Démonstration évangélique

LIVRE IV

CHAPITRE II
EN QUEL SENS NOUS DISONS LE FILS DE DIEU ENGENDRÉ AVANT TOUTE CRÉATURE

Dieu établit, avant toute existence, son Fils, la sagesse éternelle, souverainement intelligente, éclairée et parfaitement sage, ou plutôt l’intelligence, la raison, la sagesse elle-même ; s’il est dans les créatures quelque chose de beau et de bon, il le tire de lui-même pour en faire l’essence de ce qui doit. Le Fils est partait, comme œuvre de la perfection ; il est sage, produit par la sagesse, il est bon, comme Fils a un Père excellent. Comment, en effet, se serait-il manifesté à ce qui a reçu l’Etre de lui, sinon par sa perfection, sa sollicitude, sa protection salutaire et bénigne, et par la prudence qu’il montre, en tenant d’une main assurée le gouvernail du monde. Aussi les oracles sacrés l’appellent-ils l’engendré de Dieu ; celui qui est en lui-même l’image fidèle de l’ineffable et incompréhensible Divinité, et qui, pour cette ressemblance auguste est Dieu lui-même. Aussi assurent-ils qu’il a été établi comme un ministre fidèle de salut, afin que, règle éminemment sage, vivante, habile et intelligente, il pût redresser toute créature, corporelle ou spirituelle, animée ou inanimée, raisonnable ou dirigée par le seul instinct, mortelle ou immortelle, et tout ce qui s’y rapporte et lui est uni, pour que tout ce qui existe fût uni par un lien souverainement sage, le Verbe de Dieu lui-même, comme par la seule puissance suprême, la loi animée et vivante, l’intelligence qui est en tout et pénètre tout être.

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