1 Paroles d’Amos, qui fut l’un des éleveurs de Téqoa.a Ce qu’il vit sur Israël au temps d’Ozias, roi de Juda, et au temps de Jéroboam,b fils de Joas, roi d’Israël, deux ans avant le tremblement de terre.c
a Ce n’était pas un simple gardien de troupeau (cf. 7.14 ; 2 R 3.4). — Téqoa est un village de Juda, à 9 km au sud-est de Bethléem.
b JérobII, roi d’Israël.
c Ce tremblement de terre est peut-être attesté par les fouilles archéologiques de Haçor en Haute-Galilée ; il se situerait au milieu du VIIIe siècle av. J.-C. D’après Za 14.5 (LXX), à la suite de ce séisme, des vallées furent obstruées. Il ne s’agit pas d’un simple repère chronologique les éditeurs du livre, responsables de cette notice, y ont sans doute vu une manifestation divine confirmant le message d’Amos, cf. 9.5 ; Ps 75.4 ; Mi 1.4, etc.
2 Il dit :
De Sion,d Yahvé rugit,
et de Jérusalem, il donne de la voix ;
les pacages des bergers sont en deuil
et le sommet du Carmel se dessèche.
d Qu’il provienne d’Amos lui-même ou qu’il soit une relecture judéenne, cf. Os 1.7, ce texte manifeste que, malgré le schisme, c’est Jérusalem, où Yahvé réside, qui est le centre unificateur du peuple de Dieu.
3 Ainsi parle Yahvé :
Pour trois crimes de Damas et pour quatre,f
je l’ai décidé sans retour !g
Parce qu’ils ont foulé Galaad avec des traîneaux de fer,h
e Cette section résume les oracles prononcés en des temps divers contre sept nations (plus l’oracle contre Juda, sans doute postérieur). Les oracles sont de structure identique et reprennent les mêmes formules stéréotypées. Ils soulignent la justice de Yahvé, qui châtie, chez tous les peuples, toute injustice. Israël vient en dernier, pour marquer que le châtiment, auquel il s’attend si peu, le frappera comme les autres et sera la manifestation suprême de la justice divine.
f Les deux chiffres consécutifs désignent une quantité indéterminée, petite ou grande selon le contexte, cf. 4.8 ; Isa 17.6 ; Jr 36.23 et les « proverbes numériques », Pr 30.15.
g Littéralement « je ne le retirerai pas », le pronom « le » désignant le décret de châtiment.
h Instrument utilisé pour dépiquer le blé sur l’aire. L’image est souvent employée pour décrire l’anéantissement du vaincu Isa 21.10 ; 41.15 ; Mi 4.12s ; cf. l’annonce prophétique d’Élisée, 2 R 8.12.
4 j’enverrai le feu dans la maison d’Hazaël
et il dévorera les palais de Ben-Hadad ;i
i Hazaël et Ben-Hadad III, son fils, rois araméens qui furent les ennemis acharnés d’Israël.
5 je briserai le verrou de Damas,
de Biqeat-Aven je supprimerai l’habitant,
de Bet-Éden,j celui qui tient le sceptre,
et le peuple d’Arsera déporté à Qir,k
dit Yahvé.
j Biqeat-Aven « val d’iniquité » serait la Béqa’a, entre le Liban et l’Anti-Liban (cf. Jos. 11.17) ; Bet-Eden est le petit royaume de Bit-Adini, sur l’Euphrate, avec Til-Barsip pour capitale (cf. 2 R 19.12 ; Ez 27.23).
k D’où il est originaire selon 9.7. D’après 2 R 16.9, la prophétie a été réalisée à la suite de la campagne de Téglat-Phalasar en 733-732. Selon Isa 22.6, Qir est proche de l’Élam ; ce mot signifie « bitume » en akkadien s’agirait-il d’Ur en Chaldée, appelé en arabe el-Muqayir ?
6 Ainsi parle Yahvé :
Pour trois crimes de Gaza et pour quatre,
je l’ai décidé sans retour !
Parce qu’ils ont déporté des populations entières
pour les livrer à Édom,
7 j’enverrai le feu dans le rempart de Gaza
et il dévorera ses palais ;
8 d’Ashdod je supprimerai l’habitant,
et d’Ashqelôn, celui qui tient le sceptre ;
je tournerai ma main contre Eqrônl
et ce qui restem des Philistins périra,
dit le Seigneur Yahvé.
l Gat, la cinquième ville philistine, n’est pas nommée. Ruinée par Hazaël, 2 R 12.18, elle ne comptait plus, cf. 6.2.
m Ce mot qui aura par la suite un sens théologique très fort, cf. Isa 4.3, est utilisé ici dans son acception première ce qui subsiste d’un groupe décimé par une catastrophe.
9 Ainsi parle Yahvé :
Pour trois crimes de Tyr et pour quatre,
je l’ai décidé sans retour !
Parce qu’ils ont livré à Édom des populations entières de captifs,
sans se souvenir d’une alliance entre frères,n
n Il s’agit sans doute des bonnes relations qui existaient depuis Salomon entre Tyr et Israël (1 R 5.26 ; 9.13 où Hirde Tyr appelle Salomon son « frère ») et qui avaient été renforcées par le mariage d’Achab avec Jézabel (1 R 16.31), fille d’Ittobaal qui régna sur Tyr et Sidon.
10 j’enverrai le feu dans le rempart de Tyr
et il dévorera ses palais.
11 Ainsi parle Yahvé :
Pour trois crimes d’Édom et pour quatre,
je l’ai décidé sans retour !
Parce qu’il a poursuivi son frèreo avec l’épée,
étouffant toute pitié,
parce qu’il garde à jamais sa colèrep
et conserve sans fin sa fureur,
o Israël, « frère » d’Édom, Gn 25.21-24, 29-30.
p « garde à jamais sa colère » syr., Vulg. ; « sa colère déchire à jamais » hébr.
12 j’enverrai le feu dans Témânq
et il dévorera les palais de Boçra.
q Désignation poétique d’Édom, cf. Jr 49.7, 20 ; Ab 9 ; Ha 3.3.
13 Ainsi parle Yahvé :
Pour trois crimes des fils d’Ammon et pour quatre,
je l’ai décidé sans retour !
Parce qu’ils ont éventré les femmes enceintes du Galaad
afin d’élargir leur territoire,
14 je mettrai le feu au rempart de Rabbar
et il dévorera ses palais,
dans la clameur, en un jour de bataille,
dans la tempête, en un jour d’ouragan ;
r Ville principale du pays, aujourd’hui Amman. Cf 2 S 11-12.
15 et leur roi s’en ira en déportation,
lui, et ses princes avec lui,
dit Yahvé.