Nos commentaires, ainsi que nous l’avons déjà écrit pour les lecteurs ignorants et armés de reproches, continuent de ressembler à des tapisseries de représentations diverses, où le discours passe continuellement d’un sujet à un autre sujet, promettant une chose et concluant par une autre.
« Le mineur, dit Héraclite, qui cherche de l’or dans les entrailles de la terre, creuse beaucoup pour trouver peu. »
Ceux, au contraire, qui sont l’or de la terre, pour ainsi parler, et qui fouillent pour trouver ce qui leur ressemble, trouveront beaucoup en remuant peu de terre; car ce livre rencontrera un lecteur pour le comprendre ! Nos Stromates sont donc dans la main de l’homme, que la raison peut guider au travers de ses recherches, un auxiliaire pour la mémoire et pour la manifestation de la vérité. Mais ils ne dispensent pas le lecteur de mettre lui-même la main à l’œuvre, et d’ajouter ses réflexions aux nôtres, puisqu’au voyageur qui s’engage dans une route inconnue, il suffit de signaler la véritable route qui le conduit au terme de la course. À lui de marcher ensuite sans guide, et de discerner le reste de son chemin par ses propres lumières. Un esclave consulta, jadis, la prêtresse de Delphes, pour savoir par quel moyen il plairait à son maître ; la Pythie lui répondit :
« Tu trouveras, si tu cherches. »
Toutefois, il me semble que la découverte du beau, qui est caché, n’est pas sans fatigues ni difficultés.
« On n’arrive à la vertu que par la sueur ; le sentier par lequel on monte à elle, est long et taillé à pic. L’entrée en est âpre ; mais lorsqu’on arrive sur la hauteur, il devient facile, quelque pénible qu’il ait été d’abord. »
Oui, elle est vraiment étroite et resserrée la voie du Seigneur, et le royaume de Dieu appartient à ceux qui le ravissent. Voilà pourquoi le Seigneur nous dit :
« Cherchez, et vous trouverez, »
si vous marchez, sans jamais vous en écarter, dans la route vraiment royale. Il ne faut donc pas s’étonner que cet ouvrage, semblable à un champ où croissent toutes sortes de plantes, selon le langage de l’Écriture, rassemble dans un petit espace une grande quantité de semences fécondes. Il suit de là que nos commentaires portent le titre qui leur convient véritablement, faits à l’image de cette antique offrande que composaient tant d’objets divers et dont Sophocle a dit :
« Il y avait une toison de brebis, une libation de vin, des raisins soigneusement conservés, des fruits de toute nature, des vases pleins d’huile d’olive, et des rayons du miel le plus brillant édifice de cire qu’avait bâti l’industrieuse abeille. »
Ainsi donc, nos Stromates, pour me servir de la comparaison que Timoclès le comique met dans la bouche de son jardinier, produisent, comme un champ fertile, des figues, de l’huile, des figues sauvages et du miel. Cette heureuse fécondité fait dire à son maître :
« Tu veux parler, sans doute, du rameau d’olivier que l’on dépose devant le temple, mais non d’un champ cultivé. »
C’est qu’en effet, les enfants d’Athènes avaient coutume de chanter ces vers :
« Le rameau d’olivier produit des olives, des figues et des pains nourrissants, du miel dans nos cotyles, et de l’huile pour assouplir nos membres. »
Il faut souvent, comme le vanneur qui a démêlé le bon grain de la paille, passer le froment au crible et le purger de ses immondices.