Théologie de l’Ancien Testament

§ 228. Circonstances dans lesquelles les païens seront reçus dans le royaume de Dieu.

Et d’abord, ainsi que cela résulte de plusieurs des passages que nous venons de citer, Israël, quand le règne de Dieu sera venu, ne cessera pas d’occuper parmi toutes les nations la place d’honneur. Jérusalem sera la capitale du monde en même temps que du royaume de Dieu. Le peuple que les Gentils auront longtemps méprisé et foulé aux pieds, recevra alors leurs humbles hommages. Ce sera un grand honneur que de pouvoir prendre le nom d’Israël (Ésaïe 44.5 ; 45.14 ; Michée 7.16 ; Daniel 7.27 : « Le royaume et la domination et la souveraineté des empires de la terre entière sont donnés au peuple des saints du Très-Haut. » ), et acquérir la bourgeoisie de Jérusalem (Psaumes 87.3).

[« Ce sont des choses merveilleuses que celles qu’on dit de toi, ô cité de Dieu ! J’avouerai Rahab (l’Egypte) et Babel pour des villes qui me connaissent. Voici, la Philistie et Tyr et Cus, — ce sont là tout autant de pays dont on dira : Celui-là est né là (et on l’inscrira dans le registre des bourgeois de…), et de Sion l’on dira : Celui-ci et celui-là (des personnes de toute nation), sont nés en elle, et le Souverain l’affermira. L’Éternel enregistre les peuples et les dénombre (et dit :) Celui-ci est né là ! » Voyez Ésaïe 56.3-8.]

Chose remarquable, les Gentils convertis s’emploieront à ramener à l’Éternel les membres encore dispersés du peuple d’Israël (Ésaïe 11.10 ; 14.2 ; 49.22 ; Sophonie 3.10 ; Ésaïe 66.18-21).

[« Je hausserai mon étendard vers les peuples et ils apporteront tes fils entre leurs bras… « Mes adorateurs d’au-delà des fleuves de Cus m’apporteront en offrande la fille de ma dispersion. » c’est-à-dire mes enfants dispersés, les membres épars du peuple de l’Alliance. Ésaïe 66.18-21 Je cite ici ce dernier passage, parce que je crois que « vos frères, » v. 20. doit s’entendre des Israélites et non pas des Gentils. Dieu envoie une quantité de païens convertis prêcher l’Évangile aux Israélites encore incrédules, et les missionnaires tout joyeux, les amènent à Jérusalem en offrande à l’Éternel. — L’autre interprétation est cependant fort admissible aussi.]

Le culte dans cette théocratie de l’avenir sera le même que celui de l’ancienne alliance : mêmes sacrifices et mêmes fêtes. Pour ce qui est des sacrifices, nous avons déjà vu (§ 201) que la nouvelle alliance ne les abolira point (Ésaïe 56.7) ; et pour ce qui est des fêtes il suffit de citer Ésaïe 66.23 ; Zacharie 14.16-19.

[« Toute chair viendra à chaque nouvelle lune et à chaque sabbat se prosterner devant l’Éternel. » Les Gentils célébreront la fête des Tabernacles en souvenir de leurs longs errements loin du vrai Dieu, dans le désert de l’ignorance (§ 156).]

Il ne manque cependant pas de passages où les prophètes, parlant du culte de l’avenir, rompent résolument avec les traditions du culte mosaïque. Nous ne faisons pas allusion ici à Ésaïe 66.1-3. « Le ciel est mon trône et la terre est mon marche-pieds ; quelle serait la maison que vous me bâtiriez et quel serait le lieu de mon repos ?… Celui qui égorge un bœuf, est comme celui qui tue un homme ; celui qui sacrifie une brebis, est comme celui qui coupe le cou d’un chien ; celui qui offre un gâteau, offre du sang de pourceau. » Umbreit pense que ceci veut dire que, dans la nouvelle Jérusalem, il n’y aura ni temple, ni sacrifices. Mais Ésaïe 56.7 parle positivement d’une maison de Dieu dans l’économie future. Hitzig et Knobel se rapprochent du vrai sens de ces versets et y voient la défense de bâtir aucun temple à l’Éternel en Babylonie durant l’exil. Mais Delitzsch seul est dans le vrai quand il dit que, dans ce chapitre, le prophète s’adresse aux Israélites de l’exil qui, bien qu’impénitents, s’occupent à l’avance du temple qu’ils comptent bâtir quand ils seront rentrés dans leur patrie. « Je ne veux recevoir aucun temple de vous : je n’ai besoin d’aucun temple et vos sacrifices me seraient insupportables. » — (les versets n’ont donc rien à faire avec le sujet qui nous occupe. Mais voici en revanche deux passages qui nous concernent évidemment.

Nous trouvons dans Malachie 1.11, la première de ces remarquables parolesc. Le prophète parlant aux Juifs qui déshonorent l’Éternel par des sacrifices impurs, s’écrie : « Depuis le soleil levant jusques au soleil couchant mon nom est grand parmi les nations, et on offre en tous lieux du parfum à mon nom et une oblation pure, car mon nom est grand parmi les nations, dit l’Éternel des armées. » Plusieurs interprètes ont pris ces présents comme de vrais présents et non pas comme des futurs : Les innombrables sacrifices que les païens offrent à Ormuz, à Jupiter, etc., — c’est en dernière analyse à moi qu’ils les offrent, car je suis le seul vrai Dieu. — Ceci est absolument insoutenable au point de vue de l’A. T.d Non ! ces présents ont au fond le sens d’autant de futurs. Malachie se transporte en esprit dans le temps où Dieu se sera révélé à tous les païens. Alors, chose assurément fort étonnante, il y aura des sacrifices et un culte cérémonial institués chez tous les païens convertis ; mais ces sacrifices n’auront donc plus lieu uniquement à Jérusalem.

c – On sait que les Pères de l’Église en ont fait un grand usage et que l’église romaine y cherche la justification de la messe.

d – C’est le nom de Dieu qui est ici profané, ce qui suppose une révélation de Dieu (§ 56).

Le second de ces passages, c’est la prophétie moins célèbre d’Esaïe ch. 19 sur l’Egypte. « L’Éternel, v. 21, se fera connaître à l’Egypte, et en ce jour-là l’Egypte connaîtra l’Éternel et Le servira avec des sacrifices. » Voici qui semble proclamer la perpétuité du culte mosaïque. Mais poursuivez : « En ce jour-là, v. 23, il y aura un chemin battu entre l’Egypte et Assure, et Assur viendra en Egypte et l’Egypte en Assur, et l’Egypte sera assujettie avec Assur (à l’Éternel, et non pas : assujettie à Assur). En ce jour-là Israël sera le troisième avec l’Egypte et Assur, une bénédiction au milieu de la terre ; et l’Éternel les bénira tous également, disant : Bénis soient l’Egypte, mon peuple, et l’Assyrie, l’ouvrage de mes mains, et Israël, mon héritagef. » Ainsi donc, dans les derniers temps, les puissances les plus hostiles feront partie du royaume

e – L’ancienne route des conquérants servira alors à entretenir entre les deux peuples longtemps rivaux les plus paisibles et bienveillantes relations.

f – Ne remarquez-vous pas que l’Egypte et l’Assyrie jouissent ici des nobles prédicats qui, dans l’A.-T., sont ordinairement le privilège exclusif du peuple de Dieu ? (§ 82)

de Dieu au même titre absolument qu’Israël. L’esprit prophétique pouvait-il s’affranchir davantage de tout faux particularisme et chercher plus clairement à prévenir le pharisaïsme ?

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