Oui, nous sommes protestants

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L'influence du protestantisme

Dans un ouvrage intitulé Religions et Développements1, l'économiste Xavier Couplet propose une analyse très originale dans laquelle le protestantisme se trouve être présenté comme un élément déterminant dans la perception positive de l'économie du monde.

1 Édition Economia, Paris, 1998.

Selon cet économiste, un juif, un confucianiste ou un protestant produit en moyenne trois fois plus qu'un catholique, huit fois plus qu'un orthodoxe, quatorze fois plus qu'un musulman et vingt à trente fois plus qu'un animiste.

Le rôle de la religion

Il y a un siècle, Max Weber relevait déjà l'influence de l'éthique protestante sur la diffusion de l'esprit capitaliste. Il expliquait que cette éthique privilégiait un comportement ascétique propre à satisfaire tant au salut de l'âme puritaine qu'à la dynamique de l'accumulation. Depuis Weber, rien n'a vraiment été écrit sur les rapports entre religion et développement économique. De fait, Weber a été éclipsé par le marxisme et maintenant que cette théorie a fait faillite, ses idées remontent à la surface. C'est ce qu'avance Xavier Couplet lorsqu'il dit que la pensée économique doit prendre davantage en considération les facteurs culturels et cultuels. Les décideurs politiques et les analystes surestiment les causes économiques en négligeant le rôle de la religion.

Selon lui, par exemple, si Haïti avait été protestante, le pays serait dans un tout autre état d'avancement, car le protestantisme favorise, bien plus que le catholicisme, la prise de responsabilités individuelles. Le protestant est en effet responsabilisé dès sa jeunesse, plus que le catholique qui, lui, croit par personne interposée. Le protestantisme laisse une grande liberté à l'individu et il y a un rapport nettement positif à l'argent. Dans les pays qui se « protestantisent », le développement devient évident. C'est le cas de l'Irlande catholique, de la Pologne et des pays d'Amérique latine. On parle ici de religion évidemment, mais mêlée à la culture et aux mentalités. Or, les mentalités sont fortement marquées par les enseignements religieux. Ainsi, dans les pays musulmans, bouddhistes, islamistes ou animistes, où l'on rencontre un certain fatalisme, la société incite à reproduire des schémas du passé plutôt qu'à transformer la réalité et à innover.

Les facteurs favorables

Xavier Couplet précise encore que, des trois religions issues du christianisme, la branche la plus jeune est le protestantisme, et que ce dernier a fortement contribué à la modernisation de la société. Il l'a rendue plus démocratique, plus égalitaire, plus humaine. Les droits de femmes y sont notamment mieux respectés.

L'économiste conclut :

« Pour les catholiques, l'autorité vient de Dieu par le haut ; pour les protestants, elle vient tout autant de Dieu, mais par le bas, par l'assemblée des croyants. D'un côté, l'autoritarisme, la peur du changement, la crainte des idées nouvelles ; de l'autre au contraire, une grande diversité, un pouvoir toujours remis en question, l'apparition constante d'idées nouvelles. »

Enfin, l'influence de la religion sur le développement n'apparaît ni directe ni univoque : dans certains cas, la religion constitue globalement un obstacle au développement, dans d'autres cas un vecteur positif. De toutes les religions, c'est le protestantisme qui réunit le plus de facteurs favorables au développement, et l'animisme le plus de facteurs négatifs.

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