Protection contre la séduction

PREMIÈRE PARTIE

HONORONS L'ESPRIT SAINT DE DIEU

Le mélange produit la confusion et la division

Si je voulais résumer l'ensemble de ce phénomène ou mouvement, je dirais, en m'appuyant en partie sur des observations personnelles et sur des rapports sérieux qui m'ont été fournis, qu'il s'agit là d'un mélange d'esprits : ceux de l'Esprit saint et d'esprits impurs mélangés ensemble.

Dans Lévitique 19.19, Dieu nous avertit contre le mélange. Il y est opposé :

« Vous observerez mes prescriptions. Tu n'accoupleras pas des bestiaux de deux espèces différentes ; tu n'ensemenceras pas ton champ de deux espèces de semences ; et tu ne porteras pas un vêtement tissé de deux espèces de fils. »

Dieu nous met en garde contre trois choses : accoupler deux espèces différentes, ensemencer ensemble deux variétés de grains et tisser un vêtement de deux espèces de fils.

Nous pouvons dire qu'ensemencer deux espèces de grains représente le message que nous apportons s'il est composé en partie de vérité et en partie d'erreur. Porter un vêtement tissé de deux fils est une représentation du style de vie en partie en accord avec l'Écriture et en partie avec le monde. Accoupler deux espèces animales, c'est un peu comme si une communauté chrétienne, ou un serviteur de Dieu, travaillait avec un groupe ou un dirigeant qui n'est pas chrétien.

Il est intéressant de noter qu'un tel accouplement dans la nature produit un animal stérile. Par exemple, une jument et un âne produisent une mule, qui est toujours stérile (elle ne peut se reproduire). Je pense que c'est pour cette raison que de nombreuses actions dans les églises sont « stériles » lorsque le monde chrétien « s'accouple » avec le mauvais partenaire.

J'ai observé attentivement et j'ai fait l'amère expérience que procure un tel mélange d'esprits. Je trouve que l'Écriture nous en avertit souvent. Par exemple, le roi Saül, personnage biblique bien connu, avait un esprit dualiste. Par moments il prophétisait dans l'Esprit saint, puis l'instant d'après il prophétisait dans un esprit démoniaque. Sa carrière est pour nous un avertissement. Il a régné quarante ans. Il a été un chef militaire talentueux et a remporté beaucoup de victoires, mais son existence a été de double nature, ce qui a précipité sa fin tragique. Il est allé consulter une magicienne la dernière nuit de sa vie, et le lendemain il s'est suicidé sur le champ de bataille. Voilà qui n'encourage personne à cultiver un mélange spirituel dans sa vie !

J'ai observé que le résultat d'un tel mélange est double : il procure tout d'abord la confusion, ensuite la division. Prenons l'exemple d'une prédication dont une partie est inspirée de la vérité biblique, et l'autre est erronée. L'auditoire réagit de deux manières : certains voient le bon côté du message et se concentrent dessus, et par là même acceptent aussi l'erreur ; d'autres n'y voient que l'erreur, et par conséquent rejettent la partie inspirée du message. Dans les deux cas, le dessein de Dieu ne peut s'accomplir.

J'ai été pasteur il y a très longtemps et je me souviens que les personnes les plus difficiles à gérer dans la congrégation sont celles qui vivent dans un tel mélange. Je vous propose un exemple imaginaire. Voici sœur Martin. Un dimanche, elle délivre une prophétie si belle que tout l'auditoire est encouragé. Deux dimanches passent et voici qu'elle se lève et nous fait part d'une révélation qu'elle a eue en songe. Plus elle parle, plus cela devient confus. Alors, étant le pasteur, je dois lui dire : « Sœur Martin, je vous remercie, mais je crois que cela ne vient pas du Seigneur ! » Et elle se rassied ; mais ce n'est pas fini pour autant.

Après la réunion, sœur Dupont vient me voir et dit : « Frère Prince, comment avez-vous pu parler à sœur Martin de cette manière ? Ne vous souvenez-vous pas de la belle prophétie qu'elle a donnée il y a deux dimanches de cela ? » Lorsque sœur Dupont me quitte, frère Dupuis lui succède et me dit : « Si c'est cette sorte de révélation qu'a sœur Martin, je n'écouterai plus jamais ses prophéties ! »

Voyez-vous à quoi nous aboutissons ? Nous parvenons à la confusion, puis à la division. Voilà ce qui, je crois, se produit actuellement dans l'Église : la confusion et, en conséquence, son corollaire, la division. Et les divisions sont démesurées ! Je pense que la confusion produira toujours la division.

La Bible ne nous donne aucune liberté de tolérer l'incursion du mal dans l'Église. La passivité nous est interdite, tout autant que la neutralité. Le Proverbe 8.13 dit :

« La crainte de l'Éternel, c'est la haine du mal. »

C'est pécher que de se compromettre avec le mal, et c'est pécher que de demeurer neutre vis-à-vis du mal. Dans Jean 10.10, Jésus nous dit que «, le voleur, le diable, vient pour voler, tuer et détruire ». Nous devons nous rappeler, tant au niveau intellectuel qu'à celui de l'assemblée, que le diable vient avec trois objectifs : voler, tuer et détruire.

Je me souviens d'avoir souvent eu à parler à une personne qui avait besoin d'être libérée d'un esprit mauvais. Je lui disais alors : « Rappelez-vous que le diable a trois bonnes raisons pour être dans votre vie : pour voler, pour tuer et pour détruire. Il faut que vous vous déclariez fermement opposé à son action, que vous ne restiez pas neutre, mais que vous le chassiez de votre vie ! » Ce qui est vrai au niveau intellectuel l'est aussi au niveau de l'assemblée. C'est vrai pour le corps de Christ dans le monde entier.

Pour en revenir au mouvement en question et à ses manifestations, certaines d'entre elles ont été comparées à celles qui ont accompagné les ministères de grands serviteurs de Dieu tels que John Wesley, George Whitfield, Jonathan Edwards et Charles Finney. Des manifestations inhabituelles ont sans conteste accompagné les ministères de ces quatre hommes ; j'ai étudié plusieurs d'entre eux et je pense que les différences avec les manifestations actuelles sont plus nombreuses que les similitudes. Laissez-moi vous montrer trois différences.

La première est que ces quatre hommes prêchaient avec puissance la parole de Dieu avant tout, et rien d'autre que la parole de Dieu. Ils ne faisaient rien sans avoir annoncé d'abord la parole de Dieu. Finney, s'exprimant sur son ministère, disait : « Je parlais habituellement une ou deux heures. » Je connais peu de chrétiens actuellement en Occident qui écouteraient un message durant deux heures. Mais Finney apportait la Parole dans sa pureté et sa puissance.

La deuxième est que ces quatre hommes appelaient leur auditoire à la repentance. C'était leur priorité envers ceux qui les écoutaient. Certains, aujourd'hui, appellent « un temps de rafraîchissement » ce à quoi nous assistons. Mais dans Actes 3.19-20 Pierre dit que « le temps de rafraichissement » doit être précédé de repentance. Tout temps de rafraîchissement qui passe à côté de la repentance n'a pas de fondement biblique.

La troisième est que dans aucun ministère de ces hommes il n'est fait, que je sache, mention d'imposition des mains. Ce n'est pas que l'imposition des mains soit à l'encontre de l'Écriture, mais il y a une différence. Dans certaines circonstances, les personnes reçoivent directement durant la prédication de la Parole, dans d'autres elles reçoivent par l'imposition des mains.

Prenons l'exemple de la pluie. Si vous êtes à l'air libre et qu'il pleut, vous recevez directement la pluie du ciel. Si la pluie est récupérée dans une citerne, et que vous êtes à l'abri, vous ne la recevez pas directement ; il faut prendre en compte la citerne et les conduites qui permettent à l'eau de couler jusqu'à vous.

C'est une expérience que j'ai vécue lorsque ma première épouse Lydia et moi avons habité au Kenya pendant cinq ans, dans une maison où l'eau potable provenait d'une citerne qui collectait les eaux de pluie du toit. Bien que l'eau vînt du ciel, nous avons vite appris que, si elle séjournait un certain temps dans la citerne de béton, des vers se développaient et nous devions toujours la faire bouillir afin qu'elle soit potable. La pluie qui venait du ciel n'avait rien de mauvais en elle-même, mais c'est au passage des conduites et de la citerne qu'elle perdait sa pureté. Je pense que cela peut être vrai de l'imposition des mains ; le canal n'est pas toujours pur !

Récemment certains pasteurs sont passés de l'imposition des mains à d'autres actes comme balancer les mains ou les pointer vers le ciel, ou ailleurs. Cela ne change rien au fait que quelque chose est transmis par ce geste. Sans quoi, il n'est nul besoin d'utiliser les mains. La question importante demeure : Ces mains sont-elles de purs canaux par lesquels l'Esprit saint peut se répandre ?

Il y a peu de temps nous assistions, Ruth et moi, à une réunion à laquelle participaient des pasteurs du mouvement dont il est question. Nous étions assis deux rangs derrière une femme sous l'emprise d'une forte émotion. Elle était constamment agitée de spasmes et sur le point de vomir. J'ai fini par dire à Ruth : « Nous devrions essayer de l'aider. »

Bien que ce ne fût pas une réunion dont nous étions responsables, nous sommes discrètement allés voir cette dame pour lui parler. Nous avons rapidement découvert qu'elle parlait en langues, mais il était évident qu'il s'agissait d'une contrefaçon. Ce n'était pas une langue dans l'Esprit saint. Nous lui avons alors suggéré de déclarer que Jésus est Seigneur à haute voix, mais elle n'a pas voulu, et n'était pas capable de le faire. J'en ai donc conclu qu'elle était sous l'emprise d'un mauvais esprit.

Plus tard, les personnes qui l'accompagnaient sont venues nous demander ce qui pouvait être fait pour l'aider. Je leur ai demandé : « Comment cela s'est-il produit ? » Elles ont répondu : « Elle est allée dans une église engagée dans ce mouvement actuel où quelqu'un lui a imposé les mains, et elle est dans cet état depuis. » Elles ont ajouté : « Elle est convaincue que cela vient de Dieu et nous ne pouvons pas l'aider ! »

Voici un exemple d'une « pluie » collectée dans une « citerne » qui n'était pas pure.

De plus, dans ce mouvement actuel, l'accent est mis sur l'amour. J'approuve que l'amour est plus grand que tout. Mais le problème est que les gens ne cernent pas clairement la nature de l'amour décrit dans le Nouveau Testament. Tout d'abord, l'amour en nous s'exprime par l'obéissance au Seigneur. Toute forme d'amour qui ne résulte pas d'une obéissance n'est pas conforme à l'Écriture.

Dans Jean 14.15, Jésus dit à ses disciples :

« Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements. »

De quelle manière prouvons-nous que nous aimons le Seigneur ? C'est en gardant ses commandements. Puis au verset 21, Jésus dit :

« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime. »

Et dans 1 Jean 5.3, il est dit :

« Car l'amour de Dieu consiste à garder ses commandements. »

Toute forme d'amour qui ne résulte pas d'une obéissance à la volonté de Dieu révélée dans sa Parole est donc un amour non conforme à l'Écriture. C'est une contrefaçon, un substitut de l'amour véritable.

Il nous faut également considérer la manière dont Dieu exprime son amour envers nous. Il est vrai qu'il est notre Père et qu'il nous aime. Mais lorsque cela est nécessaire, il nous discipline comme un Père le ferait. Dans le message délivré aux sept églises de l'Apocalypse de Jean, je dirais que l'église de Laodicée est celle qui correspond le mieux à l'Église en Occident aujourd'hui. Le Seigneur s'adresse à cette église et dit :

« Moi je reprends et je corrige tous ceux que j'aime. Aie donc du zèle et repens-toi ! » (Apocalypse 3.19)

L'amour de Dieu n'est pas fait de sensibleries romanesques, mais il est terre à terre. Si nous nous éloignons de ses voies, et si nous sommes désobéissants, son amour s'exprime par la réprimande et la correction, et il nous ordonne de nous repentir. Une fois encore, nous avons le problème d'essayer d'obtenir les promesses de Dieu en passant outre la condition de repentance primordiale, ce qui est une séduction.

J'ai lu récemment le commentaire suivant d'un enseignant de la Bible britannique : « Certains chrétiens prennent l'expression ‘Dieu est amour’ et la mette à l'envers, ‘l'amour est Dieu’, signifiant ainsi que rien n'est mauvais, pourvu que cela le soit dans l'amour. Cependant, tout amour qui vient se mettre entre nous et Dieu est un amour illégitime. »

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