1 Quand ceux qui racontent les mystères du dieu Mithra nous disent qu’il est né d’une pierre et appellent caverne le lieu où l’on dit qu’il initie lui-même à son culte ceux qui croient en lui, puis-je encore ici m’empêcher de reconnaître une imitation de cet endroit où Daniel nous montre une pierre se détachant sans effort d’une haute montagne, et de la prophétie d’Isaïe dont ils ont même essayé d’imiter les paroles ? Car les adorateurs de Mithra ont aussi voulu qu’on tînt chez eux des discours sur la pratique de la justice. 2 Mais citons les paroles d’Isaïe, vous comprendrez mieux la vérité de ce que j’avance : « Peuples éloignés, apprenez ce que j’ai fait ; peuples voisins, reconnaissez ma puissance. Les impies ont été saisis d’effroi dans Sion, la terreur a été parmi les hypocrites. Qui de vous soutiendra les ardeurs éternelles ? Celui qui marche dans les sentiers de la justice et qui rend hommage à la vérité, qui rejette les présents, n’écoute pas les paroles sanguinaires et ferme les yeux pour ne pas voir le mal : celui-là habitera sous la caverne élevée d’une roche inexpugnable ; 3 l’eau et le pain lui seront constamment donnés. Vous verrez votre roi dans l’éclat de sa gloire et vous porterez au loin vos regards. Votre âme méditera la crainte du Seigneur. Où est le savant ? où est celui qui entreprend de donner des conseils ? Qui compte ceux qui sont nourris ? Les petits et les grands ? Ils n’ont pu entrer en conseil avec lui, ni comprendre la profondeur de ses paroles : de sorte qu’ils n’ont rien su. Peuple vicieux, qui ne comprend pas quand on lui parle. »
4 Il est évident que, dans cette prophétie, il s’agit de ce pain que notre Christ nous a ordonné d’offrir en mémoire du corps qu’il a pris pour le salut de ceux qui croient en lui et en faveur desquels il s’est rendu passible. Il est clair qu’il s’agit aussi du calice sur lequel il a recommandé de prononcer des paroles d’actions de grâce en mémoire de son sang.
La même prophétie ne nous annonce-t-elle pas que nous verrons un jour ce roi dans toute sa gloire ? 5 Ne nous dit-elle pas que le peuple qui devait croire en lui, et que le prophète voyait déjà, s’appliquerait à méditer la crainte du Seigneur, que c’était un fait connu d’avance ? Enfin, les mêmes oracles peuvent-ils élever plus haut la voix pour vous dire que ceux qui croient entendre les Écritures ne les comprennent pas, lors même qu’on les leur explique.
Pour moi, quand j’entends raconter que Persée est né d’une vierge, je comprends, Tryphon, que c’est un passage de nos livres saints que l’astucieux serpent a tenté d’imiter.