiens n’était pas exagéré. Paul sait maintenant par cette expérience, qui efface chez lui le souvenir de cet incident si douloureux, qu’il peut compter sur eux en toutes choses. Il est évident que ces derniers mots font déjà allusion au second sujet qu’il a à traiter et en vue duquel il a beaucoup à leur demander, la collecte.

2e partie : La collecte (ch. 8 et 9).

Paul avait indiqué 1 Corinthiens 16.1 et suiv. les mesures à prendre à l’égard de ce grand acte par lequel il désirait clore son ministère en Orient. Tite lui a rendu compte de l’état des choses à cet égard dans l’église de Corinthe ; il est loin d’être satisfaisant. Le but de l’apôtre sera donc de stimuler la générosité des Corinthiens.

8.1-5. Il commence par leur présenter l’exemple des Macédoniens. Malgré leur pauvreté, les chrétiens de ce pays ont, donné abondamment, en commençant par le don qui prête seul du prix à tout don, celui d’eux-mêmes.

8.6 à 9.5. Cet exemple l’engage à leur renvoyer Tite, afin qu’il continue à s’occuper, chez eux, de cette œuvre et que l’église élève sa charité à la hauteur de ses autres dons et réponde pleinement à la charité du Christ envers elle (v. 6-9). — L’apôtre ne donne pas aux Corinthiens un ordre, mais un simple avis, qui lui paraît justifié par le fait qu’ils s’étaient mis à l’œuvre et qu’ils avaient même exprimé l’intention d’accomplir cette œuvre avant les Macédoniens et dès l’année précédente (v. 10-12). — Assurément Paul ne veut pas les appauvrir pour en enrichir d’autres à leurs dépens ; il voudrait seulement qu’il y eût de l’égalité dans le domaine temporel, afin qu’un échange pareil pût s’établir aussi dans le domaine spirituel entre ceux qui ont plus et ceux qui ont moins, conformément à la loi qui a présidé au don de la manne (v. 13-15). — Voilà les motifs qui l’ont engagé à renvoyer Tite, dont il a reconnu la bonne volonté. Il lui adjoint deux délégués des églises qui, comme il l’espère, pourront constater la charité des Corinthiens et la vérité de l’éloge que Paul a fait d’eux (v. 16-24). — On place souvent ici, comme l’a fait l’auteur de la division de nos chapitres, le commencement d’un nouveau morceau. Semler a même pensé que le ch. 9 était un fragment d’une autre lettre que l’on avait inséré ici comme traitant du même sujet. Néander et Reuss ont supposé que l’apôtre avait été interrompu à la fin du ch. 8 par une absence et que c’est la raison pour laquelle, en reprenant la plume, il annonce tout à nouveau le sujet. Mais Hofmann a montré que les cinq premiers versets du ch. 9 forment la conclusion du morceau relatif au retour de Tite à Corinthe. Cette relation est indiquée par le γάρ du v. 1 ; et le μέν du même verset montre que l’idée des v. 1 et 2 est subordonnée à celle du v. 3, où se trouve le δέ correspondant, et doit être comprise en opposition avec elle, dans ce sens : « Sans doute à l’égard de la collecte en elle-même, il serait superflu de vous en écrire. Je vous ai fait connaître de bouche les motifs de cette mesure (ces motifs sont tous résumés dans l’expression pour les saints), mais j’ai jugé nécessaire de vous envoyer ces trois frères pour la prompte exécution de la mesure et afin que les Macédoniens qui viendront avec moi ne soient pas témoins de mon humiliation, si vous ne vous trouviez pas à la hauteur de mes éloges. »

9.6-15. Pour achever d’encourager les Corinthiens, après les avoir pris par le point d’honneur chrétien, Paul leur présente les fruits admirables qui résulteront de cette œuvre, si elle est largement exécutée. Dieu ne permettra pas qu’ils aient à regretter leur générosité ; il les comblera plutôt de bénédictions nouvelles (v. 6-11). Cette assistance, qui comblera les besoins des saints, fera monter de Jérusalem des actions de grâces vers le ciel et rendra témoignage aux yeux de l’église de cette ville de la sincérité de la foi de leurs nouveaux frères, en sorte que leurs ferventes prières pour eux seront la réponse à la marque d’amour qui leur aura été donnée (v. 12-14). — En voyant ce lien spirituel se former entre les membres de ces deux parties de l’humanité jadis séparées, les chrétiens du judaïsme et ceux de la gentilité qui se serrent la main comme frères, l’apôtre est saisi par la grandeur de cette œuvre qui lui a été confiée et rend grâces à Dieu pour son don ineffable (v. 15).

L’apôtre a commencé par le passé et en a relevé par ordre les principaux événements ; il vient de traiter à fond la circonstance présente, l’affaire de la collecte ; il tourne maintenant son regard vers l’avenir et en envisage en face le fait capital, son arrivée prochaine à Corinthe et la conduite qu’il y tiendra.

3mepartie : Le prochain séjour de Paul à Corinthe (ch. 10 à 13).

Après les expressions de satisfaction dont le ch. 7 était rempli, il pouvait sembler que la réconciliation entre Paul et l’église fût scellée et le bon ordre rétabli ; que, par conséquent, l’apôtre n’eût plus qu’à arriver à Corinthe pour se réjouir avec l’église ramenée sous sa houlette. C’est là une apparence qui a trompé bien des critiques et leur a fait trouver incompatible avec les parties précédentes le ton sévère et même menaçant de cette troisième partie. On a conclu de ce ton que c’était ici un fragment d’une autre lettre écrite soit après (Semler), soit avant (Weisse) les sept premiers chapitres. Et, partant de l’idée de Weisse, Hausrath s’est même demandé si ces quatre derniers chapitres ne formaient pas le fond de la lettre perdue, qui a dû être écrite entre nos deux épîtres canoniquesi. Cette hypothèse a été accueillie favorablement par Pfleiderer, Schmiedel et d’autres ; elle est repoussée par Weiss et Weizsæcker. Elle repose, croyons-nous, sur un malentendu. Les explications fournies par les sept premiers chapitres étaient destinées à faire disparaître certains motifs de défiance particuliers qui s’étaient élevés entre l’église et l’apôtre et à faire sentir à la première toute la gravité et l’élévation de la charge confiée par Dieu à celui-ci. Le ch. 7 avait la destination spéciale de clore l’incident pénible pour lequel l’apôtre avait été obligé d’attendre de l’église une réparation. Mais avec tout cela, le fond des choses n’était pas encore atteint ; le mauvais levain importé par les judaïsants travaillait encore ; les perturbateurs étaient présents et agissants ; une minorité qui avait refusé d’adhérer aux mesures réparatoires prises par l’église (2.6), leur était toute dévouée. Un grand nombre de pécheurs chez qui une légèreté profane avait repris le dessus, abusaient de l’impunité que leur procurait la lâche tolérance de l’église (12.21), et l’ensemble de la communauté ne s’était point encore relevé à l’état de droiture devant Dieu et de progrès normal que l’apôtre ambitionnait pour elle. Il caractérise lui-même l’obéissance qu’il avait si difficilement obtenue sur un point particulier comme une obéissance partielle et inachevée (10.6).

iDer Viercapitelbrief, 1870.

On s’est ordinairement représenté l’état des choses à la suite de la mission de Tite comme une bataille gagnée après laquelle l’apôtre n’aurait plus eu qu’à poursuivre et à dissiper l’ennemi. A ce point de vue, la troisième partie, ch. 10-13, ne paraissait plus que comme un supplément, et le ton extraordinairement sévère, presque amer même, de ces chapitres devenait incompréhensible. Paul lui-même paraît n’avoir envisagé l’effet salutaire obtenu par Tite que comme un premier avantage, un succès de bon augure, mais qui était bien loin d’avoir réalisé le retour spirituel de l’église à l’état normal. Or, c’était ce complet retour qu’il voulait, et c’est à obtenir ce résultat qu’est consacrée la troisième partie qui, bien loin d’être un hors d’œuvre, est, au contraire, la portion essentielle de la lettre, celle dans laquelle l’apôtre jette le plein jour définitif sur la relation entre lui et l’église. Personne n’a mieux compris cette situation que Weizsæcker ; il s’exprime ainsi (Apost. Zeitalt, p. 318) : « Tout ce que dit l’apôtre dans la première partie révèle une situation encore indécise et ne s’explique complètement que par les lumières que jette la seconde partie principale, ch. 10-13, sur les hommes qui s’appelaient ceux de Christ et sur l’influence exercée par eux sur l’église »

Il me paraît que, si l’on se place à ce point de vue, tel qu’il résulte de la comparaison entre les deux principales parties de l’épître, on comprendra la nécessité de la seconde et l’on ne mutilera pas, comme le font les critiques cités, cette œuvre admirable. L’apôtre ne s’adresse ni aux perturbateurs auxquels ce serait faire trop d’honneur que de leur parler directement, ni seulement, comme on le pense souvent, à la minorité qui s’est laissé séduire par eux, mais à l’église elle-même qui a subi tout entière, dans une certaine mesure, le souffle délétère qui s’est abattu sur Corinthe. C’est à l’église qu’il dit : « Quand votre obéissance sera consommée » (10.6). « Je vous ai unis à Christ comme une vierge pure » (11.2). « Encore cette fois, vous ai-je dépouillés par quelqu’un de ceux que je vous ai envoyés ? » (12.17), etc., etc. Et c’est bien à tort que, dans le désir de défendre l’unité de l’épître, plusieurs ont nié ce fait et pensé que cette dernière partie ne s’adressait qu’à la fraction rebelle.

Paul justifie d’abord le ton d’autorité menaçante qu’il prend vis-à-vis de l’église en lui annonçant sa prochaine venue (ch. 10) ; il montre ensuite que son apostolat a été complet, n’a rien laissé à désirer, quoi qu’en disent ceux qui s’efforcent de le dénigrer (11.1 à 12.18) ; il trace enfin le programme de sa conduite dans son prochain séjour à Corinthe (12.19 à 13.10).

Il est impossible de comprendre comment tout ce morceau aurait pu être la lettre perdue que Paul envoya par Tite entre nos deux épîtres canoniques, car cette lettre devait avant tout accréditer et recommander Tite et ensuite insister sur la faute commise contre Paul et sur la réparation due par l’église. Or, il n’est pas question dans les quatre chapitres suivants de ces deux sujets, et ces chapitres ne sauraient même se comprendre qu’autant qu’ils ont été composés à un moment où ces faits particuliers appartenaient déjà au passé.

1.) Ch. 10 : L’autorité que s’attribue Paul.

On est surpris de voir ce morceau commencer par cette expression dont rien ne justifie l’emphase : « Moi-même, moi, Paul. » Ceux qui pensent que ces quatre derniers chapitres appartiennent proprement à une autre lettre, expliquent cette forme si accentuée en supposant que Paul oppose sa personne à celle de quelque autre auteur qui avait écrit ce qui précédait dans la lettre perdue. L’un pense à des amis de Paul à Éphèse, un autre à des Macédoniens, qui avaient pris en main la cause de Paul et l’avaient plaidée auprès des Corinthiens. Pfleiderer suppose que c’était Timothée qui, ayant partagé l’outrage fait à l’apôtre, en avait aussi réclamé la réparation. Mais tout cela est on ne peut plus invraisemblable et ne justifierait point suffisamment l’accentuation si énergique de ces premiers mots. D’après Rückert et Ewald, Paul veut simplement dire que, dès maintenant, il cesse de dicter et prend lui-même la plume ; mais il eût exprimé cette idée plus clairement ; comparez Galates 6.11. Si l’on pense à toute la gravité de ce que Paul avait maintenant à dire, en annonçant son prochain séjour à Corinthe et la tâche décisive qu’il aurait alors à remplir et dont l’église devait être avertie d’avance, si l’on se rappelle de plus que cette tâche reposait tout entière sur l’autorité de sa seule personne, on ne sera pas étonné de l’accent avec lequel il relève en tête de cette partie l’idée de sa propre personnalité. C’est bien là en vérité le thème de ce morceau. Ces mots signifient : « Quoi que vous puissiez penser de ce qui va suivre, c’est moi Paul qui vous le dis, et qui saurai donner efficace à ma parole. » C’est Paul qui va prendre en mains la cause de Paul.

10.1-6. Je vous prie, ne me contraignez pas à déployer chez vous ma force ; je préférerais n’avoir à imiter du Christ que sa douceur ; mais s’il le faut, je vous montrerai qu’il y a dans mes mains des armes spirituelles devant lesquelles tombent tous les remparts de l’orgueil humain.

10.7-11. Ceux qui regardent à l’extérieur et prétendent exclusivement être de Christ, affirment que ces menaces de ma part ne sont que de pures vanteries, de fortes paroles comme on en lit dans mes lettres, mais que dément la faiblesse de ma présence. Qu’ils réfléchissent plutôt que ce que je suis en paroles, je le suis aussi en actes.

10.12-18. Car je ne fais pas comme ceux qui, pour s’apprécier, prennent la mesure d’eux-mêmes sur eux-mêmes, ce qui est risible. Je prends ma mesure sur les faits que Dieu lui-même m’a donné d’accomplir en m’accordant de porter l’Évangile de Jérusalem jusqu’à Corinthe et en me permettant, je l’espère, de le porter plus loin encore. Voilà ma mesure, ma recommandation ; c’est du Seigneur que je la tiens ; elle vaut mieux que celle qu’on s’administre soi-même.

2.) 11.1 à 12.18 : La supériorité de l’apostolat de Paul.

L’apôtre examine s’il a manqué à son ministère quoi que ce soit qui puisse donner un motif de le dénigrer, comme le font ses adversaires.

11.1-4. Il va être obligé, dans ce qu’il va dire, de se vanter, comme le font les fous ; mais que les Corinthiens veuillent bien le supporter ! N’est-ce pas lui qui les a fiancés à l’époux céleste comme une vierge pure que l’on cherche maintenant à détourner de la fidélité ? Et ils acceptent volontiers cette influence qui les arrache à leur véritable époux !

11.5-15. Paul ne pense pas être pour rien dans ce changement. Il n’a point été inférieur à ceux qui se gèrent maintenant au milieu d’eux, non seulement comme des apôtres, mais comme des archi-apôtres. On dit qu’il leur est inférieur au point de vue de la parole, mais en tout cas il ne l’est pas au point de vue de la connaissance. On lui fait un reproche d’avoir prêché l’Évangile gratuitement, et, quand il a eu besoin de secours, de les avoir tirés d’autres églises. Mais il en a agi ainsi, non parce qu’il ne possédait pas le même droit que les apôtres, mais pour l’honneur de l’Évangile et de l’église de Corinthe, et il continuera à le faire, non par manque d’amour pour eux, mais pour que ces étrangers qui viennent s’imposer à eux et vivre à leurs dépens ne puissent pas se vanter d’en faire autant que lui. Ces gens sont de faux apôtres qui se transforment en apôtres du Christ, comme Satan, leur maître, se déguise en ange de lumière.

Il est à peu près universellement reconnu aujourd’hui que Paul veut parler ici des agitateurs judaïsants. La seule question est de savoir quelle était leur relation avec les Douze. Nous nous sommes exprimé sur cette question, et sommes persuadé que le titre d’archi-apôtres, que leur donnait leur parti à Corinthe, devait indiquer leur supériorité, non seulement sur Paul, mais même sur les Douze ; c’étaient « ceux de Christ, » qui s’envisageaient comme supérieurs à Pierre et aux autres apôtres ; à plus forte raison à Paul. Si ce terme n’eût désigné que les Douze, comme supérieurs à Paul, il eût concédé à celui-ci une place, quoique inférieure, dans l’apostolat.

11.16-29. Il est insensé de se vanter ; mais vous le permettez à ceux-là ; vous, sages, vous supportez leur folie ; vous vous laissez dominer, piller, souffleter par eux, comme pour compenser la faiblesse prétendue de l’éducation que je vous ai donnée ; laissez-moi donc aussi me vanter un peu. Comparons mon ministère au leur ; ils sont Hébreux, race d’Abraham ? — moi aussi ! — Serviteurs de Christ ? — moi plus qu’eux, en travaux, en plaies, en prisons, en périls mortels, en flagellations juives et romaines, en lapidation, en naufrages, en voyages et en dangers continuels et de toutes sortes, en veilles, en jeûnes, en soucis pour les églises, en tourments d’âme pour ceux qui se perdent : voilà mon état de services ! Que ceux qui me critiquent, essaient d’y comparer le leur.

11.30 à 12.11. Sans doute, c’est là une liste de pures infirmités. Je pourrais bien me vanter de traits en apparence plus glorieux ; ainsi lorsque toute la grande ville de Damas était soulevée contre moi et que je ne pus échapper qu’à la dérobée. Et que serait-ce si je voulais parler ici des visions et des révélations dont j’ai été l’objet ? Ainsi lorsqu’il y a plus de quatorze ans, je fus ravi — en corps ou en esprit ? je l’ignore — jusqu’au troisième ciel. Mais je me garde de parler de ces choses, ne voulant recevoir de personne aucune autre considération que celle que ma présence elle-même lui inspire. Le Seigneur lui-même m’a donné en mon corps un terrible contre-poids pour combattre l’élévation que pourraient m’inspirer de si grandes grâces ; car il sait bien — et il me l’a dit lui-même en réponse à mes prières — qu’il lui faut ma faiblesse pour qu’il puisse être fort en moi.

12.12-18. Qu’a-t-il donc manqué à mon ministère à Corinthe ? Les miracles ? non ! une seule chose : je n’ai rien voulu recevoir de vous ; pardonnez-moi cette injustice ! Je vais retourner une troisième fois à Corinthe et ne changerai rien à ma manière de fairej. Ce sont les pères qui entretiennent les enfants et non l’inverse. — Soit ! dira quelqu’un ; mais il sait bien se dédommager par le moyen de ses envoyés. Qu’on dise si quelqu’un de mes délégués, si Tite, par exemple, a réclamé quelque chose de qui que ce soit !

j – Cette parole 12.14 prouve, me paraît-il, sans réplique contre Baur, Hilgenfeld, etc., un second séjour de Paul à Corinthe avant celui qu’il annonce ici. Car quelle charge aurait pu imposer à l’église un séjour de l’apôtre qui eût été simplement projeté et non réellement exécuté ?

3.) 12.19 à 13.10 : Sa prochaine manière d’agir à Corinthe.

Ici commence le troisième morceau de cette partie. Saint Paul abandonne la personne de ses adversaires et se tourne spécialement vers les membres de l’église qui lui avaient déjà causé précédemment par leurs désordres moraux toute espèce d’humiliations et de chagrins. Il craint que les avertissements qu’il leur a adressés dans son dernier séjour ne les aient laissés impénitentsk, et il se prépare dans ce cas à agir vis-à-vis d’eux avec toute l’énergie à laquelle l’appelle son apostolat. Les trois témoins, exigibles d’après l’Ancien Testament pour l’application de la peine, seront là : son avertissement oral précédent, l’avertissement actuel dans cette lettre, enfin celui qui suivra, comme sommation définitive, à sa prochaine arrivée. Paul peut par moments se montrer faible, comme Christ quand, il s’est laissé conduire à la croix. C’est ce qu’il avait fait dans son dernier séjour. Mais il peut aussi, quand il le trouve bon, agir dans la puissance de Dieu comme son Maître ressuscité. Que chacun s’examine donc à l’avance et rentre en lui-même. Car, quant à lui, il préférerait beaucoup que, pendant son prochain séjour, la force put être de leur côté et la faiblesse du sien. S’ils sont dans la vérité, ils n’ont rien à craindre de lui ; car il ne peut rien contre elle.

k – Ce passage ne peut également faire allusion qu’à un séjour postérieur à celui de fondation.

13.11-13. Après avoir ainsi mis au net sa position, vis-à-vis de l’église et annoncé clairement la tâche qu’il remplira à son arrivée, Paul n’a plus qu’un mot d’encouragement à adresser aux Corinthiens. Il insiste surtout sur l’esprit d’union, de paix et d’amour. Il salue de la part des chrétiens de Macédoine ; et, comme si le ministère chrétien, dont la pensée a rempli cette lettre, n’était qu’une transformation du sacerdoce de l’ancienne alliance, il traduit en langage évangélique la bénédiction mise par Moïse dans la bouche du sacrificateur Israélite, en souhaitant à l’église la grâce de Jésus le Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit saint !

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