Précis d'histoire de l'Eglise

Chapitre 6 : La renaissance carolingienne

Sous l’impulsion de Charlemagne (771-814), successeur de Pépin, il y eut une véritable période de renaissance, d’inspiration nettement chrétienne.

1. La conversion des Saxons. Charlemagne mit fin au royaume lombard, combattit les Musulmans et les repoussa au-delà de l’Ebre, puis attaqua les Saxons. Il voulait les convertir au christianisme. Ils furent écrasés par la supériorité militaire de Charlemagne, qui les obligea, sous peine de mort, à se faire baptiser. C’était le début des conversions obtenues par la violence.

2. Césaro-papisme de Charlemagne. Charlemagne se considéraient comme le maître de l’Occident à tous points de vue. Il a la charge de régir l’Eglise, se mêle de questions de doctrines, d’administration ecclésiastique ; il nomme les évêques et convoque des conciles ; il surveille la moralité des prêtres ; il recommande la prédication en langue vulgaire et fait traduire le credo et l’oraison dominicale.

Parvenu au faîte de sa puissance, Charlemagne pensa que le moment était venu de rétablir l’Empire romain d’Occident. Le pape Léon III (795-816) déposa la couronne impériale sur la tête de Charlemagne le jour de Noël 800.

Son fils Louis le Débonnaire (814-840), sur l’ordre de son père, se couronna lui-même, mais consentit ensuite à ce que le pape Etienne IV (816-817) renouvelle la cérémonie du couronnement. Louis proclama plus tard la suprématie de l’empereur sur le pape, mais il était d’un caractère trop faible pour appliquer ce principe.

3. Vie intellectuelle. Charlemagne a favorisé l’instruction ; il créa de nombreuses écoles, car les illettrés étaient extrêmement nombreux. Il recourut pour cela aux moines et surtout à l’Anglo-Saxon Alcuin, qu’il chargea de réorganiser les écoles. A ceux qui étaient instruits on devait accorder des places importantes.

Le moine lombard Paul Diacre († 795) et le Franc Eginhard († 840) furent aussi les collaborateurs de Charlemagne dans le domaine de l’instruction.

On enseignait le trivium : grammaire, rhétorique, dialectique, et le quadrivium : arithmétique, géométrie, astronomie, musique.

Au palaus de Charlemagne, il y avait une école supérieure, nommée palatine, mais il encourageait surtout l’instruction élémentaire dans les villages et les villes. L’ignorance recula donc.

4. Activité théologique. Charlemagne s’intéressait aux questions doctrinales. Il fit ajouter au symbole de Nicée-Constantinople une clause comme quoi le Saint-Esprit procède du Père et du Fils (Filioque), conformément à ce qu’avait déjà affirmé le Concile de Tolède. La question du Filioque sépara désormais l’Eglise d’Orient de celle d’Occident en ce qui concerne le Saint-Esprit.

Charlemagne condamna l’adoptianisme, théorie soutenue par quelques évêques espagnols, et selon laquelle, Jésus, en tant que Fils de la Vierge, aurait été adopté par Dieu.

Les principaux promoteurs de l’adoptianisme furent Elipand et Félix d’Urgel. Ils furent condamnés aux Conciles de Ratisbome (792), de Francfort (794) et d’Aix-la-Chapelle (799).

Charlemagne fut l’adversaire du culte des images, il fit publier à cet effet les Livres Carolins. Le Concile de Francfort condamna les décisions du Concile tenu quelques années auparavant à Nicée.

Il y eut en ce temps-là quelques hommes que l’on peut considérer comme des précurseurs de la réforme protestante : Agobart, archevêque de Lyon, qui supprima dans la liturgie tout ce qui n’était pas dans la Bible, et Claude, archevêque de Turin, très attaché à la Bible, de tendance augustinienne, qui fut soupçonné d’hérésie, mais pas inquiété. Tous deux étaient très hostiles au culte des images.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant