Échec à la dépression

INSTANT APRÈS INSTANT

Les ouvriers de la Croix Bleue n’ignorent pas qu’un buveur peut rechuter plusieurs fois, même après un temps de réelle victoire. Non qu’il doive inévitablement tomber sans espoir d’échapper un jour à l’attrait du vin (qui a bu, boira … dit-on). Mais à l’instant « où le diable s’éloigne de lui jusqu’à un moment favorable » (Matthieu 4.13), il cesse – trop sûr de lui – de se confier en Celui qui est sa victoire. Or, la victoire ne tient que par la présence du Vainqueur. Le buveur relevé pense : « Je suis fort maintenant … ». Du même coup, il congédie le Seigneur au lieu de « se revêtir » de lui pour être protégé à « l’heure de la tentation ». Heureusement, ceux qui s’occupent de cas semblables, ne se découragent pas dès la première chute. Bien au contraire ! Ils continuent de les aider à tenir bon, à s’accrocher non à de fragiles victoires ou à de non moins fragiles signatures, mais au Christ lui-même, le Libérateur.

Les dépressifs sont aussi des êtres faibles – et en réalité qui ne l’est pas sur un point particulier ? – et après un temps de victoire où ils paraissent enfin émerger de leur brouillard, ils peuvent parfois retomber plus bas. Ils me font penser à l’apôtre Pierre marchant sur les eaux à la rencontre du Seigneur. Aussi longtemps qu’il regarde le Maître, il avance sans enfoncer. Dès qu’il détourne de lui les yeux, il s’affole et coule, effrayé.

Nous voudrions, qu’il s’agisse de notre sanctification ou de notre santé psychique, que Dieu nous accorde d’emblée une pleine guérison. Une fois pour toutes. On souhaiterait qu’il nous remonte comme une pendule dont le poids est à bout de course. Or, il n’en est rien, ce qui nous rend perplexes. Nous regardons à la victoire sur le péché, à notre guérison, à nos progrès … et les voilà qui s’envolent. Alors nous sommes déçus et enclins à douter. Nous murmurons : « C’est inutile ! Nous sommes incurables ».

Ah ! Comme nous aimerions recevoir une grande provision de force ; devenir « riches pour plusieurs années » (Luc 12.19), en sorte qu’il ne nous soit plus nécessaire de nous attendre à Jésus-Christ ! Au fond de nous-mêmes, nous souhaiterions ne plus dépendre du Seigneur et pouvoir dire : « Je n’ai plus besoin de toi : Je puis voler de mes propres ailes. Désormais, je suis un magnifique chrétien … A moi la gloire ! » De cette indépendance-là, Dieu n’en veut pas.

J’imagine le Sauveur nous soufflant à l’oreille, avec tendresse : « Mon enfant, il te faudra compter sur moi instant après instant ». Vous et moi, nous sommes comme le jeune enfant vivant chez ses parents. Jamais le père ou la mère ne lui remettront un gros paquet en disant : « Tiens, voilà de la nourriture pour deux mois. Maintenant, débrouille-toi ». Non, ce serait pour son plus grand malheur. Au contraire, l’enfant devra revenir à la maison pour chaque repas, pour la veillée comme pour le repos de la nuit. Constamment. Et pas un instant il ne pourra se passer des siens, vivre dans l’indépendance.

Simpson, l’auteur d’une excellente brochure (Lui-même) d’où sont tirées les lignes qui suivent, écrivait : « Dieu m’a donné une grande fortune portant à mon crédit d’innombrables millions. Puis, il m’a donné un carnet de chèques avec cette seule condition : Tu ne pourras jamais retirer plus d’argent qu’il n’est nécessaire pour tes besoins du moment. Cependant, ajoute l’auteur, chaque fois que j’avais besoin d’un chèque, il était signé du nom de Jésus … et cela ajoutait à sa gloire. »

Mais, objectera-t-on, n’est-ce pas un véritable esclavage que d’être tenu de regarder constamment à Lui pour recevoir ses biens ? Pour continuer de recevoir ? Parler ainsi est déraisonnable. L’obligation de rentrer tous les jours à la maison pour chaque repas n’a jamais été une épreuve pour l’enfant. On ne parle pas d’esclavage lorsqu’il s’agit d’aller vers ceux qu’on aime.

En définitive, le secret de toute victoire durable, c’est une communion étroite avec Jésus. C’est la contemplation de Celui en qui « nous avons tout pleinement » (Colossiens 2.10). De Celui qui est la santé de mon âme, mon salut et mon bonheur. Hors de lui, je suis un être vaincu. Aussi est-il de première importance que je m’approche de lui sans cesse pour le louer et lui obéir. Pour proclamer sa victoire sur la croix. Pour affirmer selon les Écritures qu’il s’est chargé de nos maladies, « Lui par les meurtrissures duquel nous avons été guéris » (1 Pierre 2.24). Pour déclarer qu’il est le vainqueur de Satan et des ténèbres. Vainqueur de nos tourments, de nos obsessions, de notre désarroi. C’est pourquoi, cherchons continuellement sa face et adorons le Fils dont la sollicitude à notre égard est infinie. Accueillons maintenant l’Auteur de toute bénédiction qui veut, plus que nous, notre équilibre et notre joie.

« Approchons-nous de lui avec assurance …
Pour être secourus dans tous nos besoins … »
(Hébreux 4.16)

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