Précis d'histoire de l'Eglise

Conclusion

Nous pouvons, au cours des 150 ans que nous venons de parcourir, distinguer cinq phases.

313-337 : Règne de Constantin. Fin des persécutions. Eusèbe de Césarée. Débuts du donatisme et de l’arianisme. Nicée, 1er exil d’Athanase. Mouvement des anachorètes. Débuts des Cénobites.

337-379 : Suite de la controverse arienne. 2e à 5e exils d’Athanase. Réaction païenne de Julien. Hérésie d’Apollinaire. Basile le Grand, débuts de Grégoire de Naziance, Voyages de Jérôme. Organisation des Cénobites. Hilaire de Poitiers.

379-395 : Règne de Théodose. Triomphe de l’orthodoxie sur l’arianisme et l’apollinarisme. Concile de Constantinople. Grégoire de Naziance. Grégoire de Nysse. Activité de Chrysostome à Antioche. Jérôme, collaborateur de Damase. Ambroise. Martin de Tours. Controverse priscillienne.

395-430 : Episcopat d’Augustin. Fin des controverses manichéenne et donatiste. Controverses pélagienne et semi-pélagienne. Jérôme achève la Vulgate. Chrysostome à Constantinople. Théodore de Mopsteste.

430-461 : Controverses nestorienne et eutychienne. Conciles d’Ephèse et de Chalcédoine. Cyrille. Théodoret de Cyr. Léon le Grand. Vincent de Lérins. Nombre des patriarches fixé à cinq. Stylites.

Cette partie de l’histoire de l’Eglise est certainement une des plus brillantes.

Elle est remarquable par l’achèvement de la défaite du paganisme.

Elle est remarquable par la disparition des anciennes hérésies et par l’élimination d’hérésies nouvelles. Par le travail des conciles, le flottement qui subsistait sur certains points de la doctrine chrétienne a disparu. Désormais, pour être en communion avec l’Eglise, il faudra admettre :

Elle est remarquable par le grand nombre de chrétiens qui se sont illustrés tout à la fois par leurs talents, leur fermeté doctrinale et leur piété. Jamais en si peu de temps il n’y a eu au sein de la chrétienté autant d’hommes remarquables.

D’autre part, nous sommes obligés de constater une série de déficits graves qui annoncent la décadence.

Avec les masses irrégénérées, le paganisme envahit l’Eglise. L’autorité de la Bible est obscurcie par celle de l’Eglise. La doctrine du salut par la grâce est obscurcie par la notion du mérite des œuvres et celle de la valeur des sacrements. Le monothéisme chrétien est obscurci par le culte des saints. La spiritualité chrétienne est obscurcie par les pompes du culte. La moralité baisse.

Les âmes pieuses, les chefs de l’Eglise ont bien sur constater et déplorer ces déviations. Seulement les uns ont cherché à les fuir en se réfugiant dans la vie monacale, et ont été par là infidèles à l’Evangile. Les autres, pour combattre les tendances fâcheuses de la masse, on fait appel au pouvoir civil, ce qui aboutit au césaro-papisme désastreux des siècles futurs, ou ils ont fortifié les droits du clergé, ce qui porta dans ce corps les ambitions, les intrigues, les rancunes qui sont attachées à l’esprit de domination ; le clergé au lieu d’être un lien est devenu plutôt une barrière entre le Christ et les âmes.

Ainsi, tandis que dans la période précédente, nous assistions à la victoire de l’Eglise sur le monde, ici, malgré tout ce que cette période a de magnifique, nous assistons à la victoire du monde sur l’Eglise. Nous devons cependant nous garder de passer une condamnation trop massive sur ceux qui, tout en commettant certaines erreurs, avaient pourtant des intentions très pures, et qui, dans cette période où tout l’Evangile risquait d’être emporté par les flots du monde envahissant, ont su au moins préserver l’essentiel et le transmettre aux générations suivantes.

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