Nous trouvons les mêmes précautions chez les Égyptiens. Au lieu de révéler à tous indistinctement le sens de leurs mystères, et de confier aux profanes la connaissance des choses divines, ils n’admettaient à ces initiations que ceux qui étaient destinés à la royauté, et ceux d’entre les prêtres qui avaient pour eux la triple recommandation de l’éducation, de la doctrine et de la naissance.
Les symboles de l’Égypte ont donc, par leur sens énigmatique, un grand rapport avec les symboles des Hébreux. L’allégorie égyptienne représente le soleil tantôt sous la forme d’un navire, tantôt sous la forme d’un crocodile. Elle veut indiquer par là que le soleil, traversant l’air doux et humide, engendre le temps dont le crocodile est la ligure emblématique, suivant une autre tradition sacerdotale. À Diospolis, ville d’Égypte, on voit, dit on, dans un lieu que l’on appelle le Vestibule sacré, un petit enfant, symbole de la naissance, et un vieillard, symbole de la mort. À côté d’eux, un épervier figure la Divinité, un poisson, la haine. À l’extrémité du tableau allégorique un crocodile exprime l’impudence. L’ensemble du symbole nous parait avoir cette signification :
« Ô vous qui naissez et qui mourez, n’oubliez pas que Dieu hait l’impudence. »
Les prêtres égyptiens fabriquent encore avec une matière précieuse des oreilles et des yeux, qu’ils consacrent et suspendent dans les temples, sans doute pour avertir les assistants que la Divinité est tout yeux et tout oreilles. Joignez à cela que le lion est chez eux le symbole de la force et du courage ; que le bœuf représente indubitablement la terre, l’agriculture, les aliments ; que le cheval est l’emblème du courage et de l’indépendance, et que le sphinx unit la force à l’intelligence, puisqu’il a tout le corps du lion et le visage de l’homme. Veulent-ils désigner la perspicacité, la mémoire, la puissance, l’art et l’industrie ? Par un procédé semblable, ils sculptent dans leurs temples l’effigie d’un homme. En outre, dans les banquets des dieux, qu’ils nomment komasies, ils portent autour des tables quatre statues d’or ; la première et la seconde statues représentent un chien, la troisième un épervier, et la quatrième un ibis. Ils appellent ces quatre effigies les quatre lettres. Les deux chiens sont les symboles des deux hémisphères, parce que ceux-ci roulent sur eux-mêmes dans une orbite qu’ils gardent invariablement. L’épervier figure le soleil avec ses rayons enflammés, et sa puissance de destruction ; car les Égyptiens attribuent au soleil les maladies pestilentielles. L’ibis représente la lune ; ses plumes noires rappellent l’ombre, et ses plumes blanches la lumière de cette planète. Selon une autre interprétation, les deux chiens désigneraient les deux tropiques, sentinelles vigilantes qui, placées l’une au seuil des régions australes, l’autre au seuil des régions boréales, surveillent la marche du soleil quand il s’avance vers l’un de ces points. L’épervier serait la ligne équinoxiale, à cause de l’élévation de cette ligne et de la chaleur qui la brûle; l’ibis signifierait le cercle oblique, autrement le Zodiaque. Car c’est l’ibis, parmi les autres animaux, comme le cercle oblique, parmi les autres cercles, qui paraissent avoir conduit les Égyptiens à la découverte de la numération et de l’arpentage.