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Bible de Jérusalem – Job 14

14 n l’homme, né de la femme,
qui a la vie courte, mais des tourments à satiété.

n Élégie sur la misère de l’homme. Job, cf. Job 7.1s, voit dans son infortune personnelle toute la condition humaine, et son plaidoyer en tire argument contre cette créature chétive, les rigueurs divines ne se comprennent pas.

2 Pareil à la fleur, il éclôt puis se fane,
il fuit comme l’ombre sans arrêt.
3 Et sur cet être tu gardes les yeux ouverts,
tu l’amèneso en jugement devant toi !

o « tu l’amènes » versions ; « tu m’amènes » hébr.

4 Mais qui donc extraira le pur de l’impur ?
Personne !p

p Job reconnaît l’impureté foncière de l’homme, mais il l’allègue ici comme une excuse. — L’accent est mis sur l’impureté physique (et donc rituelle) que l’homme contracte dès sa conception, cf. Lv 15.19s, et sa naissance, cf. Ps 51.7 ; mais cette impureté entraîne une faiblesse morale, une propension au péché, et l’exégèse chrétienne a vu dans ce passage au moins une allusion au péché originel, transmis par la génération. Cf. Rm 5.12.

5 Puisque ses jours sont comptés,
que le nombre de ses mois dépend de toi,
que tu lui fixes un terme infranchissable,
6 détourne de lui tes yeux et laisse-le,
tel un mercenaire, finir sa journée.
7 L’arbre conserve un espoir,
une fois coupé, il peut renaître encore
et ses rejetons continuent de pousser.
8 Même avec des racines qui ont vieilli en terre
et une souche qui périt dans le sol,
9 dès qu’il flaire l’eau, il bourgeonne
et se fait une ramure comme un jeune plant.
10 Mais l’homme, s’il meurt, reste inerte ;
quand un humain expire, où donc est-il ?
11 Les eaux de la mer pourront disparaître,
les fleuves tarir et se dessécher
12 l’homme une fois couché ne se relèvera pas,
les cieux s’userontq avant qu’il ne s’éveille,
ou ne soit réveillé de son sommeil.r

q « s’useront » syr., Vulg. ; hébr. corrompu.

r Ces images eschatologiques, en éloignant à l’infini toute possibilité de réveil, servent ici à souligner que l’homme disparaît sans espoir de retour. L’attente d’une résurrection à la fin des temps semble encore en dehors des perspectives de l’auteur, cf. Job 19.25.

13 Oh ! Si tu m’abritais dans le shéol,
si tu m’y cachais, tant que dure ta colère,s
si tu me fixais un délai, pour te souvenir ensuite de moi :

s Il n’est pas dit expressément que ce séjour au shéol suivrait la mort et que Job reviendrait ensuite à la vie. Seule la situation imaginée évoque par elle-même cette possibilité. Job aux abois se prend à espérer un abri dans le seul séjour auquel il puisse penser en dehors de la terre. Car le ciel est réservé à Dieu, cf. Ps 115.16. Si Job pouvait se cacher quelque part, le temps que se décharge la fureur divine, il rencontrerait ensuite de nouveau le visage d’un Dieu favorable. Cette situation est développée aux vv. 14-17 d’un côté Job attendant sa « relève »; de l’autre Dieu qui, sa colère passée, languit de revoir Job. Et il ne serait plus question de péché, après le pardon total des fautes possibles.

14 — car, une fois mort, peut-on revivre ? —
tous les jours de mon service j’attendrais,
jusqu’à ce que vienne ma relève.
15 Tu appellerais et je te répondrais ;
tu voudrais revoir l’œuvre de tes mains.
16 Tandis que maintenant tu comptes tous mes pas,
tu n’observerais plus mon péché,
17 tu scellerais ma transgression dans un sachet
et tu couvrirais ma faute.

18 Hélas ! Comme une montagne finit par s’écrouler,t
le rocher par changer de place,

t « finit par s’écrouler » grec, syr. ; « en tombant se flétrit » hébr.

19 l’eau par user les pierres,
l’averseu par emporter la poussière du sol,
ainsi, l’espoir de l’homme, tu l’anéantis.

u « averse » sehîpah conj. ; hébr. sepîhêha doit être corrompu.

20 Tu le terrasses pour toujours et il s’en va ;
tu le défigures, puis tu le congédies.
21 Ses fils sont-ils honorés, il n’en sait rien ;
sont-ils méprisés, il ne s’en rend pas compte.
22 Il n’a de souffrance que pour son corps,
il ne se lamente que sur lui-même.v

v Littéralement « sa nephesh se lamente sur lui » cf. Ps 6.5. — L’homme, au shéol, garde donc une certaine conscience de soi. Cf. Nb 16.33. Ou bien l’auteur veut dire que cette ombre n’a de pensée et de peine que pour elle-même ; ou bien qu’elle se souvient avec regret de son existence charnelle.

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