Dieu finira par détruire tous ceux qui se seront opposés avec persistance à ses vues de miséricorde. « Le Dieu saint se sanctifiera par la justice. » (Ésaïe 5.16)a Ce grand jour de jugement est appelé le jour de l’Éternelb, le jour de la colère de l’Éternel (Sophonie 2.3), le grand, et terrible jour de l’Éternel (Malachie 4.5) ; alors sera profondément abaissée toute hauteur terrestre et Dieu seul demeurera haut élevé (Ésaïe 2.17 ; 5.16). Quand on lit dans Joël 2.3 ; Ésaïe 13.9 ; Sophonie 1.15, la description de cette redoutable journée, on est frappé de voir tous les bouleversements physiques dont sera accompagnée la manifestation de la justice de Dieu. Ne seraient-ce peut-être pas de simples images poétiques ? Aucunement ! il y a, aux yeux de la Bible, un rapport intime entre la nature et le monde moral.
a – Voyez ce que nous avons dit aux § 41 et 47, sur le rapport qu’il y a entre la sainteté et la justice divines.
b – C’est Joël qui a le premier employé cette expression.
Si nous nous demandons maintenant, dans quel ordre se succéderont le jugement des Israélites et celui des Païens, on pourrait croire, d’après Sophonie ch. 1, qu’ils auront lieu simultanément et qu’un seul et même feu consumera en ce jour toute la surface du globe.
Mais à la lumière d’autres passages on ne tarde pas à se convaincre que Pierre a raison de dire que le jugement de Dieu commence par sa maison. Le jugement, des Païens n’aura lieu que plus tard et il sera le signal de la rentrée en grâce du peuple de l’Éternel.
[Si Amos, ch. 1, place au premier rang le jugement des peuples païens, c’est uniquement pour dire par là : Si l’Éternel châtie ainsi ceux qui pèchent contre son peuple, comment ne châtierait-il pas. ceux qui pèchent contre Lui ?]
« Je n’ai connu que vous d’entre toutes les familles de la terre, c’est pourquoi je punirai sur vous toutes vos iniquités. » (Amos 3.2) Le même peuple qui est le vivant monument de l’amour de son Dieu, doit aussi proclamer hautement par ses malheurs la justice de l’Éternel : « J’exécuterai mes jugements au milieu de toi aux yeux des nations. » (Ézéchiel 5.8) Pour le peuple infidèle, tous les gages d’élection qu’il a pu recevoir de Dieu se changent en autant de gages de châtiment. Il y a des cœurs légers qui se tranquillisent en répétant : « C’est ici qu’est le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel ! » Mais Jérémie 7.4-15 leur rappelle que jadis le sanctuaire de Silo n’a point échappé au jugement du ciel, et c’est précisément par le sanctuaire et par ceux qui sont préposés à sa garde qu’Ezéchiel, dans sa grandiose vision du chap. 9, voit commencer ce redoutable jugement.
Au reste, on peut remarquer depuis les plus anciens jusqu’aux derniers prophètes un progrès historique dans la manière dont ils dépeignent la ruine à laquelle leur patrie n’échappera pas. Dans Joël, Juda en est encore quitte pour une épreuve sévère, mais partiellec et qui fait rentrer le peuple en lui-même. Dans Amos, c’est le châtiment des dix tribus qui forme le premier plan. Dieu a sérieusement et à plusieurs reprises averti par des coups sensibles (Amos 4.6-11 ; 7.1-9) ce royaume pécheur (Amos 9.8). Mais tout a été inutile ; il n’y a plus de remède pour lui. Pour Juda, moins corrompu, il est question de brèches, de ruines et de renversements ; mais il n’est point dit encore, comme c’est le cas pour Israël, que Juda doive être aboli de dessus la surface de la terre. Dans Osée 2.2, en revanche, du moins, d’après une certaine interprétation, il est parlé du rejet de Juda ; et à partir de la ruine de Samarie, qui ne réussit pas à ramener Jérusalem à une repentance durable, les prophètes ne cessent d’annoncer la destruction du temple, la désolation du pays et l’exil du peuple. C’est Babylone, à ce qu’annoncent les premiers Michée et Esaïe (Michée 4.10 ; Ésaïe 39.6), qui sera le lieu de déportation.
c – Partielle, disons-nous, car la dispersion dont il est parlé au commencement du dernier chap., v. 1 et 2, n’est pas encore le grand exil babylonien.
Le jugement qui atteindra les Israélites ne sera rien d’autre que la rupture de l’alliance que Dieu a traitée avec eux(§ 89) ; aussi seront-ils chassés du sol sacré de la théocratie, loin duquel il n’y a point pour eux possibilité de répondre à leur mission ; le culte sera aboli ; la présence de l’Éternel se retirera du sanctuaire qu’ils auront profané ; en l’abandonnant, elle semblera le livrer aux profanations des Gentils. Israël sera longtemps sans roi, sans princes, sans sacrifices (Osée 3.4) ; dispersé parmi les Gentils il n’aura qu’un pain impur à manger (Osée 9.4 ; Lamentations 2.6).