Dialogue avec Tryphon

LXXXVI

1 Cette citation finie, j’ajoutai : Apprenez, mes amis, que celui dont l’Écriture nous annonce le retour glorieux après sa mort sur une croix, non seulement accomplit tous les jours les prophéties, mais encore réalise les différentes figures qui l’annonçaient. Ces figures, c’est l’arbre de vie planté dans le paradis terrestre, ce sont les différents traits qui devaient signaler la vie de tous les justes.

Quand Dieu envoie Moïse délivrer son peuple, il lui ordonne de prendre une verge, et Moïse paraît devant le peuple, cette verge à la main. C’est avec cette verge qu’il sépare les eaux de la mer. Par elle il fait jaillir de l’eau d’un rocher. A la faveur du bois qu’il jette dans l’eau appelée Merra, il la rend douce, d’amère qu’elle était. 2 C’est avec des verges ou baguettes placées sur des ruisseaux que Jacob rendit fécondes les brebis de son oncle maternel et s’enrichit de leur fécondité. C’est dans sa verge ou bâton qu’il se glorifie quand il parle du fleuve qu’il a pu traverser. Il raconte qu’il vit en songe une échelle. L’Écriture nous montre Dieu lui-même appuyé sur le haut de l’échelle, et nous avons prouvé que ce Dieu n’était pas Dieu le père. Quand Jacob eut versé de l’huile sur une pierre en cet endroit, le Dieu qu’il avait vu lui déclara que c’était à lui-même qu’il venait de consacrer cette pierre.

3 Que le Christ ait été figuré par le symbole mystérieux d’une pierre, c’est ce que nous avons prouvé par une multitude de témoignages. Nous avons montré qu’il faut également le voir dans toutes les onctions faites soit avec de l’huile, soit avec de la myrrhe, soit avec un mélange de parfums préparés pour cet usage. L’Écriture ne dit-elle pas, en parlant du Christ : « C’est pourquoi, ô Dieu ! votre Dieu vous a sacré d’une onction de joie au-dessus de tous ceux qui doivent participer. » Car les rois et tous ceux qui sont appelés christ ont reçu de lui le nom de christs et de rois, comme lui-même a reçu de son père les titres de roi, de Christ, de prêtre d’ange, en un mot tout ce qu’il a possédé. 4 La verge d’Aaron fleurit, et il est déclaré pontife. Une tige doit naître de la racine de Jessé, et le prophète Isaïe nous annonce que cette tige c’est le Christ. A quoi David compare-t-il le juste : A un arbre planté près du courant des eaux, qui donne de fruits en son temps et dont les feuilles ne tombent point. Ailleurs, il est encore dit du juste qu’il fleurira comme un palmier. 5 C’est d’un arbre que Dieu se fit voir à Abraham comme le dit l’Écriture, en parlant du chêne de Mambré. Que rencontre le peuple après avoir franchi le Jourdain : Soixante-dix saules et douze fontaines. Où David dit-il qui Dieu lui a fait trouver sa consolation ? 6 Dans sa houlette de dans son bâton. Élisée laisse tomber dans le Jourdain le fer de sa cognée, et avec le bois jeté dans le fleuve, il rappelle le fer à la surface. Ce fer sert aux enfants des prophètes à couper le bois qui devait entrer dans la construction de l’édifice où ils voulaient enseigner et méditer la loi et les commandements du Seigneur. »

N’est-ce pas ainsi que le poids énorme de nos péchés nous avait plongés dans l’abîme ? Alors le Christ, par le bois sur lequel il a été attaché et par l’eau qui purifie nos souillures, nous a délivrés et s’est formé une maison de prière et d’adoration. C’est encore une verge qui servit à montrer que Judas était le père de ceux qu’il eut de Thamar sous le voile d’un grand mystère.

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