Le Verbe de Dieu va venir et ne tardera pas.
« Le Seigneur m’a répondu et il m’a dit (Habuc., II, 2) : écris cet oracle distinctement sur une tablette afin qu’on le lise sans peine : ce qui a été révélé s’accomplira en son jour : il apparaîtra tard, et non pas en vain ; il diffère, mais non en vain ; s’il tarde à paraître, attendez-le ; celui qui doit venir viendra et ne différera pas ; s’il se soustrait, mon âme ne se complaît pas en lui : mais le juste vivra de ma foi. » En ce lieu encore le prophète annonce clairement la venue de celui qui est prédit. Mais quel est-il, sinon celui qui a été désigné précédemment en ces termes : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le Seigneur est Dieu, et sa lumière s’est levée sur nous » (Ps., CXVII, 26) ? Il dit que celui qui est comme une lumière apparaîtra tard à la consommation des siècles et Zacharie est d’accord avec Habacuc quand il dit : (Zach., VI, 12) « Voici l’homme : l’Orient est son nom : il germera dans cette terre. » Habacuc en désigne le temps lorsqu’il dit : « Sur le soir apparaîtra la lumière, s’il tarde à paraître, attendez-le. » Cependant Aquila traduit de la sorte : s’il tarde, recevez-le, car il viendra et ne tardera pas. C’est à ce passage que l’épître aux Hébreux, fait allusion en ces termes (Héb., X, 35) : « Ne perdez donc pas la confiance que vous avez, et qui doit recevoir une grande récompense ; car la patience vous est nécessaire afin que faisant la volonté de Dieu vous obteniez l’effet de ses promesses ; encore un peu de temps et celui qui doit venir viendra et il ne tardera point ; mais le juste vivra de ma foi ; que s’il s’éloigne mon âme ne se complaît plus en lui. » Observez bien que ce que le prophète n’exprime qu’obscurément, parce qu’il ne le touche qu’en passant, l’épitre de l’Apôtre l’expose avec plus de clarté. Le prophète s’exprime de la sorte : « Celui qui doit venir viendra et il ne différera pas. » Il ajoute. « S’il se soustrait, mon âme ne se complaît pas en lui. » Avec cette connexion ces paroles semblent se rapporter à celui qui doit venir et qui ne tardera pas : ce qui est absurde. Comment en effet-dire de lui que Dieu ne se complaît pas en lui ? Mais la distinction qui est faite ici en changeant l’ordre des paroles, conserve le sens ; car après avoir dit : « encore un peu de temps et celui qui doit venir viendra ; il ne différera pas, » il est ajouté aussitôt : « Mais le juste vivra de ma foi. » Et il renvoie après ce qui est mis d’abord en la prophétie : « S’il se soustrait, mon âme ne se complaît pas en lui. » Car la prophétie annonçant que la lumière promise aux nations à la venue du Christ apparaîtra tard et sur le soir, et ne trompera pas leurs espérances ; c’est ainsi en effet que traduit Aquila au lieu de dire en vain ; comme l’avènement de celui qui est annoncé ne doit reluire que tard et sur le soir, le prophète exhorte l’auditeur et dit : « S’il tarde, attendez-le, ou s’il diffère, recevez-le, car celui qui doit venir viendra et ne différera pas, » et il l’excite à la foi des promesses lorsqu’il ajoute que celui qui aura embrassé cette foi, justifié par sa croyance, vivra de la vie selon Dieu ; au contraire pour l’incrédule qui ne se rassure pas quand il diffère, et qui n’ajoute pas foi aux promesses : « Mon âme ne se complaît pas en lui. » Ainsi donc d’après ce que nous venons de dire, si l’on rejette à la fin ce qui précède, et en transportant au commencement ce qui est dit ensuite, nous sauvons le sens du passage, en joignant par hyperbate à ces paroles : « celui qui doit venir viendra et ne tardera pas » celles-ci : « Mon juste vivra de la foi. » ni nous lisons ensuite ; « S’il se soustrait, mon âme ne se complaît pas en lui. » Aquila embrasse ce sens quand il dit : « S’il diffère recevez-le ; car il viendra et ne tardera pas. Mais s’il diffère, mon affection ne sera pas entièrement sur lui, et le juste vivra de sa foi. »