1 Et c’est encore lui que regarde cet autre prophétie : « Voici qu’une vierge concevra et enfantera un fils. » Car si le personnage dont parle Isaïe ne devait pas naître d’une vierge, je demande quel est celui que l’Esprit saint pouvait avoir en vue, quand il s’écriait : « Voici que le Seigneur nous donnera un signe : une vierge concevra dans son sein et enfantera un fils. »
Car si ce fils devait naître comme naissent tous les premiers-nés, c’est-à-dire d’une fille encore vierge, quelle merveille se trouvait dans le signe que Dieu voulait donner ? 2 Pourquoi dit-il que ce signe n’aura rien de commun avec ce qui arrive dans la génération des premiers-nés ? Mais ce qui était un signe vraiment extraordinaire, ce qui devait être un signe certain pour tous les hommes, c’est que celui qui existe avant toutes choses, et qu’on appelle le premier-né, prit chair et naquit véritablement d’un sein resté vierge. Aussi Dieu le donna-t-il d’avance, ce signe merveilleux, l’annonçant par son Esprit saint de différentes manières, comme je vous l’ai déjà montré, afin que l’événement arrivé, on y reconnût la même puissance, la même volonté que le Créateur de toutes choses signala, quand il fit naître Ève d’une côte d’Adam, quand d’une seule parole il donna l’être à tout ce qui existe. Mais vous autres, que faites-vous ? 3 Vous osez réformer la version des soixante-dix vieillards ; vous prétendez qu’ils ont mal traduit le passage qui nous occupe, et qu’il faut dire : « Voici qu’une jeune fille enfantera, etc. »
Quelle grande merveille serait donc annoncée, s’il s’agissait d’une femme ici qui dût concevoir comme il arrive à toutes celles qui sont encore jeunes, à moins qu’elles ne soient stériles ? Et même celles-ci, « Dieu ne peut-il pas les rendre fécondes, s’il le veut ? » n’est-ce pas le prodige qu’il opéra en faveur de la mère de Samuel, de la femme du saint patriarche Abraham, d’Elisabeth, mère de saint Jean, et d’autres encore ? Vous ne devez donc pas douter que Dieu ne puisse le faire s’il veut.
Et lorsqu’il a annoncé qu’il réaliserait dans la suite sa volonté par un fait, comment osez-vous altérer la prophétie ou lui donner une fausse interprétation qui la détourne de son véritable sens ? Songez-y, vous ne faites ici de tort qu’à vous seuls, vous ne pouvez nuire à Dieu.