(1er mai)
I. Le saint Jacques dont nous allons parler est désigné sous différents noms. On l’appelle notamment Jacques fils d’Alphée, ou Jacques le frère du Seigneur, ou encore Jacques le Mineur et Jacques le Juste. Il est Jacques, fils d’Alphée, non seulement à cause du nom de son père, mais aussi à cause du sens d’Alphée, qui signifie sage, ou leçon, ou encore millième. Et, en effet, saint Jacques fut sage dans la science divine, il fut une leçon pour les autres, il fuit le monde qu’il dédaignait, et il voulut être le millième par humilité. Son nom de « frère du Seigneur » lui vient, croit-on, de ce qu’il ressemblait si fort au Seigneur, par les traits du visage, que plus d’une fois on le confondit avec lui. Aussi, lorsque les Juifs vinrent s’emparer du Christ, craignirent-ils de prendre Jacques au lieu du Christ ; et c’est pour ce motif qu’ils ordonnèrent à Judas de leur désigner le Christ en lui donnant un baiser. Cette explication du nom de saint Jacques nous est, en outre, confirmée par saint Ignace dans sa lettre à l’évangéliste Jean, où nous lisons : « Avec ta permission, je voudrais me rendre à Jérusalem pour voir le vénérable Jacques, surnommé le Juste, dont on dit qu’il ressemblait si fort à Jésus-Christ de figure, de manières, et de langage, qu’on aurait pu le tenir pour son frère jumeau. »
Ou bien encore ce surnom peut venir de ce que Jésus et Jacques étaient enfants de deux sœurs, et que le père de Jacques, Cléophas, était le frère de Joseph. Mais, en tout cas, ce nom de « frère du Seigneur » ne saurait venir, comme d’aucuns l’ont prétendu, de ce que Jacques fût le fils de Joseph, le mari de la Vierge : car il était fils de Marie, fille de Cléophas, qui lui-même était frère de Joseph, le mari de la Vierge. Les Juifs, en effet, appelaient frères tous ceux que rattachaient entre eux les liens du sang. Quant au nom de Jacques Mineur, il s’oppose à celui de Jacques Majeur, le fils de Zébédée, qui, bien qu’il ait reçu la vocation après l’autre Jacques, était cependant son aîné par l’âge. Enfin, le surnom de Juste nous rappelle l’éminente sainteté de Jacques, qui, d’après saint Jérôme, était l’objet d’une vénération si profonde que le peuple se disputait l’honneur de toucher les pans de son manteau. Et voici ce qu’écrit de sa sainteté Hégésippe, qui eut l’occasion de connaître les apôtres : « La direction de l’Église fut confiée à Jacques, le frère du Seigneur, que tous se sont toujours accordé à appeler le Juste. Telle était sa sainteté, dès le ventre de sa mère, que jamais il ne but de vin ni de bière, jamais il ne mangea de viande, jamais il ne s’oignit d’huile, jamais il n’eut besoin de prendre des bains. Toute sa vie il fut vêtu d’un simple manteau de toile. Et, à force de s’agenouiller pour prier, ou voyait sur ses genoux des durillons comme ceux qui se forment sous les pieds. Aussi lui seul, parmi les apôtres, en raison de sa sainteté, était-il admis à pénétrer dans le Saint des Saints. » On dit également qu’il fut le premier, parmi les apôtres, à célébrer la messe, les disciples lui ayant fait l’honneur de lui confier la célébration de la première messe à Jérusalem, après l’ascension du Seigneur, et avant même qu’il fût ordonné évêque. Saint Jérôme ajoute, dans son écrit contre Jovinien, que Jacques le Mineur ne connut jamais les plaisirs de la chair. Lorsque Jésus mourut sur la croix, Jacques fit le vœu de ne rien manger jusqu’à ce que son maître fût ressuscité d’entre les morts. Le jour même de sa résurrection, Jésus lui apparut, et dit à ceux qui étaient avec lui : « Préparez la table et le pain ! » Puis, prenant le pain, il le bénit et le donna à Jacques, en lui disant : « Lève-toi et mange, mon frère, car le Fils de l’Homme est ressuscité d’entre les morts ! »
La septième année de son épiscopat, au jour de Pâques, les apôtres se réunirent à Jérusalem et rapportèrent à Jacques tout ce que le Seigneur avait fait par leur entremise depuis leur séparation. Après quoi Jacques, pendant sept jours, prêcha dans le temple avec les autres apôtres, en présence de Caïphe et d’un grand nombre de Juifs ; et déjà ceux-ci étaient sur le point de demander le baptême, lorsque soudain un autre Juif, entrant dans le temple, se mit à crier : « Ô hommes d’Israël, que faites-vous ? Vous laisserez-vous longtemps encore tromper par ces magiciens ? » Et cet homme excita le peuple à un tel degré que les apôtres faillirent être lapidés. Il s’élança lui-même sur l’estrade d’où Jacques prêchait, et le précipita au bas de cette estrade, de façon qu’il le rendit boiteux pour le reste de sa vie. Ainsi, sept ans après l’ascension du Christ, Jacques eut une première fois à souffrir pour son maître.
La trentième année de son épiscopat, les Juifs, dépités de ne pouvoir tuer saint Paul, qui en avait appelé à César et avait été mandé à Rome, tournèrent leur fièvre de persécution contre saint Jacques, et cherchèrent une occasion de le faire périr. Hégésippe, le contemporain des apôtres, nous raconte que les Juifs vinrent trouver Jacques et lui dirent : « Nous te demandons de ramener dans la bonne voie les gens du peuple qui, dans leur aveuglement, croient que Jésus était le Messie. Si tu détournes de Jésus la foule qui va se réunir pour les fêtes de Pâques, nous t’obéirons tous, et te rendrons tous hommage comme au plus juste d’entre nous. » Ils le conduisirent ensuite au haut du temple et se mirent à lui crier : « Homme juste, toi à qui nous devons tous obéir, dis-nous ton avis sur l’erreur des gens du peuple au sujet de ce Jésus qu’on a crucifié ! » Mais Jacques, trompant leur attente, s’écria d’une voix immense : « Que m’interrogez-vous sur le Fils de l’Homme ? Le voici lui-même assis dans le ciel à la droite de son Père, en attendant qu’il revienne juger les vivants et les morts ! » Ce qu’entendant, les chrétiens furent remplis de joie ; mais les scribes et les pharisiens se dirent : « Nous avons eu tort d’invoquer son témoignage ! Montons à présent jusqu’à lui et précipitons-le à terre, afin que la foule, effrayée, ne s’avise pas de croire à ses paroles ! » Là-dessus, ils s’écrièrent : « Eh quoi ! le juste lui-même est tombé dans l’erreur ! » Puis ils montèrent sur le haut du temple et le précipitèrent sur le sol, où ils se mirent à lui jeter des pierres. Mais lui, se relevant sur ses genoux, disait : « Je t’en prie, maître, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ! » Alors un des prêtres, fils de Rahab, s’écria : « Que faites-vous, insensés ? Voici que ce juste que vous lapidez prie pour vous ! » Alors un des Juifs, saisissant un marteau de foulon, asséna sur la tête de saint Jacques un coup vigoureux qui fit jaillir la cervelle. Et ainsi le martyr rendit son âme à Dieu, sous le règne de Néron. Il fut enseveli près du temple. La foule voulut venger sa mort et s’emparer de ses meurtriers, mais ceux-ci, déjà, avaient pris la fuite.
II. Josèphe rapporte que c’est en châtiment du meurtre de Jacques qu’a été autorisée la destruction de Jérusalem, ainsi que la dispersion des Juifs. Mais plus encore que la mort de Jacques, c’est la mort du Seigneur qui a attiré sur Jérusalem ce terrible châtiment, selon ce qu’avait dit le Seigneur lui-même : « On ne te laissera pas pierre sur pierre, puisque tu n’as point connu le temps de ta visitation ! » Mais comme Dieu ne veut pas la mort du pécheur, cinquante ans de délai furent laissés aux Juifs pour faire pénitence, en même temps que la prédication des apôtres, et en particulier celle de saint Jacques le Mineur, les exhortait sans cesse à se repentir. Et ce n’est pas tout. Ne pouvant convertir les Juifs par la prédication des apôtres, le Seigneur voulut au moins les effrayer par des prodiges ; et Josèphe nous rapporte toute une série de prodiges qui se produisirent pendant ces cinquante années de délai. Une étoile, pareille à un glaive, flamboya au-dessus de la ville pendant une année entière. Un jour de fête des Azymes, à neuf heures de la nuit, une lumière aussi brillante que celle du midi entoura le temple. Dans la même fête, une génisse qu’on allait sacrifier, déjà livrée aux mains des prêtres, enfanta un agneau. Plusieurs jours après, au coucher du soleil, on vit courir de toutes parts, sur les nuages, des chars remplis de troupes en armes. La nuit de la Pentecôte, les prêtres qui entraient dans le temple pour préparer les sacrifices, entendirent d’étranges bruits comme d’écroulement, pendant que des voix invisibles disaient : « Quittons ces lieux ! » Enfin, quatre ans avant la guerre, le jour de la fête des Tabernacles, un certain Jésus, fils d’Ananias, se mit à crier : « Voix de l’Orient, voix de l’Occident, voix des quatre points cardinaux, voix sur Jérusalem et sur le temple, voix sur les époux et les épouses, voix sur le peuple tout entier ! » Cet homme fut saisi, frappé de verges, mais toujours il répétait les mêmes paroles, criant plus fort à chaque coup reçu. On le conduisit devant le juge, on le tortura jusqu’à mettre à nu les os de ses membres. Mais lui, sans pleurer ni demander grâce, hurlait toujours les mêmes paroles, ajoutant encore : « Malheur à toi, malheur à toi, Jérusalem ! »
Alors, comme les Juifs ne se laissaient ni toucher par les avertissements ni effrayer par les prodiges, le Seigneur envoya à Jérusalem Vespasien et Titus, qui détruisirent la ville de fond en comble. Et voici quelle fut l’occasion de leur arrivée à Jérusalem, à ce que nous raconte certaine histoire, en vérité apocryphe. Pilate, comprenant qu’il avait condamné un innocent, et craignant la colère de l’empereur Tibère, lui envoya, pour s’excuser de la mort de Jésus, un messager nommé Albain. Or, à cette époque, Vespasien gouvernait, au nom de Tibère, le pays des Galates, et Albain, poussé par la tempête sur la côte de Galatie, fût amené en présence de Vespasien. Et c’était la coutume du pays que tout naufragé qui y débarquait devenait l’esclave du prince. Vespasien demanda à Albain qui il était, d’où il venait, et où il allait. Et Albain : « Je suis habitant de Jérusalem, je viens de cette ville, et je me rends à Rome. » Alors Vespasien : « Tu viens du pays des mages, et, par suite, tu dois connaître le secret de guérir. Vois donc à me donner tes soins ! » Car Vespasien avait dans le nez, depuis l’enfance, une espèce de vermine, d’où lui était venu son surnom même de Vespasien. Albain répondit : « Seigneur, je ne connais point la médecine, et ne puis donc pas te guérir. » Mais Vespasien : « Si tu ne me guéris, tu seras mis à mort ! » Alors Albain lui dit : « Celui qui a su rendre la vie aux aveugles, exorciser les démons, ressusciter les morts, celui-là pourra te guérir, non pas moi ! » Et Vespasien : « Qui est donc celui-là ? » Et Albain : « C’est Jésus de Nazareth, que les Juifs ont mis à mort par jalousie. Si tu crois en lui, tu retrouveras aussitôt la santé ! » Et Vespasien : « Je crois que, s’il a pu ressusciter les morts, il pourra me délivrer de mon infirmité ! » Et aussitôt les vers lui sortirent du nez, et il retrouva la santé. Rempli de joie, il s’écria : « Oui, certes, c’était un Fils de Dieu, celui qui a pu me guérir ! Et je vais demander à César la permission de me rendre à Jérusalem, pour châtier tous ceux qui ont livré cet homme et l’ont fait mourir. Quant à toi, Albain, retourne auprès de ton maître, je te rends la liberté ! » Vespasien alla donc à Rome, afin d’obtenir de Tibère la permission de détruire Jérusalem et toute la Judée. Et pendant de nombreuses années il réunit des troupes, sous le règne de Néron, pendant que les Juifs, de leur côté, se révoltaient contre l’Empire. Mais d’autres chroniques affirment que ce n’était point le zèle pour le Christ qui le faisait agir, mais le désir de réprimer l’insurrection des Juifs. Enfin il se mit en route vers Jérusalem, avec une nombreuse armée, et, le jour de Pâques, il mit le siège autour de la ville, où se trouva ainsi enfermée une foule de Juifs venus de la campagne pour les fêtes. Sur son chemin, il attaqua une ville de Judée nommée Jonapata, dont Josèphe était le chef ; et celui-ci, après une courageuse résistance, voyant que la destruction de la ville était imminente, se réfugia avec onze autres Juifs dans un souterrain, où ses compagnons et lui souffrirent de la faim pendant quatre jours. Ces malheureux, malgré l’avis de Josèphe, aimaient mieux mourir là que de se soumettre au joug de Vespasien. Ils résolurent donc de se tuer les uns les autres, afin d’offrir leur sang à Dieu en sacrifice ; et comme Josèphe était le principal d’entre eux, c’était lui qu’on voulait mettre à mort le premier. Mais Josèphe, personnage prudent, et qui tenait à la vie, se constitua le juge du sacrifice, et décida que l’on tirerait au sort, deux par deux, ceux qui auraient à être tués les premiers. Après quoi, il livra à la mort tantôt l’un tantôt l’autre de ses compagnons, jusqu’à ce qu’enfin ne restèrent plus que lui-même et l’homme qui devait tirer au sort avec lui. Alors Josèphe, adroitement, prit à cet homme son épée, et lui demanda ensuite s’il préférait vivre ou mourir. L’homme, épouvanté, le supplia de lui conserver la vie. Josèphe s’adressa en secret à un familier de Vespasien, et le pria de demander à son maître que grâce lui fût faite de la vie. Amené devant Vespasien, il lui dit : « Prince, je t’informe que l’empereur de Rome vient de mourir, et que le Sénat t’a nommé pour le remplacer ! » Et Vespasien : « Si tu es prophète, pourquoi n’as-tu pas prédit à cette ville qu’elle aurait à se soumettre à moi ? » Cependant, quelques jours après, des délégués arrivèrent de Rome pour annoncer à Vespasien qu’il était élevé à l’Empire. Le nouvel empereur partit pour Rome, laissant à son fils Titus le soin de poursuivre le siège de Jérusalem.
La même histoire apocryphe raconte ensuite que Titus, en apprenant l’honneur échu à son père, fut rempli d’une joie qui lui tordit les nerfs et paralysa ses membres. Ce qu’apprenant, Josèphe devina la cause véritable de la maladie, et s’ingénia à y trouver un remède, se fondant sur le principe que les contraires peuvent être guéris par leurs contraires. Or, Titus avait un esclave qui lui était si odieux qu’il ne pouvait, sans souffrir, le voir ni même entendre prononcer son nom. Josèphe dit donc à Titus : « Si tu veux être guéri, aie soin de saluer tous ceux que tu verras en ma compagnie ! » Titus s’engagea à le faire. Et aussitôt Josèphe fit préparer un festin où il se plaça en face de Titus, en faisant asseoir à sa droite l’esclave détesté. Et dès que Titus l’aperçut, il eut un frémissement d’aversion qui, aussitôt, réchauffa ses nerfs, refroidis par l’excès de joie, et le guérit de sa paralysie. Et, depuis lors, il rendit sa faveur à l’esclave et admit Josèphe dans son amitié. Telle est l’histoire ; mais je laisse au jugement du lecteur le soin de décider si une telle histoire valait même la peine d’être rapportée.
Le fait est que Jérusalem fut assiégée par Titus, pendant deux ans, et qu’entre autres maux dont elle eut à souffrir au cours de ce siège, elle eut à souffrir une famine si affreuse que les parents arrachaient la nourriture non seulement des mains mais de la bouche même des enfants, et les enfants de la bouche des parents ; les plus vigoureux des jeunes gens erraient par les rues comme des fantômes et tombaient morts, épuisés de faim ; souvent ceux qui ensevelissaient les morts mouraient sur les cadavres, si bien qu’on finit par ne plus ensevelir les morts, et qu’on se borna à les précipiter en masse du haut des murs. Titus, voyant les fossés remplis de ces cadavres, leva les mains au ciel, pleura, et dit : « Seigneur, tu vois que ce n’est point moi qui les ai fait mourir ! » Et la famine était telle que les assiégés mangeaient leurs chaussures. Une femme noble et riche, voyant des pillards envahir et dépouiller sa maison, s’écria, tandis qu’elle élevait en l’air son enfant nouveau-né : « Fils plus infortuné d’une mère infortunée, pour quel destin te réserverais-je au milieu de tant de misères ? Viens, mon enfant, sois pour ta mère une nourriture, pour les pillards un scandale, pour les siècles un avertissement ! » Sur quoi elle étrangla son fils, le fit cuire, en mangea la moitié, et cacha l’autre moitié. Or, voici que les pillards, sentant une odeur de viande cuite, se précipitèrent dans la maison et menacèrent la femme de la tuer si elle ne leur livrait sa provision de viande. Alors la femme, leur montrant les membres de son enfant : « Tenez, leur dit-elle, je vous ai réservé la meilleure partie ! » Une telle horreur les envahit qu’ils ne surent que répondre. Et elle : « C’est mon fils, leur dit-elle, le péché est sur moi : mangez sans crainte, puisque moi-même, qui l’ai mis au monde, en ai mangé la première ; et si l’horreur vous retient, j’achèverai seule de manger ce dont j’ai déjà mangé la moitié ! »
Enfin, la seconde année du règne de Vespasien, Titus prit Jérusalem, détruisit le temple de fond en comble ; et, de même que les Juifs avaient acheté le Christ pour trente deniers, de même Titus ordonna qu’on vendît trente Juifs pour un seul denier. Josèphe raconte que quatre-vingt-dix-sept mille Juifs furent vendus, et que onze mille périrent par la faim ou le fer. On raconte encore que Titus, en entrant à Jérusalem, aperçut un mur plus épais que les autres ; il y fit pratiquer une ouverture, et l’on vit derrière le mur un vieillard d’aspect vénérable qui, aux questions qu’on lui posa, répondit qu’il s’appelait Joseph, qu’il était de la ville d’Arimathie, et que les Juifs l’avaient enfermé et muré là parce qu’il avait enseveli le corps du Christ. Il ajouta que, depuis lors, il avait été nourri et soutenu par des anges descendant du ciel. Mais, d’autre part, l’évangile de Nicodème nous dit que Joseph d’Arimathie, ayant été muré par les Juifs, avait été délivré par le Christ et ramené par lui dans sa ville natale. Après cela, rien n’empêche d’admettre que, revenu à Arimathie, Joseph ait continué à prêcher le Christ et ait été muré par les Juifs une seconde fois.
À la mort de Vespasien, Titus succéda à son père sur le trône : homme plein de clémence et de générosité, dont Eusèbe de Césarée et Jérôme nous rapportent que, certain jour, se rappelant qu’il n’avait fait ce jour-là aucune bonne action, il s’est écrié : « Ô mes amis, j’ai perdu ma journée ! » Longtemps après, certains Juifs voulurent reconstruire Jérusalem. Mais, étant sortis de leurs maisons, le matin, pour y travailler, ils aperçurent à terre des croix faites de rosée : ils s’enfuirent, épouvantés. Le matin suivant, quand ils se remirent à l’ouvrage, chacun d’eux vit une croix de sang peinte sur son manteau, ce qui, de nouveau, les mit en fuite. Enfin, le troisième jour, une vapeur brûlante sortit du sol, qui les consuma. C’est du moins ce que raconte Milet, dans sa chronique.