Le Miracle de l’Esprit

— CHAPITRE 8 —

PLUS MERVEILLEUX QUE TU NE LE PENSES

La deuxième opération instantanée : LA PRÉSENCE DE L’ESPRIT

I

UN ENSEIGNEMENT QUI ÉTONNE

La vérité la plus fantastique, à mon avis la plus difficile à accepter et pourtant si clairement enseignée dans le Nouveau Testament, c’est que Dieu, au moment de sauver un homme, fait de lui son temple. Son Esprit vient s’installer en toi ; tu deviens sa demeure ! Aucune religion, aucune philosophie ne peut t’offrir une vie comparable à celle-ci. Toutes les ressources infinies de Dieu te deviennent immédiatement accessibles, tout ce qu’il est : sa sagesse, sa beauté, son amour, son énergie. Tu possèdes son Esprit comme un trésor au fond de ton cœur.

Mais cette vérité va certainement beaucoup plus loin que tu ne le penses. Tu sais sans doute que, dans l’Ancien Testament, le temple de Dieu comprenait deux chambres. La partie extérieure, que l’on appelait le lieu saint (en grec : hieron), était ouverte jour après jour à tous les sacrificateurs chargés des fonctions. Il existait pourtant un sanctuaire intérieur où seul le souverain sacrificateur avait droit d’accès et cela une fois par an uniquement, d’ailleurs souvent en tremblant. Là se trouvait l’arche de l’alliance, contenant les deux tables de la loi. Au-dessus de l’arche apparaissait de temps en temps l’éclat de la présence de Dieu, que Moïse et les prophètes appelaient « la gloire »1. Ce sanctuaire intérieur était désigné comme le lieu très saint (en grec : naos)2, qui signifie précisément « demeure » ou « lieu de résidence ». C’était la demeure même de Dieu.

1 - On parle souvent aussi de schékina. Ce mot hébreu signifie simplement « la présence » ; mais les juifs l’employaient tout particulièrement pour décrire la présence permanente de Dieu dans le temple.

2 - Voir Hébreux 9.1-8, 11-12, 23-24 ; 10.1-2, 19-22.

Le lieu très saint ! Y crois-tu ?

Or, de ces deux mots en question, c’est le deuxième que Dieu choisit, dans les écrits de l’apôtre Paul, quand il décrit la nouvelle relation qu’il crée entre toi et lui ! Penses-y ! Tu deviens le naos de Dieu, le lieu très saint de sa résidence ! Alors que l’Ancien Testament ne fournissait qu’une image de cette vérité, Christ nous en donne la réalité.

Selon la loi de Moïse, le souverain sacrificateur devait, chaque année, asperger de quelques gouttes de sang le couvercle de l’arche. On appelait ce couvercle d’or le « propitiatoire », traduction d’un mot hébreu qui signifie « le lieu d’effacement », car Dieu, par ce geste, effaçait les péchés de la nation pour cette année-là. En conséquence, il continuait à assurer la permanence de sa présence parmi son peuple1.

Mais quant à toi, si du moins tu as fait ton pacte avec Dieu, ton cœur même est aspergé une fois pour toutes du sang précieux de Jésus. C’est ce qui assure pour toujours, par la nouvelle alliance, par le « nouveau testament », la présence de son Esprit en toi. Selon l’ancienne alliance, la loi de Dieu fut gravée sur les deux tables de pierre placées dans l’arche2 ; alors que, selon la nouvelle alliance, Dieu grave sa loi à jamais dans ton cœur3. Il change ainsi tes désirs, il réoriente toute ta vie. De même que la gloire de Dieu (qui est essentiellement son caractère) apparaissait aux yeux du souverain sacrificateur dans la nuée de parfum au-dessus de l’arche4, ainsi sa présence illumine maintenant tout le fond de ton être. Non seulement tu sais que Dieu existe, mais tu vis dans son intimité. Alors qu’autrefois tu étais loin de Dieu, aveuglé par les ténèbres spirituelles, maintenant tu connais Dieu en réalité, de tout près. Le cosmos entier ne peut contenir Dieu, qui pourtant accepte de venir habiter dans ton cœur pour en faire son sanctuaire... et il n’y voit aucun mal ! Qui aurait osé concevoir un tel miracle ? Pourtant ces choses deviennent vraies dans notre expérience ; nous les trouvons encore plus concrètes que le monde matériel qui nous entoure.

1 - Lévitique 16.
2 - Exode 25.16, 21 ; Deutéronome 10.4-5.
3 - Hébreux 10.16 ; 2 Corinthiens 3.3 ; Romains 2.15 ; Jérémie 31.33.
4 - Lévitique 16.2, 12-13.

Encore une fois, la charrue avant les bœufs !

De même que le baptême de l’Esprit est considéré, par quelques chrétiens, comme étant une expérience postérieure au salut, on enseigne aussi très souvent que la réception, ou la présence de l’Esprit est également une deuxième expérience. Généralement, d’ailleurs, on confond les deux termes. Il est vrai que les deux opérations se réalisent simultanément, mais il ne faut pas les confondre. De toute façon, il n’est pas possible d’être sauvé sans recevoir le Saint-Esprit.

Évidemment, s’il était vrai que, une fois sauvé, je n’avais toujours pas le Saint-Esprit en moi, ma toute première responsabilité serait de rechercher de tout mon cœur ce don précieux. Mais la Bible nous enseigne tout autre chose. Par une multitude de passages elle indique de façon catégorique que tout enfant de Dieu, sans exception, a déjà le Saint-Esprit en lui1. Sans avoir reçu l’Esprit, l’homme n’a aucune possibilité de devenir enfant de Dieu ! Dire le contraire, c’est renverser l’ordre spirituel du Nouveau Testament. C’est même contre la logique — ce qui ne m’empêche pas d’aimer et de respecter profondément mes frères en Christ qui ont de la peine à me comprendre.

1 - Voir l’analyse des textes à la fin de ce chapitre.

Cette nuit extraordinaire

Avant d’examiner les principaux passages en question dans le Nouveau Testament, il serait utile de voir l’origine de cette doctrine dans l’Ancien Testament. Du temps de Moïse, comme nous l’avons déjà vu, tout le peuple de Dieu fut délivré en une seule nuit, dès que le sang de l’Agneau immolé fut mis sur la porte de chaque maison. Souviens-toi donc qu’en cette même nuit, la nuée de la présence de Dieu descendit sur le camp et ne le quitta plus. Jour et nuit, par la colonne de nuée et de feu, le Saint-Esprit allait résider désormais au milieu de ses rachetés ; il les guidait sur la route et, en temps de danger, il se plaçait entre eux et l’ennemi. L’histoire de l’Exode, telle que Moïse et Josué nous la donnent dans leurs écrits, est un symbolisme remarquable du processus spirituel de notre salut ; elle ressemble à un film au ralenti, qui illustre, de façon imagée et étape par étape, les différents aspects du grand acte de Dieu en notre faveur jusqu’à notre entrée dans « sa promesse », dans le pays « où coulent le lait et le miel ».

Le plus intéressant pour nous ici, c’est le fait que le peuple fut sauvé dès l’application du sang de l’agneau et qu’en cette même nuit, immédiatement, la nuée de la présence de Dieu lui fut accordée. Il n’y eut pas d’écart entre le salut et la réception de la « présence1 ».

1 - Exode 12.3, 7, 13, 23, 31 ; 13.3, 21, 22

Une analogie tellement claire !

Il en est de même pour nous. Dès que Dieu applique le sang de Christ à notre conscience, nous sommes délivrés de la puissance satanique qui nous retenait. Nous appartenons dès cet instant à Dieu, nous passons sous son autorité et sous sa protection. Nous sommes adoptés comme ses enfants. Il nous identifie à son Fils. Il reconnaît notre acte de foi et il fait alliance avec nous. Parce que nous sommes désormais pardonnés, réconciliés avec lui par le sang de son « Agneau », Jésus, Dieu est en paix avec nous. Son Esprit entre alors en nous et, par ce même sang précieux, sa présence nous est garantie en permanence, comme la nuée fut garantie à Moïse et à son peuple.

Ainsi, dans l’Ancien Testament, l’Esprit de Dieu fut donné à la nation tout entière au moment de son salut. De même, dans le Nouveau Testament, le croyant reçoit le Saint-Esprit au moment de son salut, en devenant, à partir de ce jour, sa demeure. Comme pour Israël, l’expérience spirituelle, le baptême « par la nuée », précède le baptême d’eau ! Nous recevons l’Esprit dès que nous sommes pardonnés.

La présence de l’Esprit assurée par le sang de Jésus

Moïse, sous l’inspiration de Dieu, attachait tellement d’importance à la présence de Dieu au milieu de son peuple qu’il refusa d’aller plus loin sans en avoir la certitude1. Mais il savait très bien que seul le sang versé du Messie qu’il attendait pouvait assurer la permanence de cette divine présence.

Pour cette raison Moïse institua la sacrificature de la tribu de Lévi2, dont la tâche principale consistait à offrir, d’année en année et de jour en jour, le sang des animaux immolés pour les péchés du peuple. Ces sacrifices devaient lui rappeler à jamais le sang de l’agneau de la Pâque, par lequel il avait été délivré initialement et qui avait rendu possible la descente de Dieu au milieu du camp. Dieu consentit à demeurer avec son peuple mais uniquement parce que, un jour, le sang précieux de son Fils, de son Agneau, serait versé pour le péché du monde. Il considérait les sacrifices de cette époque-là comme un acte de foi en Christ par anticipation.

1 - Exode 33.15-16
2 - Exode 32.25-29 ; 40.13-15

Le pied-à-terre de Dieu

Pour offrir les sacrifices, il fallait un autel et un lieu où le peuple pouvait rencontrer Dieu. À cette fin, Dieu exigea du peuple une offrande pour la construction d’un tabernacle qui serait le siège de sa présence perpétuelle sur la terre1. Dieu leur fit alors cette promesse : « J’habiterai au milieu de vous. » Dès que le tabernacle fut construit et consacré à l’Éternel, nous lisons que « la nuée couvrit la tente d’assignation et la gloire de l’Éternel remplit le tabernacle. » Ce fut le signe visible que son Esprit habitait et marchait désormais au milieu de son peuple2. Dieu avait enfin un pied-à-terre parmi les nations, d’où sa présence pouvait rayonnera travers le monde.

1 - Exode 25.1-2, 8-9
2 - Exode 40.16-17, 34-38

L’ombre des choses célestes

Quand on comprend ces choses, la lecture de l’Ancien Testament devient passionnante. Elle acquiert une signification profonde et très actuelle. Les vérités spirituelles du Nouveau Testament se voient sous une nouvelle lumière ; l’Ancien Testament est un arrière-plan qui met en relief le portrait de Dieu en Christ dans le Nouveau. Les images de l’Ancien illustrent les principes du Nouveau et nous aident à en saisir le véritable sens ; car toutes les vérités du Nouveau Testament ont leur source dans l’Ancien ; le Nouveau jaillit de l’Ancien comme l’arbre jaillit de sa racine.

Dieu nous dit que ces choses étaient « une copie et l’ombre des choses célestes1 » et que ce symbolisme était « une figure (grec : parabole) pour le temps actuel2 » ; « une ombre des biens à venir, et non l’image même de ces choses3 ». Mais maintenant que le sang du Fils de Dieu a été versé, cette ombre disparaît dans la réalité. Dieu ne cherche plus à nous imposer sa présence en forme de nuée, dans une construction faite par la main des hommes. Le sanctuaire qu’il cherche aujourd’hui, c’est le croyant. C’est toi.

1 - Hébreux 8.5
2 - Hébreux 9.9
3 - Hébreux 10.1

Dieu nous étonne

Pense ! Dieu exige de toi une offrande afin qu’il en fasse son sanctuaire ! C’est ainsi que l’apôtre Paul résume cette exigence divine : « Je vous exhorte, donc, frères, dit-il... à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte (grec : service) raisonnable (ou logique)1. »

Oui, mon frère, Dieu demande ton corps ! Non seulement ton cœur. Imagine, Dieu désire ton corps même pour en faire sa demeure, son sanctuaire ! Quelle vérité audacieuse ! Ce serait inconcevable si Dieu ne nous le disait pas lui-même. Dieu n’a pas besoin de tes pénitences ; il ne recherche plus tes larmes ni tes souffrances pour expier ton péché, puisque les siennes ont déjà tout effacé. Les tiennes ne peuvent rien ajouter à la valeur de son immense sacrifice en ta faveur. Dieu attend de toi plutôt un sacrifice d’action de grâces, de reconnaissance — non pour obtenir, mais parce que tu as déjà obtenu son pardon. Il désire que tu t’abandonnes à lui, que tu lui fasses totalement confiance. Le seul sacrifice qu’il te demande, c’est le don de ta personne... et il en fait son sanctuaire, son lieu très saint ! Il appelle ce sacrifice « agréable et logique ».

1 - Romains 12.1-2

Les exigences de l’amour

Mais pourquoi ton corps ? Est-ce que ton âme ne lui suffit pas ? En fait, les seules mains que possède Jésus à présent dans ce monde, la seule langue, les seuls pieds, ce sont les tiens, les nôtres. Dieu a besoin de toutes les facultés pour faire connaître le Christ autour de toi. La pensée de résider béatement au fond de ton âme, dans un recoin inaccessible aux autres hommes, cela ne semble pas l’intéresser ! Il est vrai qu’il habite au fond du cœur, mais il ne se contente pas de si peu. Il veut tout ! On ne reçoit pas un chef d’Etat chez soi pour le reléguer au grenier ! L’Esprit de Dieu ne veut pas non plus venir sous notre toit pour se retrouver au débarras... Il vient en Maître, en Époux. Pour une bonne raison !

Dieu est amour et l’amour donne tout et exige tout. L’amour ne peut accepter un don fait à moitié ou à contrecœur. Avec Dieu, il faut tout ou rien. Sur la croix de Christ, il a payé le prix ultime de ton rachat. Il a tout donné afin de t’avoir tout entier, corps, âme et esprit. Un amour absolu ne peut donner plus ni demander moins. Et toi, si tu l’aimes en retour, tu ne lui donneras pas moins.

O quel miracle !

Le tabernacle de Moïse, le temple de Salomon, malgré leurs richesses et leur beauté, ne pouvaient réellement contenir le Dieu que l’univers même ne peut contenir1. « Dieu, disait Paul, n’habite pas dans des maisons faites de mains d’homme...2 »

Pendant ces merveilleuses années où Dieu se dévoila aux yeux des hommes, quand il vécut et souffrit au milieu de nous, il choisit de se manifester au travers d’une personnalité humaine, celle de Jésus : il demeura dans un corps de chair comme le nôtre. Est-ce donc étonnant s’il veut encore se révéler aux hommes à travers un corps humain — le tien ? L’Ancien Testament nous donnait un symbolisme : Christ nous introduit dans la réalité des choses.

Paul écrivait aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit3 ? » La foi en Christ n’est pas une conception abstraite, une théorie désincarnée, mais une réalité spirituelle, céleste, divine qui est bien enracinée dans ta vie matérielle de tous les jours. Dieu désire utiliser tes mains, il veut penser par ton cerveau, aimer avec ton cœur. Il ne s’agit pas d’un mysticisme retranché des choses de la terre, mais d’une réalité plus que concrète, ayant des répercussions sur toute la gamme de ton existence.

1 - 2 Chroniques 6.18 ; Esaïe 66.1-2
2 - Actes 17.24
3 - 1 Corinthiens 6.19-20

Tiens-toi sur tes gardes en sa présence1

Une telle conception de la vie spirituelle évoque à la fois une joie ineffable mais aussi une certaine crainte. Car, si ton corps est maintenant le temple de Dieu, cela signifie qu’il est, aux yeux de Dieu, une chose sainte, appartenant à celui qui est la sainteté même. Ton visage, tes mains, tes pieds, deviennent les membres de Christ2 ; tu ne peux, ni ne veux les voir commettre les actes honteux ou malhonnêtes auxquels ils s’étaient livrés avant que Dieu ne t’ait pardonné. Dieu, dans le corps de Jésus, a souffert à l’infini pour toi, pour nous, à cause des méchantes actions que nos propres corps, nos yeux, nos oreilles, notre langue, nos doigts ont commises. Pour cette raison, tu veux désormais servir Dieu, car maintenant tu l’aimes ; tes mains deviennent aujourd’hui les mains de Dieu, pour communiquer sa grâce aux hommes autour de toi ; par ta bouche Dieu peut enfin transmettre au monde le message de son amour.

C’est pour cette raison aussi que Paul nous dit, dans sa lettre aux Corinthiens, qu’il n’est plus question d’associer à nouveau notre corps aux abominations du monde qui nous entoure : « Le corps, dit-il, n’est pas pour l’impudicité ; il est pour le Seigneur et le Seigneur pour le corps... Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres de Christ ? Prendrai-je donc les membres de Christ pour en faire les membres d’une prostituée ? Loin de là. Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ? Car, est-il dit, les deux deviendront une seule chair. Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit... Celui qui se livre à l’impudicité pèche contre son propre corps... Vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu3. »

Paul prend cet exemple flagrant précisément parce que les chrétiens de Corinthe n’avaient pas saisi la portée infinie de leur relation avec Dieu. À présent, puisque nous sommes rachetés par le sang de Christ, n’importe quel abus ou dégradation de notre corps devient une sorte de blasphème contre Dieu. Quelle profondeur de grâce de la part de Dieu que de vouloir s’identifier avec nous, au point de faire de notre pauvre corps sa demeure ! Oh ! que Dieu te garde d’attrister ou d’éteindre ce Saint-Esprit qui vient résider en toi ! Surtout accorde-toi bien avec lui !

1 - Exode 23.20-23
2 - 1 Corinthiens 6.15
3 - 1 Corinthiens 6.13-20 ; Genèse 2.24. Voir aussi l’enseignement de Christ à ce sujet : Matthieu 5.27-32 ; 19.1-9 ; Luc 16.18.

Le corps n’est toujours pas racheté

Malgré tout ce que je viens de dire, souviens-toi que ce corps où Dieu daigne faire sa demeure n’est pas encore racheté ; il reste le même qu’avant ; il est toujours fragile, terrestre, périssable ; il contient encore sa racine de péché, ainsi que la semence de sa propre mort. Bien que le prix de son rachat ait été versé, ce rachat ne se réalisera qu’au retour de Christ, lors de notre résurrection. Paul appelle cette expérience « l’adoption, la rédemption du corps » et encore, « la révélation des fils de Dieu »1. À ce moment merveilleux notre salut s’achèvera par la transformation du corps, comme de notre être tout entier, à l’image de Christ2. Il deviendra alors un corps « spirituel » et « céleste3 », capable de subsister dans la présence manifeste de Dieu et de le regarder en face4. Mais il sera toujours un corps.

En attendant, l’Espril de Dieu accepte d’utiliser notre corps tel qu’il est, abîmé par les milliers d’années de péchés de nos ancêtres et souvent par les nôtres ; il se considère chez lui, même dans cette « tente » provisoire et périssable5, sachant qu’un jour elle sera changée en une demeure incorruptible et douée de facultés dignes de la nouvelle vie de Christ qui est en nous. Le Saint-Esprit compatit avec nos faiblesses ; au lieu de nous condamner, il intercède pour nous avec des soupirs inexprimables6. Il ne tolère pas nos péchés, mais il nous assure qu’ils sont déjà expiés, au prix énorme et terrible du sang de Jésus ; c’est pour cette raison uniquement qu’il accepte de demeurer en nous et de continuer son œuvre de sanctification. Plus j’y pense, plus je suis abasourdi par la générosité et la fidélité de Dieu. Je ne trouve aucun langage pour définir cette grâce : il n’y a que le visage crucifié de Jésus qui l’exprime.

1 - Romains 8.18-25, surtout le v. 23.
2 - 1 Jean 3.2-3
3 - 1 Corinthiens 15.42-53
4 - Apocalypse 22.3
5 - 2 Corinthiens 4.16-5.5
6 - Romains 8.26-27, 31-39

Les deux esclavages

Nous ne pouvons échapper entièrement, dans ce corps mortel, aux conséquences de la chute de l’homme. Nous ne pouvons, hélas ! extirper à présent la racine du péché. Jean, dans son épître1 nous met en garde contre l’illusion d’une fausse sainteté. Aussi longtemps que nous sommes sur la terre dans les conditions actuelles, la tendance pécheresse demeure ancrée en nous, dans l’âme autant que dans le corps. Mais cela ne veut pas dire que nous soyons obligés de pécher ! Loin de là, car « la justice de la loi (de Dieu) est accomplie en nous qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit2 », pour la simple raison que nous avons un Sauveur tout-puissant qui veut nous délivrer. Nous n’avons pas d’excuse. Pourtant l’enseignement de la Bible est réaliste, nous rappelant l’existence en nous de cette terrible force « anti-Christ », hostile à Dieu ! Dieu, c’est vrai, la considère comme morte ; il nous promet qu’elle va disparaître totalement. Pourtant, à nos yeux, elle paraît encore horriblement persistante et elle peut influer sérieusement sur le niveau de notre vie spirituelle. Cependant elle ne peut plus nous détacher de Dieu.

Paul nous parle dans sa lettre aux Romains de deux esclavages. Il dit que nos membres, c’est-à-dire, nos yeux, notre langue, nos mains, nos pieds, ne peuvent échapper à l’esclavage du mal sauf en acceptant d’être esclaves de Christ qui est plus fort que le mal3. C’est pourquoi il nous exhorte « à offrir nos corps à Dieu comme un sacrifice vivant ». Tu as besoin d’offrir à Dieu tes mains, tes yeux, ta langue, tes pieds, tes oreilles, ton cerveau. Si, à un moment donné, Christ possède entièrement tes mains, elles ne pécheront pas ! Être esclave de Dieu par amour, c’est déjà le ciel, alors que l’esclavage du péché, c’est l’enfer.

1 - 1 Jean 1.8-10
2 - Romains 8.4
3 - Romains 6.12-22 ; 12.1-2

La maladie et la mort du corps

Si notre corps était déjà racheté, il ne serait jamais malade et ne mourrait pas. Même les plus grands hommes de Dieu sont tous finalement morts physiquement. Aux yeux de Dieu, les vrais chrétiens meurent « en Christ1 », ils sont donc « endormis » seulement, jusqu’à leur résurrection à son retour, alors qu’ils font, en attendant, un merveilleux « rêve » ! De plus, aucun de ces hommes de Dieu n’a été épargné en fin de compte par la maladie, puisque c’est la maladie qui amène la mort. Nous ne pouvons donc, dans ce corps actuel, échapper entièrement à la maladie. Pourtant, le Nouveau Testament parle du don de guérison accordé à certains croyants et aussi de la valeur de la médecine, puisque Paul lui-même était, vers la fin de sa vie, accompagné constamment par Luc, médecin converti par lui.

Notre sujet ne concerne pas vraiment la question de la maladie et de la guérison, mais j’aimerais en passant, exprimer quelques pensées là-dessus.

Dieu peut certainement maintenir notre corps en bonne santé et très souvent il le fait. Il peut le guérir, soit par la médecine, soit par l’intervention directe de son Esprit. On oublie parfois que toutes les médecines (c’est un médecin qui me l’a appris) proviennent des plantes que Dieu a créées ; elles ne sont pas à mépriser. Même dans la nouvelle création, nous dit le livre de l’Apocalypse, les feuilles de l’arbre de vie seront « pour la guérison des nations2 » !

Le chrétien fait bien de veiller sur son corps, de manière à lui assurer une alimentation saine : c’est d’ailleurs le but des recommandations de Moïse dans la loi de l’Ancien Testament, qui sont toutes excellentes. Dieu veut certainement que nous ayons, dans la mesure du possible dans notre monde disloqué et pollué, de l’air pur en suffisance, des exercices physiques et du repos. C’est pour nous assurer ce dernier que Dieu institua le sabbat et le cycle du jour et de la nuit. Nous devons au Saint-Esprit de traiter sa demeure, notre corps, d’une manière digne de lui. Les maladies se propagent généralement par les mauvaises habitudes et surtout par un manque d’hygiène. Le Nouveau Testament nous dit de garder dans la propreté, non seulement notre cœur, mais aussi notre corps, puisque nous sommes appelés à vivre dans la présence de Dieu3.

1 - Actes 7.60 ; 1 Thessaloniciens 4.13-16
2 - Apocalypse 22.2. Je pense qu’aucun théologien ne saura encore nous expliquer ce verset !
3 - Hébreux 10.22

Remarque sur la guérison physique

Cependant nous devons accepter le fait que, si Christ ne revient pas avant, nous connaîtrons tous la mort. Nous connaissons également dans une certaine mesure, la maladie et la douleur. Or, celles-ci ne viennent jamais de Dieu, mais Dieu les permet quelquefois pour notre bien. Dans certains cas, Dieu les considère même comme étant nécessaires. Je pense à John Sung, le plus grand évangéliste chinois de tous les temps : il avait un seul défaut, il manquait de patience, il était souvent intolérant et « cassant ». Dieu lui permit, après une carrière extraordinairement bénie, de mourir, lentement et dans des douleurs atroces, de tuberculose et, simultanément, d’un cancer. Pourquoi ? Au cours de ses derniers mois, si terribles, il apprit à vaincre les faiblesses qui avaient terni son témoignage : sa douceur était la beauté même. Dieu acheva en lui l’image de Christ ! Quel parfum qu’un tel départ !

Je pense d’autre part au roi Ezéchias, qui ne voulut pas accepter la mort au moment choisi par Dieu. Dieu le guérit en réponse à sa prière, mais Ezéchias se détourna ensuite de Dieu ; il mit au monde un fils idolâtre et meurtrier, le roi Manassé, qui entraîna le royaume de Juda à sa perte1.

Nous pouvons demander à Dieu toute la santé nécessaire pour faire sa volonté et pour le glorifier. Il répond fidèlement, selon sa sagesse et selon sa grâce et, parce qu’il est bon, il nous donne souvent bien au delà de ce qui est strictement nécessaire. Il guérit aussi, soit naturellement, soit surnaturellement ; mais n’oublie pas que les moyens naturels viennent de lui autant que les interventions que nous appelons miraculeuses. Nous devons, en fait, savoir accepter de sa main, non seulement les réponses faciles, mais aussi les réponses difficiles.

Considère aussi le cas de Job. Job bénissait Dieu dans sa prospérité, mais aussi dans l’adversité... et nous savons que Job reçut, suite à sa maladie et à ses épreuves, une double bénédiction de la part de Dieu et, en plus, le trésor inestimable d’une révélation éblouissante de Dieu en personne2.

Gardons-nous, d’une part, de l’incrédulité qui empêcherait Dieu de guérir une maladie physique ; gardons-nous d’autre part d’une présomption spirituelle qui voudrait « forcer la main de Dieu » et lui imposer notre volonté alors qu’il aurait peut-être tout autre chose en vue pour nous.

Dieu guérit, c’est un fait incontestable, parfois même de façon absolument inexplicable. Je connais plusieurs cas de guérisons semblables ; j’en ai été témoin dans ma propre famille ; Dieu m’a guéri, moi aussi, plus d’une fois, alors qu’il n’y avait pratiquement plus d’espoir. Les récits de tous les grands missionnaires de Christ, de tous les siècles et de toutes les « tendances », contiennent des cas extraordinaires d’intervention divine. Lis, par exemple, la vie de Sundar Singh ! Cependant, même l’apôtre Paul savait vivre, non seulement dans l’abondance, mais aussi dans la disette3 ; il savait guérir et aussi accepter de supporter l’épreuve4. Il voulait que Christ soit glorifié dans son corps, soit par sa vie, soit par sa mort5. Sachons donc nous fier à la grâce et à la sagesse de notre Père céleste, même pour les choses du corps. Il saura s’occuper de son « temple ».

1 - 2 Chroniques 32.24-25 ; 2 Rois 21.1-16 ; 23.26-27
2 - Job 1.21-22 ; 2.10 ; 42.5-10
3 - Philippiens 4.11-13
4 - 2 Corinthiens 12.7-10
5 - Philippiens 1.20

Le fruit de l’Esprit, c’est... la maîtrise de soi1

Paul dit qu’il traitait durement son corps et le tenait assujetti, de peur qu’après avoir prêché à d’autres, il ne fût lui-même rejeté2. Il n’avait aucun doute concernant sa participation à la résurrection du corps, car il nous assure que tous les enfants de Dieu ressusciteront au retour de Christ, au même instant3. Cependant, il craignait de ne pas atteindre, sur cette terre actuelle, un certain niveau de vie spirituelle qu’il décrivait (c’est étonnant !) en termes de « résurrection ». Il croyait, indéniablement, à la possibilité de vivre, aujourd’hui et dans ce corps mortel, une qualité de vie spirituelle comparable à celle que nous connaîtrons à la résurrection4. Quel objectif !

1 - Galates 5.22 (grec).
2 - 1 Corinthiens 9.27
3 - 1 Corinthiens 15.51-52 ; 1 Thessaloniciens 4.13-17 ; 5.10
4 - Philippiens 3.7-11

Nous portons ce trésor dans des vases de terre1

Pour Paul le corps, tout en étant fragile et corruptible, vêtement périssable que nous échangerons un jour contre un meilleur, était cependant un objet infiniment précieux, puisqu’il est le véhicule de toute notre vie spirituelle intérieure, son moyen d’expression. Par lui, Dieu veut révéler sa gloire au monde perdu.

Le tabernacle de Moïse était construit de bois et d’étoffes qui, au bout de 400 ans d’utilisation, finirent par être complètement usés.

David et Salomon le remplacèrent alors par le temple, un édifice en pierre fait pour durer indéfiniment. Ainsi, un jour, notre corps terrestre disparaîtra ; mais nous avons la certitude d’avoir, au retour de Christ, un corps impérissable, notre « édifice en dur2 » ! Ce sera merveilleux, mais je considère presque plus miraculeux encore le fait que nous connaissons déjà la présence de Dieu dans ce faible corps provisoire : dès à présent son Esprit commence à penser par notre cerveau, à agir avec nos mains, à regarder avec nos yeux et à parler par notre bouche. C’est vivre sur un niveau céleste, c’est aussi la promesse et la garantie de la résurrection complète.

« Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnait3. » « Tous... ayant fixé les regards sur Étienne, son visage leur parut comme celui d’un ange4. » C’est ce visage transformé d’Étienne qui amena certainement l’apôtre Paul à sa conversion. Il ne pouvait l’oublier. À travers ces traits de martyr, il a vu le Jésus qui finit par le terrasser quelques mois plus tard5.

1 - 2 Corinthiens 4.6-7, 16-18
2 - 2 Corinthiens 5.1-5
3 - Exode 34.29
4 - Actes 6.15. Voir aussi Actes 7.55.
5 - Actes 7.58 ; 9.3-5

La relation entre le baptême et la présence de l’Esprit

Je pense que tu comprends très bien déjà la distinction et la relation entre ces deux opérations du Saint-Esprit : le baptême et la présence ou la « réception ». Cependant, pour certaines personnes cette relation n’est toujours pas claire. Il serait bon, avant d’aller plus loin, d’apporter quelques précisions.

Tu ne peux pas avoir la présence de l’Esprit sans son baptême. Il refuse d’établir sa demeure chez toi tant que ton péché n’est pas pardonné ; il n’acceptera jamais d’habiter ton cœur en coexistence avec son ennemi, car, tant que la condamnation de Dieu pèse sur toi, le diable a un droit d’accès, il possède une emprise sur toi. Or, Dieu refuse de pardonner ton péché tant que tu n’es pas identifié avec Christ dans sa mort et cela n’est possible que par le baptême de l’Esprit. Tant que tu n’es pas pardonné, l’obstacle à la présence de l’Esprit est insurmontable. S’il fixe sa demeure en toi, cela signifie qu’il accepte de s’identifier totalement à ton existence ; mais il n’admettra jamais cela sans que tu acceptes toi-même d’être totalement identifié à Jésus, surtout et d’abord dans sa mort. Dès que Dieu efface ton péché, l’obstacle disparaît et son Esprit accepte de pénétrer en toi. Jusqu’ici, il a agi sur toi, mais plutôt du dehors ; dès maintenant il veut te pénétrer afin d’implanter en toi la vie même de Jésus. C’est alors que tu renais ! Pas avant.

Le Saint-Esprit désire s’intégrer complètement dans ta vie, il veut t’assimiler au plan éternel de Dieu ; mais il refuse de perpétuer une situation ambiguë. Le jour arrive, comme nous l’avons dit, où tu dois opter pour ou contre sa présence.

Dieu est lumière et il n’admet point de ténèbres1. Dieu est aussi amour et l’amour n’admet aucun rival2. Quelle jeune fille, ayant un brin d’intelligence, accepterait d’épouser un homme, sachant qu’elle aurait à tolérer la présence de n’importe quelle autre femme dans sa vie ? Imaginer alors que Dieu accepterait de t’accorder son Esprit, tout en fermant les yeux sur le péché, ce serait l’insulter.

Ainsi, le Saint-Esprit, dans ses rapports avec toi, arrive au point de vouloir forcer une décision — mais une décision dont tu es totalement responsable. Si tu lui fais comprendre que tu veux aller jusqu’au bout avec Dieu, il répond en acceptant de résider chez toi. Dès lors, il n’agit plus en visiteur, tu deviens son adresse permanente !

Ainsi la présence de l’Esprit de Dieu en toi est la conséquence directe de ton baptême spirituel.

1 - 1 Jean 1.5
2 - Jacques 4.5

Distinction entre l’Ancien et le Nouveau Testament

C’est ici que nous voyons la très grande différence entre les deux alliances, entre celle de Moïse et celle de Christ. Sous l’ancienne alliance, l’Esprit de Dieu consentait à être avec le peuple, mais sa présence n’était pas garantie indéfiniment. Elle était assurée dans le temple tant que le sang des sacrifices répondait pour les péchés du peuple ; mais dès que surgissait une génération impie, qui n’attachait plus aucune valeur à ce symbolisme, l’Esprit la quittait. Nous en avons une illustration tragique dans le livre d’Ezéchiel : ce prophète vit la gloire de Dieu abandonner la ville sainte, à cause de son péché, et le temple même, juste avant leur destruction par les armées babyloniennes1.

Sous l’ancienne alliance, non seulement la nation, mais les individus aussi pouvaient perdre la présence de l’Esprit. Un exemple classique est celui de Saül pour qui, à cause de sa désobéissance continuelle, la perte de l’Esprit fut définitive2. Même David, à la suite de son grand péché, supplie Dieu dans sa prière de ne pas lui retirer son Esprit-Saint3. Alors que, dans le Nouveau Testament, il n’y a pas un seul passage qui laisse supposer qu’un enfant de Dieu puisse perdre l’Esprit de Dieu. On peut l’attrister, on peut l’éteindre ; il se charge même de châtier le fils désobéissant pour l’amener à la repentance4. Cependant sa présence est garantie par une alliance éternelle, assurée par la valeur infinie du sang de Jésus5. Cela n’était pas possible sous une alliance qui dépendait du sang des boucs et des taureaux6.

1 - Ezéchiel 10.4, 18 ; 11.22-23
2 - 1 Samuel 16.14
3 - Psaumes 51, surtout v. 13.
4 - Hébreux 12.6
5 - Hébreux 13.20-21
6 - Hébreux 10.4

La distinction définie par le Seigneur Jésus

C’est le Seigneur Jésus lui-même qui apporte la précision essentielle à cette doctrine. Cela se passe la nuit avant sa mort1, quand il fait à ses disciples la promesse que le Saint-Esprit demeurera avec eux « éternellement ». Il ne sera plus simplement de passage comme dans l’Ancien Testament, mais il sera maître de la maison et chef de famille ! « Vous le connaissez déjà » leur dit Jésus. Cela est évident car, sans l’action de l’Esprit, personne n’aurait pu le reconnaître comme Fils de Dieu. Jésus ensuite ajoute : « Il demeure (déjà) avec vous2 (selon l’ancienne alliance qui était encore en vigueur à ce moment-là, avant sa mort), mais il sera en vous (selon la nouvelle alliance qu’il instituait alors par son sang, versé le lendemain matin sur la croix). » Ce sacrifice permet un rapport infiniment plus intime et durable entre le croyant et le Saint-Esprit, que ne le permettait le sang d’un animal.

Voilà essentiellement la distinction entre les rôles de l’Esprit dans l’Ancien et le Nouveau Testament. L’Esprit réside « dans » celui qui croit en Jésus et cela pour l’éternité ; il n’est pas simplement à côté de lui comme autrefois, sa présence n’est pas non plus « provisoire ». Tout est nouveau et merveilleux. Une identification semblable entre Dieu et l’homme n’était pas possible avant la mort et la résurrection de Christ. C’est l’argument du sang précieux de Jésus qui change tout. N’adorerais-tu pas un tel Sauveur ? Le cœur de Dieu fut brisé pour toi !

1 - Jean 14.5

2 - Ici la préposition grecque para, suivie du datif, signifie littéralement « à côté de ». Au v. 25 Jésus emploie le même mot quand il dit : « Je vous ai dit ces choses pendant que je demeure avec vous » (littéralement : « à côté de vous »). Il est à remarquer que Jésus n’est resté que peu de temps « à côté de » ses disciples avant de les quitter. De même, la présence de l’Esprit « à côté » des croyants de l’Ancien Testament a été plusieurs fois enlevée.

II

ANALYSE DES TEXTES CONCERNANT LA PRÉSENCE DE L’ESPRIT1

Que Dieu te le dise lui-même !

Le moment est venu d’examiner sérieusement le texte du Nouveau Testament à ce sujet, car c’est là que nous trouverons les bases d’une doctrine incontestable. J’y ai trouvé en tout 62 passages qui enseignent la réception du Saint-Esprit par chaque personne qui croit en Jésus-Christ, dont 22 dans les Évangiles et les Actes et 40 dans les épîtres. Parmi ces 40 derniers, il y en a 25 qui sont tellement clairs qu’un seul d’entre eux suffirait à donner au croyant la certitude de la présence de l’Esprit ; mais ils sont tellement intéressants que nous allons les regarder attentivement ! Tu peux ainsi, d’un seul coup d’œil, vérifier ce que je dis. En même temps, tu auras les moyens de bâtir pour toi-même des connaissances sérieuses.

1 - Si le lecteur trouve cette analyse ennuyeuse, il peut passer directement au prochain chapitre. J’espère néanmoins qu’il reviendra plus tard à l’étude de cette portion du livre, car elle est importante. Le chrétien sérieux y trouvera des arguments bibliques indispensables.

Le témoignage de Paul

C’est dans les écrits de l’apôtre Paul que nous trouvons les enseignements les plus importants à ce sujet. Ses définitions sont d’une telle transparence que nous n’avons guère besoin de les commenter. Une chose est surtout à remarquer : aucun de ces passages ne suggère un instant que certains enfants de Dieu possèdent l’Esprit de Dieu alors que d’autres ne le possèdent pas. La question ne se pose même pas. Pour Paul, tous ceux qui sont nés de Dieu ont déjà reçu le Saint-Esprit, même les chrétiens qu’il considère comme étant peu avancés, ceux, par exemple, des églises de Corinthe, de Galatie et de Colosses.

(I)

Voyons d’abord ce que Dieu dit aux chrétiens de Corinthe. Nous avons deux bonnes raisons de vouloir commencer par ces deux épîtres de Paul : d’abord parce que, de toutes les églises fondées par lui, celle de Corinthe était la plus charnelle et lui posait le plus de problèmes ; ensuite parce que cela nous permet de débuter avec le passage le plus clair du Nouveau Testament, celui qui doit, inévitablement, servir de ciel pour la compréhension de tous les autres. Le voici :

« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu1 ? » Trois fois dans ce seul verset, Paul répète de trois façons différentes, que les chrétiens de Corinthe avaient le Saint-Esprit en eux. Paul ne distingue pas ici entre les forts et les faibles ; il parle de tous. D’ailleurs, il écrivait ce passage non seulement aux chrétiens de Corinthe, mais aussi à « tous ceux qui invoquent, en quelque lieu que ce soit, le nom du Seigneur Jésus-Christ2 ». C’est donc un message pour tous les enfants de Dieu. La majorité des membres de l’église de Corinthe étaient très imparfaits. Paul leur reproche parmi d’autres fautes, des querelles, des divisions, la tolérance d’une certaine immoralité, du désordre au moment même de la Sainte Cène et une confusion troublante au sujet de certaines doctrines, allant jusqu’à mettre en doute la résurrection. Il leur reproche d’être « charnels » et « enfants3 ». Pourtant, il n’hésite pas à dire qu’ils avaient le Saint-Esprit en eux. Ce seul verset suffirait à mettre hors de doute le fait que tout enfant de Dieu a le Saint-Esprit4.

Mais cette parole de Paul aux Corinthiens n’est pas une pensée isolée ; il l’affirme à plusieurs reprises. « Nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu », dit-il, toujours dans sa première lettre5... et encore : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?6 ». Il ne se lasse pas de le leur redire. « À chacun, insiste-t-il, le manifestation de l’Esprit est donnée...7 » et il leur rappelle qu’ils n’auraient pu accepter Jésus comme Seigneur sans le Saint-Esprit8.

Dans sa deuxième lettre, écrite deux ou trois ans plus tard, il répète : « Nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J’habiterai... au milieu d’eux9. » « C’est Dieu, dit-il encore, qui... a mis dans nos cœurs les arrhes de l’Esprit10. Voilà pour l’église de Corinthe ! Cela sans compter un certain nombre d’autres passages qui indiquent implicitement cette même vérité.

1 - 1 Corinthiens 6.19
2 - 1 Corinthiens 1.2
3 - 1 Corinthiens 3.1-2
4 - paragraphe est cité en entier de mon livre Si tu veux aller loin, p. 28.
5 - 1 Corinthiens 2.12
6 - 1 Corinthiens 3.16
7 - 1 Corinthiens 12.7
8 - 1 Corinthiens 12.3
9 - 2 Corinthiens 6.16. Voir Exode 25.8
10 - 2 Corinthiens 1.22 ; 5.5

(II)

Quant aux chrétiens de la Galatie, si faibles, si vite ébranlés dans leur foi, Paul leur rappelle pourtant qu’ils « avaient reçu l’Esprit par la prédication de la foi1. » « Christ nous a rachetés... dit-il, afin que... nous reçussions par la foi l’Esprit qui avait été promis2. » « Parce que vous êtes fils, ajoute-t-il, Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie, Abba, Père3 »

1 - Galates 3.2. Voir aussi v. 3-5
2 - Galates 3.14
3 - Galates 4.6. Voir aussi Galates 5.18, 25

(III)

Aux chrétiens de Colosses troublés par des philosophies mystiques, Paul dit : « Vous avez tout pleinement en lui », c’est-à-dire en Christ1. Mais alors, s’il leur manquait le Saint-Esprit, ils n’auraient pas l’essentiel ! Leur dire dans ce cas qu’ils avaient tout, ce serait un non-sens magistral !

1Colossiens 2.10

(IV)

Aux chrétiens de Rome, Paul dit : « Vous avez reçu un Esprit (version Segond ; mais tout aussi bien traduit : « l’Esprit ») d’adoption (c’est-à-dire, qui fait de nous des fils) par lequel nous crions, Abba, Père. L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu1. » « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné2. » « Nous avons les prémices de l’Esprit... » qui nous « aide » et qui « intercède » pour nous3.

« Vous vivez, leur dit-il encore... selon l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas4. » Ce verset est absolument catégorique. On ne peut pas l’interpréter de deux manières différentes. Celui en qui Esprit de Dieu n’habite pas, n’est pas sauvé. Il est encore perdu.

certaines personnes répliquent à cela : « Ah, mais l’Esprit de Christ n’est pas l’Esprit de Dieu. Ce n’est pas pareil ! »... comme si Christ n’était pas Dieu ! Mais Paul lui-même rend nulle cette interprétation de ses paroles car, dans ce même verset et encore au v. 11, il identifie l’Esprit de Christ avec l’Esprit de Dieu. Il affirme aussi5 qu’il n’y a qu’un seul Esprit, comme d’ailleurs il n’y a qu’un seul Dieu, un seul Jésus, une seule foi. Si l’on se permet de supposer qu’il existe deux « Esprits » de Dieu, on peut alors tout aussi bien supposer qu’il y a deux Jésus et même deux « Dieux ». Non, ne tordons pas l’Écriture.

1 - Romains 8.15-16
2 - Romains 5.5
3 - Romains 8.23, 25-27
4 - Romains 8.9. Voir aussi v. 10-11
5 - Ephésiens 4.4-6

(V)

Pour les croyants d’Ephèse, Paul a plusieurs autres passages très puissants. Il leur rappelle qu’ils ont en effet été scellés par le Saint-Esprit1 et qu’ils ont (tous y compris ceux qui étaient « loin ») accès au Père par le moyen d’un même (ou seul) Esprit. « Ainsi, donc, poursuit il, vous êtes... un temple saint dans le Seigneur, en lui vous êtes édifiés pour être une habitation de Dieu par l’Esprit2. »

Puis il leur donne ce commandement : « Soyez remplis de l’Esprit !3 » Notez que l’apôtre Paul ne dit pas : « Cherchez à posséder le Saint-Esprit », mais plutôt, « Laissez-vous remplir ou posséder par lui. » Ils avaient déjà l’Esprit, mais Paul voulait qu’ils soient dans l’abondance. Nous ne pouvons pas être remplis de l’Esprit si nous ne l’avons pas ! Dire à quelqu’un d’ouvrir le robinet avant que l’installation d’eau ne soit faite serait une absurdité.

D’ailleurs, le commandement, « Soyez remplis de l’Esprit », est au temps progressif ou continu en grec, ce qui signifie une action répétée, ou progressive, et non définitive ou finale. Le Nouveau Testament ne connaît rien d’une « deuxième expérience définitive » de l’Esprit après la nouvelle naissance. Des expériences, oui, il peut y en avoir de très grandes et sans limite. Plus un homme est « rempli », plus Dieu se manifeste en lui et au travers de lui.

1 - Ephésiens 1.13-14 ; 4.30
2 - Ephésiens 2.19-22 (selon le grec).
3 - Ephésiens 5.18

(VI)

Dans ses toutes dernières lettres, Paul rappelle à ses coéquipiers, Timothée et Tite, que le Saint-Esprit avait été répandu sur eux par Dieu avec abondance et qu’il habitait en eux1.

1 - Tite 3.5-6 ; 2 Timothée 1.14. Voir aussi 2 Timothée 1.7

Le témoignage de Jean

Chez l’apôtre Jean aussi les choses sont extrêmement claires. Pour lui, tout est chaque fois noir ou blanc ! « Nous connaissons (dit-il à ses « petits enfants » en Christ), qu’il demeure en nous par l’Esprit qu’il nous a donné1. » Puis il répète : « Nous connaissons... qu’il demeure en nous en ce qu’il nous a donné son Esprit2. » Et encore : « Vous avez reçu l’onction de la part de celui qui est saint3. » (L’onction est évidemment l’Esprit lui-même.) Puis il ajoute : « L’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous.. son onction vous enseigne toutes choses4. » Et il affirme catégoriquement : « Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même5 », ce témoignage étant celui de l’Esprit de Dieu, dont parlent Jésus6 et Paul7.

1 - 1 Jean 3.24
2 - 1 Jean 4.13
3 - 1 Jean 2.20
4 - 1 Jean 2.27
5 - 1 Jean 5.10
6 - Jean 15.26-27
7 - Romains 8.16

Le témoignage des frères de Jésus

Jacques dit : « Dieu chérit l’Esprit qu’il a fait habiter en nous1. » Ce passage serait peut-être mieux traduit ainsi « L’Esprit, que Dieu a fait habiter en nous, nous réclame avec jalousie. » Parce que son amour est si intense !

Finalement, Jude dit, concernant les faux apôtres des derniers jours qui provoquent des divisions : « Ce sont des hommes sensuels (grec : psychikos = « psychique » ou animal ») n’ayant pas l’Esprit2. » Ce genre d’apôtre est aujourd’hui bien connu !

1 - Jacques 4.5
2 - Jude 1.19

Le don de Dieu

Le Seigneur Jésus appelle l’Esprit : « le don de Dieu1 ». Il insiste, disant qu’il est donné, non pas mérité. L’homme ne l’achète, ni avec la bonne doctrine, ni avec ses bonnes œuvres, ni avec sa bonne volonté. Il est l’expression de la générosité et de l’amour de Dieu. Il est un cadeau, le plus merveilleux qui soit. On ne peut obtenir, ni par les veillées, ni par les larmes, ni par une formule quelconque. L’amour ne s’obtient pas ainsi. L’Esprit-Saint ne se laisse pas acquérir, ni cajoler, ni forcer. Il se donne, quand il veut et comme il veut. Il nous est donné en réponse à notre foi en Christ2. « Dieu donne le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent3. » « Dieu ne donne pas l’Esprit avec mesure4. » Pour Jésus l’Esprit est une eau vive qu’il donne à celui qui a soif5.

Dans les Actes, nous voyons que les apôtres emploient le même langage. Ils appellent l’Esprit : « le don6 ». Ils insistent sur le fait que c’est Dieu qui accorde ce don7 et ils soulignent que les hommes ne peuvent le recevoir que par la foi en Jésus-Christ8. Ils décrivent cet acte de Dieu en termes d’effusion, comme la pluie, comme le soleil. Lorsque Dieu répand son amour, son Esprit tombe9 sur ceux qui croient10.

Il est utile de remarquer, en passant, que, dans le Nouveau Testament, le don de Dieu est à la fois :

Le mot « grâce » traduit le grec charis qui signifie « générosité ». C’est l’acte de donner. Le mot « don » traduit le grec charisma, qui est l’expression de la grâce, de la charis, de la générosité de Dieu ; c’est la chose donnée, le cadeau.

Christ, le Saint-Esprit et la vie éternelle sont ensemble le charisma de Dieu, l’expression de sa grâce, de son ineffable générosité. Il est impossible de les dissocier. Tu as tout ou rien.

1 - Jean 4.10 ; 14.16-17
2 - Jean 7.37-39
3 - Luc 11.13
4 - Jean 3.34
5 - Jean 4.14 ; Apocalypse 22.17
6 - Actes 2.38 ; 10.45 ; 11.17 ; 8.20
7 - Actes 5.32 ; 15.8
8 - Actes 2.38 ; 10.47 ; 8.15-17
9 - Actes 2.33 ; 10.45
10 - Actes 10.44-45 ; 11.15 ; 19.6
11 - Jean 4.10 ; Actes 2.38 ; 8.20 ; 10.45 ; 11.17
12 - Romains 5.15-16 ; 6.23
13 - 2 Corinthiens 9.15 ; Ephésiens 4.9

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant