La Bible ne parle jamais de sacrifices sanglantsc. Elle n’a pas de mot propre pour les désigner ; Zébach זבח qui plus tard signifie presque toujours un sacrifice sanglant, ne se trouve jamais dans le Pentateuque que dans le sens de sacrifice de prospérité. Mais comme le seul sang que l’Éternel permette de verser, est le sang des animaux, nous avons dans Lévitique 1.2, la périphrase : Korbanmin habbehéma, קרבן מן הבהמה, offrande de gros ou de menu bétail. En effet, Ghillany et d’autres peuvent s’amuser à écrire des livres (Sacrifices d’êtres humains chez les anciens Hébreux, 1842), pour prouver que les sacrifices humains constituaient une partie essentielle du culte de Moïse ; il n’en est pas moins vrai que le culte de Moloch et les immolations d’enfants dont il était accompagné, sont considérés comme une abomination dans Deutéronome 12.31 ; Lévitique 18.21 ; 20.2. Rappelez-vous aussi Genèse 22.2 ; Exode 13.13 ; 34.20 et sq. L’homme n’a de pouvoir sur la vie humaine que lorsqu’il s’agit de punir le crime.
c – Les sacrifices non-sanglants sont pris dans le règne végétal.
[L’interdit est une punition plutôt qu’un sacrifice. Jérémie 46.10, lui donne bien le nom de Zébach, mais ce ne peut être que dans un sens très large, car, loin de consister dans l’offrande d’un don qui serait fait à l’Éternel et déposé sur son autel, c’est au contraire une expulsion, une excommunication. Si David livre aux Gabaonites sept hommes d’entre les descendants de Saül, il ne faut point voir là une sanction des sacrifices humains, mais seulement une extension exceptionnelle du droit dont jouissaient les garants du sang. — D’après Ezéchiel 20.25 et sq., il paraît que les Israélites avaient conclu des lois relatives aux premiers nés (Exode 13.2, 11, sq.), qu’il leur était permis et même ordonné de sacrifier leurs enfants comme le faisaient plusieurs autres peuples sémitiques. Mais c’était un malentendu. Il faut lire Ezéchiel 20.25, cum grano salis. — Un passage comme Michée 6.7, peut nous donner une idée de la manière en laquelle les sacrifices d’enfants s’introduisirent chez les Israélites. Puis, la sainte jalousie de son Dieu pouvait sans trop de peine conduire ce peuple encore grossier à identifier l’Éternel avec Moloch, le Dieu du feu. « Notre Dieu aussi est un feu consumant. »]
Pour les sacrifices non-sanglants, nous avons deux expressions : Mincha (don) et Mécek (libation) מנ_הּ et נסכ.ֻ. La première désigne les offrandes solides et la seconde les offrandes liquides (vin). Ils sont moins importants que les sacrifices sanglants, précisément parce que le sang en est absent. C’est pour cela que, si quelquefois (Lévitique 5.11 ; 6.12 ; Nombres 5.15 et sq.d) ils constituent à eux seuls tout le sacrifice, le plus souvent cependant nous les trouvons unis à des sacrifices sanglants, où ils jouent à peu près le même rôle que le corps de la victime une fois qu’elle est immolée ; ce sont des dons que l’on dépose sur l’autel une fois que le sang expiatoire a coulé. Ils supposent que l’expiation est accomplie, et sous ce rapport ils sont dans une relation de dépendance vis-à-vis des sacrifices sanglants, dépendance qui résulte encore du fait qu’il y a proportion entre la valeur des offrandes ou des libations et celle des victimes.
d – Voyez aussi les premiers épis, les pains de proposition et les pains de la fête de Pentecôte.