Signes que le prophète donne des temps de la descente du Seigneur parmi les hommes : l’abrogation complète des rites judaïques ; la connaissance du Dieu annoncé par les prophètes répandue chez les nations ; la paix très-profonde de tous les peuples.
« Peuples, écoutez tous ; que la terre et ceux qui l’habitent prêtent l’oreille : le Seigneur sera témoin contre vous ; le Seigneur qui est en son saint temple : car voici que le Seigneur sortira de son saint temple ; il descendra et marchera sur les hauteurs de la terre. Sous ses pas les montagnes tressailleront, et les vallées disparaitront comme la cire à l’aspect de la flamme, comme les eaux entraînées dans l’abîme : et tout cela à cause du crime de Jacob et de l’iniquité de la maison d’Israël » (Michée, I, 2). Après plusieurs autres prédictions, il ajoute « Ecoutez donc ces dernières paroles, princes de la maison de Jacob et de la maison d’Israël, qui haïssez le jugement et qui pervertissez la justice, qui bâtissez Sion avec le sang et Jérusalem sur l’iniquité. Ses princes jugeaient pour un présent, et ses prêtres enseignaient pour un salaire ; ses prophètes prédisaient pour de l’argent, et ils se reposaient sur le Seigneur, en disant : Le Seigneur n’est-il pas au milieu de nous ? les maux ne viendront pas sur notre tête (Michée, III, 9). Aussi, à cause de vous, Sion sera labourée comme un champ, et Jérusalem sera comme la cabane d’un berger, et la montagne du temple deviendra une forêt. Et au dernier des jours la montagne du Seigneur sera apparente, elle sera préparée sur le haut des monts, élevée au-dessus des collines. Les peuples se hâteront vers elle et les nations accourront en disant : Venez, et montons à la montagne du Seigneur et à la maison du Dieu de Jacob ; on nous enseignera sa voie, et nous marcherons dans ses sentiers, parce que la loi sortira de Sion, et la parole du Seigneur, de Jérusalem (Id., IV, 1). Il jugera au milieu de la multitude des peuples, il châtiera des nations puissantes jusqu’aux extrémités de la terre. Les peuples feront de leurs épées des socs de charrue et des faux de leurs lances. Une nation ne lèvera plus le glaive contre une nation ; ils n’apprendront plus à se combattre. Chacun se reposera sous sa vigne et sous son figuier ; et nul ne les troublera, parce que le Seigneur tout puissant a parlé. » Déjà ces paroles ont été discutées précédemment et en leur lieu, et il a été démontré que ce n’est qu’à l’époque de la manifestation de notre Sauveur Jésus-Christ, que les lieux jadis vénérés des Juifs, nommés montagne de Sion et Jérusalem, et les édifices qui y étaient élevés, c’est-à-dire le temple, le Saint des saints et l’autel, avec tout ce qui y était consacré en l’honneur de Dieu, furent ruinés et ébranlés, selon la prophétie ainsi conçue : « Voici que le Seigneur sortira de son saint temple ; il descendra sur les hauteurs de la terre, les montagnes tressailleront sous ses pas. » Après leur ébranlement, les âmes de ceux de la circoncision, nommées vallées à cause de leur bassesse, par comparaison aux anciennes hauteurs, et plongées dans la douleur par la ruine des lieux indiqués, disparaîtront comme la cire devant le feu, et comme l’eau entraînée dans l’abîme, à cause de la multitude de ceux qui, en ces lieux, tombent tous les jours d’un état supérieur en une condition pire. Or il dit que tout arrivera à cause du crime de la maison de Jacob, et de l’iniquité de la maison d’Israël. » En continuant il fait connaître quels furent ce crime et cette iniquité : « Vous, dit-il, qui haïssez le jugement et qui pervertissez la justice ; qui bâtissez Sion dans le sang et Jérusalem sur l’iniquité. » Sur leur sang coula celui qui fut cause de leurs derniers malheurs, et dont ils dirent cette parole impie : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (Matth., XXVII, 25) ! Pour cela il est dit : « Sion sera labourée comme un champ ; Jérusalem sera comme une cabane déserte. » Ce qui n’a jamais eu son accomplissement véritable qu’après l’entreprise sacrilège contre notre Sauveur ; car dès lors et jusqu’à ce jour, une funeste désolation régna en ces lieux ; et au lieu de la méditation et de l’enseignement ancien des prophéties et des paroles divines, que les Juifs, les prophètes amis de Dieu, les prêtres et les docteurs de la nation expliquaient avec zèle, le mont de Sion, à la gloire antique, réduit à ne pouvoir plus être distingué d’une terre profane, est labouré par des Romains ; de sorte que nous l’avons vu de nos yeux sillonné par les bœufs, et ensemencé. Jérusalem elle-même est devenue comme une cabane déserte, dépouillée des fruits qu’elle produisait autrefois ou plutôt, elle est changée en un amas de pierres, suivant le texte hébreu. Aquila dit : « Aussi, à cause de vous, la terre de Sion sera labourée, et dans Jérusalem seront choisies des pierres. » En effet, peuplée par des étrangers, aujourd’hui encore on y cherche des pierres ; » car tous ceux qui habitent cette ville à cette époque, cherchent dans ses ruines des pierres pour leurs édifices particuliers, communs et publics, et les yeux peuvent voir le triste spectacle des pierres du temple et des lieux autrefois inaccessibles et saints, recueillies pour les temples des idoles et les théâtres destinés à la foule. Quand ces événements sont si sensibles à tous les yeux, il est évident aussi que la nouvelle loi, et la parole de la nouvelle alliance de notre Sauveur Jésus-Christ en sont sorties ; d’autant plus qu’une innombrable multitude de peuples, et des nations diverses ont abandonné les dieux de leur patrie, et les antiques erreurs de la superstition pour invoquer le Dieu suprême. C’est pourquoi ils jouissent d’une très-grande paix, de sorte qu’il n’y a plus une multitude de puissances ni des pouvoirs établis sur les contrées, ni glaive d’une nation tiré contre une autre, ni entreprises guerrières entre les peuples, mais que chaque laboureur se repose sous sa vigne et sous son figuier, car personne ne vient le troubler, d’après la prophétie. Comme ces événements ne se sont jamais consommés que sous la domination romaine, de la manifestation de notre Sauveur à nos jours, je regarde comme incontestable ment démontré l’accomplissement des temps assignés par les prophéties à l’arrivée du Seigneur parmi les hommes.