David a connu, comme nous, que le Verbe de Dieu qu’engendra ta volonté du Père, a créé le monde. Ce prophète annonce qu’il est envoyé par le Père pour guérir tes hommes, et qu’il remplira avec rapidité toute la terre de sa doctrine.
« Les cieux ont été créés par la parole du Seigneur, et toute leur puissance par le souffle de sa bouche » (Ps., XXXII, 6) Il est dit aussi au CVIe psaume : « Il a envoyé sa parole et il les a guéris, et il les a retirés de leur mort » (Ps., CVI, 20), et au CXLVIIe : « Il envoie sa parole, et sa parole parcourt la terre avec légèreté. » Or, à cette parole du psaume que nous considérons : « Les cieux ont été créés par la parole du Seigneur » est conforme au passage suivant de l’Evangile où il est dit sans mystère : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu. Il était en Dieu dès le commencement. Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui rien n’a été fait » (Jean, I, 1) C’est à juste titre que l’Evangile l’appelle Dieu, puisque d’après les paroles que nous avons citées, celui qui est ici nommé Dieu, est désigné comme Verbe, sagesse et Fils de Dieu, comme pontife, christ, roi, seigneur, Dieu et image de Dieu. Et parce que, autre que le Père, il a été le ministre des ordres que lui imposait ce Dieu si élevé au-dessus de lui, le psaume cité ajoute avec raison : « Que toute la terre craigne le Seigneur, que tous les habitants de l’univers tremblent devant lui ; car il a dit, et la terre a été il a voulu et elle a été établie (Ps., XXXII, 8). » Il est clair, en effet, que celui qui dit dit, à quelqu’un, que celui qui commande, commande à un ministre autre que lui-même ; il est évident encore qu’après l’incarnation de notre Sauveur, une innombrable multitude, au sein des nations de la terre, cessa de redouter les dénions et ne craignit plus que le nom du Seigneur Jésus. Au nom de Christ tous les habitants de la terre tremblèrent, car le psaume avait dit : « Que toute la terre craigne le Seigneur ; que tous les habitants de la terre tremblent devant lui. » Ces paroles sont tirées du psaume XXXIIe, auquel est entièrement conforme le CXLVIIIe où il est affirmé que non seulement la terre, mais encore les cieux, toute créature en un mot a été produite par l’ordre de Dieu. « Chantez le Seigneur, y est-il dit, dans les cieux ; chantez le Seigneur dès les hauteurs du firmament : Anges de Dieu, chantez le Seigneur ; chantez-le, milices divines. Soleil et lune, louez le Seigneur. Astres de la nuit lumière du jour, chantez le Seigneur ; car il a dit, et tout a été fait ; il a ordonné, et tout a été créé. » Mais s’il a commandé, qui a pu recevoir un ordre aussi sublime, sinon le Verbe de Dieu, celui qui dans le cours de cet ouvrage a été reconnu de diverses manières et proclamé Verbe de Dieu et à juste titre, puisque le Tout-Puissant lui a confié les secrets créateurs et formateurs du monde, en lui remettant de dispenser et de gouverner toute existence avec intelligence et ordre ? et que l’on ne croît pas que la parole articulée, expression de la pensée de l’homme, formée d’un assemblage de lettres, de noms et de verbes soit semblable à la parole de Dieu composée de sons, de syllabes et du sens qui leur est attaché. Notre langage se manifeste au secours de la langue, des artères, du pharynx et de la bouche ; mais éternelle et immatérielle, bien supérieure en un mot à celle qui nous unit sur la terre, la parole de Dieu n’a rien d’humain et n’a que le nom de commun avec notre langage ; car il n’est pas permis de supposer en Dieu une voix qui s’étend par le mouvement de l’air, des paroles, des syllabes, une langue, une bouche ou quelques autres des moyens de la créature humaine et mortelle ; un tel langage serait celui de l’intelligence qui ne peut pas sans elle être ni subsister par lui-même. Tel est celui de l’homme qui n’a en propre ni substance, ni existence, mais qui est un mouvement et une opération de l’intelligence. Mais la parole de Dieu a par elle-même une essence divine et intelligente dont l’existence est spéciale, dont l’efficacité est à part, qui est libre, spirituelle, incorporelle, semblable en tout a ce Dieu unique, principe de l’être, « ans principe lui-même, et qui contient en elle-même les raisons de toutes les créatures et les types éternels et invisibles de toutes les choses visibles ; aussi les divines Écritures l’appellent-elles la sagesse et le Verbe de Dieu.