Qui me délivrera de ce corps de péché ! Oh ! mon Dieu, si tu voulais m’affranchir de la tyrannie de la tentation et du malin ! Si tu voulais me rendre le bien aussi doux, aussi facile que le mal m’est doux et facile parfois, combien je serais heureux ici-bas ! Mais qu’ai-je dit ? n’est-ce pas un blasphème ? cette volonté, ne l’as-tu pas ? comment se fait-il qu’elle ne se soit pas encore accomplie ? Hélas ! parce que je ne te le demande pas, parce que, du moins, je ne te le demande pas avec foi. Je voudrais être changé sans prière, sans vigilance ; changé par l’effet magique d’une parole ; ce qui m’est pénible, ce n’est pas le péché, c’est le regret qui le suit ; ce que j’aime, c’est peut-être moins la sanctification elle-même que l’affranchissement des remords. Je suis souffrant, malheureux sous les serres de Satan, et alors je te prie de m’en délivrer. Mais le bien, mais toi, je sens, Seigneur, que je ne t’aime pas comme je devrais t’aimer. Hélas ! mon faible amour pour toi m’apparaît parfois comme une vaine imagination, comme une pure théorie. Mon esprit me dit que je dois t’aimer, mais mon cœur reste vide d’amour pour toi ! Mon Dieu, aie pitié de moi, donne-moi un autre cœur, arrache cette pierre de mon sein, et mets en sa place un cœur de chair, un cœur aimant. Quelle énigme ! que je puisse te connaître et ne pas t’aimer ; approuver le bien et ne pas le faire ; détester le mal accompli, et soupirer après le mal à accomplir ; recommencer chaque jour ce que j’ai blâmé la veille ; refaire aujourd’hui ce qui m’a rendu malheureux hier ! oh ! comme la main de Satan est visible dans cette œuvre ! Mon Sauveur, délivre-moi de mon adversaire ; brise ses armes ; tends-moi la main, et me relève. Mon Dieu, combats pour moi, donne-moi la victoire sur le péché, et que je repose, paisible, dans l’accomplissement de ta sainte volonté.