Vers la Sainteté

CHAPITRE XXIII

Encore une occasion pour vous !

« Ils dirent à Pierre : Certainement tu es aussi de ces gens-là… Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer : Je ne connais pas cet homme-là. » (Matthieu 26.73-74)
« Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux. Et il lui dit pour la seconde fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis. » (Jean 21.15-16)

Pierre avait fait devant ses compagnons le serment de mourir avec Jésus plutôt que de le renier. Quelques heures plus tard l’occasion se présenta de tenir sa promesse, mais il faiblit, oublia son vœu et perdit cette incomparable occasion de prouver son amour pour son Sauveur.

Lorsque le coq chanta, et que Jésus se retournant l’eût regardé, Pierre se rappela son infidélité à sa promesse, et étant sorti, pleura amèrement. La douleur d’avoir ainsi traité le Seigneur, s’ajoutant sans aucun doute au regret cuisant d’avoir perdu cette occasion, fut certainement la cause de ses larmes amères. Oh ! combien son amour dut lui faire entendre de reproches, sa conscience l’aiguillonner et le diable le railler ! Je ne doute pas qu’il ne fût tenté de perdre tout espoir de pardon et de s’écrier : « C’est en vain que je m’efforcerais de devenir chrétien, j’ai misérablement échoué et j’y renonce. » Jour et nuit, seul et en compagnie, le diable doit avoir remis sous ses yeux cette occasion perdue pour lui persuader qu’il était inutile de chercher à devenir chrétien. Et Pierre aura soupiré en lui-même, pensant qu’il donnerait le monde entier pour avoir une fois encore cette occasion devant lui. Mais il était trop tard, elle était à jamais perdue.

Pierre cependant aimait Jésus, et son Maître lui fournit une autre occasion de lui témoigner son amour, occasion toute simple, presque banale, qu’on ne saurait comparer avec l’autre si splendide et si exceptionnelle de mourir avec le Fils de Dieu sur la croix, mais probablement de plus d’importance pour le monde et la cause de Christ.

Dans la contrée qu’avait habitée Jésus, il existait sans doute nombre d’âmes croyant en Lui d’une foi faible et vacillante. Elles avaient besoin d’être fidèlement nourries de toutes les vérités concernant le Seigneur et de celles qu’Il avait directement enseignées. Aussi Jésus appela-t-il Pierre à Lui pour lui adresser à trois reprises cette pressante question : M’aimes-tu ? Comme elle dût rappeler douloureusement à l’esprit de Pierre le triple reniement qu’il avait fait de son Maître ! En réponse à l’assertion positive de Pierre qu’il l’aimait, Jésus par trois fois lui commanda de paître ses agneaux et ses brebis. Alors Jésus lui annonça qu’il mourrait sur la croix – comme il y serait mort probablement s’il n’avait pas renié son Seigneur.

Aujourd’hui encore, parmi les disciples de Jésus il se trouve, je le crains, beaucoup de Pierres ; beaucoup dans nos rangs après avoir autrefois promis de suivre Jésus et de faire ce que Son esprit dicterait à leur conscience, après avoir affirmé qu’ils mourraient pour lui ont oublié leurs vœux à l’heure critique de l’épreuve, renié Jésus par leurs paroles ou leurs actions et l’ont laissé de nouveau crucifier seul.

Je me souviens d’une expérience analogue que je fis il y a bien des années, avant mon entrée dans l’Armée, tout en étant déjà sanctifié : Je ne péchai pas en agissant mais plutôt en omettant d’accomplir ce que je sentais que le Seigneur demandait de moi. Il s’agissait d’une chose inusitée mais non déraisonnable. La certitude que je devais agir me saisit subitement ; il me sembla que le Ciel entier s’abaissait vers moi pour me bénir si j’obéissais et que l’enfer s’entr’ouvrait pour m’engloutir si je m’y refusais. Sans répondre négativement, il me sembla simplement que la chose ne m’était pas possible et je ne la fis pas. Oh ! combien ensuite j’en fus humilié, et combien je versai de larmes amères, implorant le pardon de Dieu et l’assurant que je serais vrai ! Je sentis que Dieu avait placé devant moi une occasion que j’avais laissée échapper et qui ne se représenterait jamais, jamais plus, que, par suite, je ne pourrais jamais être l’homme puissant en foi et en obéissance que j’eusse été en demeurant fidèle. Je promis à Dieu de faire cette même chose, et je la fis, encore et encore, mais aucune bénédiction n’en découla pour moi ; Satan eut le dessus, me raillant et m’accusant par ma conscience au point que la vie devint pour moi un fardeau intolérable ; enfin, j’eus l’impression que j’avais contristé le Saint-Esprit pour toujours, qu’il m’avait quitté et que j’étais perdu. Je rejetai loin de moi le bouclier de la foi, perdant ma confiance dans l’amour de Jésus, et pendant vingt-huit jours, je connus, à ce qu’il me sembla, les tourments de l’enfer. Je priais toujours, mais le Ciel me semblait d’airain. Je lisais ma Bible, mais les promesses s’enfuyaient loin de moi, tandis que les commandements et les menaces étaient comme des flammes de feu et des épées à deux tranchants pour ma conscience tremblante. La nuit je soupirais après le jour, le jour après la nuit.

Je fréquentais des réunions, mais sans en retirer la moindre bénédiction. La malédiction de Dieu semblait m’accompagner, et pourtant à travers tout, je sentais que Dieu était amour.

Comme la femme de Job, Satan m’incita à pécher, à maudire Dieu et à mourir ; mais la miséricorde et la grâce de Dieu me gardèrent et me rendirent capable de dire au diable : Non, je ne pécherai pas, et dussé-je aller en enfer, j’irais en aimant Jésus et en cherchant à en attirer d’autres à se confier en Lui et à Lui obéir ; dans l’enfer même je déclarerais que le Sang de Jésus purifie de tout péché. Je me croyais condamné. Ces terribles passages de l’Écriture (Hébreux 6 et 10) semblaient s’approprier à mon cas et je disais : Je suis perdu pour jamais. Mais l’amour de Dieu est :

Plus haut que les plus hauts cieux,
Plus profond que l’étendue des eaux.

Au bout de vingt-huit jours, Il me retira de cet effroyable abîme et de ce bourbier par ces paroles : « Sois certain que les pensées qui font naître l’inquiétude procèdent non de Dieu qui est Prince de la paix, mais du diable, de l’amour-propre ou de la bonne opinion que nous avons de nous-mêmes. »

Avec la rapidité de la pensée, je compris que Dieu est le Prince de la paix, et que « les projets qu’il a formés pour nous sont des projets de paix et non de malheur » que n’ayant ni amour-propre, ni bonne opinion de moi-même, et ne soupirant qu’à être délivré de moi-même, c’était le diable qui me trompait. Instantanément il me sembla que les liens dont il m’enlaçait s’étaient rompus et qu’il s’enfuyait, me laissant en liberté.

Le samedi et le dimanche suivants, je vis environ cinquante personnes venir au banc des pénitents pour demander le salut et la sainteté ; dès cette heure la bénédiction du Seigneur fut sur moi et me permit d’attirer partout des âmes à Lui. Comme à Pierre, Il m’adressa ces paroles : M’aimes-tu ? – et lorsque de la plénitude de mon cœur vidé de lui-même et purifié par son précieux sang, j’eus répondu : « Oui, Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime, » Il m’ordonna tendrement de paître ses agneaux et ses brebis, c’est-à-dire de réaliser si complètement l’Évangile dans ma vie et de le prêcher si pleinement par mes paroles, que les hommes puissent être bénis, consolés et encouragés à L’aimer, à Le servir et à se confier en Lui de tout leur cœur. Voici l’occasion qu’Il m’a laissée, et c’est également la vôtre, si vous L’avez renié dans le passé.

Ne cherchez pas à faire quelque action d’éclat, mais paissez les agneaux et les brebis du Seigneur ; priez et travaillez pour le salut de tous les hommes. Étudiez votre Bible, priez, entretenez-vous beaucoup et souvent avec Dieu, et demandez-Lui de vous enseigner à tel point ce que vous devez dire que chaque fois que vous ouvrez la bouche, il en résulte une bénédiction, – pour encourager un frère abattu, fortifier un faible, instruire un ignorant, consoler un affligé, avertir l’égaré, éclairer celui qui est dans les ténèbres et réprimander le pécheur.

Remarquez que Pierre fut appelé à paître non seulement les agneaux, mais les brebis. Nous devons chercher à sauver les pécheurs et après les avoir sauvés et amenés à la nouvelle naissance, les nourrir, – nourrir les jeunes convertis par les promesses et les instructions de la Parole de Dieu qui les amèneront à une entière sanctification. Nous devons leur montrer que telle est la volonté de Dieu à leur égard, et que Jésus leur a frayé « la libre entrée dans le sanctuaire. » (Hébreux 10) Nous devons les avertir de ne point retourner en Égypte, de ne point s’effrayer des géants dans la Terre Promise, ni de contracter une alliance impure avec les Ammonites dans le désert. Ils doivent sortir des rangs des pécheurs et s’en séparer pour devenir saints. C’est là leur grand et glorieux privilège, leur devoir solennel, puisqu’ils ont été rachetés non par des choses corruptibles telles que l’argent et l’or, mais par le précieux sang de Christ. Ils ne doivent pas se laisser abattre par les châtiments du Seigneur, ni se lasser de faire le bien. Ils doivent veiller et prier, rendre grâce, être toujours joyeux. Ce n’est pas au moyen d’un travail difficile qu’ils obtiendront la bénédiction d’un cœur pur, et seulement à l’heure de la mort, mais maintenant par la simple foi en Jésus.

Nous devons nourrir les brebis, déjà sanctifiées, de l’aliment fortifiant de l’Évangile. Nourrissez un homme robuste de pain blanc et de thé seulement et il sera bientôt impropre à son travail. Mais donnez-lui de bon pain bis, du beurre, du lait, des fruits et des légumes, et plus il travaillera, plus il sera fort et robuste. Il en est de même des chrétiens. Nourrissez-les de balles, c’est-à-dire de vieux sermons qui ont perdu leur pouvoir sur votre propre cœur, et vous les laisserez périr de faim ; mais nourrissez-les des choses profondes de la Parole de Dieu qui révèlent Son amour éternel, Sa fidélité, Sa puissance de salut, Ses soins tendres et minutieux, l’éclat de Sa sainteté, l’impartialité de Sa justice, Son horreur du péché, Sa pitié pour le pécheur, Sa sympathie pour les faibles et les égarés, Ses jugements éternels sur les impénitents et les impies, la gloire et la bénédiction éternelles répandues sur les justes, et vous les rendrez si forts que l’un en poursuivrait mille et que deux en mettraient dix mille en fuite.

Apprenez à connaître Jésus et vous serez à même de nourrir Ses agneaux et Ses brebis. Vous les nourrirez en Le leur révélant comme Il est révélé par le Père dans la Bible, par le Saint-Esprit.

Marchez avec Lui. Entretenez-vous avec Lui. Sondez les Écritures à genoux ; demandez au Seigneur d’ouvrir votre entendement comme Il ouvrit celui des disciples sur le chemin d’Emmaüs, vous enseignant ce que l’Écriture dit de Lui, et vous aurez une nouvelle occasion de prouver votre amour pour Lui et de bénir vos semblables, occasion que les anges eux-mêmes pourraient vous envier.

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