2 Aussi je vous en conjure par tout ce qu’il peut y avoir d’appel pressantn dans le Christ, de persuasion dans l’amour, de communion dans l’Esprit, de tendresse compatissante,
n Littéralement « S’il y a quelque appel pressant, etc. » sorte d’adjuration affectueuse par ce qu’il y a de plus sacré.
o Cette exhortation pressante à l’unité laisse deviner que des divisions intestines menaçaient la paix de la communauté de Philippes. Voir 1.15-17, 27 ; 2.14 ; 4.2 et remarquer l’insistance que met Paul à les interpeller « tous » ensemble 1.1, 4, 7, 8, 25 ; 2.17, 26 ; 4.21.
5 Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus :p
p Les v. 6-11 sont probablement une hymne chrétienne ancienne, semblable à Col 1.15-20 ; 1 Tm 3.16 ; 2 Tm 2.11-13, qui est citée par Paul. Leur structure est manifestement fondée sur le schéma biblique de l’humiliation (v. 6-8) suivie de l’exaltation (v. 9-11), selon lequel un juste souffrant est récompensé par Dieu (Ps 49.15-16 ; Si 49.14 ; Ez 21.31 ; Lc 14.11 ; 18.14 ; Mt 23.12 ; Jc 4.10). Elle est traditionnellement interprétée selon le schéma de la descente et de la remontée de la divinité, Gn 11.5 ; 17.22 ; 28.12 ; Isa 55.10-11, selon lequel la kenosis représentait pour le Christ l’abandon de sa gloire divine afin de vivre une vie humaine et de subir la souffrance.
6 Lui qui est de condition divineq
n’a pas revendiqué son droit d’être traité comme l’égal de Dieur
q Littéralement « dans la forme de Dieu »; le même mot grec (morphè) est utilisé au v. 7 (littéralement « prenant la forme d’esclave »). La signification de ce mot est presque identique à celle d’« image » (eikôn) et les deux termes sont utilisés dans la LXX de manière interchangeable ; la « forme de Dieu » est donc synonyme d’« image de Dieu », qui est le qualificatif attribué à Adam, Gn 1.27 ; 1 Co 11.7, et au Christ, 2 Co 4.4.
r Comme il était sans péché, 2 Co 5.21 ; Jn 8.46 ; 1 Jn 3.5 ; He 4.15 ; 1 P 2.22, le Christ n’avait pas à mourir, puisque la mort est le châtiment du péché, Gn 3.3 ; Isa 54.16 ; Sg 1.12-14 ; 2.23-24 (on retrouve la même idée dans certains apocryphes comme Enoch, le quatrième Esdras ou le second livre de Baruch). Il avait donc le droit de vivre éternellement, ce qui est une caractéristique divine, Gn 3.4-5. Autres traductions possibles « Il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu » ou « Il n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu »; dans ce dernier cas, on aurait une opposition implicite entre Jésus, second ou dernier Adam, 1 Co 15.45, et le premier Adam, Gn 3.4-5.
7 mais il s’est dépouillés
prenant la condition d’esclave.t
Devenant semblable aux hommesu
et reconnu à son aspect comme un hommev
s La formule est tirée d’Isa 53.12. Le pronom réfléchi, qui apparaît aussi au v. 7 (et cf. Ga 2.20), insiste sur le fait qu’il s’agit d’une décision du Christ. Il a choisi de mourir.
t Cette façon d’être, à la lumière de l’allusion à Isa 53.12, ne peut être que celle du Serviteur souffrant de Yahvé, qui est mort pour les autres, Isa 53.3, 5, 7. Noter le contraste avec le « Seigneur » du v. 11.
u Il n’y a aucune intention d’atténuer l’humanité de Jésus, Ga 4.4 ; Rm 1.3 ; 9.5 ; He 2.17. Mais s’il n’était différent, il ne pouvait nous sauver. Celui qui était « vivant », 2 Co 4.10-11, a relevé ceux qui étaient « morts », Rm 6.4 ; Col 2.13. Il n’avait pas besoin d’être réconcilié avec Dieu, 2 Co 8.9, tandis que tous les autres en avaient besoin, 2 Co 5.18-19.
v Bien que sa façon d’être soit différente, le Christ a en partage la nature humaine, commune à tous les hommes.
8 il s’est abaissé
devenant obéissant jusqu’à la mortw
à la mort sur une croix.x
w L’obéissance du Christ, Rm 5.19 ; 1 Co 15.27-28 ; He 5.8, correspond à l’envoi par Dieu de son Fils pour sauver l’humanité, Rm 8.3, 29-30 ; 2 Co 5.21.
x Alors que la tradition primitive insistait seulement sur l’effet salvifique de la mort du Christ, Rm 1.3-4 ; 4.25 ; 8.34 ; 10.8-9 ; 1 Co 15.3 ; Ga 1.3-4 ; 1 Th 1.10, Paul ne cesse d’insister sur la manière dont il est mort par le cruel châtiment de la crucifixion, 1 Co 1.23 ; 2.2, 8 ; 2 Co 13.4 ; Ga 3.1 ; 5.11 ; 6.12, 14 ; 3.18 ; Col 1.20.
9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevéy
et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nomz
y Littéralement « sur-exalté ». Par la résurrection, Rm 1.4. Le préfixe comparatif est justifié par le fait que, tandis que tous les justes seront exaltés, Isa 52.13 ; Sg 3.8, le Christ leur est supérieur.
z Ce nom est celui de « Seigneur », comme le révèle le v. 11. C’est un terme purement fonctionnel, qui ne dit rien de la nature du Christ ; c’est un titre qui est mérité, Rm 14.9. En dépit de son usage quotidien et de sa fréquente application au Christ à travers tout le NT, il est décrit comme « au-dessus de tout nom » car le NT l’applique à Dieu.
10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchissea
dans les cieux, sur la terre et sous la terreb
a L’humanité reconnaît la nouvelle dignité de Jésus comme il était prédit que les nations reconnaîtraient Yahvé, Isa 45.23 ; Rm 14.11. « Jésus » seul est utilisé délibérément, en contraste avec le v. 11, pour évoquer la figure souffrante et humiliée des vv. 6-8.
b Ces phrases, qui troublent une structure rigoureuse, ont probablement été ajoutées par Paul afin d’insister à la fois sur l’étendue illimitée de l’autorité du Christ, Col 1.16, et sur sa dépendance vis-à-vis de son Père, 1 Co 15.27-28.
11 et que toute langue proclame que le Seigneur c’est Jésus Christ
à la gloire de Dieu le Père.c
c C’est la profession de foi essentielle au christianisme, Rm 10.9 ; 1 Co 12.3 ; Col 2.6.
12 Ainsi donc, mes bien-aimés, avec cette obéissance dont vous avez toujours fait preuve, et qui doit paraître, non seulement quand je suis là, mais bien plus encore maintenant que je suis absent, travaillez avec crainte et tremblement à accomplir votre salut :
d Paul fait de l’usage (grec et juif) des libations répandues sur les victimes dans les sacrifices une application métaphorique au culte spirituel des temps nouveaux le sang versé dans sa condamnation à mort viendrait s’ajouter au sacrifice que constitue chez les chrétiens le service de la foi, cf. 3.3 ; 4.18 ; Rm 1.9.
19 J’espère du moins, dans le Seigneur Jésus, vous envoyer bientôt Timothée, afin d’être soulagé moi-même en obtenant de vos nouvelles.
22 Mais lui, vous savez qu’il a fait ses preuves : c’est comme un fils auprès de son père qu’il a servi avec moi la cause de l’Évangile.
25 Mais je crois nécessaire de vous renvoyer Épaphrodite, ce frère qui m’est un compagnon de travail et de combat, et que vous avez délégué pour assister mon indigence.
e Var. « l’œuvre du Seigneur » ou « l’œuvre ».