« La raison ou nature commune, s’augmentant et grandissant graduellement, finira par dessécher toutes choses ; car, après s’être résumée eu elle-même, elle s’étendra à toute la matière ; étant revenue au premier lieu dont nous avons parlé, et se portant jusqu’à sa plus grande extension, qui clôt la révolution de la grande année : par l’action d’elle-même sur elle-même, elle produira l’apocatastase, ou réintégration de l’univers. Étant revenue, dis-je, par la même marche qu’elle avait suivie en établissant l’ordre premier, dans le monde, elle fait sa retraite suivant la même règle : les mêmes révolutions se répétant sans relâche depuis l’éternité (principe ancien du monde). Car une même cause d’existence originelle ne peut pas appartenir également à tout, et à celui qui a tout organisé : savoir, à la matière qui est la base de toutes les créations successives, et qui tient de la nature d’admettre dans son sein tous les changements, et à celui qui a su la modifier pour en former toutes choses. Telle est, parmi nous, la nature active qui met en œuvre : telle a dû être nécessairement, dans le principe, la nature incréée qui a fondé l’univers. Le commencement d’existence n’a jamais pu convenir à une semblable nature. De même qu’elle est éternelle, à priori, de même elle ne pourra jamais s’anéantir dans l’avenir ; ni parce qu’elle tirerait d’elle-même le principe de sa destruction, ni parce qu’elle trouverait en dehors d’elle une force capable de l’accomplir. »